http://switzerland.indymedia.org/fr/2008/08/62765.shtml
NOUVEL APPEL À SOLIDARITÉ ET À MOBILISATION !
Tout en réaffirmant avec force que notre collectif n'entend pas pointer
du doigt les individus travaillant à la PAF mais les pratiques et
l'existence même de ce « corps constitué de l'Etat », nous craignons que
les formes de notre liberté d'expression et d'opinion contre les
politiques d'immigration française soient le principal objet des
poursuites du ministère de l'Intérieur.
mercredi 27 août 2008, source : http://rennes-info.org/
En juin 2008, nous, collectif de soutien aux personnes sans-papiers de
Rennes, avons appris par voie de presse qu'une plainte avait été déposée
contre nous par le Ministère de l'Intérieur suite à la diffusion de 3
tracts et de 2 affiches. Ces écrits accompagnaient deux rassemblements
contre la Police aux Frontières (PAF) le 2 avril 2008 [voir encadré pour
le contexte de cette mobilisation]. Une bonne dizaine d'arguments
utilisés et d'expressions employées ont été isolées pour nous accuser de
propos diffamants et injurieux à l'encontre de la PAF.
Durant l'enquête préliminaire de la police judiciaire, diligentée par le
Procureur de la République, 8 personnes ont été auditionnées, dont 3
seulement avaient effectivement participé aux rassemblements du 2 avril.
Plus grave : en dépit de nos exigences et de notre présentation
collective au commissariat, la police a refusé d'interroger la
cinquantaine de personnes qui avaient participé à ces rassemblements.
Elle a plutôt tenté de faire dénoncer quelques personnes parmi les
autres afin d'individualiser les poursuites.
En juin et juillet, suite à un premier appel à solidarité et à
mobilisation, le fond et la forme de cette enquête préliminaire avaient
suscité bien des réactions (individus, associations, avocat-e-s,
élu-e-s, syndicats, partis.). En particulier, les pressions policières
subies par la Maison Internationale de Rennes (MIR) - association
indépendante qui héberge nos assemblées générales hebdomadaires - pour
l'obliger à livrer les noms des « animateurs » du collectif avaient
beaucoup choqué. Le point d'orgue de ces réactions fut un rassemblement
de 500 personnes le 28 juin place de la mairie à Rennes pour défendre la
liberté d'expression et d'association.
Depuis fin juillet, nous savons que le Procureur de la République a
choisi de faire comparaître quelques membres de notre collectif le
vendredi 19 septembre 2008 devant le Tribunal correctionnel de Rennes.
Les personnes, choisies arbitrairement, sont poursuivies sur la base de
la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
C'est pourquoi nous souhaitons lancer un nouvel appel à solidarité et à
mobilisation car nous pensons que, au-delà de la mise en cause du
collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes, c'est une
certaine forme de liberté d'expression et d'opinion qui est en jeu si
nous sommes condamné-e-s.
MANIFESTATION DE SOLIDARITÉ
SAMEDI 13 SEPTEMBRE A 15 HEURES, PLACE DE LA MAIRIE A RENNES
RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN AU TRIBUNAL CORRECTIONNEL
VENDREDI 19 SEPTEMBRE A 13 HEURES, DEVANT LA CITÉ JUDICIAIRE DE RENNES
Depuis sa naissance en 2002, le collectif de soutien aux personnes
sans-papiers de Rennes a été souvent sollicité par des personnes
étrangères dénonçant les pratiques de la Police aux Frontières (PAF), ce
service particulier de la police chargé de lutter contre l'immigration
dite irrégulière. Ainsi, à de multiples reprises, de manière médiatisée
ou non, notre collectif a jugé important de dénoncer les modes
d'arrestations d'étranger-e-s à domicile, les interpellations devant les
écoles des parents sans-papiers, le menottage systématique des
étranger-e-s interpellé-e-s, les arrestations d'étranger-e-s aux
guichets des préfectures ou devant les locaux associatifs, l'irruption
de policiers dans les procédures de mariages mixtes. Les tracts et les
affiches visés par la plainte dénonçaient à nouveau ces pratiques, comme
le font des centaines d'organisations et de collectifs sur tout le
territoire français.
Mais, plus récemment et de manière croissante, le collectif de soutien
aux personnes sans-papiers de Rennes a été sollicité par des personnes
étrangères, de nationalités diverses, se déclarant victimes de contrôles
d'identité fondés sur la couleur de peau ou sur la langue utilisée, en
particulier dans les gares ou le métro. Ces contrôles ont aussi été
rapportés par des témoins. Dans la quasi-totalité des cas, les personnes
contrôlées sont considérées - dans notre société - comme des personnes «
arabes » ou « noires ». Nous pensons notamment à 7 élèves d'un lycée
rennais revenant d'une sortie scolaire qui, le même jour en mars 2008,
ont subi ces contrôles que beaucoup nomment « au faciès ». Ces contrôles
d'élèves - qui ont débouché sur une interpellation et une tentative
préfectorale d'éloignement du territoire français - ont constitué une
goutte d'eau de trop dans l'océan des contrôles d'identité qui nous
semblent échapper à la logique d'un Etat de Droit. C'est pourquoi notre
collectif a décidé d'organiser, le 2 avril 2008, une nouvelle action de
dénonciation publique des pratiques de la PAF. Cette action a été
annoncée et rendue visible par les 3 tracts et les 2 affiches qui sont
visés par la plainte. Nous tenons à souligner que ces tracts et
affiches, conformément aux principes de fonctionnement de notre
collectif, ont été élaborés et validés collectivement en assemblée générale.
Le ton humoristique ou ironique et l'ambiguïté de certaines
formulations, relativement habituels dans l'histoire de notre collectif,
semblent être au cour des poursuites dont nous faisons l'objet. Tout en
réaffirmant avec force que notre collectif n'entend pas - comme toujours
depuis 2002 - pointer du doigt les individus travaillant à la PAF mais
les pratiques et l'existence même de ce « corps constitué de l'Etat »,
nous craignons que les formes de notre liberté d'expression et d'opinion
contre les politiques d'immigration française soient le principal objet
des poursuites du ministère de l'Intérieur. Et nous déplorons que ces
formes de liberté soient davantage combattues, par le pouvoir actuel,
que les effets de la « dérive sécuritaire » qui structure les pratiques
policières, à l'encontre notamment des personnes considérées comme
étrangères.
Collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes
Assemblée générale ouverte à toutes et tous chaque mardi à 18 hs 30 à la
MIR, 7 quai Chateaubriand