vendredi 28 octobre 2005

Le gouvernement refuse de suivre la motion Melly


Le Conseil d'Etat vaudois publie une réponse à la motion Melly et consorts. Il transmet au Grand Conseil un projet de décret, tout en lui proposant de le refuser.

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Lire la dépêche d'AP et celle de l'ATS

La force des vaincus


Témoignages des expulsés de Ceuta et Melilla, reçu par mail le 25 octobre.
Provenant de Madrid, Cear.es

Des refoulés maliens de Ceuta et de Melilla témoignent

Bamako (Mali) Octobre 2005

De nombreux rescapés maliens du drame de Ceuta et de Melilla sont de l’ethnie bamanan. Dans leur langue, le même mot – taama – désigne le voyage et la marche.
« La marche de la dignité », que le Forum pour l’Autre Mali (FORAM) et le Réseau des Artistes et Intellectuels Africains ont initiée, est donc un voyage en signe de solidarité avec tous les survivants de Ceuta et de Melilla, dont la dignité a été bafouée, ainsi qu’un hommage à tous ceux qui ont payé de leurs vies leur quête d’Europe. Elle a démarré à Bamako, au Mali, du 18 au 20 octobre 2005, au Centre Amadou Hampaté BA (CAHBA), par l’écoute de quelque deux cents refoulés, et se poursuivra du 22 au 31 octobre 2005, en France, en Belgique, en Espagne et en Italie.
Nous nous devions de rencontrer les survivants de Ceuta et de Melilla, de les entendre, pour mieux porter leur parole auprès de ceux et celles qui ont besoin d’en savoir davantage sur l’inadmissible : la chasse aux Noirs d’Afrique aux portes de l’Europe et à travers le désert, en ce XXIème siècle.
« Nous n’avons rien fait de mal aux Marocains ni aux Espagnols », dit Makan Sidibé. « Nous voulions juste passer », a-t-il ajouté.
Les témoignages consignés dans ce document ne sauraient rendre compte de tous les préjudices qu’ils ont subis en même temps que leurs frères d’infortune du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Nigeria, du Ghana, du Cameroun… Ce qu’ils nous livrent ici, constitue certes un cri de détresse mais aussi et surtout un défi à l’Europe – la riche, la puissante – qui exige l’ouverture totale des économies africaines au commerce mondial, dont elle est l’une des principales gagnantes, pendant qu’elle se barricade.
En tant que tel, ce document devra contribuer au débat de fond que nous appelons de tous nos vœux, en initiant cette marche.
Rien ne nous autorise à penser que les prochaines rencontres des dirigeants européens entre eux ou avec ceux d’Afrique traiteront de la nature du rouleau du compresseur qui broie les Africains, les condamne au chômage, à la guerre et à l’exil. Les victimes de la répression de Ceuta et de Melilla ont d’abord souffert de la violation de leurs droits économiques et politiques dans leurs propres pays et pas seulement du fait de la corruption de leurs dirigeants.
Les causes de leur exil qui sont internes et externes ne sauraient être réduites à la pauvreté et l’extrême pauvreté, dont l’issue serait la « bonne gouvernance ». Le fait est que l’Europe, qui ne veut pas subir l’émigration, fait subir aux peuples d’Afrique les conséquences de ses choix économiques, exacerbe les inégalités et les injustices internes, criminalise et humilie les composantes les plus vulnérables du néolibéralisme sur le continent.
Les refoulés de Ceuta et de Melilla ont les mêmes aspirations que les jeunes européens à l’emploi et devraient avoir les mêmes droits qu’eux, si l’Europe se souciait davantage des conséquences des réformes structurelles qu’elle exige de nos Etats. Comme l’attestent leurs témoignages, la majorité des refoulés maliens sont de jeunes ruraux qui savent à peine lire et écrire. « Personne ne veut de nous », soutient l’un d’entre eux en ayant le sentiment, comme le Maire de Oujda, qu’ils sont les rebuts que l’Europe invite le Maroc à gérer. Ils n’ont droit ni au visa ni au voyage par avion, ni à plus forte raison à un emploi décent en Europe.
Hier comme aujourd’hui, qu’il s’agisse de la traite négrière ou de l’esclavage des temps présents, le système capitaliste fait le tri, prélève ceux qui répondent à ses besoins. Aussi, l’immigration « choisie » consiste-t-elle à entrebâiller les portes de l’Europe afin qu’y entrent les médecins, les infirmiers, les informaticiens… dont elle a besoin, en laissant aux Etats africains le soin de gérer la grogne sociale et de contenir les mécontents et les désespérés, du fait des salaires de misère et du chômage.
Aux pays du Maghreb, qui sont confrontés à ces mêmes réalités, la même Europe demande de surveiller et de protéger ses frontières face aux assauts des Noirs d’Afrique qui, apparemment, la terrorisent. Les uns sont donc invités à se fourvoyer avec l’Accord de Cotonou, les autres à travers le processus de Barcelone, pourvu que les affaires de l’Europe de la finance et du commerce prospèrent.
En forçant les barbelés de Ceuta et de Melilla, les victimes africaines du capital prédateur voulaient tout simplement se libérer de la prison dans laquelle le FMI, le G8 et l’Europe les enferment au nom d’une ouverture qui n’est que leurre et qui fait de leurs dirigeants de simples exécutants et des geôliers plus ou moins consentants.
L’issue à la déshumanisation du monde, qui a atteint son comble en Afrique du fait du dogme néolibéral, n’est pas dans le colmatage de brèches que les dirigeants européens tenteront de faire admettre à ceux d’Afrique, du haut des sommets qu’ils envisagent. Elle est dans un projet européen honnête et responsable qui tient compte de notre histoire commune, hier comme aujourd’hui, et qui ne détruit pas nos économies et nos efforts de démocratisation en vue de relever, en son propre sein, le défi de la croissance et de la compétitivité.
L’intensification des flux migratoires n’est, en somme, ni un hasard, ni la faute d’une Afrique noire, pauvre et corrompue, mais l’une des conséquences tragiques de la violence de l’ordre économique dominant. Une autre Afrique libre, fière et prospère dont les ressortissants vont et viennent, sur son sol, aussi librement que les Européens le font sur le leur.

