samedi 22 juillet 2006

Pour le plaisir ...


... et pour saluer le succès de l'initiative Blocher-sur-Rolle

Fin du cauchemar pour un père et ses deux petits jumeaux coincés au Liban

A lire dans l' Journal Express en ligne

Enfin de retour, sains et saufs



Après un périple de plusieurs jours pour quitter leur pays en guerre, Marwan, Samir et leur père Abdallah sont arrivés hier à Neuchâtel. Leur famille était là pour les accueillir. Soulagement et émotion.
De Basile Weber, pour l'Express


Nehmat Mahdi al-Chami ne tient plus en place. Dans quelques minutes, elle retrouvera son frère Abdallah et ses deux neveux Marwan et Samir. Les grands-parents maternels, deux oncles et une autre tante sont aussi venus les accueillir. Le bus en provenance de Zurich arrive avec un léger retard devant la gare de Neuchâtel. La tante court retrouver les siens, suivie par les autres membres de la famille. Les jumeaux et le papa embrassent et étreignent les leurs. Après plusieurs jours d'angoisse, ils sont enfin là, sains et saufs.

La grand-maman ne peut retenir ses larmes. Ses petits-fils et son gendre sont de retour en bonne santé. Marwan, Samir et Abdallah étaient jusqu'à hier otages de la guerre au Liban. Les offensives israéliennes ont éclaté le 12 juillet, alors qu'ils étaient en vacances au sud Liban, région d'origine du papa (voir notre édition de mercredi). Marwan, huit ans, arborant un T-shirt rouge à croix blanche, s'exclame: «J'ai fait une nuit blanche et je ne suis pas fatigué! Mais j'ai faim!» Son papa Abdallah el-Chami conte la fin de leur périple: «On est arrivé ce matin (hier, n.d.l.r.) à Zürich en provenance de Damas». Ce vol spécial depuis la capitale syrienne rapatriait 117 Suisses et une vingtaine de ressortissants étrangers. Il a atterri sur le tarmac de Kloten à 8 h 30. «Il y avait des familles, des bébés. Plein de gens quittent le pays» raconte Abdallah el-Chami.

Difficile progression

Jeudi dernier, lui et ses fils avaient rejoint Damas par bus depuis Beyrouth. Atteindre la capitale libanaise ne fut pas une mince affaire. «On a essayé trois fois de rejoindre Beyrouth. C'était très difficile. Les ponts et les routes sont bombardés», explique le papa des jumeaux. Ce qui devait être des vacances en famille s'est vite transformé en enfer. «Pendant quatre, cinq jours, on a été coincés au milieu du feu à Kfarsir, mon village d'origine.» Abdallah el-Chami explique calmement comment lui et ses jeunes fils ont subi les bombardements israéliens. «On avait peur de nouvelles attaques. Les quatre maisons autour de nous étaient bombardées. La nuit, c'était terrible!» Son fils Marwan explique à sa famille: «Ça a explosé. Ça a fait trembler toute la maison!» Leurs proches de Kfarsir ont tous fui à Beyrouth ou dans les montagnes, territoires jusqu'à présent épargnés par les raids israéliens.

Bon travail du DFAE
Le père exprime sa gratitude envers les autorités suisses et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). «Il faut leur dire merci. L'accueil à l'ambassade suisse au Liban a été excellent. Elle a fait du bon travail. Aussi concernant le rapatriement». Près de 500 personnes ont ainsi été «acheminées en lieux sûrs», selon le DFAE. Hier, entre 300 et 500 personnes attendaient toujours pour quitter le pays en guerre.

B. W.

Sainte-Croix s’est mué en école de vie et de langue pour les requérants vaudois

A lire dans 24 Heures

ASILE Depuis le 1er avril dernier, la capitale du Balcon du Jura est un passage obligé pour tous les requérants assignés au canton de Vaud.

Ils sont six, sagement assis autour d’une table, cahiers quadrillés sous les yeux et crayon gris bien taillé à la main. Si la salle a des airs de classe primaire, ces élèves-là ont vu se briser leurs rêves d’enfants de­puis longtemps. Sur les bancs de cette école pas comme les autres se côtoient six requé­rants d’asile, une Arménienne, deux Kurdes irakiens, un Erythréen, un Afghan et un Russe. Une vraie tour de Babel réunie ce matin-là comme la veille et l’avant-veille dans un but précis: apprendre le fran­çais en s’imprégnant de la mé­lodie émanant de la bouche de leur professeur, Nicky Vande­rauwera.Cette scène appartient au quotidien de centre de Sainte­ Croix depuis le 1er avril dernier. A cette date, la Fareas lançait son nouveau programme «d’ac­cueil et de socialisation». Le centre perché sur la chaîne ju­rassienne devenait alors la pre­mière étape vaudoise du par­cours «pédagogique» destiné aux requérants arrivés peu de temps avant en Suisse par les Centres d’enregistrement placés aux frontières.

