mercredi 8 juin 2011

120 réfugiés syriens en Turquie

Quelque 120 réfugiés syriens fuyant la répression, pour la plupart des femmes et des enfants, sont entrés mardi soir en Turquie où ils ont été pris en charge par des gendarmes turcs, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le groupe, composé de 122 personnes pour la plupart originaires de la ville syrienne de Jisr al-Choughour (nord-ouest), a franchi illégalement la frontière et atteint vers 21H00 (18H00 GMT) le village de Karbeyaz Köyü, dans la province turque de Hatay (sud), ont affirmé à l'AFP des sources locales.

Les gendarmes ont établi un périmètre de sécurité autour des réfugiés, installés dans la salle des fêtes du village, et procédé à leur identification avant de les convoyer vers un camp de réfugiés mis en place par le Croissant Rouge turc à Yayladag, à 45 km à l'ouest de Karbeyaz Köyü, a constaté l'AFP. Le groupe ne comprenait pas de blessés.

Selon les villageois, un précédent groupe de Syriens en fuite, fort de 45 personnes, a déjà transité par le village samedi avant d'être acheminé au camp de Yayladag. Le camp a déjà accueilli fin avril un groupe de quelque 250 Syriens, habitants de villages frontaliers.

Quelques dizaines de Syriens blessés ont par ailleurs été admis ces derniers jours dans des hôpitaux d'Antakya (province de Hatay). Des sources diplomatiques ont fait état de 41 réfugiés arrivés durant le week-end, dont une vingtaine de blessés. Un groupe turco-syrien d'entraide aux réfugiés a pour sa part évoqué 88 blessés arrivés en Turquie par vagues successives depuis le 20 mai, dont 45 dimanche et deux lundi.

La Turquie et la Syrie partagent une frontière de plus de 800 km. La Syrie est en proie depuis le 15 mars à un mouvement de contestation contre le régime du président Bachar al-Assad. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, plus de 1.100 civils ont été tués depuis le début du mouvement.

Jisr al-Choughour est le théâtre depuis samedi d'un ratissage de l'armée. Lundi, les autorités syriennes ont affirmé que 120 policiers avaient été tués dans cette ville par des "groupes armés".

AFP relayée par le Figaro

2% des réfugiés libyens en Europe, selon le HCR

Seule une infime partie des quelque 900.000 personnes ayant fui les violences en Libye ont trouvé refuge en Europe, estime le chef du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

"Je pense qu'il est important de dire que sur les personnes qui ont fui la Libye, moins de deux pour cent (...) sont venues en Europe", a déclaré Antonio Guterres lors d'une conférence de presse.

Il a précisé que parmi "les quelque 900.000 personnes qui ont déjà quitté la Libye, la très grande majorité sont des ressortissants de pays tiers qui travaillaient comme immigrés en Libye".

Le chef du HCR a invité à "remettre en perspective les discussions faisant parfois état de mouvements massifs de population"."Ces discussions parfois en Europe ne reposent pas sur des faits mais sur des impressions", a-t-il dit, soulignant qu' "il n'y a pas eu de flux massifs de réfugiés de Libye en Europe".

AFP et le Figaro

Les demandes d'asile ont augmenté en mai

24 Heures

Moi, albanophone et intégré

Environ 250 000 albanophones vivent en Suisse. Une grande majorité sont Kosovars. Si des clichés tenaces sont encore véhiculés, leur intégration est toujours plus évidente. Depuis le 29 mai, ils disposent de leur propre «Assemblée des Albanais de Suisse». Le Temps a choisi de raconter six parcours de vie, des exemples de réussite.

albanophones carte

Ils ont beau être là depuis dix ou vingt ans, ils peinent encore parfois à se débarrasser de clichés, tenaces. Environ 250 000 albanophones vivent en Suisse: 190 000 sont des ­Kosovars, 50 000 des Macédoniens, 10 000 des Albanais de Serbie, 2000 viennent d’Albanie et environ autant du Monténégro. La plupart sont arrivés dans les années 90 pour fuir les événements des Balkans, le pic ayant été atteint en 1998 et 1999, avec l’arrivée de 50 000 réfugiés kosovars. D’autres ont émigré plus tôt, dès les années 60, comme simples saisonniers, puis par le biais du regroupement familial.