Témoignages
« Nous revenons de l’enfer. Nous savions que les chemins que nous empruntions pour entrer en Espagne sont pleins d’embûches, mais nous ne pouvions pas imaginer cette rage et cette haine des forces de sécurité marocaines et de la Guardia, la police espagnole. Quelles instructions ont-elles reçu ? Que leur a-t-on dit à notre sujet pour qu’ils nous brisent ainsi les os et le moral ?
Lors du premier assaut à Ceuta, dans la nuit du 28 au 29 septembre, les militaires marocains surpris ont réagi à coups de fusil, en tuant deux personnes. Après que nous ayons franchi la première grille, nous étions à la recherche des issues à emprunter pour être dans Ceuta sans avoir à escalader la deuxième grille du haut de laquelle nous étions des cibles faciles. La Guardia a réagi en barrant les entrées avec leurs véhicules et en tuant quatre personnes. Ils nous ont ensuite regroupés, nous qui n’avons pas pu passer. Nous nous sommes assis et avons refusé de bouger. A partir de l’un de nos portables, nous avons pu joindre Elena, une militante espagnole des droits de l’homme qui est basée à Tanger et qui nous a rendu d’énormes services quand nous étions cachés dans la forêt. Nous ne l’oublierons jamais. Elle nous a suggéré de rester là où nous étions, jusqu’au lever du jour. Mais la Guardia nous a tellement brutalisés que nous avons cédé. Ils nous ont alors ligoté deux à deux avant de nous livrer aux Marocains qui nous ont conduits en prison. »
Mahadi Cissoko
« Moi, j’étais à Melilla. A la tombée du jour, nous nous étions regroupés à la lisière de la forêt. Vers deux heures du matin, nous sommes sortis par centaines en nous dirigeant vers les grilles. Dès que nous nous en sommes approchés, les Marocains qui n’étaient pas nombreux ont pris peur et se sont dispersés. La Guardia de l’intérieur de la grille a alors commencé à tirer. Nous nous sommes repliés, mais moi j’ai été blessé par une balle à la jambe. J’ai, à partir de ce moment, demandé à mes compagnons de ne pas m’attendre parce que j’avais mal. C’est alors que je me suis trouvé parmi les corps inertes, au nombre de six. De peur d’être découvert et maltraité, j’ai fait le mort. Le matin, les Espagnols ont ouvert le grillage et donné de l’eau aux Marocains afin qu’ils nous arrosent en vue de vérifier si nous étions bien morts ou vivants. J’ai dû me manifester. Ils m’ont battu et m’ont jeté dans leur véhicule. Mais, fou de douleur, un autre black qui était resté auprès du corps de son frère cadet leur a dit qu’il n’avait plus de raison de vivre et que ceux qui ont tué son frère pouvaient en faire autant de lui. Les militaires marocains l’ont froidement abattu. J’ai vu cette scène de mes yeux. »
Amadou Sangaré
« Moi aussi, j’étais à Melilla où les forces marocaines et la Guardia nous ont coincés entre les deux grilles. Ils ont tiré sur ceux qui les débordaient en tentant d’escalader la deuxième grille. C’est à ce moment que j’ai reçu une balle dans la jambe. Siaka Diarra, mon ami qui n’avait pas réussi à leur échapper, a été battu à mort, le crâne fracassé. »
Dianguina COULIBALY
« Nous campons des mois durant devant les grilles de protection généralement par ressortissants du même pays. Les groupes se forment pour franchir ensemble la grille. Avant 2003, nous tentions notre chance un à un et par petits groupes. Mais le renforcement de la surveillance de la voie maritime a gonflé le nombre de ceux qui venaient tenter leur chance du côté des grilles. Si, en intervenant massivement, nous avons permis au monde entier de voir ce qui nous arrive, nous tenons à souligner que les mauvais traitements et la mort le long des grilles remontent à 2003. »
Seydou COULIBALY
« Ta peau est ton visa, et tu ne passes pas quand tu es noir et, de surcroît, pauvre. Tu dois même disparaître. Tel est mon sentiment personnel. Sinon pourquoi vont-ils jusqu’à déchirer ou brûler nos passeports, et même nos carnets d’adresses quand ils ne nous tuent pas ? Ils nous veulent sans identité ni existence. Ils nous dépouillent souvent des moindres papiers que nous pouvons avoir et des informations qui peuvent nous permettre de poursuivre notre chemin ou de garder le contact avec nos parents. »
Mamby DEMBELE
« Nous faire disparaître consiste surtout à nous ramasser et à nous larguer dans le désert, le plus loin possible, sans eau ni nourriture, et en nous dispersant. Tels des chiots que vous chassez et qui se mettent à courir derrière vous parce qu’ils ne savent où aller, nous courrions derrière les militaires qui étaient chargés de nous égarer dans le désert. Agacés, ils revenaient sur leurs pas et nous dissuadaient de les suivre en nous maltraitant. Ils interdisaient souvent à la population de nous aider et les encourageaient à leur signaler nos cachettes. Mais le comportement de la plupart des Marocains ordinaires, notamment les femmes, n’a rien à voir avec celui des policiers et des militaires.
La population a souvent manifesté sa compassion à notre égard surtout après nos différents assauts contre les grilles auxquelles nos vêtements sont restés accrochés. Moi, je m’étais agrippé aux barbelés avec énergie. Pour m’obliger à lâcher prise, les gardes me tiraient et me tapaient à coups de crosse dans le flanc. J’ai dû lâcher prise en y laissant ma chemise, mes chaussures, et en me blessant. »
