mercredi 13 mai 2009

A un mois du scrutin, M. Berlusconi favorise l'aile sécuritaire de sa majorité

Rome Correspondant

'Italie a donné un nouveau tour de vis à sa politique migratoire, samedi 9 mai, en refoulant, une nouvelle fois, vers la Libye, d'où elle était partie, une embarcation avec à son bord 163 migrants qui s'approchaient de l'île de Lampedusa. C'est la deuxième fois en trois jours que Rome décide de renvoyer vers leur pays de départ des immigrés avant que ceux-ci ne touchent le sol italien.



Cette politique est sévèrement critiquée par leHaut Commissariat aux réfugiés, les organisations de défense des immigrés et l'Eglise, qui y voient "une négation" du droit d'asile. En effet, 75 % des immigrés demandent à en bénéficier et 50 % l'obtiennent.

De cette manière, l'Italie espère décourager les candidats à l'immigration en se prévalant de la mise en place du traité d'amitié signé entre la Libye et l'Italie en août 2008. Celui ci prévoit que Tripoli s'engage à lutter contre l'immigration clandestine en échange, de la part de l'Italie, de cinq milliards de dollars sur les vingt-cinq prochaines années au titre de compensation pour la période coloniale.

Le ministre de l'intérieur, Roberto Maroni, avait salué le premier envoi d'immigrants vers la Lybie comme "un grand jour pour l'Italie". Appartenant au parti xénophobe de la Ligue du Nord, on lui doit aussi la mise en oeuvre du "paquet sécurité" qui prévoit l'instauration du"délit de clandestinité". Cette loi devrait être définitivement votée cette semaine par le Parlement.

A un mois des élections européennes, Silvio Berlusconi, le président du Conseil, a saisi l'occasion du renvoi des migrants en Libye pour ne pas abandonner le "front sécuritaire" à son puissant allié de la Ligue, qui a décidé de faire cavalier seul à ce scrutin - ainsi que dans certaines élections locales qui se tiendront le même jour.

La Ligue espère atteindre un score à deux chiffres au plan national, étant entendu que dans certaines provinces du Nord, elle recueille près de 30 % des intentions de votes.

"Nous n'ouvrirons pas les portes à tout le monde comme l'a fait la gauche, a déclaré M. Berlusconi. Leur idée de la société était multiethnique, ce n'est pas la nôtre." Cette politique, a-t-il ajouté, "est conforme aux normes européennes, aux accords internationaux et aux normes concernant les droits de l'homme. Il n'y a aucun scandale". La Conférence épiscopale italienne a immédiatement répliqué : "L'Italie est déjà multiethnique."

En pleine crise et à la recherche de voix, le centre-gauche s'est divisé sur la question. Responsable de la politique étrangère au sein du Parti démocrate (PD), Piero Fassino a affirmé que ces refoulements n'avaient rien d'illégal, dans un entretien au Corriere della Sera. "Je sais que ce que j'ai dit est impopulaire à gauche, a-t-il admis. Si l'endroit d'où est partie une embarcation de clandestins est identifié, il est légitime de les y ramener." "Nous faisons du prosélytisme", s'est aussitôt réjouie la Ligue du Nord, devenue le plus vieux parti d'Italie après la dissolution de Forza Italia et d'Alliance nationale.

La victime de cette surenchère à droite n'est autre que le deuxième des principaux alliés de M. Berlusconi : le président de l'Assemblée nationale, Gianfranco Fini, ancien président d'Alliance nationale. Dans son discours lors du congrès de fondation du Parti de la liberté, M. Fini avait justement décrit l'Italie du futur comme un pays multiethnique. Depuis, il multiplie les sorties "humanistes" pour mieux faire entendre sa différence.

M. Berlusconi avait donné raison à M. Fini en retirant de la loi sur la sécurité l'article faisant obligation aux directeurs d'établissement scolaire de dénoncer les enfants d'immigrés illégaux. Cette fois, il a choisi de suivre M. Maroni et de chevaucher la vague xénophobe qui atteint l'Italie.

La semaine passée à Milan, un conseiller municipal de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, a provoqué un scandale en proposant que des places de transport en commun soient réservées aux"Italiens de souche".

