jeudi 30 novembre 2006

La gauche dénonce la chasse aux sans-papiers

Lire dans 24heures:
Milieux de l’asile et députés fustigent le «harcèlement» et les menaces de renvois «pour l’exemple» du gouvernement vaudois.
Menaces de renvoi, pressions sur les employeurs qui font appel aux services de clandestins, le Collec­tif vaudois de soutien aux sans­papiers (CVSSP), la Coordination Asile et trois députés de gauche (2 PS et 1 Verte), accompagnés d’une trentaine de sans-papiers, ont tiré la sonnette d’alarme, hier à la Fraternité de Lausanne. Plus de deux mois après le oui des Suisses au durcissement des lois sur l’asile, le gouvernement vau­dois mène une véritable «chasse» aux 15 000 sans-pa­piers du canton, estiment-ils.
«Le Conseil d’Etat est en train de préparer tous les ingrédients qui conduiront à une nouvelle crise des «523», prévient Jean­ Michel Dolivo du CVSSP.
Preuve de ce durcissement: le récent rapport du gouvernement au Grand Conseil sur la gestion du «phénomène des travailleurs clandestins». Où il précise que, sur 186 dossiers transmis à Berne, seuls 60 ont été régulari­sés. Mais il y a plus préoccupant, souligne la députée socialiste Mi­chèle Gay Vallotton: le Conseil d’Etat se retourne contre les per­sonnes qui ont accepté de dévoi­ler leur identité en les menaçant de renvoi forcé. «Si le canton a présenté ces dossiers, c’est qu’il les trouvait crédibles. Ces ren­vois forcés ne sont là que pour l’exemple et ne résoudront rien.» D’autant plus que la loi n’oblige pas le gouvernement à appliquer ces mesures, poursuit-elle.
Les défenseurs des sans-pa­piers attendent du canton qu’il demande à Berne une régulari­sation collective des sans-pa­piers. Ou par groupe, comme l’a fa

Des camps de requérants, l'idée était socialiste

Lire l'article de Laurent Busslinger dans 24heures:
Il y a deux ans, Pierre Chiffelle, alors conseiller d’Etat chargé de l’asile, avait exprimé l’idée de «centre spécial pour requérants délinquants» dans des termes semblables à ceux de Jean-Claude Mermoud.
En 2004, le prédécesseur de Jean-Claude Mermoud avait eu la même idée que lui. Sans lendemain.

«Je ne propose pas des émotions, mais des solutions.» En février 2004, Pierre Chiffelle, conseiller d'Etat chargé de l'asile, défendait ainsi dans 24 heures son projet de… «centre spécial pour requérants délinquants.» Dans les mêmes termes, ou presque, que l'a fait lundi son successeur UDC.

Le socialiste prônait: «La mise à l'écart de l'infime minorité qui perturbe la réputation de tous les autres.» Pierre Chiffelle intervenait après une descente de police au centre de requérants de Crissier, motivée par des problèmes de drogue. «La population ne veut plus des requérants dealers», constatait-il, en se prononçant pour «des règles strictes de sécurité et d'encadrement».

Il imaginait quatre centres en Suisse, dépendant de la Confédération. Mais devait admettre, un an après la révolte de Vugelles-La Mothe, qu'il «n'avait pas connaisance d'une possibilité concrète», dans le canton de Vaud. Presque trois ans plus tard, rien n'a changé, et si l'idée revient sur le devant de la scène, elle paraît toujours aussi loin d'une quelconque concrétisation.

Rejet socialiste

Sollicité, Pierre Chiffelle n'a pas réagi hier pour commenter ses propos. Devenue présidente du parti, Josiane Aubert se souvient du «fort rejet des socialistes vaudois.» Cesla Amarelle, vice-présidente du PSV, qui était alors membre de la commission des migrations, évoque un comité directeur «manifestant clairement son opposition.»

Que des magistrats de sensibilité aussi opposée que Jean-Claude Mermoud et Pierre Chiffelle en arrivent à des propositions identiques n'ébranle pas les deux militantes. «On met ces gens dans des camps, et après? Que fait-on d'un ghetto qui grandit?» interroge Josiane Aubert. Déplorant au passage «le manque de moyens» de la chaîne pénale vaudoise, elle insiste sur l'application des lois contre les dealers, et sur la conclusion d'accords de réadmission permettant d'expulser les fauteurs de troubles. «Il en faut avec toute l'Afrique subsaharienne, mais Christoph Blocher n'agit pas», répète Cesla Amarelle (24 heures d'hier).

La Suisse dispose de tels accords avec 40 Etats, mais seul le Nigeria est dans la zone la plus sensible. «Nous travaillons, nous menons des contacts», se défend Brigitte Hauser, porte-parole de l'Office des migrations, qui tait toutefois le nom des pays concernés.

Reste une question: si ces accords sont si prometteurs, ne faudrait-il pas une task-force entre Micheline Calmy-Rey et Christoph Blocher s'y investissent à fond? Porte-parole du Département des affaires étrangères, Jean-Philippe Jeannerat réagit avec prudence: «Il ne faut pas sous-estimer l'ampleur de la tâche, ces accords doivent correspondre aux standards humanitaires de la Suisse.» Et puis, estime-t-il, il y a une «bonne coopération» entre les deux départements.

La parole des victimes de racisme sur DVD

Lire l'article dans le Courrier
ACOR SOS Racisme sort un double DVD regroupant un film et des témoignages de victimes.

Le Jura relance le dossier de l'éligibilité des étrangers

Lire l'article du Temps
Dix ans après un premier essai rejeté en votation, le canton paraît disposé à permettre aux étrangers de briguer les mairies.