Seydou COULIBALY
« Regardez ces chaussures que je porte. Vous savez pourquoi je n’ai pas de lacets ? Ils me les ont enlevés pour attacher mes poignets et les ont jetés lorsqu’ils m’ont détaché. Vous savez comment j’ai eu ces chaussures ? En mendiant. Parce qu’il arrive des moments où nous ne trouvons pas les moindres petits boulots à faire pour survivre. Alors, nous nous approchons des maisons des particuliers et discrètement appuyons sur la sonnerie avant de nous éloigner du portail de peur de les effrayer. Ceux qui comprennent notre situation nous ouvrent leurs portes et nous donnent des aliments, des vêtements ou des chaussures. »
Issouf SANGARE
« Le téléphone portable que nous chargeons à l’aide de piles de poche nous permettait de garder le lien les uns avec les autres et avec nos familles. C’est ainsi qu’avant de mourir de soif dans le désert, il est arrivé à l’un de nos compagnons qui avait été lâché dans le Sahara d’appeler Ballo avec qui nous étions en prison à Nader en lui demandant pardon pour le mal qu’il a pu lui faire pendant qu’ils étaient ensemble. Le mourant lui a également demandé d’informer les médias de cette forme de condamnation à mort.
Ballo a réussi à joindre quelqu’un à l’ORTM (Office de la Radio et de la Télévision Malienne), à Bamako. Ce dernier a informé RFI, puisque, paniqué, le commissaire a fait irruption dans notre cachot, situé au sous-sol, en cherchant les détenteurs de téléphone portable. Nous avions nié avoir entrepris une quelconque action de dénonciation. Devenu plus prudent, il a cessé les fouilles et autres humiliations qu’il nous infligeait. L’un d’entre nous s’est néanmoins débarrassé de son appareil en le jetant dans les toilettes. »
Sidi DIARRA
« Au départ, moi je voulais tenter ma chance en empruntant la voie maritime. J’ai joins un groupe où nous étions au nombre de 48. En convoi, nous sommes partis de Rabat en vue de prendre le bateau à El Ayoum. Les transporteurs nous ont déposés à mi-chemin à un endroit où théoriquement ils devaient revenir pour nous réapprovisionner en eau et nourriture, en attendant que la voie soit libre. Ils n’en ont rien fait. Nous avons alors erré trois mois durant et avons tenu en buvant nos urines pour étancher notre soif. Mais la faim a fini par tuer 18 d’entre nous. Nous avons été sauvés grâce à l’un de ces hélicoptères qui sont chargés de détecter et de signaler notre présence. Nous avons été regroupés et reconduits par car à El Ayoum. Nous avons ensuite été refoulés à la frontière algérienne, d’où j’ai rejoint ceux de Melilla où j’ai pris les grilles d’assaut. »
Moussa MAGASSA
« Le téléphone portable qui nous permet de coordonner nos actions pour atteindre notre objectif, ou garder le contact entre nous et avec nos parents est convoité par les éléments des forces marocaines, dont les plus gradés. Lorsqu’ils m’ont arrêté et m’ont dépouillé, j’ai eu le malheur de leur demander de garder l’argent et de me rendre mon téléphone qui était vital pour moi. Pour toute réponse l’un d’entre eux m’a donné un coup de tête qui m’a assommé…J’ai dû y renoncer en me rappelant le sort de l’un de nos compagnons qui avait eu le même comportement que moi et sur qui huit agents s’étaient acharnés en attachant ses poignets pendant qu’il crachait du sang. »
Brehima DEMBELE
« Certains agents vont jusqu’à nous suivre dans les toilettes pour nous dépouiller quand ils sentent que nous détenons un téléphone ou de l’argent…Il ont le même comportement quand vous portez un vêtement qui leur plaît. Moi j’avais un pantalon Jean et des chaussures qui ont dû attirer l’attention de l’un d’entre eux. Il me les a enlevés. J’ai marché à moitié nu et sans chaussures jusqu’au moment où quelqu’un dans la population m’en a donné.
Pourquoi d’ailleurs les uns tentent d’arriver en Europe par bateau tandis que les autres attendent devant les grilles de Ceuta et de Melilla ? Précisément parce que nous sommes arnaqués au niveau de Gao par des gendarmes et des policiers qui veulent prélever leur dû sur nos maigres sous. Quand vous résistez, ils vous débarquent, vous fouillent et vous enlèvent la totalité de votre argent, quel que soit le montant. Je les ai vus dépouiller quelqu’un de plus d’un million de Francs. Alors que leurs homologues algériens n’exigent rien de nous, les agents maliens constituent la première étape de nos difficultés, sous prétexte que le Président de la République leur a demandé de ne pas nous laisser partir à l’étranger.
Pour poursuivre notre chemin sans argent, nous sommes obligés de nous arrêter de village en village, en Algérie, et d’effectuer des travaux agricoles, de construction et autres, qui nous permettent d’arriver au Maroc. En quatre mois, moi j’ai pu économiser 600 Euros avant de poursuivre ma route. »
Souleymane TRAORE
