vendredi 3 octobre 2008

Les brebis galeuses de l'UDC font des petits au Portugal

A contretemps.

Valérie de Graffenried dans le Temps

Vendredi 3 octobre 2008


Trois moutons blancs boutant un mouton noir hors de Suisse, ça vous rappelle quelque chose? C'est avec cette affiche, rehaussée du slogan «Pour plus de sécurité», que l'UDC s'est présentée aux élections fédérales et s'est fait de la pub pour son initiative populaire pour le renvoi des étrangers criminels.

Une affiche aussitôt condamnée par divers organismes pour sa xénophobie. Racistes, ces moutons? Que nenni! ont alors répondu les UDC, la bouche en cœur. Le mouton noir ne stigmatise pas du tout les Africains, ont-ils insisté. Pas de chance pour eux: le NPD allemand, pas vraiment réputé pour son ouverture face aux étrangers, a trouvé le message diablement efficace et a rapidement fait un copier-coller de l'affiche qui a tant été décriée en Suisse.

Et voilà que le «Partido nacional renovador» du Portugal s'y met lui aussi, avec un grand «Imigração? Não!». L'UDC, qui fait tout pour se distancier des mouvements extrémistes et néonazis, n'a du coup pas vraiment de quoi bêler de plaisir... Le parti pourra toujours tenter de se rassurer en soulignant que sur l'affiche portugaise, le mouton blanc ose carrément chasser cinq moutons noirs d'un coup. Et que le mouton blanc portugais a l'air, beaucoup plus, mais alors vraiment beaucoup plus antipathique et méchant que le sien.

Immigration : les limites de la logique sécuritaire, par Thomas Ferenczi



rice Hortefeux, le ministre français de l'immigration, a pris une curieuse habitude, qui fait sourire les journalistes. Lorsqu'il rend compte à la presse des travaux européens, il ne répond à aucune question sans consulter d'abord son principal collaborateur, Patrick Stefanini, secrétaire général du ministère, placé à côté de lui à la tribune. Et il ne peut s'empêcher de rapporter, entre guillemets, les propos élogieux tenus par ses collègues dans le huis clos du Conseil à l'appui des propositions de la France. M. Hortefeux semble avoir besoin de ce double soutien public - celui de son secrétaire général et celui de ses homologues européens - pour justifier les politiques de l'Union en matière d'immigration et d'asile sous la présidence française.


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Il est vrai qu'il n'est pas facile d'expliquer en quoi le pacte sur l'immigration et l'asile, l'une des principales contributions de la présidence française, innove vraiment par rapport aux nombreux documents adoptés précédemment par les Vingt-Sept sur les mêmes sujets. Les cinq volets de la politique consignée par ce pacte - l'organisation de l'immigration légale, la lutte contre l'immigration clandestine, le renforcement des frontières extérieures, la mise en place d'un régime commun d'asile, le développement d'un partenariat avec les pays tiers - figurent déjà dans le programme de La Haye, approuvé en 2004 par les chefs d'Etat et de gouvernement, sous présidence néerlandaise, puis dans les conclusions du Conseil européen de décembre 2006, sous présidence finlandaise.

Ces orientations sont également présentes dans de multiples textes de la Commission et dans plusieurs directives adoptées ces dernières années. Sans doute n'est-il pas inutile que les Etats membres rappellent de temps en temps les engagements auxquels ils ont souscrit et affirment solennellement leur volonté de les mettre en oeuvre. Sans doute aussi, d'une déclaration à l'autre, les objectifs sont-ils précisés et les moyens de les atteindre redéfinis. Les Vingt-Sept ont promis en particulier, à la demande de la France, de renoncer aux régularisations massives pour s'en tenir à des régularisations au cas par cas. Il reste que, pour l'essentiel, comme le note la Cimade, association spécialisée dans la défense des migrants et des demandeurs d'asile, le pacte s'inscrit dans la continuité des politiques actuelles.

Deux chercheurs d'un cercle de réflexion bruxellois, le Centre for European Policy Studies (CEPS), Sergio Carrera et Elspeth Guild, jugent"discutable" la valeur ajoutée du pacte, compte tenu des législations existantes. Ils estiment qu'il n'apporte pas grand-chose de neuf et qu'il risque même d'affaiblir les possibilités d'une politique commune.

