mercredi 1 décembre 2010

Un sans-papier meurt après deux tirs de Taser

L’homme âgé de 38 ans avait résisté à son interpellation par la police à Colombes, en France.

Un Malien de 38 ans en situation irrégulière est mort dans la nuit de lundi à mardi à Colombes (ouest de Paris). Il avait reçu peu avant deux décharges de pistolet à impulsions électriques Taser lors de son interpellation par la police.

Les faits se sont déroulés vers minuit quand la police a été appelée en raison d’un différend entre la victime et son ami qui l’hébergeait. Le sans-papiers s’est rebellé quand les policiers ont voulu contrôler son identité. Il a tenté de frapper l’un d’entre eux avec un marteau. Violent et de forte corpulence selon une source policière, l’homme a ensuite tenté de s’enfuir avant de blesser quatre des huit agents de police venus le maîtriser.

Les policiers ont fait par deux fois usage du Taser sans que les décharges ne semblent avoir eu d’effet sur lui. Mais l’homme a ensuite fait un malaise dans l’ascenseur, au moment où il était emmené au commissariat.

En Suisse romande, seule la police cantonale genevoise a équipé une partie de ses unités d’intervention du pistolet à électrochocs. Plusieurs polices de Suisse alémaniques ont aussi le Taser dans leur arsenal.

ATS / AFP relayées par 24 Heures

"Les migrants âgés sont souvent plus pauvres"

Les étrangers venus travailler dans notre pays après la guerre atteignent l’âge de la retraite. Un nouveau défi. Ils sont venus en Suisse pour travailler quelques années, mais ne sont pas repartis. Aujourd’hui, quelque 130 000 migrants ont atteint l’âge de la retraite. Une Conférence nationale a permis hier de faire le point sur leur situation. Judith Bucher, porte-parole de Pro Senectute, répond à nos questions.

Pourquoi s’intéresser à ces retraités?

Ils représentent une catégorie particulière. Ils ont exercé des métiers difficiles et présentent un risque accru de maladies et d’invalidités. Comme ils n’étaient pas toujours bien payés, ils ont davantage besoin des prestations complémentaires de l’AVS. Mais en raison de leur méconnaissance du système, ils ne les demandent pas forcément et courent un risque de pauvreté deux fois plus élevé que les Suisses. Enfin, ces personnes ont vécu de nombreuses années dans notre pays, sans y être forcément intégrées: quand elles sont arrivées, il n’y avait pas de politique d’intégration à proprement parler. Mais comme leurs enfants vivent ici, elles restent ou font des va-et-vient avec leur pays d’origine.

Que faut-il faire?

Jusqu’à présent, les structures d’aide à la vieillesse n’ont pas vraiment prévu une ouverture ciblée vers ces personnes. Elles doivent s’adapter à leurs besoins, les informer davantage et le faire dans leur langue. Il s’agit de travailler plus étroitement avec les organisations existantes comme les associations culturelles, les missions catholiques ou encore les syndicats. Cette population est aussi prise en charge par des structures comme les missions catholiques, avec lesquelles les autorités doivent collaborer. Nous avons enfin des jeunes migrants qui travaillent en Suisse: leurs compétences transculturelles peuvent servir de lien. Cette question va gagner en importance, puisque le nombre de migrants atteignant l’âge de la retraite va augmenter ces prochaines années. Nous serons aussi confrontés à de nouvelles populations d’étrangers venant des Balkans ou de Turquie, par exemple.

Pouvez-vous citer des solutions concrètes?

En Suisse alémanique, certains EMS ont créé des départements Méditerranée, où les employés parlent en italien. On y cuisine des plats du Sud, et les salles sont grandes, permettant les visites de familles nombreuses. C’est important car ces migrants n’ont pas toujours appris l’allemand. En Suisse romande, Pro Senectute Genève, la Croix-Rouge et la ville de Genève proposent avec «Seniors d’ici et d’ailleurs» un festival et des rencontres. Dans le canton de Vaud, les «quartiers solidaires» favorisent les rencontres entre jeunes et seniors de différentes cultures.