Philippe Ridet

Les Sorcières en colère déposent leur pétition en faveur de Genet Douno

vendredi 8 mai 2009 dans Gauche hebdo

En décembre dernier, les Sorcières en colère, collectif féministe contre le racisme, ont lancé une pétition en faveur de Genet Douno. Suite à la séparation de son mari violent, les autorités ont refusé de renouveler l’autorisation de séjour de Madame Douno, d’origine éthiopienne et en Suisse depuis 2000. Pourtant, l’Article 50 de la Loi sur les étranger-ère-s (LEtr) prévoit une exception au non renouvellement du permis de séjour en cas de violences conjugales ou d’intégration réussie. Madame Douno remplit toutes les conditions posées dans cette loi. Ainsi, les Sorcières en colère demandent au Grand Conseil vaudois de soutenir le réexamen du dossier de Madame Douno auprès du Service de la population (SPOP) pour que ce dernier propose le renouvellement de son autorisation de séjour auprès des autorités fédérales compétentes (ODM).

Les Sorcières en colère signalent que si le cas de Madame Douno n’a pas été examiné de façon correcte, c’est essentiellement parce que l’Article 50 de la LEtr pose un certain nombre de problèmes. En effet, cet article conditionne le renouvellement de l’autorisation de séjour à l’intégration en Suisse et à la réintégration au pays d’origine, et dans la pratique est encore limité par l’exigence de preuves dans les cas de violences. Ces restrictions empêchent la protection des femmes migrantes victimes de violences conjugales. Nombreuses sont les associations à soulever ce problème, qui a également fait l’objet de débats parlementaires tant au niveau cantonal que fédéral. Ainsi, la députée Fabienne Freymond Cantone a déposé un postulat auprès du Grand Conseil en novembre 2007, demandant au parlement de revoir les mesures qui permettent la protection des femmes migrantes victimes de violences conjugales, notamment en introduisant une directive cantonale. Le travail parlementaire relatif à ce postulat est encore en cours, le Conseil d’Etat ayant déjà publié un premier rapport.

La situation de Madame Douno est un exemple patent de cette absence de protection. En déposant la pétition, les Sorcières en colère appuient le besoin de mesures en faveur des femmes migrantes.

Au-delà de l’Article 50 de la LEtr, c’est avant tout la dépendance juridique des femmes migrantes vis-à-vis de leurs maris qui est à la source du problème. Par conséquent, l’octroi d’un statut autonome aux personnes venues en Suisse pour regroupement familial représenterait une solution plus complète.

Le dépôt de la pétition aura lieu le mardi 12 mai à 13h sur les escaliers du Palais de Rumine.

Le Conseil fédéral lie chômage et immigration

© keystone/2009 | Le Conseil fédéral pourrait prochainement décider de limiter le nombre de travailleurs étrangers provenant des quinze premiers pays membres de l’Union européenne (UE). Y a-t-il un lien entre le taux de chômage et l’immigration? Le Conseil fédéral semble le croire: il devrait prochainement décider de limiter le nombre de travailleurs étrangers provenant des quinze premiers pays membres de l’Union européenne (UE). Une disposition, dite «clause de sauvegarde» des accords de libre circulation, le lui permettrait.

Lire cet article de Xavier Alonso dans la Tribune de Genève

Voir le reportage de la TSR sur le sujet

Tollé en Italie après une expulsion de clandestins

Des clandestins interceptés en mer Méditerranée, puis refoulés vers la Lybie, arrivent à Tripoli le 7 mai dernier (photo AP) Fram est désespéré. Cet adolescent gambien de 17 ans a dépensé toutes les économies que sa tante lui avait données pour gagner l'Angleterre. Vendredi, avec 226 autres clandestins, il a été ramené en Libye par des ­garde-côtes italiens. Leur embarcation avait été arraisonnée en haute mer, sur indication des autorités maritimes libyennes. C'était la première fois que Tripoli acceptait de reprendre des immigrés partis de son territoire. En deux jours, plus d'un demi-millier de clandestins interceptés en mer ont été refoulés vers ce pays.

Lire la suite de cet article dans le Figaro

Polémique sur le refus de Berlusconi d'une Italie multiethnique

Lire dans l'express

Par Reuters, publié le 10/05/2009 à 19:29

ROME - Les propos de Silvio Berlusconi sur son refus d'une Italie multiethnique ont provoqué dimanche un débat passionné dans la classe politique italienne, la gauche criant au racisme et les alliés les plus à droite du "Cavaliere" saluant un "changement révolutionnaire".

Les propos de Silvio Berlusconi sur son refus d'une Italie multiethnique ont provoqué dimanche un débat passionné dans la classe politique italienne, la gauche criant au racisme et les alliés les plus à droite du Cavaliere saluant un changement révolutionnaire. (Reuters/Remo Casilli)

Les propos de Silvio Berlusconi sur son refus d'une Italie multiethnique ont provoqué dimanche un débat passionné dans la classe politique italienne, la gauche criant au racisme et les alliés les plus à droite du "Cavaliere" saluant un "changement révolutionnaire". (Reuters/Remo Casilli)

Le gouvernement de centre droit de Berlusconi mène une politique vigoureuse contre les clandestins et a notamment commencé à renvoyer directement en Libye des candidats à l'immigration, sans les laisser prendre pied sur le sol italien.