« En Algérie les ressortissants du Mali n’ont pratiquement pas de problèmes par rapport aux ressortissants de l’Afrique Subsaharienne, tout comme les Sénégalais au Maroc. Jusqu’aux récents événements qui les ont obligés à fermer leur frontières, nous Maliens avions le sentiment d’y être chez nous, plus qu’à Gao. Les Algériens se souviennent du soutien du Mali dans la lutte de libération nationale de leur pays et les Marocains des relations privilégiées de leur Roi avec le Sénégal. »
Mamby TRAORE
« Moi je ne sais rien de Ceuta et de Melilla ni des grilles de protection. Mais je sais tout de nos malheurs lors de la traversée par bateau. Et quel bateau ! Les passeurs que nous avons contactés nous ont conduits dans des cachettes qui sont logées au flanc des collines où nous devions attendre, entassés les uns sur les autres, avec très peu d’eau et de nourriture. L’eau contenue dans un gobelet comme celui que je tiens entre les mains doit être bue par petite gorgée pendant des jours. Vous pouvez mourir de soif si vous ne respectez pas cette consigne. Le moment venu, les passeurs viennent chercher certains d’entre nous pour les mettre à contribution dans la fabrication de l’embarcation.
Par le passé, ce sont des arabes qui nous faisaient traverser. De plus en plus, ils donnent une boussole à l’un d’entre nous et lui montrent comment s’en servir. Et nous partons. Moi, j’ai tenté la voie maritime à trois reprises mais sans succès. J’ai assisté à de nombreuses pertes en vies humaines. Le bilan de la troisième tentative s’est soldé par sept rescapés dont moi-même et 35 noyés. »
Madou KEITA
« Pourquoi risquons-nous ainsi nos vies ? Pour ne pas assister impuissants à la mort des nôtres, surtout nos vieilles mères et nos enfants faute de nourriture ou de médicaments. Nous n’avons certes pas de diplômes, pour la plupart d’entre nous. Nous tentons juste de vendre notre force à l’Europe pour nourrir les nôtres. Est-ce un crime ? Nous ne faisons de mal à personne, ni au Maroc, ni en Espagne. Nous voulons juste travailler. »
Sadio CISSOKO
« Nous nous jetons sur les grilles et montons dans ces embarcations que nous bricolons, la peur au ventre. Mais nous nous disons plutôt que la mort vaut mieux que la honte. Nous estimons que nos compagnons qui sont tombés à Ceuta et à Melilla ou dans le désert, comme ceux qui se sont noyés en traversant l’Atlantique, ne sont pas des bandits mais des hommes de mérite. Ils ont risqué leurs vies non pas pour eux-mêmes mais pour leurs familles et pour ce pays. Leur sort sera plus enviable que le nôtre si nous devons rester ici et vivre au crochet de nos parents âgés. Je ne peux pas me prononcer pour les autres, mais sans emploi rien ne me retiendra ici. Je repartirai dès que j’aurai économisé l’argent nécessaire, à moins que le Mali change et s’occupe mieux de nous. »
Mamadou DIARIMAN
« Qui sommes-nous ? Nous avons parmi nous des paysans et des fils de paysans dont moi-même. Mon père a un grand champ que je pourrais exploiter dès aujourd’hui si on m’en donnait les moyens. Je n’ai pas de diplôme, mais je me sens capable de faire dans ce pays ce que j’ai fait pour gagner ma vie à travers les champs d’Algérie. »
Djanguina COULIBALY
« Moi je suis producteur de coton. Cela veut dire que j’appartiens à une catégorie de paysans mieux lotis que les autres. Il fut un temps où nous pouvions bien gagner notre vie. Mais rien ne va plus dans ce secteur. Et même du temps où les choses allaient mieux, nous étions obligés de diversifier nos activités, sinon le revenu agricole ne suffit guère à couvrir nos dépenses. C’est pour cela que j’ai dû partir à l’aventure. »
Mamadou SANOGO
« Moi, je suis commerçant. Je voyageais entre Bamako et Lomé, d’où je ramenais des tissus, des pièces de voiture, d’autres vendaient des friperies, des pièces de voiture, des produits cosmétiques, des cassettes etc… Mais en plus des tracasseries des douaniers, des gendarmes et des policiers le long de la route, tout le monde est devenu commerçant au Mali, y compris les fonctionnaires. Or rien ne se vend, sauf à crédit, et les acheteurs s’acquittent difficilement de leur dette. J’ai dû laisser tomber le commerce. »
Issouf SANGARE
« Nous avons également des artisans parmi nous : menuisiers, soudeurs, ainsi que des chauffeurs, et tous des pères de familles. En revenant dans les circonstances actuelles, nous les retrouvons sans pouvoir faire davantage pour eux. Au contraire, ce sont eux qui vont devoir prendre soin de nous. Vous rendez-vous compte ?
Nous n’avons pas le sentiment que nos autorités comprennent tout cela et le sens de notre sacrifice. A notre arrivée au Mali, nous aurions aimé avoir des couchettes et dormir profondément, tant nous sommes physiquement éprouvés. Nous aurions aimé avoir à manger et à boire en quantité suffisante, tant nous avons eu faim et soif dans nos cachettes et dans le désert. Mais ceux qui ont été chargés de notre accueil étaient soucieux de nous recenser et de nous vacciner. Les uns ont eu à manger, mais très peu ; d’autres pas du tout. Nous restons sur notre faim et attendons que l’Etat malien nous prouve que si les autres nous maltraitent et nous rejettent, notre pays a encore besoin de nous. Nous sommes prêts à le servir, parce que nous n’avons pas une autre terre et ne savons plus où aller sans être humiliés ou tués. »
Mamadou DIARIMA