Selon Sergio Carrera et Elspeth Guild, en effet, le document renforce les prérogatives des Etats membres plutôt que celles de l'Union. Il souligne notamment qu'"il revient à chaque Etat membre de décider des conditions d'admission sur son territoire des migrants légaux et de fixer, le cas échéant, leur nombre". Pour les deux auteurs, cette disposition est en recul par rapport aux traités, qui font des conditions d'entrée et de séjour une compétence partagée.

Sur le fond, même si M. Hortefeux prétend éviter le double écueil de "l'Europe- forteresse" et de "l'Europe-passoire", la balance penche plutôt du côté de la première que de la seconde. L'Association européenne pour la défense des droits de l'homme (AEDH) n'a pas tort de s'inquiéter de l'orientation "sécuritaire" de l'Union en matière d'immigration et d'asile. Cette logique n'est pas près de changer. On peut douter qu'elle soit à la hauteur des enjeux.

Les fascistes s'affichent

Stars du football ou politiciens, ils ne craignent plus d’exprimer leur sympathie pour le Duce. L’exemple vient de haut. Un article de Dominique Dunglas dans 24 Heures.

IDOLE Collectionner des bustes du Duce semble devenir la marotte de certains footballeurs Christian Abbiati n’a pas gardé les buts du Milan AC, hier soir, lors du match retour de la Coupe de l’UEFA contre Zurich. «Un tour de repos normal dans la gestion de l’équipe», a fait savoir le staff technique du Milan AC. Mais davantage qu’économiser les forces de leur gardien titu­laire, les responsables du club milanais ont surtout voulu lui éviter les contestations à la suite de son «coming-out» de militant fasciste.
«Je partage certains idéaux du fascisme: la patrie et les valeurs de la religion catholi­que, a déclaré Abbiati à la Ga­zetta dello Sport. Je récuse les lois raciales et l’alliance avec Hitler, mais j’admire la capacité à assurer l’ordre social et ga­rantir la sécurité des citoyens.»
Les bustes du Duce

Et le gardien de but de préci­ser qu’il possède chez lui un buste de Mussolini et que la sonnerie de son portable re­prend le refrain de Facetta nera, ritournelle raciste et colo­nialiste des années 30. Déjà déroutant s’il ne concernait qu’Abbiati, l’épisode révèle un état d’esprit de plus en plus présent dans l’élite du calcio transalpin.
Ainsi, Gianluigi Buffon, gar­dien de l’équipe nationale, a été surpris avec un T-shirt arborant le chiffre 88 qui signifie «Heil Hitler» dans la symbolique des nostalgiques du nazisme (deux fois la 8e lettre de l’alphabet). Et il a célébré la victoire ita­lienne dans la Coupe du monde avec un drapeau tricolore orné d’une croix celtique.
Fabio Cannavaro, qui en tant que capitaine de la Squadra azzurra devrait surveiller ses déclarations, fit l’éloge des «camps Evita Péron», les colo­nies de vacances organisées par l’extrême droite. Daniele De Rossi, colonne portante du mi­lieu de terrain de la Roma et de l’équipe d’Italie, est un sympa­thisant de Forza Nuova, le mou­vement de la jeunesse fasciste. Alberto Aquilani, son compa­gnon de club et d’équipe natio­nale, collectionne… les bustes de Mussolini. Et de Paolo Di Canio à Fabio Tacconi, la liste des footballeurs fascisants pourrait en outre s’allonger si on remonte dans le temps.
Sans complexes

La nouveauté réside toute­fois dans le fait qu’ils expri­ment désormais sans com­plexes une opinion politique autrefois considérée comme in­tolérable. Ils auraient tort de s’en priver, puisque l’exemple vient du sommet des institu­tions. Elu maire de Rome en avril dernier, Gianni Alemanno a lui aussi repris récemment le thème d’un fascisme à double visage, positif avant l’adoption des lois raciales en 1938 et négatif ensuite. Ministre des Armées, Ignazio La Russa a rendu hommage aux soldats de la République sociale «qui ont combattu pour la patrie et mé­ritent le respect». Deux décla­rations qui ont obligé le prési­dent de la République, Giorgio Napolitano, à sortir de sa ré­serve institutionnelle pour rap­peler que la constitution ita­lienne était basée sur les va­leurs de l’antifascisme.
En mai dernier, dans un son­dage IPSOS, 19% des Italiens affirmaient trouver normal qu’un candidat ouvertement fasciste soit présent sur une liste électorale. C’était déjà beaucoup. Aujourd’hui, ils se­raient certainement encore plus nombreux.