lundi 31 octobre 2011

Les Turcs en Allemagne, 50 ans de «mariage blanc»

allemagne communauté turque Angela Merkel célèbre mercredi un demi-siècle d’immigration. Mais l’intégration est en panne.

Petit, le crâne dégarni, l’œil malicieux, Ahmet Bayram, 66 ans, est arrivé en 1971 à Berlin avec un contrat de travail dans une grosse entreprise de machines-outils. Quarante ans après, «je suis pratiquement devenu un Berlinois», sourit-il. Il passe toujours ses vacances «au pays» mais sa vie est ici, au nord du Danube. «Mes trois enfants et mes petits enfants vivent à Berlin», explique-t-il devant les rayons de la librairie turque Kitapçi, tenue par son fils.

«Il y a quarante ans, tout le monde avait du travail. Avec la crise, regrette-t-il, les Allemands ont commencé à nous dire qu’on leur piquait leur boulot et nous ont reproché de rouler en grosse Mercedes, en profitant de leur sécurité sociale.» Ahmet a le passeport allemand mais a conservé sa nationalité turque.

«Cinquante ans de mariage blanc!» La banderole barre l’immeuble à l’entrée de Berlin-Kreuzberg, le «petit Istanbul». C’est le titre d’une pièce de théâtre montée pour le 50e anniversaire des accords du 30 octobre 1961, organisant l’afflux des travailleurs turcs dont l’industrie avait cruellement besoin.

«Nous sommes tolérés»

«Nous restons des gens tolérés», résume Bekir Yilmaz, dans les bureaux voisins de la communauté turque. Il nous montre une lettre anonyme arrivée le matin. «Pourquoi votre association proteste-t-elle contre l’interdiction des grillades dans le Tiergarten (ndlr: le parc central de Berlin, à deux pas de la résidence du président de la République) ? Vos compatriotes sont incapables de se tenir correctement et proprement. Allez à Ankara ou à Istanbul faire vos barbecues! Ici vous êtes seulement des invités tolérés.» L’été, les grillades au Tiergarten étaient une vieille tradition pour les familles de la communauté turque berlinoise.

Bekir Yilmaz a rejoint son père à Berlin en 1977, il était alors âgé de 8 ans. Aujourd’hui père de quatre enfants nés en Allemagne, il se sent citoyen allemand. «Mais je ne suis quand même pas un Allemand. Je ne peux pas renier mon origine, précise-t-il. J’ai eu la chance d’acquérir la nationalité allemande avant 2000.» Depuis, la loi exige le renoncement préalable à la nationalité turque. Faute de l’avoir respectée, 55 000 personnes se sont vu retirer leur «nouveau» passeport de la République fédérale.

Dominant Berlin-Neuköln, la mosquée du cimetière turc dresse ses minarets le long de l’ancien aéroport de Tempelhof. «Nous n’avons aucune difficulté à pratiquer notre religion», souligne Ender Çetin, qui siège à la présidence de la mosquée. Né à Berlin en 1977, il se sent Berlinois à 100%, mais n’a jamais demandé la nationalité allemande. Il lui faudrait pour cela renoncer à sa nationalité turque. Or, rien ne dit qu’il n’ira pas vivre un jour dans le pays de ses parents. «Le racisme, la haine de l’Islam se sont renforcés ces dernières années.»

Serdar Taçi ou Mesut Özil, les étoiles turques de l’équipe de foot nationale, n’y changent rien. Diplôme en poche, nombre de jeunes Turcs nés en Allemagne repartent travailler dans le pays de leurs parents. Cinquante ans après, le solde migratoire s’est inversé.

Le défi de Merkel

Aujourd’hui, il reste néanmoins 2,5 millions de Turcs d’origine vivant en Allemagne, dont 1,5 million ont acquis la nationalité allemande. La communauté a ses artistes, ses millionnaires, ses responsables politiques. Mais la définition même de l’intégration reste contestée. Peut-on devenir Allemand et rester Turc? C’est le défi auquel font face le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et la chancelière allemande Angela Merkel, qui célébreront le cinquantenaire mercredi à Berlin .

Michel Verrier, Berlin, pour 24 Heures

Condamnés à mort pour cause de mariage, ils vivent en Suisse

Traqué par son propre clan, un couple de Pakistanais entame une nouvelle vie en Suisse. Témoignage.

sami et sara

«Sara* était condamnée à être enterrée vivante. Quand la tribu a su que je l’avais épousée, ils m’ont également condamné à mort», explique Sami* (27 ans). Une traque commence alors dans une grande ville du Pakistan. Elle durera une année. Une année pendant laquelle le couple se fait héberger en changeant d’endroit toutes les semaines. «Ils ont essayé de nous tuer trois fois avec des armes à feu. Nous n’étions en sécurité nulle part.» En avril 2011, quand Sami arrive en Suisse avec sa jeune épouse Sara (21 ans), le couple est aux abois.