Et qu’ils soient naturalisés ou non, installés depuis de longues années dans le même village ou pas, ils se voient encore trop souvent assimilés à des «chauffards», «trafiquants» ou «magouilleurs». Le récent rapport de Dick Marty accusant le premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi et d’autres ex-membres de l’UÇK, l’Armée de libération du Kosovo, de trafics d’organes, n’a pas vraiment contribué à redorer l’image des Kosovars. A cela s’ajoutent les préjugés liés à l’islam. Or, les exemples d’intégration rapide et d’ascension sociale réussie ne sont pas difficiles à trouver. Nous avons choisi de raconter six trajectoires originales, du plongeur devenu patron de restaurant à la jeune socialiste élue au parlement lucernois, en passant par une psychiatre devenue cheffe de clinique.

Une étude commandée par l’Office fédéral des migrations sur les Kosovars en Suisse, parue en août 2010, souligne la faible qualification de la majorité d’entre eux. D’où une intégration difficile sur le marché du travail. Les discriminations à l’embauche ne facilitent pas les choses. De même que certaines mesures, comme dans le domaine des assurances auto où les ressortissants des Balkans doivent parfois payer une prime plus élevée, qui ne font que stigmatiser davantage cette population.

Mais l’étude donne aussi l’exemple de simples salariés qui, à force de persévérance et de travail, ont su se hisser à des postes à responsabilités. Et confirme que les entrepreneurs albanophones ne sont plus rares. Après s’être lancés dans le tourisme, puis dans l’édition (publication de journaux kosovars), le bâtiment, l’horticulture et la gastronomie, ils se sont aussi tournés récemment vers les assurances. Malgré certaines difficultés. «Je connais des chefs d’entreprise qui ont bien réussi, mais certains pensent aussi qu’engager des gens au noir leur permettra de faire plus de profit», témoigne l’avocat Asllan Karaj, qui tient un cabinet de conseil à Lausanne. «J’essaie de leur expliquer qu’il y a des démarches et des cotisations à respecter en Suisse.»

L’étude conclut sur une note positive: le processus d’intégration des immigrés kosovars devrait suivre une évolution comparable à celle des migrants italiens et espagnols. Lentement, mais sûrement. «Le processus d’intégration s’est accéléré dès la fin de la guerre, mais s’est encore accentué avec l’indépendance du Kosovo en 2008», commente Naim Malaj, ambassadeur du Kosovo à Berne. «Avant la guerre, les Kosovars étaient physiquement ici mais leur esprit était encore «là-bas». Aujourd’hui, ceux qui décident de rester en Suisse peuvent enfin s’y projeter vraiment: ils investissent dans l’éducation de leurs enfants, commencent à acheter des biens immobiliers et sont toujours plus nombreux à se naturaliser. C’est un signe.» Naim Malaj a lui-même connu une ascension aussi rapide que surprenante dès la proclamation de l’indépendance du Kosovo. Travailleur social à Genève, il a été, presque du jour au lendemain, appelé à exercer la fonction d’ambassadeur à Berne, alors que rien ne l’y prédestinait.

Bashkim Iseni, qui dirige le site internet Albinfo, tient un discours similaire. Les Kosovars se sont bien libérés d’un poids depuis la fin de la guerre, dit-il, mais beaucoup, après s’être investis pour soutenir la cause nationale, sont écoeurés par la corruption qui sévit dans leur pays et déçus par une classe dirigeante qui ne parvient pas à redresser le pays économiquement. Voilà qui renforce encore leur volonté de construire leur avenir en Suisse. «Je connais beaucoup de gens qui, partis de rien, ont gravi les échelons à force de persévérance. Il y aurait par ailleurs aujourd’hui plus de 1000 étudiants albanophones dans les universités suisses alors que, dans les années 90, j’étais un des seuls. Tout cela est très encourageant!» commente-t-il.

L’intégration grandissante des Albanophones se révèle aussi à travers une organisation plus visible, mieux structurée de la diaspora. Les associations culturelles sont nombreuses et le rôle de l’Université populaire albanaise ou de la «Albanian International Scholarship Foundation», basées à Genève, connu. Mais depuis le 29 mai, ils disposent de leur propre «Assemblée des Albanais de Suisse», sorte d’organisation faîtière dont la constitution a été encouragée par les autorités fédérales. Elle est présidée par Orhan Spahiu, un étudiant de 28 ans. Le site Albinfo, lui, a été créé en octobre. Cette plateforme d’informations sur l’actualité suisse et des Balkans est disponible en albanais, français et allemand. Réalisée en partenariat avec Edipresse, elle est soutenue par la Direction du développement et de la coopération et la Commission fédérale pour les questions de migration.

Autre fait marquant: l’implication grandissante d’Albanophones dans la vie politique suisse. Dans le canton de Lucerne, 180 Kosovars viennent de créer l’Association des Kosovars démocrates-chrétiens, intégrée à la section cantonale du PDC.

Valérie de Graffenried dans le Temps

Vers le dossier proposé par le Temps et les différents témoignages