Caroline Zuercher dans 24 Heures


Bons plans santé pour la population migrante

prévention santé migrantsLe programme baptisé «Mon assiette, mes baskets» innove à la Borde en matière de prévention.

Danser la salsa, apprendre à cuisiner sans trop de graisse, marcher dans les rues de Lausanne: ce sont quelques-unes des activités qui sont proposées dès maintenant à la population étrangère de la Borde. Le quartier lausannois étrenne un projet pilote de promotion de la santé destiné aux migrants. Il s’agit d’une extension du programme de santé cantonal et fédéral, «Ça marche», qui fait déjà bouger les Suisses, trop sédentaires. «Nous savons que la population migrante, groupe vulnérable en matière de santé, n’a pas forcément accès aux activités de prévention proposées. Pour favoriser sa participation, il faut une offre spécifique», ont expliqué hier Jean-Christophe Masson, chef du Service cantonal de la santé publique, et Jean-Christophe Bourquin, directeur de la Sécurité sociale de la ville de Lausanne, lors d’une conférence de presse. Elle s’est déroulée à la Permanence Jeune Borde (Borde 49 bis), qui sera le point de ralliement de toutes les activités.

Lausanne est la première commune à financer un tel programme, d’autres devraient suivre. Son coût est de 50 000 francs par an à raison de 10 000 francs pour Lausanne et de 40 000 francs pour le canton et la Confédération.

Chargé de projet, Douglas Gonzalez, Suisse d’origine vénézuélienne, se réjouit de l’intérêt déjà manifesté. «Ce qui compte, c’est le contact avec les personnes pour les motiver. Se contenter de distribuer de beaux prospectus traduits dans diverses langues ne suffit pas!» affirme Douglas Gonzalez, qui a déjà mis sur pied, en guise de test, des groupes de marche dans le quartier de Vennes.

Intitulé «Mon assiette, mes baskets», le programme, mis en œuvre par les Ligues de la santé, cible l’activité physique, l’alimentation et l’information.

24 Heures

A propos du populisme

Jean-Michel Dolivo, avocat et député AGT-SolidaritéS, et Erik Verkooyen, évaluateur politique, sont les invités de la rubrique Réflexions du 24 Heures.

Les chiens sont lâchés, la pâture est jetée

jm dolivoL’initiative de l’UDC a passé! Les étrangers, responsables de tous les maux, chômage, précarité, insécurité, risques pour nos retraites, pénurie de logements… Le discours raciste – «Les étrangers, dehors!» – apparaît comme une réponse à toutes ces peurs. Une réponse à 100% fausse, mais qui marche… Une réponse, confortée par un contre-projet gouvernemental, véritable copie conforme de l’initiative, avec un vernis de civilité légitimant de fait la réaction xénophobe.

La campagne a été d’une violence extrême: amalgames et insultes vis-à-vis des étrangers. L’UDC ne s’arrêtera pas là: elle proposera la naturalisation à l’essai, le retrait de la nationalité ou l’expulsion systématique des sans-papiers.

La montée du racisme, en Suisse comme en Europe, est liée à la crise et à ses conséquences pour la majorité de la population. Qui va payer cette crise? Les banquiers, les spéculateurs, ceux qui ont accumulé des fortunes colossales, ou bien les salariés, les retraités, les jeunes? Des résistances collectives aux politiques d’austérité brutale menées par les gouvernements européens, de droite comme de gauche, se sont développées en 2010: grèves générales en Grèce, en Espagne, au Portugal, en France, manifestations de rue en Irlande et en Grande-Bretagne.

Jusqu’ici ces mouvements de très grande ampleur n’ont pas permis de stopper la machine à creuser les inégalités sociales, notamment vu l’absence de projet politique crédible pour un changement de cap radical. Les partis socialistes et les écologistes au pouvoir adhèrent sur le fond à un système dont ils tirent aussi profit: dernier exemple, celui du strapontin doré de 100 000 francs par an de Moritz Leuenberger, entré au conseil d’administration d’Implenia à peine un mois après avoir quitté le Conseil fédéral! Les salariés de la construction, qui luttent cette année pour une augmentation de 150 francs par mois apprécieront…

Une véritable course de vitesse est engagée: la politique xénophobe et les discours racistes sur les prétendus abus dont se rendraient coupables les étrangers constituent un banc d’essai pour la droite réactionnaire. Aujourd’hui les étrangers, demain les invalides et les chômeurs une fois encore, après-demain les retraités, les jeunes et les femmes! Dans les années 1930, les boucs émissaires étaient les Juifs, les Roms, les communistes! Cela a conduit au génocide et à la guerre.

