mercredi 2 avril 2008

9 ans de procédure pour faire reconnaître les persécutions subies


Cas 026 / 03.03.2008 - "Sarah", victime d'atroces persécutions, voit sa demande d'asile être frappée de non-entrée en matière parce qu'elle n'a pas de papiers d'identité. Il faudra 3 recours et 3 demandes de réexamen pour que le TAF lui accorde finalement l'asile. Après presque 10 ans de procédure.

France: La famille de Roms kosovars ne sait plus où aller

Lu dans ouest-France

Marc Ollivier
De gauche à droite, Sheribana et son mari, Bun. À leurs côtés, Bela, 14 ans, Sukrije, 18 ans, Haki, 16 ans et Ikbal, 11 ans. Les deux aînés vivent à Saint-Jean-d'Angély, en Charente-Maritime. Ils prennent ici des nouvelles de l'indépendance du Kosovo. : Marc Ollivier

Les Sulejmani vivent aux Herbiers depuis un an. Leur demande d'asile rejetée, ces victimes oubliées de la guerre au Kosovo n'imaginent pas devoir encore repartir. Et pour aller où ?

La famille Sulejmani a fui le Kosovo en 1999. « Comme beaucoup de maisons de Roms, la nôtre a été bombardée », lance le père, Bun Sulejmani, 47 ans. Aujourd'hui, l'avenir de la famille est de nouveau incertain. Sa demande d'asile vient d'être rejetée.

Les Sulejmani habitaient Mitrovica. « Avant la guerre, on vivait bien au Kosovo. Nous avions une épicerie, il n'y avait pas de problèmes, retrace le père. Mais aujourd'hui, les Roms ne sont plus acceptés nulle part. On est comme des ballons de football. »

Les Roms ont été les victimes oubliées de la guerre qui a ravagé le Kosovo à la fin des années 1990.Une minorité prise en tenaille dans l'affrontement opposantSerbes et Albanais. Aujourd'hui, les Roms restent indésirables dans ce pays devenu indépendant le 17 février dernier. « Avant la guerre, il y avait environ 144 000 Roms au Kosovo, complète Yvon Albert, qui enseigne le français à la famille Sulejmani. Aujourd'hui, il n'en reste que 10 %. »

Autour d'Yvon Albert, dans l'appartement de la famille kosovare, mis à disposition par le Centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada), une dizaine de personnes se sont regroupées. Des Herbretais sensibles au sort de cette famille. « Les enfants vont à l'école, les parents apprennent le français. C'est une famille très attachante, qui ne demande qu'à s'intégrer. Une pétition récemment lancée a recueilli 1 500 signatures. »

« Nous n'avons nulle part où aller »

Bun et Sheribana ont six enfants. Quatre d'entre eux vivent aux Herbiers. La plus jeune, Ikbal, a 11 ans, Scolarisée à l'école du quartier, elle a quitté le Kosovo à l'âge de 3 ans. « Je ne me souviens pas de ce pays. Moi, je veux rester en France, continuer à aller à l'école. »

Après le bombardement de sa maison, la famille s'est retrouvée dans un camp à Podgorica, au Monténégro. « Les huit membres de la famille y sont restés huit ans, dans une baraque de la taille d'une petite chambre, raconte Geneviève Cantiteau, de l'association Actif, qui milite pour les demandeurs d'asile. La nourriture et les soins étaient aléatoires. » La famille a enfin réussi à payer un passeur, qui les a conduits en France. Après des séjours dans plusieurs villes, ils ont atterri aux Herbiers en avril 2007.

« Là, nous avons suivi la démarche habituelle, retrace Geneviève Cantiteau. Leur première demande de régularisation a été refusée. Le recours également. Il semblerait que ce soit pour des raisons administratives. »

La famille devra quitter son logement herbretais le 10 avril. Elle a adressé un ultime recours à la préfecture de Vendée. Le courrier de la dernière chance. « Ils veulent qu'on retourne au Kosovo, mais ce n'est pas possible, martèle le père de famille. L'indépendance ne change rien pour nous, Roms. Les Serbes nous détestent, les Albanais aussi. Nous n'avons nulle part où aller. »

Son épouse Sheribana, silencieuse jusque-là, lève les bras au ciel, les yeux rivés au plafond. « Plutôt mourir que de rentrer au Kosovo. »