L’histoire de Sara et de Sami ressemble à beaucoup d’autres au Pakistan. Les tribunaux tribaux (jirga) condamnent à mort des centaines de femmes chaque année. Le crime de Sara? Refuser d’épouser son cousin. Une affaire d’honneur dans la province du Sindh, où les femmes sont considérées comme des biens d’échange entre les familles. «Ma famille s’est plainte auprès du jirga , raconte Sara. Je suis devenue kari , c’est-à-dire un mouton noir.» Sara parvient à s’échapper, rejoint la ville de la province et contacte Sami, qui a grandi dans son village.

«Personne ne pouvait nous aider, ni la police, ni les autorités, ni les médias, si je n’avais pas une relation officielle avec elle», explique Sami. Ils se marient. Mais cela ne résout rien: il devient à son tour un karo , un mouton noir. Leurs têtes à tous deux est mise à prix. La tribu fait détruire la maison de Sami au village. Ses parents et sa sœur sont blessés. La loi pakistanaise interdit les jugements karo-kari , mais l’influence des clans reste puissante. Les pressions sont immenses: sur les familles pour qu’elles exécutent les sentences elles-mêmes, et sur la police pour qu’elle ferme les yeux.

En danger jusqu’ici

La Fondation Surgir, à Lausanne et à Genève, est alertée de la situation par une ONG asiatique, fin 2010. «Nous avons correspondu pendant trois mois par internet, puis nous avons obtenu un permis humanitaire pour Sara et Sami», explique Jacqueline Thibault, fondatrice et présidente de Surgir. Soutenu par la fondation, le couple loge dans un petit studio, prend des cours accélérés de français. Sami, bardé de diplômes dans son pays, a trouvé un job modeste dans une entreprise de transports. Sara, issue d’une famille riche qui n’avait pas besoin de travailler, fait des ménages. Ils ne retourneront jamais au pays: «Trop dangereux.» Leur vie est ici. Ils évitent de raconter leur histoire, car si la tribu retrouve leur trace, où que ce soit, ils ne seraient pas à l’abri de représailles.

Comme tous les pays occidentaux, la Suisse n’est pas à l’abri des crimes d’honneur. Le pays se souvient de la tragédie survenue à Zurich en mai 2010, où un père pakistanais a tué sa fille de 16 ans à coups de hache.

La Suisse en retard

«Il y a peu de crimes d’honneur officiellement recensés comme tels, mais les menaces sont bien réelles», prévient Jacqueline Thibault. La Fondation Surgir, créée en 2000 sous l’impulsion d’Edmond Kaiser, accueille et aide des victimes de l’étranger, réfugiées en Suisse, en France et en Italie. Environ vingt-cinq personnes et leurs enfants. Elle lutte aussi pour que ce problème soit pris au sérieux par les autorités: «En Grande-Bretagne ou en Belgique, les polices sont formées à décrypter les menaces, les mariages forcés, les crimes maquillés. En Suisse, tout reste à faire.»

La conseillère nationale Bea Heim (PS/SO) a déposé une motion en 2010 pour que la Suisse mette en place une politique de prévention. Sans succès. «La Suisse sous-estime le danger», regrette Jacqueline Thibault, qui vient d’éditer une plaquette sur les crimes d’honneur en Europe. Cette humanitaire, qui a écrit en 2006 Brûlée vive avec Souad (une Palestinienne victime d’un crime d’honneur), se bat pour que l’horreur ne devienne jamais banale. «Il faut que les gens sachent que dans certains pays les chiens sont mieux traités que les femmes, conclut Sami. Ce n’est pas une question de religion, mais de traditions ancestrales .»

* Prénoms d’emprunt

Patrick Chuard dans 24 Heures

Manifestation nationale contre l’islamophobie

2000 personnes ont répondu à l’appel lancé par le Conseil central islamique.

Quelque 2000 personnes ont manifesté samedi sur la place Fédérale pour dénoncer ce que le Conseil central islamique (IZRS) appelle «les discriminations croissantes envers les musulmans». D’autres organisations musulmanes avaient au préalable pris leurs distances avec cette manifestation.

