mardi 15 avril 2008

Le défi de l'immigration


Le défi de l'immigration en Italie sur la radio romande

Les électeurs et les électrices devront choisir entre Berlusconi et Veltroni, les deux leaders des principales formations politiques en lice. Parmi les thèmes de la campagne : l'immigration.

Piazza Garibaldi, devant la gare de Naples. Plus qu'ailleurs, c'est ici que l'on se rend compte qu'au fil des ans, le sud de l'Italie est devenu à son tour terre d'immigration. Les nouveaux arrivés viennent d'Afrique, d'Europe de l'est ou d'Asie. Cela crée un choc entre leurs cultures et la culture traditionnelle napolitaine.

Maria Teresa s'occupe d'intégration des étrangers à Naples : « On parle beaucoup d'immigration, mais uniquement en termes de sécurité, en faisant l'amalgame entre la criminalité et l'immigration. » Elle dénonce la démagogie des partis et regrette que le vrai débat ne soit pas abordé: celui sur les valeurs auxquelles l'Italie ne peut renoncer face aux vagues grandissantes des immigrés...

Or, sur le thème de l'immigration, les programmes des deux principaux candidats ne se distinguent pas beaucoup.

L'UDC lance sa campagne avec les mêmes grosses ficelles xénophobes

Lire cette dépêche de l'ATS

L'UDC a lancé mardi sa campagne sur son thème phare, l'initiative sur les naturalisations par les urnes, en recourant à ses vieilles recettes.


Pour sa campagne, l'UDC ressort l'affiche qui avait fait mouche en 2004.
Le parti a recyclé l'affiche qui a permis de faire capoter en 2004 les projets visant à octroyer plus facilement la nationalité suisse.

Pour convaincre le peuple, l'UDC met en scène des mains, dont certaines à la peau brune ou noire, se ruant sur des passeports à croix blanche. «Manifestement cette affiche a su toucher la population», a déclaré le président du parti Toni Brunner devant la presse faisant référence aux votations d'il y a trois ans et demi.

Et le conseiller national st-gallois de se féliciter que l'UDC ait pu empêcher grâce à cet épouvantail la naturalisation facilitée des jeunes étrangers de la deuxième génération et l'octroi automatique du passeport suisse à ceux de la troisième génération.

Criminels, profiteurs, musulmans

Une fois de plus, les démocrates du centre vont brandir la menace de naturalisations en masse pour défendre leur projet en votation le 1er juin. De 1991 à 2007, les cas d'octroi de la nationalité suisse ont presque octuplé. Au total, 450 417 décisions positives ont été rendues durant cette période, soulignent-ils.

Dans leur ligne de mire: les «criminels» et «les profiteurs des assurances sociales» mais aussi les naturalisés provenant des Balkans et de Turquie dont «une partie importante sont des musulmans».

Votations par les urnes

L'initiative populaire «pour des naturalisations démocratiques» vise à contrecarrer des arrêts du Tribunal fédéral (TF) datant de juillet 2003. Mon Repos a alors jugé que les votations organisées sur des naturalisations ont un caractère inconstitutionnel, voire discriminatoire, la décision finale d'accorder ou non le passeport à croix blanche ne pouvant être motivée.

L'UDC veut permettre aux citoyens de fixer eux-mêmes la procédure prévue pour la naturalisation dans leur commune (votation populaire ou décision du législatif communal par exemple). Elle exclut tout recours en cas de refus de la nationalité helvétique.

Même si la naturalisation par les urnes est une pratique cantonnée à la Suisse alémanique, le parti y voit une tradition suisse qui a fait ses preuves. «Les habitants des communes concernées connaissent tout de même mieux les conditions de vue et le caractère des candidats à la naturalisations que des tribunaux et des fonctionnaires coupés de la réalité», a dit Toni Brunner.

Et pas question de permettre au candidat refusé de contester la décision. La naturalisation n'est pas un simple acte administratif mais bien une décision politique qui doit être définitive, selon le conseiller national vaudois Guy Parmelin. Pire aux yeux de l'UDC, le droit de recours inciterait les autorités à accorder plus facilement le droit de cité en cas de doute.

Une naturalisée UDC

Pour convaincre de sa bonne foi, le parti met en avant «sa naturalisée», la conseillère nationale lucernoise d'origine slovaque Yvette Estermann. Selon elle, les membres d'une commune veulent qu'une personne étrangère souhaitant la nationalité suisse ait la volonté de s'intégrer. «Elle apprendra alors plus facilement la langue, nouera des contacts sociaux et finira par aimer sa patrie d'adoption».