Au terme de ce survol de l’enfer qu’ils ont vécu, les refoulés maliens de Ceuta et de Melilla ont exprimé à l’endroit des autorités maliennes, les demandes suivantes :
- de leur établir dans les meilleurs délais des cartes d’identité ;
- de soigner ceux d’entre nous qui sont blessés et de garantir des visites médicales à ceux qui en besoin ;
- de rapatrier leurs camarades blessés, pour qui ils se font beaucoup de soucis ;
- de les épauler dans la recherche et le financement d’activités rentables qui leur permettront de vivre dignement au Mali ;
- de démanteler le réseau de malfaiteurs qui torture et arnaque au niveau de Gao ;
- de mettre un terme, à tous les niveaux, au trafic de pièces, qui jette le doute et le discrédit sur les détenteurs d’un passeport malien ;
- à la communauté internationale : de nous rendre justice à travers une enquête sur les évènements de Ceuta et de Melilla ainsi que sur les traitements qui nous ont été infligés dans le Sahara. »
La suite de « la marche de la dignité » permettra de creuser davantage les causes internes et externes de l’état des lieux, brossé par ceux qui se sont ainsi exprimés
.


Reçu par mail le 26 octobre 2005 de :
Enrique Santiago Romero, Secretario General
CEAR. Comisión Española de Ayuda al Refugiado
Avda. General Perón 32, 2º drcha.
E 28020 MADRID

