samedi 3 mai 2008

Suicide au centre de rétention de Merksplas (Belgique)

Un Camerounais sans papier s’est suicidé, jeudi, au centre fermé de Merksplas. Ebenizer Folefack Sontsa était âgé de 32 ans. Il s’est suicidé durant une pause, après son repas, dans des toilettes, à l’aide de draps. Il avait été placé en cellule d’isolement dimanche, a-t-on appris auprès de son avocat, Me Alexis Deswaef.
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Belga (archives)

L’homme avait fait l’objet d’une tentative d’expulsion samedi passé, au cours de laquelle il aurait subi, selon son avocat, des violences. Un policier aurait placé son genou contre le cou du Camerounais. Des traces de violences étaient apparentes, selon l’avocat, sur le cou et les jambes de son client.

Au cours de cette tentative d’expulsion, dans un avion de Brussels Airlines, un passager, Ngajui Fosso, qui devait rentrer à Douala a entendu les cris du Camerounais qu’on allait expulser. Il a alors expliqué à l’hôtesse qu’il ne « pouvait pas voyager dans ces conditions ». D’autres passagers auraient eux aussi protesté. Quelques minutes plus tard, M.

Fosso et deux autres passagers ont été emmenés par des policiers et conduits dans une cellule de l’aéroport. M. Fosso n’a été libéré qu’une dizaine d’heures plus tard. Il est interdit de vol par la compagnie aérienne pendant six mois.

« La première tentative d’expulsion est considérée comme une invitation à partir et il ne devrait pas y avoir usage de la force », a commenté Me Alexis Deswaef. Une seconde tentative d’expulsion était prévue pour lundi. « M. Folefack n’a pas supporté la perspective d’une seconde tentative d’expulsion et a mis fin à ses jours », a expliqué son avocat.

Pour Me Alexis Deswaef, le gouvernement belge est responsable de la mort de son client. « Mercredi matin, les ministres Onkelinx et Milquet ont insisté au sein du Kern pour établir un moratoire sur les expulsions des personnes qui pourraient faire l’objet d’une régularisation selon les critères de l’accord de gouvernement, mais le gouvernement a refusé. M. Folefack avait de réelles perspectives de régularisation », a-t-il déclaré.

M. Folefack était arrivé en Belgique en 2005. Il avait introduit une demande d’asile qui avait été refusée. Selon son avocat, il aurait pu être régularisé sur base du critère de l’ancrage durable ou d’un contrat de travail.

(D’après Belga)

Un Africain se suicide en Belgique avant son expulsion
Le Monde - Il y a 19 heures
Le suicide, jeudi 1 e r mai, d'un demandeur d'asile camerounais de 32 ans, Ebenizer Folefack Sontsa, dans un centre de rétention, a relancé, en Belgique, ...
Le cdH presse le gouvernement sur la 7sur7
Suicide à Merksplas : le Camerounais aurait subi des violences RTL Info.be
Suicide à Merksplas: des traces de 7sur7

Une campagne en ordre dispersé

Campagne contre l'initiative sur les naturalisations


Campagne contre l'initiative sur les naturalisations Seul l'UDC soutient l'initiative par ses affiches.[Keystone]


Démocrates-chrétiens, Evangéliques et Verts libéraux ont lancé ce matin à Berne leur campagne contre l'initiative de l'UDC dite pour des naturalisations démocratiques. Ils accusent le texte soumis au peuple le 1er juin de favoriser des décisions arbitraires et d'encourager le tourisme de la naturalisation. Les explications de Nicole Lamon.

Naturalisations par le peuple

Les lecteurs de 24 Heures donnent leur avis sur l'initiative de naturalisations par le peuple.


Comment décider ? (photo Urs Flueeler, Keystone)



Pour des naturalisations démocratiques

Lors d’une assemblée du Conseil général, nous devions voter sur la naturalisation d’une famille habitant la commune.J’ai demandé que l’on nous donne quelques informations sur la famille, un citoyen dans la salle s’est levé et nous l’a présentée.

