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lundi 23 juin 2008
Un projet photos de Carine Roth
Frontex
Frontex, c'est le nom de l'Agence européenne pour la gestion opérationnelle des frontières extérieures de l'Union européenne et dont la mission première est de lutter contre l'immigration clandestine.
L'Europe selon Frontex
Frontex se présente (site officiel, en anglais)
"Frontex face aux migrants africains illégaux": un article de la LDH-Toulon, qui présente les activités de Frontex en Méditerranée
Le communiqué de la direction générales des Douanes, concernant les modalités de participation suisse à FRONTEX
La Forteresse Europe est bien gardée. Il n'en reste pas moins que régulièrement, l'actualité relate le naufrage d'une embarcation de fortune, au large des côtes européennes. Combien sont morts ? La Méditerranée, si chère à nos vacances, se transformerait-elle en cimetière marin ?
La réponse sur le blog de Gabriele Del Grande de l'agence Redattore Sociale
Pour terminer, allez faire un tour sur Mirage d'Europe, le travail d'Elisabeth Cosimi, jeune photographe, qui suit le parcours des migrants vers l'Europe
Ambivalence de l'Europe
"L´Union européenne instaure un "nouveau type d´apartheid", elle se comporte comme si le droit de vivre dans des conditions humaines n´existait que pour ceux qui sont nés sur le bon continent." Journal Frankfurter Rundschau 20/06/2008
L'Europe devant l'immigration (Plantu, le Monde du 21 juin 2003)
Voilà ce que titrait le journal allemand qui ajoute à propos de la "Directive Retour". De quoi s´agit-il? L´Europe se barricade et jette, par-dessus bord, tous ceux et celles qui s´accrochent en vain pour accéder en vain à une condition humaine. Les dispositions scandaleuses de cette directive sont les suivantes: la détention peut atteindre 18 mois (32 jours au maximum en France actuellement). L´interdiction de retourner sur le territoire européen pendant cinq ans est systématique. Les migrants illégaux peuvent être renvoyés dans leur pays d´origine mais aussi vers un pays de transit même s´ils n´ont aucun lien avec ce pays. La détention et l´éloignement des mineurs accompagnés ou isolés est permise. L´obligation de délivrer des titres de séjour aux personnes gravement malades est supprimée.
Lire la suite de cet article du quotidien algérien l'Expression
Incendie dans le centre de rétention de Vincennes
(Photo Reuters)
Incendie dimanche, au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, le plus grand de France. Lire l'article de Libé
Lire également le récit d'une visite au CRA de Vincennes, par David Assouline
Echos de l'action du 20 juin à Lausanne
Lausanne: action en faveur des réfugiés
Les milieux de défense de l'asile ont organisé à Lausanne une action de sensibilisation aux conditions de vie des NEM et des requérants déboutés. Conditions qui se sont durcies depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l'asile au 1er janvier 2008. Jagger est l'un de ces NEM. Originaire du Congo, il a vu sa demande d'asile rejetée au début de l'année.