T. 915980535
F. 915972361
www.cear.es

Aube noire sur la plaine des merles

Photo Allenspach
La journaliste Carole Pantet a été convaincue par le pièce actuellement montée à L'Echandolle qui raconte le vécu d'un Kosovar. Lire sa critique dans 24heures.
Sublime étreinte entre art et réalité
Une décharge électrique qui laisse le spectateur sonné et hagard.


Aube noire sur la plaine des merles ne peut laisser indifférent. Quelques larmes coulent encore sur les visages quand la lumière revient. Le public sort de sa torpeur et veut croire à une fiction. Mais sur scène, Selajdin Doli est là, il salue et sourit. L’histoire qui vient d’être contée est la sienne, celle d’un résistant kosovar, contraint de quitter à contrecoeur sa terre pour sauver son enfant handicapé à la nais-sance (lire 24 heures du 24 octo-bre). L’adaptation théâtrale du poé-tique livre-témoignage d’Anne­ Lise Thurler est une réussite. La mise en scène n’y est pas pour rien. La Lausannoise Isabelle Bonillo déploie avec génie sa débrouillardise pour passer outre les contraintes financières. Avec elle, le dépouillement de-vient un formidable atout scéni-que. Les seuls habits de ce récit de vie: des caisses vides d’eau minérale, des lampes et des chif-fons. Mais ces «trois bouts de ficelle» suffisent à transporter le public dans une vie d’horreur, de colère et de bonheur. Dans une valse étourdissante, les caisses se font tour à tour prison, caves, tribunaux ou montagnes infran-chissables. La force du spectacle réside aussi dans l’excellente adapta-tion du texte. Du roman à la scène, le récit a gardé sa poly-phonie. La parole circule avec fluidité entre Selajdin Doli et l’acteur qui le campe avec fou-gue (Olivier Sidore). Délicate-ment, le spectacle naît en alba-nais dans la bouche de Selajdin. Puis c’est toute une vie qui défile passant par la douceur de l’en-fance, la résistance, la fuite à travers l’Italie et la frustration destructrice de la guerre vécue depuis un canapé en Suisse. Le rythme de narration s’emballe, puis s’éteint. Selajdin reprend finalement le récit en main et la réalité de son destin surpasse l’art. Voyeurisme ou huma-nisme? Qu’importe. En ces temps de durcissement des con-ditions d’obtention de l’asile en Suisse, il fallait frapper fort et réveiller les consciences. C’est indéniablement réussi.

CAROLE PANTET
»Aube noire sur la plaine des merles, jusqu’au 29 octobre à l’Echandole à Yverdon (loc.: 024 423 65 84) puis du 1er au 6 novembre au CPO à Lausanne (loc.: 021 616 26 72). Durée: 1h15.

Entre réinsertion et nouvel exil


Aline Andrey, dans 24heures, consacre une pleine page aux sans-papiers, en l'occurrence aux difficultés à leure retour en Amérique du Sud. Voir aussi les 5 témoignages ci-dessous

Par crainte d’un énième contrôle ou pour permettre à leurs enfants de continuer leurs études audelà de l’école obligatoire, des migrants équatoriens sont retournés dans leur pays natal. Aujourd’hui, ils vivent un nouveau processus d’intégration, non sans mal.

«Manora». Le crocodile vert peint à côté du nom du restaurant ne fait aucun doute sur le clin d’oeil à la chaîne suisse. Sauf que les grosses marmites remplacent le buffet. Au menu: soupe de poulet, riz, yucca, pommes de terre et viande. Comme partout ailleurs en Equateur. «Ce nom, c’est un souvenir de Suisse, dit en souriant Jorge. Nous allions beaucoup là-bas…» Après cinq ans passés à travailler dans la construction, il est rentré au pays avec son épouse Graziella et leurs deux filles, pour que ces der-nières puissent continuer d’étudier (en Suisse, les portes de la formation ou de l’apprentissage se ferment après l’école obligatoire). Les éco-nomies engrangées, à force de sacrifices, leur ont permis d’ouvrir leur restaurant et d’acheter une maison. Ils gagnent, aujourd’hui, environ 150 dollars par mois en travaillant tous les jours dans le vacarme et la chaleur du centre-ville de Santo Domingo, situé entre les Andes et l’océan. Un salaire moyen en Equateur, qui ne permet pas de faire face au coût de la vie; un montant moins élevé que celui envoyé mensuellement par les migrants à leurs familles restées au pays ( lire encadré). «Il n’y a pas de travail en Equateur, et pour ceux qui en ont un, les salaires sont trop bas, relève Graziella. Il reste donc deux choix: pour le plus pauvre, de devenir délinquant; et pour la classe moyenne, de migrer.»
Des liens forts avec le canton de Vaud
Jorge, Graziella, mais aussi Mauri, Bexsy, Geovanny, Pi-lar*, Silvia, Carlos ou Victor* font partie des 2 millions d’Equatoriens qui ont pris le chemin de l’exil ces dix dernières années (environ 15% des 13 millions d’habitants que compte le pays). Ils font également partie de ses 4000 à 5000 Equatoriens qui vivent dans le canton de Vaud; 95% sans statut légal. Un nombre qui a généré l’ouverture d’un consulat à Lausanne en septembre 2003. Et qui explique également que les migrants rencontrés aient encore tous des amis ou de la famille dans le canton, ceux-là mêmes qui les ont soutenus à leur arrivée en Suisse. Une migration toujours motivée par le rêve d’un avenir meilleur. Quelle que soit son coût: des conditions de vie précaires qui se mêlent à l’aléatoire des contrôles de police et de leurs conséquen-ces. «J’ai eu des problèmes de vision et des allergies là-bas, à cause du stress: j’ai été contrôlée 8 fois en cinq ans, et nous avons vécu dans 18 apparte-ments différents, raconte Pilar*, en montrant ses photos de Suisse. J’envoyais de l’argent ici pour mes enfants. Je me faisais beaucoup de soucis pour eux. Aujourd’hui, notre situation est moins bonne qu’avant la migration; mes illusions et mes rêves se sont éteints.»
Une réintégration difficile
De retour sur leur terre na-tale, peu ont retrouvé un em-ploi. Les femmes encore moins. Une situation qui met en péril l’égalité que plusieurs couples disent avoir acquise lors de l’expérience migra-toire. Tous relèvent également les difficultés à se réadapter à la nourriture, au climat, à l’environnement, à la circulation chaotique, au bruit, à la bureaucratie et à la délinquance (plus de 70 bandes organisées ont été dénombrées dans un quartier sud de Quito). Tous regrettent la tranquillité et l’ordre de la Suisse; cela malgré les difficultés rencontrées sur place. Et beaucoup avouent leur rêve d’y retourner.