Pour le bonheur de cette famille, le vote fut positif à l’unanimité moins quelques voix.Les candidats à la naturalisa­tion ne sont vraiment connus que de leurs voisins, une natu­ralisation démocratique n’a pas de sens et n’est qu’une formalité dont on peut se passer.C’est aux municipalités qui connaissent les personnes et leur dossier d’approuver les naturalisations.Il faut voter non à l’initiative de l’UDC.

Jean-Jacques Poget, Arnex-sur-Orbe


Quelle tristesse!

Pendant qu’en France Sarkozy va enterrer Césaire en Martini­que, Germaine Tillon part (presque) dans l’indifférence et l’on est bien forcé de reconnaî­tre – paradoxe – que les sans­papiers sont nécessaires à l’économie.

Ici l’UDC lance une initiative «Pour des naturalisations dé­mocratiques » (ça ne s’invente pas!) et nous ressort son affiche digne des illustrations anti­dreyfusardes (manque les on­gles crochus) et de la propa­gande vichyste. Stigmatiser l’étranger et favoriser la xéno­phobie, quelle tristesse!

Gilles Poulou, Lausanne


De la naturalisation par le peuple

L’UDC insiste avec raison sur l’impossibilité d’accorder la moindre confiance aux députés que nous avons élus. La natio­nalité suisse ne peut être oc­troyée que par le peuple.Mais le film Les faiseurs de Suisses montre bien les difficul­tés de la tâche. Que voit-on? Un bon policier, sage et expéri­menté, qui sait percevoir les signes d’inadaptation des candi­dats (leur sac-poubelle brun alors que tous les autres sont noirs, l’absence de rideaux à la fenêtre de leur cuisine…), et déjoue leurs pièges en se pré­sentant chez eux avant l’heure du rendez-vous. Alors qu’en face, le jeune blanc-bec naïf (incarné à l’écran par Emil, un humoriste, c’est tout dire!) se laisse abuser par l’exotisme provocant de la danseuse ou le désordre bruyant des Italiens.On exigera donc la publica­tion dans le journal local (aux frais des requérants) de l’en­semble des documents les concernant: arbre généalogique, vérification de parenté des enfants par l’ADN, certificat de baptême, carnets scolaires, certificat de bonnes moeurs, casier judiciaire, rapport médi­cal détaillé, déclaration d’impôt, etc. Pour les réfugiés soi-disant politiques, on demandera un rapport à la police de leur pays d’origine.

Chaque citoyen de la com­mune, sur présentation de sa carte, pourra sans préavis (sur­tout sans préavis!) inspecter le logement des candidats, chaque jour dès 8 heures (…).Les candidats seront ensuite convoqués devant l’Assemblée du peuple, à la grande salle du village, ou sur la place publique, ou éventuellement au stade municipal. Ils se présenteront avec leurs enfants et répon­dront directement aux ques­tions posées par le peuple, qui votera ensuite avec le pouce, ou par boules blanches ou noires.

Daniel Monthoux, Lausanne


Pour des naturalisations humaines

Ce projet permettra aux ci­toyens d’une commune de définir comment ils veulent naturaliser les étrangers y habitant. C’est donc sur la base de contacts humains et d’une procédure de proximité que nous pourrions désormais décider d’accorder le droit de cité suisse. Pour cela, je vous enjoins à voter oui le 1er juin prochain.