Apprentissage des moeurs
«Nous accueillons chaque se­maine à Sainte-Croix une di­zaine de personnes qui restent ici entre 8 et 11 semaines», expli­que le responsable du centre, Pascal Rochat. Durant cette pé­riode, les requérants sont en­couragés à suivre une vingtaine, d’heures de cours de français hebdomadaires auxquels s’ajou­tent un «cours social» et un «cours santé» par semaine. «Un enseignement qui permet d’aborder, avec l’aide d’un tra­ducteur issu des programmes d’occupation de la Fareas, des thèmes divers tels que la pré­vention des toxicomanies, l’ini­tiation aux moeurs suisses ou le fonctionnement de l’asile dans notre pays», détaille Pascal Ro­chat. D’autres cours pourraient encore être introduits à l’avenir. Le responsable du programme «accueil et socialisation» confie par exemple avoir pris contact avec la gendarmerie vaudoise pour leur proposer d’informer les requérants des conséquences de la consommation et du trafic de drogue.

80% de participation
Les personnes qui refusent de participer à ces différents cours et aux tâches ménagères ne sont, pour l’instant, pas pénali­sés financièrement. «Par contre, un bout d’un mois environ, on les transfère dans un foyer de séjour ( n.d.l.r.: nouvelles appel­lations des autres centres de la Fareas), un lieu où l’encadre­ment est uniquement sécuri­taire. » Durant ces quatre pre­miers mois du programme, le 80% des requérants ont choisi de jouer le jeu. «C’est la propor­tion à laquelle nous nous atten­dions, analyse-t-il, plutôt satis­fait.Le «parcours pédagogique» se poursuit ensuite par une phase de socialisation de quatre mois à Crissier. Outre des cours de français, les requérants peu­vent aussi y suivre des program­mes de formation ou d’occupa­tion.«Le but est clairement de rendre autonomes au maximum les personnes et de les aider à trouver un emploi.» Midi sonne. Le cours de fran­çais se termine pour les six élè­ves assidus du groupe 2. Aujourd’hui, ils ont appris ce qu’est un verbe et dire ce qu’il faisait «avant». La professeur de français, Nicky Vande­rauwera les informe que dès lundi, ils rejoindront le groupe 3. Un frisson parcourt l’assem­blée, entre fierté et appréhen­sion.

Moins d’interventions
L’annonce de la mise en place de ce programme en début d’année avait soulevé quelques appréhensions chez les autorités de Sainte-Croix, notamment en raison du tournus de population important qu’engendrait son application. Elles avaient alors tenu à s’assurer que l’encadrement et la sécurité seraient renforcés autour du centre.Quatre mois après son lancement, les nouvelles autorités du village n’ont pas encore fait de réel bilan avec la Fareas et la gendarmerie. Le secrétaire municipal Michel Staffoni, et le syndic Blaise Fattebert qui était hier au centre, soulignent néanmoins la bonne collaboration qu’ils entretiennent avec la fondation. Michel Staffoni se veut à la fois réaliste et serein. «Le changement a été pris en charge très tôt pour qu’il se passe bien et, pour l’instant, cela semble être le cas. Mais il faut rester attentif, car l’événement peut se produire demain.» «Ce n’est pas banal pour une commune d’accueillir un centre. Le fait que cela se passe bien est à mettre à l’actif des uns et des autres», renchérit le syndic qui a pris ses fonctions le 1er juillet dernier.Aux dires du responsable du centre, le nouveau programme aurait même des conséquences positives pour la commune. «Le nombre d’interventions de la gendarmerie est en diminution», avance Pascal Rochat. Le peu de temps laissé au requérant pour se constituer un réseau pourrait être l’une des explications de cette baisse, selon lui.
Carole Pantet

«Exigez de votre gouvernement qu'il fasse pression pour un cessez-le-feu»

A lire dans Le Courrier


BERNE - Plusieurs milliers de Libanais de Suisse et de sympathisants se sont réunis hier sur la place Fédérale pour dénoncer les violences qui font rage au Liban.

