samedi 23 juillet 2005

Forcés de faire appel à la Fareas



Contraints de quitter leur emploi d’ici à la fin du mois, plus de 400 requérants déboutés pourraient retomber dans le régime d’assistance de la Fareas. A la clé, une facture d’environ un demi-million de francs à la charge de Berne et de l’Etat de Vaud.

Prononcée fin avril par le Conseil d’Etat soucieux d’adapter sa pratique à la loi fédérale, l’interdiction de travailler pour les requérants déboutés dont le délai de renvoi est dépassé entre progressivement en vigueur. Environ 150 Ethiopiens et Erythréens sont concernés, ainsi que plusieurs dizaines de personnes du groupe des «523». Alors que des patrons refusent de licencier et tiennent tête au Canton, la Fondation vaudoise pour l’accueil des requérants d’asile (Fareas) s’apprête à accueillir ces nouveaux assistés. Interview de Pierre Imhof, son directeur.

Martine Clerc interroge Pierre Imhof dans 24heures :
MC — Combien de requérants pourraient à nouveau solliciter l’aide de la Fareas?
PI — Nous attendons entre 200 et 300 personnes. Depuis quelques mois, nous observons déjà une augmentation de la population assistée. Il s’agit de gens qui n’ont plus de travail. Mais il est difficile de dire si c’est la conséquence de l’interdiction ou une simple perte d’emploi. Les licenciements forcés seront plus nombreux dès la fin du mois, puis en août et en septembre.

MC — Quelle est la situation financière de ces nouveaux assistés?
PI — Certains étaient totalement autonomes. Pour d’autres, on prenait en charge l’assurance maladie.

MC — En matière d’hébergement, la Fareas est-elle prête à accueillir plusieurs centaines de personnes supplémentaires?
PI — Oui. Il nous reste des places dans des centres collectifs. Nous avons aussi des appartements qui se libèrent. Actuellement la Fareas accueille 6500 personnes.

MC — Financièrement, à combien estimez-vous la prise en charge de ces personnes?
PI — Il faut rester prudent. On peut compter une dépense supplémentaire de quelque 500 000 francs mensuels, soit près de 1280 francs par requérant. Un travailleur fait parfois vivre sa famille. Tout le groupe fait donc appel à la Fareas. Cependant, il faut aussi savoir que des requérants actuellement sans travail pourraient remplacer les personnes licenciées et ainsi faire baisser ces charges. Ces dépenses pourraient également n’être que temporaires: cette interdiction de travail vise tout de même à inciter les requérants déboutés à quitter le pays.

MC — Qui assume ce surcoût?
PI — Essentiellement la Confédération. L’Etat de Vaud prend à sa charge uniquement les requérants du groupe des «523».

MC — Des aménagements supplémentaires sont-ils nécessaires?
PI — Cette arrivée nous incite à développer nos programmes d'occupation, qui seront en place dès cet automne. Ces requérants ont actuellement un emploi du temps, des journées structurées. Une subite inaction pourrait augmenter le risque de délinquance, des comportements asociaux ou le développement de maladies.

MC — Concrètement, des familles actuellement autonomes et logeant dans des appartements à bail privé devront-elles retourner dans un centre d’hébergement collectif?
PI — Nous essayerons de maintenir les gens en appartement. Ils resteront dans leur logement actuel si leur loyer entre dans les montants que nous avons à disposition. S’il est supérieur, les familles auront un délai de trois mois pour trouver un autre logement. Ils pourront être hébergés à la Fareas, en centre collectif ou en appartement. Pour les gens travaillant dans l’hôtellerie et logés dans le cadre de leur emploi, nous devrons trouver une solution immédiatement.