Les étrangers ne comprennent d'ailleurs pas pourquoi les autorités de naturalisation ne sont pas plus sévères à l'égard des délinquants, a affirmé la Lucernoise. «Cette situation est particulièrement injuste pour ceux qui travaillent durement, paient leurs impôts et éduquent leurs enfants pour en faire des adultes consciencieux».

Pour le reste, l'UDC balaie l'argument selon lequel son initiative serait contraire au droit international public. Aucune convention internationale ne pose l'octroi du droit de cité comme un droit huminitaire élementaire, note-t-elle.


Adem: bientôt le mariage ?

Adem, le sans-papiers de Bassins, pourrait convoler en justes noces
Lu dans 24heures


Son mariage mettrait fin à des années de lutte pour sa régularisation et arrangerait (presque) tout le monde.

Adem Salihi, l’ex-employé de la commune de Bassins, pourra convoler en justes noces avec une Suissesse. Selon notre confrère
Le Temps, le sans-pa­piers kosovar défendu par toute une région et qui devait être expulsé du territoire suisse, a reçu, après avoir été auditionné, la bénédiction de l’Etat civil vau­dois.
Le «chouchou» de Bassins pourrait donc régulariser sa si­tuation. Selon la procédure, il aurait dix jours pour annoncer sa date de mariage aux autorités cantonales, et 80 jours pour pas­ser la bague au doigt de sa fiancée, une dame de la région qu’il fréquenterait depuis deux ans.
«Nous n’avons reçu aucune information, mais il y a dix jours nous est parvenue une lettre du Service de la population nous demandant de suspendre le rap­port de départ d’Adem, qui était fixé au 14 avril», commente le syndic du lieu, Didier Lohri.
Le canton se refuse à tout commentaire, estimant qu’il s’agit d’une affaire privée. Celle-ci n’est pourtant pas banale, puis­qu’elle met fin à une longue bataille pour la régularisation du sans-papiers. Soulagé, mais écoeuré par un feuilleton qui aurait pu s’arrêter bien avant, le syndic de Bassins reste prudent. «On attend la procédure finale, car je ne crois désormais plus que ce que je vois!» s’exclame Didier Lohri.
Car quelle que soit l’issue de cette procédure, elle laissera un goût amer à ceux qui n’y voient qu’un mariage blanc, et un senti­ment d’inachevé pour ceux qui défendaient le droit d’Adem de rester. La commune de Bassins pourrait-elle réengager son ex­employé? «Je n’en sais rien, nous n’en avons pas discuté en Muni­cipalité et son poste a été re­pourvu », conclut le syndic.
M. S.



Pour être intégré, un étranger doit-il aimer la raclette?

Etranger, une histoire d’amour… par Claude Monnier dans 24heures
L’