Le «contrat d'intégration» ne fait pas l'unanimité au sein du Parti socialiste

Lire l'article de Didier Estoppey dans le Courrier
Lire l'article de Stéphanie de Graffenried dans le Temps (payant)
Des voix romandes critiquent la nouvelle politique de fermeté du PS. Le débat promet d'être nourri samedi à Muttenz (BL)

...Interrogé sur la sensibilité différente des Romands concernant ce document, le Vaudois Pierre-Yves Maillard, vice-président du PSS, refuse de parler de véritable barrière de rösti. Lui-même soutient entièrement ce papier de position mais admet, s'agissant du «contrat d'intégration», que certaines précisions pourraient être apportées, par soucis de clarté. «Il serait peut-être utile de préciser que nous ne proposons pas de lien avec le permis de séjour», souligne-t-il. Et de rappeler que la section vaudoise demande sur certains points de se montrer plus dur que le texte élaboré par le parti suisse. «C'est le cas dans le domaine de la laïcité: les Vaudois estiment qu'il faudrait être encore plus ferme concernant les demandes de dispenses scolaires pour des motifs religieux....

Minaret de Langenthal: l'appel à la prière n'y sera pas lancé

Lire la dépêche de l'ATS
Aucun muezzin ne lancera d'appel à la prière depuis le minaret projeté à Langenthal (BE). La communauté musulmane de la localité s'est engagée par contrat à ne pas sonoriser le sanctuaire qu'elle projette de construire.

L'intégration doit rester un choix

Lire l'édito de Didier Estoppey dans le Courrier
La loi fédérale sur les étrangers (LEtr), acceptée en votation le 24 septembre, a déjà fait couler beaucoup d'encre. La multitude d'atteintes aux droits humains qu'elle permettra, couplée à la nouvelle loi sur l'asile, justifie pleinement cet intérêt. Une de ses dispositions est toutefois passée jusqu'ici relativement inaperçue: son article 54, qui ouvre la possibilité de lier une autorisation de séjour à la signature d'une convention d'intégration...

Lela Dgandagavhili est entrée en clandestinité

Lela Dgandagavhili, dont le dossier fait partie des «523» requérants
déboutés, n'a pas pris l'avion qui devait la reconduire en Géorgie, le
14 novembre. Elle redoutait des représailles et une situation politique
instable. Cette femme d'origine georgienne, en Suisse depuis huit ans et
n'ayant commis aucun délit, n'a jamais obtenu l'asile politique qu'elle
réclamait. Pourtant son dossier est épais: à l'époque sa vie était
menacée en raison d'accusations politiques pesant sur son mari. Même si
aujourd'hui encore Lela Dgandagavhili craint pour sa sécurité en
Géorgie, elle a été sommée par les autorités suisses de rentrer. Son
départ était prévu pour le 14 novembre, de l'aéroport de Genève (nos
éditions du 4 et du 14 novembre). Toutefois, la Géorgienne n'a pas pris
l'avion. Depuis plus de deux semaines, elle vit cachée, changeant
d'endroit tous les trois jours.

Actuellement, elle se trouve dans un statut extrêmement précaire:
clandestine et sans ressources financières, son seul soutien est la
Coordination Asile Vaud. Elle serait amenée à travailler au noir ou au
gris, afin de subvenir à ses besoins. Elle peut en tout temps se voir
appliquer les mesures de contraintes en vue de son expulsion, mais
encore faut-il qu'elle soit interpellée lors d'un contrôle d'identité
inopiné.I

La chasse aux sans-papiers est ouverte dans le canton de Vaud

La chasse aux sans-papiers est ouverte dans le
canton de Vaud, affirme le Collectif vaudois de soutien aux sans-
papiers (CVSSP). Le mouvement a dénoncé mercredi un renforcement du
harcèlement des clandestins.

Récemment, une dizaine de clandestins se sont vu convoquer au
Service cantonal de la population afin de convenir d'une date pour un
vol de retour. S'ils refusent de collaborer, les intéressés sont
menacés d'être soumis aux mesures de contrainte.

Enfoncés dans la clandestinité

«Le Conseil d'Etat fait preuve d'une grave et totale cécité qui ne
tient pas compte de la réalité», explique Me Jean-Michel Dolivo. «Les
12 000 à 15 000 sans-papiers du canton ne peuvent pas être renvoyés.
Le Conseil d'Etat cherche à leur faire peur. Ce faisant, il les
enfonce un peu plus dans le noir et la clandestinité».

Le rapport du Conseil d'Etat sur les clandestins, qui devrait être
soumis en janvier au Grand Conseil, annonce un renforcement des
pressions et de la répression sur les sans-papiers afin de les
obliger à partir. Le canton annonce même qu'il recourra au besoin aux
forces de police, souligne le collectif.

Pas tiré les leçons

Les défenseurs des sans-papiers estiment que le Conseil d'Etat n'a
pas tiré les leçons des 523. «Il est en train de mettre en place tous
les éléments d'une même crise», relève Me Dolivo.

Le gouvernement ne comprend pas qu'une importante partie de
l'opinion publique n'accepte pas le renvoi de personnes, certes sans
statut légal, mais qui vivent depuis de nombreuses années en Suisse
et sont très appréciées sur leur lieu de travail. C'est une politique
«autiste», relève le collectif de soutien.

Pour le CVSSP, le Conseil d'Etat a tort de dire qu'il ne peut rien
faire pour les quelque 300 sans-papiers qui se sont vu refuser par
Berne leur demande de permis humanitaire alors que le canton avait
donné un préavis positif. Le canton doit s'assurer que ces renvois
sont proportionnés et conformes aux droits fondamentaux et aux
conventions internationales signées par la Suisse.