La France propose à ses partenaires de l’Union une coopération renforcée contre l’immigration irrégulière. Un article de Jean-François Verdonnet dans 24 Heures.
La commission sur les quotas d’immigration, présidée par Pierre Mazeaud, juge ceux-ci «inefficaces» (AFP, Eric Feferberg)
Jours ordinaires à Lampedusa: plus de 600 immigrés clandestins sont arrivés hier matin à bord de deux embarcations interceptées au large de l’île sicilienne. Cinquante autres étaient attendus dans la journée: ils avaient été secourus un peu plus tôt, à 32 milles des côtes.
Ceux-là auront au moins échappé à la mort qui, depuis des années, a rattrapé en mer plusieurs centaines d’immigrés. Les plus chanceux rejoindront la cohorte de sans papiers installés dans les pays de l’Union européenne. Selon Europol, l’immigration irrégulière s’y élèverait à 500 000 personnes par an.
Immigration «choisie»Le phénomène est inscrit dans la longue durée. Sur les populations des régions déshéritées du monde, l’attraction de l’Europe est irrésistible et ne disparaîtra pas de sitôt. Quelle stratégie les pays d’accueil peuvent-ils dès lors concevoir?
Au cours des dernières années, les différents pays de l’Union ont suivi des politiques diverses, plus restrictives en France, plus libérales en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni. Or les inquiétudes économiques du moment confortent aujourd’hui ceux qui prônent à la fois plus de concertation et davantage de répression.
Tel est en tout cas le pari du «pacte européen sur l’immigration et l’asile» que la France vient de présenter à ses partenaires. Le projet s’ordonne autour de l’idée d’«immigration choisie » constamment défendue par le président Sarkozy. «L’Union européenne, affirme le texte présenté à Cannes par le ministre Brice Hortefeux, n’a pas les moyens d’accueillir dignement tous les migrants qui espèrent trouver une vie meilleure.» Conséquence: les Etats-membres sont invités à garantir «l’intégration harmonieuse» des travailleurs réguliers et à renforcer leur coopération contre les autres.
Le programme ne va pas jusqu’à assurer une gestion commune des flux migratoires. Il passe en revanche par l’abandon des régularisations «générales» pratiquées à Rome et à Madrid, par des examens «au cas par cas», et par l’adoption de dispositifs contraignants - généralisation de visas biométriques, reconnaissance mutuelle des reconduites à la frontière, coordination plus étroites des polices aux frontières…
Revers inattendu pour SarkozyLe pacte énonce plutôt des principes que les signataires seront en réalité libres de mettre ou non en application. Il n’en traduit pas moins une tension sensible déjà dans les orientations nationales fixées à Paris. Il convient d’«aller jusqu’au bout d’une politique des quotas», déclarait en janvier Nicolas Sarkozy.
Sur ce point cependant, le président français vient de subir un revers aussi cuisant qu’inattendu: dans un rapport qu’elle remettra vendredi, la commission chargée du dossier par Brice Hortefeux, présidée par Pierre Mazeaud, juge les contingents migratoires tantôt «inefficaces», tantôt «sans utilité réelle».