La "directive retour" fabrique les clandestins
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La "directive retour" a été adoptée le 18 juin au Parlement européen. Rui Tavares, chroniqueur du quotidien portugais Público, déplore les atteintes aux droits de l'homme qui découlent de ce renforcement de la répression en matière d'immigration. |
Chaque année, nous célébrons le Jour du Portugal, de Camões et des Communautés portugaises [anciennement Jour de la race sous la dictature ; le 10 juin, jour de la mort du grand poète portugais Luís de Camões, est la fête nationale du pays] et nous avons une pensée pour les millions de Portugais qui sont partis du pays, la plupart d'entre eux de façon clandestine et sans papiers. Ils s'en sont allés en quête d'une vie meilleure ; ils ont contribué au progrès des pays où ils se sont installés et ont aidé le nôtre grâce à l'argent rapatrié chez eux. Dans l'Europe d'aujourd'hui, ils seraient susceptibles de devenir des "criminels". Avec la directive du retour, votée au Parlement européen, ces immigrés, leurs familles et même des mineurs seuls pourraient être détenus jusqu'à dix-huit mois sans jugement. Comme il convient pour ce genre de choses, le langage utilisé est orwellien. Les "centres d'accueil" sont, en vérité, des centres d'expulsion collective. Et la directive n'est même pas "du retour", étant donné qu'elle ne garantit pas le rapatriement des immigrés et qu'elle prévoit qu'ils peuvent être livrés à des pays tiers sans évaluer les risques qui en découlent. L'Europe d'aujourd'hui, avec les leaders actuels, n'a même pas le souci de respecter les principes de base des droits de l'homme ni de réguler l'immigration. On peut défendre l'idée qu'il y ait plus ou moins d'immigration, mais nous devrions tous défendre le fait que l'on se penche sur le sort des immigrés par voie légale ; qu'une réponse leur soit donnée rapidement ; qu'ils aient droit à un recours ; que ceux qui font appel à une main-d'œuvre illégale soient punis et que des êtres humains soient traités, au minimum, en accord avec les droits de l'homme. Mais l'Europe d'aujourd'hui prétend harmoniser l'expulsion avant d'harmoniser les conditions de régularisation. Au XVIIe siècle, le Padre António Vieira [célèbre jésuite portugais – "l'empereur de la langue portugaise", selon Fernando Pessoa – qui milita en faveur du droit des peuples amérindiens] affirma que l'Inquisition [instituée en 1536] était une "fabrique de Juifs" qui servait uniquement à alimenter le pouvoir des inquisiteurs, affaiblissant par là même le pays. Pour satisfaire l'opportunisme électoral de Sarkozy et de Berlusconi, nous rendons plus difficile la régularisation des immigrés pour ensuite pouvoir les pourchasser. Cette directive fera de l'Union européenne une fabrique de clandestins. |
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Rui Tavares |
Une main tendue vers les familles en mal de racines
Le Groupe d’appui aux réfugiés a fêté samedi ses 25 ans. Il intervient auprès de migrants «dans l’attente d’un miracle». Un article d'Estelle Bressoud dans 24 Heures.
Désenchantées La fête organisée samedi au centre EVAM (ex-Fareas), avec orchestre, buffet et grimage pour les enfants, a permis à Ngenge Kolemba et Philomène d’oublier quelque peu le quotidien. La mère et sa fille sont en situation d’aide d’urgence. BEX, LE 21 JUIN 2008 CHANTAL DERVEY
C'est un parc agrémenté de guirlandes de tissu et baigné de soleil qui s’offrait samedi, date de la Journée suisse des réfugiés, à la vue des visiteurs. Le centre EVAM (Etablissement vaudois d’accueil aux migrants) de Bex célébrait également ce jour-là les 25 ans du Groupe d’appui aux réfugiés (GAR), formé de près de 60 autochtones bénévoles.
La météo ne saurait faire tout oublier toutefois. «Le cadre est magnifique. Mais le quotidien de ces personnes n’est vraiment pas rose», glisse ainsi Ursula Gaillard, de la Coordination asile du Chablais. Le sourire désenchanté de Ngenge Kolemba en fournit une triste preuve. «On n’a pas le droit de travailler. Ce n’est pas facile pour nous.» Comme la cinquantaine d’autres pensionnaires du centre, cette Congolaise de 32 ans est en situation d’aide d’urgence. L’ultime sursis avant le renvoi au pays. Une perspective à laquelle elle ne peut se résoudre: «Je préférerais rester ici, pour des questions de sécurité. Ma soeur habite là-bas, mais la situation n’est pas stable. » Elle l’envisage encore moins pour sa fille âgée de 10 ans, Philomène. «J’aimerais qu’elle puisse faire sa vie et ses études en Suisse. Elle y est scolarisée et a noué des amitiés. » Cette maman qui cherche refuge en Suisse depuis quatre ans pour des motifs politiques n’ose même pas rêver à une vie «meilleure». «Stable», tout au plus. «C’est bientôt la rentrée scolaire. Il me faudra lui acheter des fournitures. Comment faire avec 9 francs 50 par jour? Je ne peux pas non plus lui acheter des bonbons ou des biscuits. » Le climat régnant dans la bâtisse s’est amélioré, ce qui réconforte cette mère Courage. Pour mémoire, seuls les familles et les cas «vulnérables» y sont logés depuis le début de l’année. «Les flics ne viennent plus.» «Toute la difficulté pour eux est de faire le deuil de leur vie ici», relève Christine Blatti Villalon, la directrice du secteur Est vaudois de l’EVAM.