A 6 ans, elle fuyait le sud-Liban envahi par Israël. A 10 ans, elle était chassée de la Beqaa. Il y a une semaine, Heba Hage était à nouveau forcée de reprendre précipitamment le chemin de Damas devant une cette nouvelle «agression», alors qu'elle se trouvait en vacances au Liban. Cette fonctionnaire internationale d'une trentaine d'années, installée à Berne, était hier devant le Palais fédéral avec près de deux mille Libanais et Palestiniens.
Les drapeaux rouge et blanc frappés du cèdre flottent devant la coupole avec quelques bannières jaune et verte du Hezbollah. Des jeunes brandissent des photos d'actualité, imprimées en hâte. Sur les corps déchiquetés et les ruines de Beyrouth fumantes, certains ont écrit «made in Israël». La foule scande des slogans hostiles à Israël, au premier ministre Ehoud Olmert et à George Bush.
En prenant la parole devant ses compatriotes et quelques militants pour la paix, Heba Hage s'est adressée aux Suisses: «Ne nous tournez pas le dos. La société libanaise possède les ressources pour se relever d'une catastrophe, mais d'abord nous devons survivre. Demandez à votre gouvernement d'exiger la fin immédiate de l'agression et le respect des Conventions de Genève.» Les Libanais réunis hier à Berne, dans l'ensemble, saluent la "position courageuse» de Micheline Calmy-Rey, qui en appelle au respect du droit international. Heba Hage aussi. Elle a plaidé pour le boycott des produits israéliens, ainsi que pour la cessation de toute collaboration militaire avec Israël. La situation est ressentie d'autant plus durement par les Libanais de Suisse que beaucoup prévoyaient de se rendre auprès de leur famille cet été ou ont écourté leur séjour en laissant tant de violence derrière eux. Surtout, ils ne comprennent pas la disproportion qu'a pris la réaction israélienne à l'enlèvement de deux soldats par le Hezbollah. «Cette punition collective est le fait d'un Etat rasciste qui viole impunément le droit international. Historiquement, il y a toujours eu des Juifs dans tout le Moyen-Orient, et ça ne posait pas de problème», avance Heba Hage. D'autres orateurs ont remercié la Suisse pour son soutien, et appelé à l'accroissement de l'aide humanitaire à destination de Beyrouth. Plus de 500000 personnes sont déplacées à l'intérieur du Liban, dont toute l'infrastructure et l'économie sont ruinées. «Nous avons besoin d'une pression collective pour exiger un cessez-le-feu immédiat», a conclu Heba Hage.

LUC-OLIVIER ERARD

Toujours au sujet de cette manifestation, lire la dépêche parue sur Bluewin Infos.

Guerre au Liban: la justice et la force

A lire dans Le Temps - Courrier des lecteurs


«Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force.» (Blaise Pascal)

La politique de «deux poids, deux mesures» nous emmène à croire que l'intervention du Hezbollah libanais est un acte de terrorisme (il enlève deux soldats israéliens en vue d'échange de prisonniers), et que la réponse israélienne est un acte de légitime défense (l'armée israélienne envahit le Liban, crible et détruit toute son infrastructure).

L'escalade continue et les pertes civiles se multiplient en toute impunité. L'agression israélienne est dirigée contre tous les Libanais et n'épargne aucune région. C'est une guerre destructrice dépassant de loin la question de deux soldats israéliens.

Le président américain George Bush estime qu'Israël a le droit de se défendre, et la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU se termine vendredi dernier sans appel à un cessez-le-feu.

Serait-ce sept mille ans de l'histoire de la civilisation qui se font désintégrer par les bombes israéliennes et l'humanité entière laisse faire?!

«L'indifférence est une épreuve. Le succès est une épreuve que l'on réserve à ceux que l'indifférence n'a pas su tuer.» (Christian Bobin)

Rappelez-vous le 10 décembre 1948, les représentants des 56 pays membres de l'ONU à cette époque,s'étaient réunis au palais de Chaillot, à Paris, dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies, pour proclamer la Déclaration des droits de l'homme. Trois pays étaient présents à la tribune: la France, les Etats-Unis et le Liban, en la personne de Charles Malek. Lui qui a accompagné la naissance du Liban moderne et a souvent répété que ce pays se devait d'être le pays des libertés: «Sans quoi, le Liban perdrait sa raison d'être.» Dans le pays de Charles Malek, aujourd'hui, les libertés sont écrasées et les droits de l'homme qu'il a proclamés sont bafoués. Charles Malek doit se retourner dans sa tombe! De Genève, ville des Conventions non respectées, nous appelons l'humanité entière à ne pas laisser le pays du Cèdre périr et devenir la tombe de sa conscience!

Cathia Damien, Genève
Samedi 22 juillet 2006