Parmi les orateurs, le président du Conseil central islamique, Nicolas Blancho, a harangué l’assemblée depuis l’estrade où derrière lui figurait en grandes lettres jaunes le mot «islamophobie». Lettres qui ont été renversées une à une lorsque la foule a clamé plusieurs fois «non» à sa question: «Voulez-vous que l’interdiction des minarets soit maintenue?» Les musulmans ne doivent pas être traités comme des citoyens de deuxième classe, a également déclaré Nicolas Blancho. «Nous sommes une partie de la société comme les autres.»

En Suisse, l’interdiction des minarets votée par le peuple ne serait que la pointe de l’iceberg, selon un communiqué de l’IZRS. Ce document évoque des discriminations en hausse dans le monde du travail ou en matière de logement, par exemple. Quant aux agressions verbales, elles sont «quotidiennes», avec une tendance «en forte hausse», écrit le Conseil, qui dit documenter les cas d’islamophobie systématiquement depuis cette année. Le Conseil central islamique appelle la Confédération à prendre des mesures.

La manifestation s’est déroulée sans heurt. Bon nombre de participants portaient une étoile jaune où figurait l’appellation «musulman», rappelant la persécution des juifs par les nazis. Certains se sont agenouillés pour prier entre les discours. Un geste qui ne faisait pas partie de l’autorisation de manifester, a fait savoir la police, qui a contacté les organisateurs. Les autorités municipales qui ont délivré l’autorisation seront averties.

24 Heures et ATS

Un néonazi repenti efface ses tatouages

tatoo nn effacé Bryon Widner, ancien leader d’un groupement prônant la suprématie de la race blanche, a subi vingt-cinq opérations chirurgicales pour faire enlever les inscriptions qui lui couvraient le visage.

Bryon Widner était un Américain extrêmement violent, redouté pour ses actes racistes. Il affichait fièrement son visage recouvert de tatouages nazis. Mais devenir père l’a transformé. Sa femme Julie et lui ont alors quitté les mouvements racistes prônant la suprématie de la race blanche auxquels ils appartenaient. Ses idées avaient totalement changé, mais son corps ne reflétait pas son nouvel état d'esprit. Il ne supportait plus ses nombreux tatouages néonazis. Un rasoir imbibé de sang, des croix gammées ou les lettres du mot «haine» sur chacune de ses phalanges le dégoûtaient de sa propre enveloppe corporelle. Les gens voyaient en lui un voyou menaçant, et non un père de famille aimant.

Il songe à brûler son visage avec de l’acide

D'importants tatouages faciaux comme ceux qu’arborait Bryon sont extrêmement rares et les opérations pour les enlever restent hors de prix. Désespéré, il songea à se brûler le visage avec de l’acide. Julie fit alors quelque chose qui lui aurait paru impensable quelques mois plus tôt: elle contacta un homme de couleur, Daryle Lamont Jenkins, qui se battait contre le racisme. «Je n’ai pas pensé à ce qu’elle avait pu faire auparavant, j’ai simplement vu une femme et une mère prête à faire n’importe quoi pour sauver sa famille», déclara ce dernier au quotidien «Daily Mail». Par l’intermédiaire de Daryle, Julie et Bryon font la connaissance de T.J. Leyden, un ancien néonazi qui se bat désormais pour la tolérance.

Bryon prit son courage à deux mains et suivit le conseil de ses nouvelles connaissances: il contacta le Southern Poverty Law Center (SPLC), une association qui lutte contre le racisme, traquant les groupes auxquels Bryon appartenait autrefois. Joe Roy, inspecteur en chef pour le SPLC, connaissait bien Bryon Widner du temps où celui-ci était actif dans ces derniers. «Les gens qui quittent réellement ces mouvements sont extrêmement rares, explique-t-il. La plupart traversent une crise, mais y retournent par la suite.» Après plusieurs semaines de discussion avec les époux Widner, Joe Roy fut convaincu du changement qui s’était opéré au sein du couple. Bryon collabora avec le SPLC, expliquant de quelle manière fonctionnaient les groupes néonazis, comment ils recrutaient de nouveaux membres, leur façon de se rassembler. La famille reçut de nombreuses menaces de mort de la part de leurs anciennes connaissances.

Des douleurs inimaginables

Touché par le sort de Bryon, Joe Roy finit par trouver un donateur capable d’assurer le financement des opérations chirurgicales nécessaires pour enlever définitivement ses tatouages. Les frais pour les vingt-cinq opérations s’élevèrent à 35'000 dollars. Durant les interventions, réalisées au laser, Bryon souffrait d’une douleur incommensurable: il fallut alors l’anesthésier totalement lors de chaque séance. Plus de vingt opérations en seize mois furent nécessaires pour venir à bout de ces tatouages haineux. Bryon vécut cela comme une épreuve de pénitence. Il donna son accord pour être suivi par une équipe de télévision, afin «d’empêcher d’autres jeunes de commettre les mêmes erreurs que moi».