Un trait d’union
Apporter son soutien à ces individus «dans l’attente d’un miracle», c’est à cela que s’emploie le GAR, pour reprendre les explications de sa présidente, Irène Chaubert. Le mouvement de solidarité est né à l’ouverture du centre, il y a un quart de siècle. Il joue le rôle d’un trait d’union avec la population bellerine. Pique-niques sur le site, leçons de français, parution d’un petit bulletin bimestriel: les activités constituent surtout une occasion de soigner les contacts. «Nous pouvons au moins leur offrir du respect et de la considération», décrit Irène Chaubert, soulagée à l’idée que les tensions qui régnaient un temps autour du centre se soient apaisées.
GAR
Le Groupe d'Appui aux Requérants d'asile de Bex se présente sur son site
Ridoré, premier préfet noir en Suisse
Prudent L’élection de Carl-Alex Ridoré marque-t-elle une évolution de la place de la minorité noire en politique? «Je suis conscient de la portée symbolique d’un tel événement, reconnaît le nouveau préfet. Même si je n’en ai jamais fait un cheval de bataille.» (KEYSTONE)
Le socialiste Carl-Alex Ridoré, d’origine haïtienne, sera le prochain préfet du district fribourgeois de la Sarine. Quelle portée pour cette élection d’un candidat noir, huit mois après celle du premier conseiller national de couleur, Ricardo Lumengo? Un article de Valentine Zubler, dans 24 Heures.
Les citoyens du district de la Sarine ont tranché. Le Fribourgeois Carl-Alex Ridoré, socialiste d’origine haïtienne, est devenu hier, lors du second tour de l’élection, le premier préfet noir de Suisse. Récoltant 11 706 suffrages (59,7% des voix) contre 7914 au démocrate-chrétien Hubert Dafflon, l’étoile montante du PS a fait tomber, du coup, la dernière préfecture PDC du canton dans l’escarcelle de son parti.
La participation a atteint 35,5%, soit une nette baisse par rapport aux 47% du premier tour le 1er juin, où Ridoré était arrivé largement en tête. Le docteur en droit de 36 ans succédera ainsi, le 1er septembre, au démocrate-chrétien Nicolas Deiss.
Le premier préfet noir de Suisse, donc, a été élu à une large majorité. Et cela, huit mois après l’entrée sous la Coupole du premier conseiller national helvétique de couleur, le socialiste bernois d’origine angolaise, Ricardo Lumengo. Tout un symbole pour les Africains vivant dans notre pays, quatorze ans après l’élection à Bulle d’André Ntashamaje (PS), Rwandais d’origine, premier président noir d’un Conseil général suisse. Cette nouvelle élection d’hier marque-t-elle une évolution de la place de la minorité noire en politique?
Pas un cheval de bataille
«Je suis conscient de la portée symbolique d’un tel événement, reconnaît Carl-Alex Ridoré. Même si, répète-t-il volontiers, je n’en ai jamais fait un cheval de bataille.» A en croire le juriste, né et ayant grandi à Fribourg, il n’y a rien de révolutionnaire dans son élection: «Le district de la Sarine s’est de toute façon toujours montré très ouvert», conclut le futur préfet. Le politologue Georg Lutz se garde lui aussi d’évoquer une tendance. «Il est vrai aussi que cette élection est le signe d’une certaine ouverture de la politique, dans les milieux de gauche surtout, où ces candidats s’engagent plus naturellement », note le politologue.
Et à droite? «Une partie des représentants de ces formations a besoin de plus de temps pour s’ouvrir à cette évolution», souligne Georg Lutz. Selon lequel, «ces élections, surtout celle de Ricardo Lumengo, constituent aussi, partiellement, une réaction à la campagne de l’UDC sur les moutons noirs. Il y a eu un effet de solidarisation.»
Facteur politique
Reste que l’élection de CarlAlex Ridoré, espoir du PS fribourgeois, ne constitue pas une surprise. Le socialiste était par ailleurs soutenu par l’ensemble de la gauche, tandis que le candidat PDC Hubert Dafflon était bien esseulé. Les radicaux n’avaient en effet pas donné de mot d’ordre à leurs troupes et l’UDC n’invitait pas ses membres à se rendre aux urnes ou leur conseillait de voter blanc, les deux candidats ne lui convenant pas, car trop à gauche.