Kevin Grangier, président des Jeunes UDC-Vaud, Aigle


Le Conseil fédéral doit donner des explications

L’initiative dont on a peu parlé en Suisse romande, «Souverai­neté du peuple sans propa­gande gouvernementale», sera bientôt soumise au vote du peuple suisse. Les initiants veulent que le Conseil fédéral se contente d’expliquer les enjeux des votations à venir, avec toutes les options possi­bles. Ils ne veulent pas que le Conseil fédéral impose son choix. Les initiants veulent que le Conseil fédéral soit le servi­teur du peuple, comme la Constitution le stipule. Ils ne veulent pas d’un gouvernement autoritaire.Les médias aux ordres et l’administration fédérale hurlent qu’on veut mettre une «muse­lière » au Conseil fédéral. C’est faux. Au contraire, il faut que le Conseil fédéral parle et donne les explications qu’il doit four­nir, pour que les votants expri­ment leur volonté après avoir soupesé les différentes possibili­tés et choisi celle qui leur con­vient. Celle dont le Conseil fédéral devra prendre acte, que ça lui convienne ou pas. (…)

Daly Chéhab, La Tour-de-Peilz


Ou trop, ou pas assez!

La votation fédérale du 1er juin sur l’initiative «Pour des natu­ralisations démocratiques» aiguise déjà les «plumes».Chacun y va de son explication sur ce sujet sensible, et les uns de défendre une décision par les urnes, pendant que les autres n’y voient qu’un acte administratif.Si la volonté de l’UDC paraît excessive, il n’en demeure pas moins qu‘on a pu constater l’excès contraire où le «passe­port à croix blanche» a été «donné» peut-être trop facile­ment.

Pour éviter la récidive de telles initiatives dites «limitati­ves », il faut prêter plus d’atten­tion à la personne candidate à la naturalisation.Parmi les mesures que les autorités locales peuvent sans conteste mettre en application, signalons une préparation plus poussée des candidats, une attention plus grande à leur témoigner individuellement.

Les «cours à la naturalisa­tion » sont encore beaucoup trop rares (informer le candidat sur son pays d’adoption, l’en­courager à s’engager dans la vie publique, lui rappeler l’honneur de devenir Suisse, voir si les exigences fixées pour l’intégra­tion sont réunies). Cette prépa­ration devrait d’ailleurs même être imposée aux demandes dites «facilitées»!

Si rien n’est entrepris dans tel sens, l’obtention du passeport va vite devenir un acte futile. Et alors, il ne faudra pas s’étonner que certains milieux (re)deman­dent un renforcement des contrôles «par les urnes».

Et ce sera finalement au détriment des Suisses prônant l’ouverture comme des étran­gers candidats à la naturalisa­tion!

Claude Vauthey, Moudon


Les jolis mots et l’image choc

A lire Guy Parmelin, rien à redire, l’argumentation coule, s’enfile et finit par paraître acceptable. Quelle belle image du citoyen responsable qui saura faire la part des choses entre visages bruns et blancs des candidats à la naturalisa­tion, entre les bons et les mé­chants.

Tout comme ce même citoyen saura reconnaître les mains des méchants sur l’image de campa­gne sans nuances de l’UDC, recyclée de la dernière votation similaire. C’est certain, aidé de la sorte, ce bon électeur de naissance ou naturalisé saura trier entre ceux qui veulent du bien à notre belle Suisse et les autres.

Votations du 1er juin ou futures scrutins communaux pour naturaliser des mains venues d’ailleurs, nous savons ce que nous pouvons attendre du Politbüro zurichois de l’UDC. Même une fidèle politicienne de leurs (anciens) rangs, fille d’un ex-conseiller fédéral, ne trouve plus grâce à leurs yeux. Il est vrai que son nom de jeune fille fait penser à des petits hommes bleus venus d’ailleurs… Une main bleue sur la pro­chaine affiche de l’UDC?

Doris Agazzi, Saint-Cierges

Berne promet des accords de renvoi

Les fameux accords de réadmission qui permettent d’expulser des migrants devenus indésirables restent très difficiles à négocier. Un article signé Cédric Waelti dans 24 Heures.