Le début d’une vie nouvelle

Les bras et le torse de Bryon sont encore couverts de tatouages. Peu à peu, afin de les dissimuler, il les recouvre d’encre. Son cou et ses mains ont subi quelques dommages dus aux pigments, il souffre fréquemment de migraines et ne peut s'exposer au soleil. Mais, dit-il, «c'est un petit prix à payer pour être devenu un nouvel être humain».  Le documentaire «Erasing Hate» consacré à Bryon Widmer peut être visionné sur le site Huffington Post.

20minutes.ch

3700 réfugiés sont toujours bloqués à la frontière tuniso-libyenne

L'Europe doit venir en aide aux réfugiés de Libye. C'est le message adressé par les ONG qui gèrent le camp de Choucha en Tunisie. Situé à proximité du poste frontalier de Ras Jdir, il accueille aujourd'hui encore 3700 réfugiés, originaires de 22 pays.

Euronews

« Pas d’enfants en prison ! »

Samedi soir, un père tchétchène et ses quatre enfants arrêtés à Nancy et menacés d’expulsion étaient remis en liberté. Une première en France.

Le tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne) a remis en liberté samedi un père de famille et ses quatre enfants interpellés mercredi à Nancy et menacés d’expulsion, après leur placement au centre de rétention du Mesnil-Amelot. Ils devaient être renvoyés en Russie, comme des milliers d’autres chaque année.

« C’est une décision importante, les enfants ne doivent pas être en rétention pour des raisons juridiques et humaines », s’est réjouie l’avocate nancéienne de la famille, Me Brigitte Jeannot, après avoir plaidé pendant plus de 2 heures.

La famille sans papiers avait reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui reste valide, mais la décision de rétention a été annulée, les juges s‘étant opposés à l’enfermement des enfants. Une première en France. En effet, une nouvelle loi sur l’immigration mise en place en juin donne la compétence aux tribunaux administratifs. « La rétention est prévue comme une mesure d’éloignement, or les enfants - mineurs - ne peuvent pas être reconduits à la frontière, donc aucune rétention n’est possible pour eux », a expliqué l’avocate, militante de la Ligue des droits de l’Homme.

Arrivés en France en 2006, après avoir transité par l’Allemagne, la famille vit à Nancy. Le père âgé de 35 ans et ses 4 enfants de 4 à 14 ans ont été interpellés chez eux mercredi, avant d’être conduits dans la soirée au Centre de rétention du Mesnil-Amelot. La mère qui suivait un cours de français n’avait pas été arrêtée.

La demande d’asile de la famille a été rejetée par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA), mais un recours doit être examiné par la Commission nationale du droit d’asile avec des arguments solides car « Monsieur est recherché par le gouvernement de Kadirov qui le considère comme un traître et la Tchétchénie n’est pas un pays sûr », a plaidé Me Jeannot.

Durant les 4 jours de rétention, les enfants ont vu des détenus s‘automutiler, se battre… « Des choses qu’ils n’auraient jamais dû voir. C’est grave », a dénoncé le sénateur de Seine-et-Marne venu soutenir la famille. « Pas d’enfants en prison ! J’espère que cela fera réfléchir les préfets. »

Corinne Baret-Idatte dans l’Est Républicain

La professionnalisation de l’encouragement de l’intégration continue sur sa lancée

Le bilan de la troisième année de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les étrangers et de la loi révisée sur l’asile fait état d’une consolidation de la collaboration entre la Confédération, les cantons, les villes, les communes ainsi que les responsables du secteur privé en matière d’encouragement de l’intégration. Le rapport annuel 2010 sur l’encouragement de l’intégration par la Confédération révèle que l’offre a été renforcée en tenant compte des besoins croissants et a été davantage ciblée sur les besoins des groupes auxquels elle s’adresse.

Le catalogue de mesures d'intégration proposé par la Confédération et élaboré conjointement par les cantons et quinze services fédéraux a considérablement contribué à l'ancrage de la promotion de l'intégration à l'échelon fédéral – précisément dans les structures existantes telles que la formation professionnelle, l'assurance-chômage et le secteur de la santé – et à une sensibilisation des différents partenaires.