Le préfet noir, symbole malgré lui
Edito de Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24 Heures, suite à l'élection de Carl-Alex Ridoré.
C'est peut-être à son corps défendant, puisqu’il affirme ne jamais en avoir fait un cheval de bataille. Mais l’élection de Carl-Alex Ridoré au poste de préfet du district fribourgeois de la Sarine n’en est pas moins un événement. Et un symbole. Celui de l’intégration réussie, mais aussi de l’acceptation de cette différence visible qui, trop souvent encore, conditionne les réflexes primaires et exacerbe les conservatismes. La Suisse, bien sûr, n’a pas ce passé colonial qui charge les relations avec les descendants des peuples colonisés.Contrecoup, le pays a longtemps considéré la présence de gens «de couleur» comme une curiosité, voire une anomalie.
Les temps ont changé. Lentement.
Le métissage, en particulier dans le sport, a accolé la croix blanche sur fond rouge avec davantage de naturel sur des visages aux origines africaines. La correspondance dans le champ politique reste rare.
Voilà pourquoi l’élection d’un préfet noir à Fribourg a une résonance pareille, au-delà des frontières cantonales, bien sûr, mais aussi nationales.
Ce plébiscite somme toute banal, dans un scrutin marqué comme de coutume par un absentéisme plus marqué au deuxième qu’au premier tour, mérite d’être célébré.Les symboles sont fragiles: en France, l’un de ceux qui incarnaient l’espoir des citoyens d’origine africaine de réussite sociale et médiatique, Harry Roselmack, claque la porte de TF1. Il sait qu’il ne sera jamais le présentateur-vedette de la première chaîne télévisée hexagonale.
Carl-Alex Ridoré n’a pas les mêmes aspirations, ni le même impact sur la population. Il a juste été reconnu par ses électeurs pour ses compétences.
C’est tout. C’est (encore) beaucoup.
Un centre de rétention en cendres
Le Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes n’est plus qu’un amas de cendres : il a entièrement brûlé, hier après-midi, sans faire de victimes autres que des personnes incommodées par les fumées, selon la préfecture de police (PP), pour qui 249 personnes se trouvaient dans l’enceinte au moment du sinistre. Dans la pagaille, une cinquantaine de personnes en aurait profité pour s’enfuir, selon la PP. «Nous n’avons aucune certitude qu’il n’y ait personne sous les décombres» , indiquait hier soir la Cimade.
Les deux bâtiments (CRA 1 et CRA 2) ont commencé à flamber, presque simultanément, vers 15 h 45. «Plusieurs foyers d’incendie volontaire ont été détectés» , expliquait la préfecture de police. Rapidement, le feu aurait gagné l’ensemble du bâtiment. «C’était un vrai feu d’artifice. Je n’ai jamais vu un feu pareil. En trois quarts d’heure, tout avait brûlé. C’est simple, il n’y a plus de centre», rapporte une militante de SOS soutien sans-papiers présente sur les lieux.
Crise cardiaque. Selon des retenus contactés par téléphone, il y aurait des dizaines de blessés. «Il y a eu quatorze évacuations du CRA 2» , assurait l’un d’eux. Un autre, retenu dans le CRA 1, faisait état de «dizaines de personnes qui ne pouvaient plus marcher, emmenées sur des brancards». La préfecture indique qu’«aucun blessé grave [n’était] à déplorer» pour le moment. «Cependant, 20 personnes, incommodées par les fumées, ont été transférées à l’hôpital.» Plus de 150 pompiers et une cinquantaine d’engins ont été nécessaires pour lutter contre l’incendie.
Ce sinistre intervient après la vive tension suscitée par la mort, samedi, d’un Tunisien de 41 ans, décidé d’une crise cardiaque, selon la préfecture. Cet homme était retenu suite à une interdiction du territoire, depuis quatre jours à Vincennes. Selon les associations de soutien aux sans-papiers, l’homme aurait fait un malaise. Son compagnon de chambre l’aurait trouvé «dans une posture inquiétante». Les pompiers seraient arrivés sur place «trente à quarante minutes plus tard.» Le Samu, intervenu peu après, aurait passé trois heures sur place. Dans un communiqué, la préfecture répond que l’homme «se trouvait seul dans sa chambre au moment du décès».