A Genève, le quai Gusta­ve-Addor est prisé. Par les mamans avec pous­settes le jour. Et par les ama­teurs de cannabis ou de «pou­dre » le soir. Excédé, le conseiller d’Etat socialiste Laurent Mouti­not promet d’ouvrir la chasse aux clients. Pour le reste, le responsable de la police gene­voise déplore le fait que nombre de trafiquants d’origine étran­gère, sans identité connue, ne soient pas refoulables. Dans une interview publiée dans Le Matin Dimanche, il incitait récemment Berne à conclure davantage d’ac­cords de renvoi avec les «pays d’Afrique du Nord». Rappelons que la signature de ces traités (bilatéraux ou multilatéraux) est souvent un préalable indispen­sable à l’expulsion. Car nombre de pays refusent d’accueillir leurs expatriés si ceux-ci ne peu­vent pas apporter la preuve de leur nationalité. Par ailleurs, d’autres Etats ne tolèrent pas les renvois sous la contrainte.
42 accords signés
A ce jour, la Suisse a paraphé 42 accords de renvoi. C’est peu et le compteur défile lentement. En outre, ces engagements ne concernent qu’une partie des flux migratoires vers notre pays. Ainsi, si le Conseil fédéral a trouvé un terrain d’entente avec les pays de l’ex-Yougoslavie, et plusieurs anciennes Républi­ques de l’Est, les pays africains rechignent à s’engager sur cette voie.
Les raisons tiennent d’abord au poids économique des émi­grés qui transfèrent une bonne partie de leurs revenus vers leur pays d’origine. En 2006, le Fonds international de développement agricole avait calculé que ces montants étaient de 300 mil­liards de dollars, soit trois fois le montant de l’aide mondiale pu­blique au développement.
Autre problème, qui découle de ce constat, les pays africains sont les premiers à demander, en échange d’un accord, un ac­cès privilégié au marché du tra­vail suisse. En clair, ils souhai­tent davantage de visas pour leurs ressortissants et la fixation d’un quota. Une requête jugée inacceptable pour les autorités, qui négocient uniquement sur une base qualitative. «En assou­plissant les conditions d’octroi des visas», explique Jonas Mon­tani, porte-parole de l’Office fé­déral des migrations (ODM).
Aide au retour négociée
Pour inciter les pays africains à signer des accords, l’ODM uti­lise donc principalement le le­vier de l’aide au retour qui com­porte plusieurs volets. Outre un forfait individuel versé au mi­grant (quelques milliers de francs au mieux), des aides structurelles sont mises en place dans les pays. Comme des cours sur les dangers de l’immigration illégale par exemple. Enfin, il existe un dernier type de soutien possible. «Nous finançons aussi des projets concrets qui permet­tent la réinsertion du migrant dans l’économie locale», ajoute Jonas Montani. Cela peut être l’ouverture d’un commerce.
Toutefois, malgré la volonté d’Eveline Widmer-Schlumpf de poursuivre sur le chemin des accords de réadmission (lire no­tre édition d’hier), les négocia­tions restent difficiles. Le cas des Etats du Maghreb est embléma­tique. La mise en place d’accords dans cette région (avec pro­gramme d’aide au retour) est l’un des objectifs pour l’année 2008. Ce qui était déjà le cas en… 2003. Dans une réponse à une motion au National, le Conseil fédéral déclarait que «le Maghreb et l’Afrique occiden­tale » étaient des priorités. Pour justifier la lenteur des négocia­tions, le gouvernement mettait en avant «de profondes diver­gences en matière d’intérêts compensatoires». Des divergen­ces qui, visiblement, perdurent. «Nous sommes en pourparlers avec le Maroc depuis trois ans, confirme Jonas Montani. Mais nous avons aussi entamé un rapprochement avec la Libye et l’Egypte.» Un accord a égale­ment été signé avec l’Algérie, même si les modalités restent à définir. En ce qui concerne l’Afri­que subsaharienne, seuls le Ni­geria, la Namibie et le Congo ont donné des garanties.