Le contexte et les rapports de force sont aujourd’hui différents. Mais il est urgent de construire une autre réponse à la crise actuelle du capitalisme et à ses effets délétères. En s’opposant de manière déterminée à la régression sociale en marche, et non en se compromettant en permanence avec ceux qui la pilotent! En refusant une société fondée sur l’accaparement, par une toute petite minorité, de la très grande masse des richesses humaines et naturelles, pour construire ensemble un projet collectif fondé sur la justice, l’égalité et la solidarité.


Le populisme identitaire est même arrivé en Suède…

e verkooyenLa Suède, si souvent citée en exemple et marquée par un demi-siècle d’hégémonie sociale-démocrate, en est encore bouleversée: les Démocrates suédois, honnis par l’ensemble de l’establishment, ont accédé au parlement lors des élections de fin septembre et contraint le gouvernement de centre-droite sortant au règne minoritaire.

Qualifié d’extrême droite, ce parti s’est profilé sur les thèmes de l’immigration et surtout d’une islamisation présumée, à l’image de Geert Wilders aux Pays-Bas. Son leader, Jimmie Åkesson, aux allures de courtier en assurances, n’a pourtant rien à voir avec son sulfureux homologue néerlandais, même si son parti s’inscrit bien dans une logique de droite identitaire conservatrice, donc souverainiste et eurosceptique.

Pour mieux comprendre l’ampleur du séisme, il faut savoir que l’échiquier politique suédois, plus à gauche qu’en Suisse, n’avait cessé de rétrécir. La gauche est devenue pragmatique, et la droite ne remet plus l’héritage social en question. Dès lors, les sept (!) partis qui composent les deux blocs, emmenés par les sociaux-démocrates et les bien nommés Modérés (30% chacun), rivalisent de centrisme et ne couvrent guère plus de terrain idéologique que nos PS et PDC réunis, le chant de L’Internationale et le catholicisme en moins.

Ce tassement reflète bien la mentalité suédoise et un mot propre au pays, lagom , signifiant quelque chose comme «le juste milieu souhaitable». Medelsvensson , le Suédois moyen (et ils sont très nombreux à correspondre au signalement!) est aujourd’hui un centriste conformiste à fibre sociale, politiquement correct, très fier de son pays, et tout sauf porté à l’extrémisme.

L’immigration croissante et les revendications des musulmans ont cependant fini par mettre à mal son paisible paradigme consensuel. D’autant que, littéralement taboues, ces questions n’ont jamais pu être apprivoisées par un débat public digne de ce nom, ce qui a préparé l’avènement d’un mouvement populiste, assez téméraire pour s’en emparer. Il faut dire que rien ne lui a été épargné: agressions physiques, sabotage, black-out médiatique. Or, comme nous le savons bien en Suisse, ces méthodes sont contre-productives.

Ainsi, l’islam s’impose désormais comme un véritable enjeu politique en Occident, lié à trois facteurs: l’actualité mondiale, l’attitude des musulmans dans nos pays et l’essence justement politique de cette religion. Que les pays progressistes par excellence comme la Suède, le Danemark et les Pays-Bas, traditionnellement si ouverts et tolérants, épargnés de tout extrémisme jusqu’au XXIe siècle, en arrivent à le thématiser, voilà qui en dit long sur le déclin de l’idéal multiculturaliste.

* L’auteur a grandi en Suède, et notamment participé à la rédaction de Religion and Politics: Islam and Muslim Civilisation, des professeurs Jan-Erik Lane et Hamadi Redissi (Ed. Ashgate, 2004).

Extrait du 24 Heures

Le port du voile à l'école vaudoise ne sera pas interdit

burki voile école vaudoise

Bürki dans 24 Heures