Pour l’association SOS soutien sans-papiers, «ce Tunisien n’aurait pas dû être dans le centre de rétention. Il était malade. On a osé dire aux retenus qu’il était mort pendant le transport. Nous allons porter plainte pour non-assistance à personne en danger.» D’après les premières constatations médicales et l’autopsie, aucune «trace anormale» n’a été remarquée sur le corps, selon la PP.
La nouvelle de cette mort a circulé dans les deux centres de rétention. Samedi soir, déjà, des chambres auraient «cramé» et plusieurs incidents se seraient déroulés jusque tard dans la nuit. Pour la préfecture, il y a bien eu une tentative d’incendie de matelas, mais le centre était «relativement calme toute la soirée».
Hier vers 15 heures, quelques militants des collectifs de soutien aux sans-papiers se sont réunis devant le CRA pour demander des comptes sur le décès du Tunisien. A l’intérieur, les retenus ont organisé une cérémonie pour le défunt, explique un retenu joint par téléphone : «Une prière a eu lieu dans la cour. On a ensuite participé à une marche silencieuse. Des gens criaient, certains étaient agités, ils tiraient sur la grille, mais on leur a dit de se calmer. Il fallait respecter la cérémonie. Les policiers étaient très nombreux. Ils nous encadraient. Une fois la cérémonie finie, on devait se disperser. C’est alors que j’ai vu des gens qui sortaient tous les matelas des chambres. Les départs de feu ont commencé.»
Evacués. Certaines personnes font alors la sieste dans les chambres et doivent s’échapper par les fenêtres. Rassemblés et évacués, les retenus sont menés par groupe de 10 dans le gymnase de l’école de police voisine. «On nous a rassemblés au centre et on nous a gazés. Je ne sais pas pourquoi. Beaucoup de gens ont fait des malaises.» Les 200 retenus ont ensuite été transférés dans plusieurs centres de la région.
Depuis la fin 2007, les tensions se répètent au centre de rétention de Vincennes. Le député vert, Noël Mamère a demandé, hier, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, dénonçant les «conditions inacceptables» du quotidien des personnes retenues. De son côté, la Cimade met en cause un centre «non conforme à la réglementation» et regrette «la surdité de la préfecture de police et du ministère de l’Immigration».
14 retenus manquent à l'appel après l'incendie du centre de rétention de Vincennes
Les deux bâtiments du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, le plus grand de France, ont été détruits dimanche dans un incendie provoqué par des personnes retenues. Selon un bilan établi lundi matin, quatorze retenus en ont profité pour prendre la fuite sur les 249 que comptait le centre.
Dans le nuit de dimanche à lundi les retenus, qui avaient été regroupés dans le gymnase de l'école de police proche du CRA, ont été transférés vers d'autres centres en France situés à Lille (Nord), Nîmes (Gard), Palaiseau (Essonne) et Oissel (Seine-Maritime). Sur les dix-huit blessés légers dénombrés lors de cet incendie et qui avaient été conduits à l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, dix s'y trouvaient toujours lundi matin et devaient sortir dans la matinée, selon la PP.
Selon des sources concordantes, tout a commencé après le décès samedi d'un Tunisien sans-papier de 41 ans, mort d'une crise cardiaque. Sa mort a entraîné un rassemblement dimanche d'un collectif de sans-papiers devant le CRA vers 15H00, et selon une source proche de l'enquête, des retenus ont mis le feu à des matelas.
"A 15H45, plusieurs foyers d'incendie volontaire ont été détectés. (...) Le feu s'est propagé et a gravement endommagé les deux centres", -le CRA 1 et le CRA 2-, qui abritent des sans-papiers en attente d'expulsion ou de libération, selon la PP.
"Les deux bâtiments sont entièrement détruits et les personnes ont été évacuées dans le gymnase de l'école de police", situé dans le CRA, a indiqué à l'AFP un policier du syndicat FO police, Luc Poignant, confirmant des informations données par des membres du réseau Education sans frontières présents (RESF) sur place.