Maury


MAURY (avec son épouse Bexsy et leur fille Melanie), 41 ans,
rentré en janvier 2005, après trois ans à Lausanne: «Ici, les gouvernements changent mais leurs buts sont toujours de se remplir les poches. Il n’y a pas de prêts, aucun soutien. Beaucoup de personnes souhaitent rentrer au pays; mais pour faire quoi? La mentalité serait différente si nous pouvions avoir l’assurance de trouver un travail au retour. Avec les Polonais, je pense qu’il y aura encore moins de possibilités pour nous en Europe. J’aimerais avoir un contrat de travail de durée limitée pour pouvoir régler toutes mes dettes.»

Silvia


SILVIA, 36 ans, rentrée à la fin août 2005, après dix ans à Lausanne: «J’ai beaucoup souffert de la pression de la police, de la peur d’être contrôlée. Cela crée de grosses tensions dans la famille. Mais, cette expérience a également changé notre rapport de couple. Nous som-mes plus égaux. J’ai aussi appris à être plus organisée. J’espère que cela m’aidera ici. Pour l’instant, je me sens étrangère dans mon propre pays. Et je dois donc réapprendre à y vivre. C’est une nou-velle intégration. J’espère que j’ai pris la bonne décision et que je ne me repentirai jamais. Tout ce que je veux c’est un bel avenir pour mes filles. Ici, elles peuvent continuer leurs études.»

Geovanny et Aracely


GEOVANNY, 30 ans, expulsé en 2002, après trois ans à Lausanne: «Je n’ai jamais eu peur en Suisse. Après plusieurs contrôles j’ai été renvoyé. Dans l’avion, j’étais un passager comme un autre. Personne ne m’attendait lors de l’escale en Hollande où j’avais deux heures d’attente. J’ai pensé à sortir de l’aéroport, mais j’ai finalement préféré rentrer au pays pour retrouver mon amour.» Son épouse, ARACELY: «Ici, j’ai des opportunités professionnelles et ma famille que j’adore. Si j’avais une bonne occasion, je partirais peut-être, mais l’argent n’est pas tout. C’est difficile d’être loin de sa famille. Ça ne vaut pas la peine de vivre tout ça si c’est pour gagner 600 ou 800 dollars par mois en Espagne.»

Carlos


CARLOS, 38 ans, expulsé en 2004, après onze ans en Suisse, entre autres à Moudon et à Lausanne: «J’avais surtout envie de voyager, de découvrir d’autres pays en jouant de la musique dans la rue. J’ai sillonné l’Europe et me suis installé en Suisse. Lors de mon troisième contrôle d’identité, j’étais sur la route pour le marché de Vevey. J’ai passé deux semaines en prison avant d’être renvoyé. Je n’ai rien pu prendre de chez moi, ni contacter mon épouse avant de me rendre à l’aéroport où un policier m’a donné, de sa poche, une carte téléphonique et 20 francs pour le voyage. Au retour, mes enfants ont été ma récompense. Nous nous sommes retrouvés comme si on ne s’était jamais quittés. Je ne les avais pas revus depuis quatre ans.»

