Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCNUR) conclut, dans un rapport rendu public lundi, que le nombre de demandeurs d'asile à l'échelle mondiale a diminué de 5 % par rapport à l'an dernier et de plus de 40 % au cours de la dernière décennie.
Selon les données compilées par le HCNUR, en 2010 358 800 personnes ont déposé des demandes d'asile dans 44 pays industrialisés. En 2001, ils avaient été plus de 620 000 à le faire - un seuil historique.
« La dynamique mondiale de l'asile est en train de changer. Le nombre de demandes d'asile dans les pays industrialisés est beaucoup plus bas qu'il y a dix ans, tandis que les niveaux augmentent d'une année sur l'autre dans un tout petit nombre de pays », a déclaré Antonio Guterres, haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés.
« Nous devons étudier les causes profondes pour déterminer si ce déclin est dû à la diminution des facteurs de départ dans les régions d'origine ou aux contrôles migratoires plus stricts dans les pays d'asile », a-t-il ajouté.
Le rapport du HCNUR comptabilise les demandes, mais ne montre pas combien de demandeurs ont obtenu une réponse favorable.
Les pays d'accueil
Le « rêve américain » exerce toujours son pouvoir d'attraction sur une majorité de migrants : ce sont les États-Unis qui accueillent le plus grand nombre de demandeurs d'asile, soit plus de 55 500 en 2010.
C'est ni plus ni moins une demande d'asile sur six dans le grand compte mondial. Et ce sont surtout les Chinois qui veulent s'implanter en Amérique : 12 850 d'entre eux ont voulu vivre aux États-Unis, loin devant les 4 225 Mexicains.
La France est le deuxième pays de prédilection pour les demandeurs d'asile. Le nombre des demandes qu'elle a enregistré a connu une hausse de 13 % en un an, pour atteindre 47 800 demandes. Les demandeurs d'asile viennent principalement de la Serbie, de la Russie et de la République démocratique du Congo.
Parmi les pays d'accueil, la France est suivie par l'Allemagne, la Suède et enfin, le Canada. Ces cinq pays reçoivent à eux seuls plus de la moitié (56 %) de toutes les demandes d'asile comptabilisées dans le rapport du HCNUR.
Si les demandes d'asile augmentent non seulement dans ces pays mais aussi au Danemark, en Australie et en Nouvelle-Zélande, elles ont diminué dans plusieurs pays de la Méditerranée, dont la Grèce, l'Italie, Malte, l'Espagne et la Turquie.
Outre le fait qu'ils aient adopté des mesures rigoureuses pour lutter contre l'immigration clandestine ces dernières années, certains de ces pays ont connu de graves difficultés économiques lors de la dernière crise, ce qui les a peut-être rendus moins attrayants.
Les pays de départ
La hausse des demandes enregistrée en France et en Allemagne serait attribuable à la levée de l'obligation de visa d'entrée dans l'Union européenne pour les ressortissants de Serbie et de Macédoine, en décembre 2009.
Cette mesure a provoqué une hausse radicale du nombre des demandes d'asile provenant de ces deux pays. Avec 28 900 demandeurs d'asile provenant de la Serbie, ce pays trône au sommet de la liste des pays de départ, en nombre absolu. Le nombre de Serbes demandeurs d'asile est en hausse de 57 %.
Quant à la Macédoine, elle se situe au 10e rang des pays de départ. Mais en passant de 749 demandeurs d'asile, en 2009, à 6522 un an plus tard, elle a fait un bond peu flatteur de 671 %.
Les Afghans sont deuxièmes dans la liste des demandeurs d'asile, suivis des Chinois, des Irakiens et des Russes. Pour la première fois depuis 2005, l'Irak ne figure pas parmi les deux principaux pays d'origine des demandeurs d'asile.
Pression accrue sur les pays pauvres
Bien que la majorité des demandeurs d'asile fuient vers des pays industrialisés en Europe, en Amérique ou en Océanie, le rapport du HCNUR met en évidence la pression croissante exercée sur les pays limitrophes de pays en guerre ou en crise.
Citant en exemple la Côte d'Ivoire, avec ses milliers de réfugiés qui se replient sur le Libéria, et la Libye, avec ses ressortissants qui se replient sur la Tunisie ou l'Égypte, le haut-commissaire Guterres observe que « ce sont toujours les pays en développement qui se taillent la part du lion en matière de responsabilité pour l'accueil des réfugiés. Malgré les nombreux autres défis qu'ils rencontrent, des pays comme le Libéria, la Tunisie et l'Égypte ont ouvert leurs frontières aux personnes dans le besoin ».
La situation au Canada
Le Canada demeure un pays de prédilection pour les personnes qui soumettent des demandes d'asile, mais de 2009 à 2010, il a reçu 30 % moins de demandes.
En 2008, le pays se situait au deuxième rang des pays les plus sollicités. Deux ans plus tard, il avait glissé au cinquième rang.
Le rapport du HCNUR soulève l'hypothèse que l'imposition d'un visa par le Canada à tous les visiteurs mexicains et tchèques depuis 2009 pourrait expliquer ce glissement.
Depuis l'instauration de cette mesure, le nombre de demandeurs d'asile de ces deux pays a chuté de façon draconienne (-84 % pour les Mexicains, et presque aucune demande de la part des Tchèques).
Radio-Canada avec Agence France Presse et Associated Press