Selon Jean-Pierre Brard, député (app. PCF), qui a pu entrer dans le CRA peu après 18H00, il y a eu "au moins 14 blessés", intoxiqués par des gaz lacrymogènes utilisés par des forces de l'ordre pour disperser une manifestation à 14h30 des retenus du centre dans la cour. Le député Verts Noël Mamère a évoqué "une mutinerie" .
A 19H30, le feu était maîtrisé, a constaté une journaliste de l'AFP. L'opération a nécessité une cinquantaine d'engins et plus de 150 pompiers.
Selon la PP, le CRA, d'une capacité maximale de 280 personnes, contenait 249 retenus dimanche. Il a été ces derniers mois plusieurs fois le théâtre de tensions, certains retenus protestant contre leurs conditions de rétention.
Ces incidents interviennent alors qu'un Tunisien de 41 ans est décédé samedi en fin d'après-midi dans ce CRA, "d'une crise cardiaque", selon les premiers éléments de l'enquête. Ce ressortissant tunisien était "sous le coup d'une interdiction définitive du territoire français prise par la cour d'appel de Paris".
Son autopsie dimanche n'a rien révélé d'anormal, selon la PP. "Tant les premières constatations médicales que l’autopsie, réalisée dans le cadre de l’enquête en cours menée par la police judiciaire, écartent la présence de traces anormales", a-t-elle précisé.
Le député Verts Noël Mamère a demandé dimanche la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire, dénonçant les "conditions inacceptables" du quotidien des personnes retenues.
La Cimade, seule association autorisée dans les CRA, a mis en cause un centre "non conforme à la réglementation, déplorant "la surdité de la préfecture de police et du ministère de l'immigration".
Pour France Terre d'asile, ces "événements dramatiques étaient hélas prévisibles". L'association a dénoncé "une politique absurde qui (...) entache notre réputation de terre des droits de l'homme".
http://www.liberation.fr/actualite/societe/334094.FR.php
Un nouveau réseau néonazi s'étend en Suisse romande
Des Romands participeront-ils à la marche nationaliste pour commémorer la bataille de Sempach samedi prochain? Souvent associée à la Suisse alémanique, l'extrême droite radicale se développe aussi en terre romande, à l'abri des regards. Depuis septembre, un nouveau mouvement, appelé les nationaux-socialistes suisses (NSS), étend discrètement ses ramifications depuis Genève. La police genevoise dit en avoir entendu parler, mais elle minimise son influence.
Selon des documents en notre possession, les NSS se définissent comme des skinheads et parlent d'un mouvement «en pleine montée», avec des sections sur le point de se créer dans le canton de Vaud et en Suisse alémanique.
«Il y a une période de formation pour les nouveaux membres. On essaie de prendre des jeunes», explique un militant sur un forum néonazi. Une vidéo de propagande rapidement censurée sur YouTube montrait plusieurs NSS, encagoulés, s'entraînant dans un stand de tir. Le groupuscule a déjà publié deux fanzines haineux, truffés de références nazies affirmant la supériorité de la race blanche.
«Les néonazis s'étaient faits très discrets ces derniers temps et ne sortent plus avec des croix gammées sur leurs blousons. Les NSS sont la preuve qu'ils sont toujours là, qu'ils s'organisent», analyse un éducateur genevois, connaisseur de l'extrême droite. «L'émergence de ce mouvement ne m'étonne pas, confie pour sa part Karl Grünberg, président d'Acor-Sos racisme. Il y a chez les jeunes un terreau violent et raciste qui peut donner naissance à ces groupes.»
Le matériel de propagande des nationaux-socialistes suisses fait froid dans le dos: croix gammées, insignes SS et jargon néonazi émaillent leur fanzine haineux et leur vidéo (Image © DR)
Des discours racistes En toute impunité
Le contenu du fanzine des nationaux-socialistes suisses appelle clairement à la discrimination raciale en déversant des flots d’injures sur les étrangers. Mais leurs auteurs ont peu de risques d’être inquiétés par la loi contre le racisme. L’article 261 bis du Code pénal ne punit l’incitation à la haine raciale que si elle est publique. Ce qui n’est pas vraiment le cas des NSS, qui communiquent certes sur Internet, mais dans des forums privés, protégés par des mots de passe.