Entouré des représentants de plus de 40 pays, dont le Syrien Bachar al-Assad, Nicolas Sarkozy lance ce week-end à Paris son grand projet d’Union pour la Méditerranée. En dépit des dissensions et des doutes. Coup de projecteur sur ce Mare Nostrum auquel nous devons tout. Un article de Bernard Bridel dans 24 Heures.
«Je veux lancer un appel à tous les peuples de la Méditerranée, pour leur dire que c’est en Méditerranée que tout se joue, et que nous devons surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et de civilisation. Je veux leur dire que le temps est venu de bâtir ensemble une Union méditerranéenne qui sera un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique.» C’était le 6 mai 2007, au soir. Dans son premier discours de président, Nicolas Sarkozy affichait son ambition. Non sans souffle, le nouvel élu rappelait tout ce que nous devons à la Grande Bleue, mais surtout redisait sa conviction selon laquelle «l’avenir de l’Europe est au Sud». Une conviction pas tout à fait désintéressée, la France cherchant à renforcer au Sud une influence et un poids qu’elle tend à perdre au Nord.
La patte d’Angela Merkel
Treize mois plus tard, le président français s’apprête à concrétiser ce week-end son ambition. Une ambition quelque peu redimensionnée après qu’Angela Merkel a refusé le projet initial du Français, qui voulait limiter la nouvelle Union aux seuls pays riverains de la Grande Bleue. Craignant que cet appel du Sud ne menace la construction européenne, la chancelière allemande a obtenu que l’Union pour la Méditerranée (UPM) revienne dans le giron européen et intègre les 27 membres de l’Union européenne (UE).
C’est donc entouré des dirigeants d’une quarantaine de pays et de ceux de l’Autorité palestinienne (voir carte ci-contre) que Nicolas Sarkozy lancera, dimanche au Grand Palais, ce qu’il voudrait que l’on retienne comme l’événement majeur de sa présidence de l’UE, commencée le 1er juillet.
Pour Sarkozy, l’UPM doit reposer sur des coopérations concrètes dans des domaines comme la protection de l’environnement et la dépollution de la mer, l’énergie, la sécurité, l’éducation et les échanges culturels. Cette nouvelle collaboration entre le nord et le sud de la Méditerranée – différente du «processus de Barcelone», lancé en 1995 entre l’UE et les pays du Sud – doit aussi contribuer à gagner la bataille contre le «terrorisme, l’intégrisme et le fondamentalisme », a assuré Sarkozy.
Tous au défilé
La présence, ce week-end à Paris dans les mêmes lieux, du premier ministre israélien Ehoud Olmert, du chef de l’Autorité palestinienne Mahm
oud Abbas, mais surtout du président syrien Bachar al-Assad, est un joli succès pour Nicolas Sarkozy, même si le Libyen Kadhafi a décliné l’invitation. Ce succès sera d’ailleurs affiché au grand jour. Lundi, tout ce beau monde se retrouvera au défilé du 14 Juillet, sur les ChampsElysées.
Reste que ce raout sarkozien autour de la Grande Bleue a suscité de nombreuses critiques. L’avenir dira si elles étaient justifiées.
MEDITERRANÉE: PASSAGE VERS «L’ELDORADO»
C’est un des pires drames qui endeuille régulièrement les côtes du sud de l’Europe: l’immigration clandestine depuis l’Afrique a pris ces dernières années des proportions inouïes. Pratiquement «rançonnés» par des réseaux de passeurs souvent complices des autorités locales, ils sont des dizaines de milliers à tenter chaque année le passage vers l’eldorado Europe. Les plages du sud de l’Espagne et la petite île italienne de Lampedusa sont devenues les «portes du paradis» pour ceux qui échappent à la noyade. Selon le quotidien italien La Repubblica, qui suit de très près ce dossier, «les