"L'idée de la gauche, c'est de faire une Italie multiethnique. Ce n'est pas la nôtre. La nôtre, c'est d'accueillir uniquement ceux qui répondent aux critères de l'asile politique", a dit le président du Conseil samedi lors d'une conférence de presse.

Plusieurs députés de l'opposition ont jugé racistes de telles déclarations et ont estimé que de toute façon l'Italie allait inévitablement devenir multiculturelle, que cela plaise ou non.

"Ce n'est ni à moi, ni à Berlusconi, ni à qui que ce soit d'autre de décider. Le XXIe siècle sera celui des sociétés multiethniques", a déclaré Dario Franceschini, leader du Parti démocrate, pour qui le "Cavaliere" cherche par de tels propos à détourner l'attention des électeurs de ses déboires conjugaux et de la crise économique.

"COMME LA FRANCE ET L'ALLEMAGNE"

"La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont bien plus d'immigrés que nous et elles travaillent à leur intégration", a ajouté le dirigeant de gauche.

Mgr Mariano Crociata, secrétaire de la conférence des évêques d'Italie, a affirmé que le multiculturalisme était une "valeur" déjà bien acceptée dans le pays, ajoutant que le vrai problème serait au contraire l'absence de relations interculturelles entre les communautés.

Même Piero Fassino, secrétaire général des Démocrates de gauche, qui avait défendu samedi la politique de renvoi en Libye des clandestins, a estimé que le chef du gouvernement était cette fois allé trop loin.

"Il se trompe, et sérieusement", a-t-il dit au Corriere della Sera. "Acceptons que l'Italie devienne un pays multiethnique, multiculturel et multireligieux, comme la France et l'Allemagne le sont déjà", a-t-il ajouté.

A droite de l'échiquier politique, les déclarations de Berlusconi, qui font la "une" de la presse, ont été bien accueillies.

"C'est un changement révolutionnaire par rapport au passé", a dit Roberto Calderoli, de la Ligue du Nord, qui a souhaité que Berlusconi soit fait membre d'honneur de sa formation.

"Autrefois, nous n'étions qu'une poignée à défendre l'identité italienne mais maintenant, après les propos du président du Conseil, nous sommes dans la majorité", a lancé le ministre de la Défense, Ignazio La Russa, issu de l'ancienne Alliance nationale post-fasciste.


Amnesty proteste contre la nouvelle approche Italien de lutte contre les clandestinsne

Trois embarcations transportant à leur bord quelque 227 passagers ont envoyé un signal de détresse jeudi 7 mai alors qu’elles se trouvaient à environ 50 milles au sud des côtes de l’île italienne de Lampedusa. Un désaccord entre les gouvernements italien et maltais portant sur des questions de responsabilité a sans doute retardé les opérations de secours finalement entreprises par deux vedettes de garde-côtes italiens, qui ont conduit les migrants à Tripoli sans faire escale dans un port italien.

Le ministre italien de l’Intérieur Roberto Maroni aurait salué ce « tournant historique après un an de négociations bilatérales avec la Libye ». La Libye et l’Italie ont signé un pacte d’amitié et des accords connexes qui encadrent la lutte contre l’immigration clandestine, notamment au moyen de patrouilles maritimes conjointes.

D’après Amnesty International, en s’abstenant de protéger les droits des migrants et des demandeurs d’asile secourus en mer, les gouvernements italien et maltais manquent à leurs obligations internationales.

« La vie et la sécurité des migrants et des demandeurs d’asile ont été mises en péril, tout d’abord en raison de désaccords entre les autorités italienne et maltaise quant à leur obligation de répondre à des appels de détresse en mer, puis de la décision sans précédent du gouvernement italien de les reconduire vers la capitale libyenne Tripoli, avant même d’avoir évalué leurs besoins en termes de protection, a indiqué Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les litiges concernant la juridiction ou la responsabilité ne doivent pas empêcher ni retarder les secours apportés aux personnes qui courent le risque de se noyer. Les États doivent veiller à ce que la coopération et les initiatives internationales en matière de secours, y compris lorsqu’il s’agit des politiques de contrôle des frontières et d’immigration, ne se traduisent pas par des atteintes aux droits humains. »