Dans le cadre du programme des points forts pour les années 2008 à 2011, l'Office fédéral des migrations soutient l'encouragement de l'intégration des étrangers. En 2010,  près de 2900 cours ou mesures ont été proposés autour du thème "Langue et formation", rassemblant quelques 57 000 personnes. Trente centres de compétence régionaux de l'intégration ont ainsi pu faire connaître plus en détail leur fonction de services centraux d'accueil et de coordination. Les quinze services d'interprétariat communautaire ont dispensé environ 128 000 heures d'interprétation et ont apporté une contribution précieuse à la compréhension mutuelle lors de situations de dialogue importantes, que ce soit à l'hôpital, à l'école ou auprès des autorités. Le lancement de projets d'intérêt national a été amorcé et accéléré ; on peut notamment citer l'encouragement de l'intégration dans le domaine préscolaire ou les projets de développement de quartier. L'encouragement de l'intégration des réfugiés reconnus et des personnes admises à titre provisoire a été poursuivi, notamment dans les domaines de l'acquisition d'une langue et de l'intégration professionnelle.

Communiqué de l’ODM

Demandeurs d'asile, le "cri d'alerte" de la ville d'Angers

Face à l'afflux persistant de migrants, pour beaucoup venus de pays africains en proie à la guerre ou à la famine, la ville d'Angers sature et appelle au secours: les services d'accueil sont débordés, les centres d'hébergement affichent complet, les points de distributions alimentaires refusent du monde, ce qui crée des tensions.

"En aucun cas, il ne s'agit de stigmatiser les demandeurs d'asile. C'est un cri d'alerte auprès de l'Etat et un appel à une plus grande solidarité territoriale. Nous avons tous atteint les limites", raconte Rose-Marie Véron, adjointe en charge de la solidarité au sein de la municipalité socialiste. "Aujourd'hui, le seuil physique de saturation a été atteint", renchérit Christophe Béchu, sénateur UMP et président du conseil général.

Plus de 800 demandeurs d'asile, principalement venus de Somalie, Soudan ou Erythrée, sont arrivés depuis le début de l'année dans cette ville de 155.000 habitants. Ils étaient 940 l'an passé et un peu plus de 900 (enfants non compris) en 2009. Elus et associations avaient déjà tiré la sonnette d'alarme il y a deux ans, rien n'a changé. "C'est surtout très compliqué car beaucoup relèvent de procédures prioritaires et n'ont droit à rien", appuie Jean-François Fribault, le directeur de l'Abri de la Providence, l'association qui anime la plateforme d'accueil unique du Maine-et-Loire.

Sur les 800 primo-arrivants, 180 sont aujourd'hui en attente d'accompagnement administratif car l'association ne peut assurer le suivi de leurs dossiers. Epuisés, les salariés avaient exercé il y a quelques mois leur droit de retrait, relayant sur la place publique la fatigue et l'inquiétude des responsables de l'accueil d'urgence. Au Point accueil santé solidarité (PASS), un local municipal en centre-ville où les sans-domicile fixe trouvent chaque matin collation et soutien psychologique, social ou médical, le malaise est palpable depuis plusieurs semaines.

L'afflux des demandeurs d'asile y entraîne des tensions avec les habitués, routards et SDF, d'autant qu'au delà de 130 personnes, une mesure de fermeture des portes s'applique automatiquement. Plus grave, un deuxième accueil de jour, expérimenté depuis décembre 2010 avec le soutien de l'Etat, a été fermé ce vendredi, faute de crédits suffisants. "C'est démentiel, on arrive en période hivernale et dans une ville comme Angers, on peut se retrouver sans accueil de jour", dit Hubert, 51 ans, un "vieux routard" en provenance de Caen, pour qui "priorité doit être donnée aux plus précaires".

Au Secours Populaire, aux Restaurants du coeur, on partage le même constat: les conditions d'accueil se dégradent sous le poids de la demande. "La fréquentation a progressé de 20% cet été. Sur les 736 familles, 60 à 70% sont des demandeurs d'asile avec lesquels il n'est pas toujours simple communiquer", constate Jean-Pierre Meriel, un responsable des Restos du coeur. Depuis plusieurs jours, plusieurs dizaines de migrants dorment dehors, sous les arcades de la gare. Arrivée en avion à Paris depuis Addis Abeba (Ethiopie), Huda, une étudiante somalienne de 24 ans, affirme avoir "fui les guerres civiles".

Pourquoi Angers? "J'ai appelé une connaissance avec mon portable", répond Huda qui n'en dira pas plus. Le réseau entre compatriotes joue et la ville semble réputée pour la qualité de ses services d'accueil, selon les responsables locaux. "Il existerait même un site internet en Somalie où l'on conseille de venir à Angers. On voit bien qu'on est dans un cercle vicieux. Il faut que l'accueil reste dans des proportions raisonnables", dit Christophe Béchu. A sa demande, élus et parlementaires angevins rencontreront le ministre de l'Intérieur Claude Guéant le 3 novembre, pour tenter de trouver des solutions.

AFP