Victor


VICTOR*, 24 ans, expulsé en janvier 2005, après cinq ans à Lausanne: «J’étais en patins à roulettes avec des potes. Des policiers nous ont demandé nos papiers. Ils m’ont emmené au poste et m’ont déshabillé complètement avant de me mettre en cellule. Je suis resté trois jours sans avoir le droit d’appeler personne, sans pouvoir changer de vêtements, avec mes patins. Enfin, j’ai pu contacter mon frère qui m’a amené quelques affaires. Au bout de quinze jours, j’ai été expulsé avec des menottes comme si j’étais un criminel. Ça m’a vraiment touché là (dit-il en posant la main sur le coeur). J’avais toutes mes affaires chez moi et encore de l’argent, mais je n’ai pas pu passer les chercher, ni même avertir ma famille. Je suis arrivé avec 10 francs en poche à Quito, au milieu de la nuit, sans aucun moyen de rentrer chez mes parents.»

Etude sur les musulmans de Suisse

Photo Keystone

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Caroline Zurcher dans 24heures rapporte les résultats d'une étude de la CFE.
Au gré des tensions qui secouent la scène internationale, les musulmans apparaissent dans les médias. Mais qui sont réellement ceux que nous croisons au quotidien dans la rue? Dans une étude présentée hier à Berne par la Commission fédérale des étrangers (CFE), des chercheurs lèvent un coin du voile: loin des discours des chefs religieux et autres in-tellectuels, ils ont rencontré trente musulmans qui vivent en Suisse et appartiennent à ce que l’on pourrait appeler «la majorité silencieuse».

Oubliez les opinions répandues dans le public sur l’islam! «L’abondance d’informations nous amène souvent à penser que l’on connaît les musulmans. En fait, c’est surtout le discours de certains leaders ou intellec-uels qui s’exprime dans les médias, dont nous avons connaissance», soulignent les chercheurs dans l’étude présentée hier à Berne. Or, les musulmans de Suisse ne se reconnaissent pas complètement dans ces prises de position et le rôle des imams, notamment, serait moins important qu’il n’y pa-raît. «Nous sommes dans un dialogue de civilisation et, de part et d’autre, des gens s’expriment. Je fais partie de ces personnes mais je ne prétends pas repré-senter la communauté musulmane», admet Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève. Alors, que pensent ceux qui, dans le débat public, sont sous-représentés? Matteo Gianni, auteur de l’étude, mentionne, en vrac, quelques-uns de leurs souhaits: une plus grande connaissance de l’islam par le reste de la population, des cimetières confessionnels ou encore la possibilité d’avoir facilement de la viande halal.

Le voile de la division

Non à l’excision, non à la punition corporelle des femmes, non au mariage des enfants et non à la polygamie. Les musulmans que les scientifiques ont rencontrés ne veulent pas de tout cela! Le port du voile, lui, est sujet à discussion. Autre point épineux, la situation des femmes. Car, s’il est clair que chacun, et chacune, doit pouvoir faire des choix autonomes, un exemple donné par les scientifiques montre une certaine ambiguïté: alors que les personnes interviewées envisagent des mariages entre un musulman et une non-musulmane, l’inverse est bien moins accepté, voire refusé, par les personnes pratiquantes, la religion transmise aux enfants étant en général celle du père. 310 807: c’est le nombre de musulmans que comptait la Suisse en l’an 2000. Nations, pra-tiques religieuses, cultures... Ce chiffre cache des réalités extrê-mement différentes, alors que l’habitude est de parler de la
communauté musulmane. Schématisons malgré tout: en Suisse, ces personnes proviennent en priorité d’ex-Yougoslavie et de Turquie, ainsi que des pays ara-es. Les musulmans sont davantage installés dans les régions à dominante urbaine, comme les cantons de Vaud et de Genève. Ils ne remettent pas en cause le modèle suisse, ni ses principes démocratiques. Près de la moitié d’entre eux ont moins de 25 ans et seuls 10 à 15% seraient des croyants très pratiquants.

L’ombre du 11 septembre

Heureux? Ces hommes et ces femmes semblent l’être dans notre pays. Et s’accordent à penser qu’il est possible, et facile, de pratiquer leur religion. Une pique pour nos voisins: la laïcité, chez nous, est plus pragmatique qu’en France. Mieux: ces personnes se sentent bien intégrées. Deux derniers chiffres: alors que les musulmans représentent 4,3% de la population helvétique, seulement 0,6% des déten-teurs d’un passeport à croix blanche sont musulmans. Mais derrière cette image idyllique, une autre réalité se dessine. Regard des autres, préjugés, mauvais comportements, in-sultes, exclusion... La discrimina-tion à l’égard des musulmans est bel et bien là. Elle est même en augmentation depuis le 11 sep-tembre 2001. Et Matteo Gianni, auteur de l’étude, de conclure que les personnes rencontrées ressentent du coup le besoin de se démarquer des extrémistes et de se justifier.


Site officiel de la CFE (pour commander le rapport)