idée qu’a eue SSR SRG idée suisse d’organiser une semaine de l’inté­gration était excellente – puis­que notre pays compte 21,9% d’étrangers. A ce bémol près, peut-être, que la notion même d’intégration est floue en dia­ble.
Pour être «intégré», suffit-il en effet à un étranger de parler notre langue? Doit-il apprécier la raclette? Se nourrir de rösti? Se fondre dans la population autochtone au point d’y devenir invisible? Ne doit-il pas plutôt se sentir lui-même à l’aise dans le pays où les zigzags de sa vie personnelle l’ont conduit pour travailler dans une multinatio­nale ou une organisation du système de l’ONU, cultiver les champs, étudier à l’Uni, deman­der l’asile politique, voire trou­ver de petits boulots clandes­tins de survie?
Pour ma part, je crois qu’il y a intégration lorsque la totalité de ces critères sont raisonnable­ment satisfaits. Oui, l’étranger pourra être dit intégré s’il parle à peu près notre langue, ne fait point trop tache, et surtout, surtout, s’il se sent à l’aise parmi nous… Vous me direz que ce n’est pas très limpide comme définition, et vous aurez raison. Cela tient au simple fait qu’aucune vie humaine ne peut être mise en schéma intellec­tuel et administratif carré. Le flou permet mieux de la définir.
A telle enseigne que pour sentir ces choses, il peut être utile d’avoir été soi-même étranger quelque part, durable­ment – plus de 600 000 Helvè­tes font d’ailleurs l’expérience, qui sont établis aujourd’hui hors de Suisse. En vivant à l’étranger – je parle d’expérien­ces personnelles dans deux pays aussi différents que le Ja­pon et le Mexique – on décou­vre en effet une réalité impara­ble: à l’étranger, quoi qu’on fasse, on reste toujours étran­ger!
Ce qui peut devenir très dé­sagréable si l’on échoue à mobi­liser les ressources d’entregent et d’humour qui permettent de désamorcer les discriminations (ne me suis-je pas fait traiter à l’occasion de «sale Européen colonialiste»?) et d’éviter, de
manière plus générale, que les relations ne tournent au vinai­gre. Au vrai, n’importe quel nouveau venu dans une grande école pratiquant le bizutage ou une entreprise riche d’une forte culture maison («il sort d’où, celui-là?»), connaît le même genre de problèmes.
Mais être étranger présente aussi de réels avantages. Plongé dans un milieu qui lui est au début inconnu, l’étranger a une vie pleine d’imprévus, pas tous agréables certes, mais qui l’em­pêchent de jamais s’embêter. Et puis l’apprentissage de la lan­gue, s’il y consent, se révèle vite plus excitant que de remplir des grilles de Sudoku ou de mots croisés – et quel senti­ment de miracle le jour où, demandant son chemin à un passant, il comprend la ré­ponse… un bonheur qu’il faut souhaiter à chacun! Etre étran­ger, c’est enfin être en perma­nence quelqu’un qui intrigue et intéresse les gens du lieu
(«Where are you from?») , quel­qu’un qui existe donc intensé­ment 24 heures sur 24 – cer­tains se damneraient pour cela! Bref, l’intégration est un truc subtil, multifacettes, ambigu, adorable et douloureux, nuancé, inclassifiable… Tous adjectifs que l’on peut aussi appliquer, et ce n’est pas un hasard, aux histoires d’amour, celles qui tournent bien comme celles qui tournent mal.
«Pour être intégré, un étranger doit-il parler notre langue? Aimer la raclette?
Ne point faire tache parmi nous?»

Emmen ne veut plus naturaliser par les urnes!


Derrière ce geste ...souverain, un débat vif sur la naturalisation

Entre 1999 et 2003, à Emmen, le peuple a eu le dernier mot – très souvent négatif – en matière de naturalisation. En y mettant le holà, le Tribunal fédéral a suscité l'initiative populaire de la droite nationaliste en votation le 1er juin.

Il y a comme un malaise, à Emmen dans la banlieue de Lucerne, lorsqu'on parle de naturalisation. Surtout à l'Union démocratique du centre (droite nationaliste /... »

Empêcher des naturalisations non démocratiques

Roger Nordmann, conseiller national socialiste vaudois, explicite la stratégie en quatre piliers de l'UDC pour établir la «nuisance» de «l'étranger», de «l'autre» et du contradicteur en général.
Lire son intervention dans le Temps

La question rom demeure aiguë

Même les activistes défenseurs de leur cause le reconnaissent: seule une meilleure intégration dans leurs pays d'origine peut convaincre les communautés tziganes de ne pas émigrer.
Lire l'article du Temps

Roumanie: l'exil ne séduit plus

•Deux millions de Roumains vivent à l'étranger. Soit environ 10% de la population.
•Mais le boom économique et des hausses de salaire dans le pays attirent les exilés.
• La page de l'émigration est, à l'évidence, en train de se tourner. Libre circulation ou non Roumanie: l'exil ne séduit plus.

Lire l'article du Temps

Etranger, une histoire d’amour…

L'idée qu’a eue SSR SRG idée suisse d’organiser une semaine de l’inté­gration était excellente – puis­que notre pays compte 21,9% d’étrangers. A ce bémol près, peut-être, que la notion même d’intégration est floue en dia­ble. Un article de Claude Monnier, dans la rubrique Réflexion du 24 Heures.

«Pour être intégré, un étranger doit-il parler notre langue? Aimer la raclette? Ne point faire tache parmi nous?» Claude Monnier, chroniqueur


Pour être «intégré», suffit-il en effet à un étranger de parler notre langue? Doit-il apprécier la raclette? Se nourrir de rösti? Se fondre dans la population autochtone au point d’y devenir invisible? Ne doit-il pas plutôt se sentir lui-même à l’aise dans le pays où les zigzags de sa vie personnelle l’ont conduit pour travailler dans une multinatio­nale ou une organisation du système de l’ONU, cultiver les champs, étudier à l’Uni, deman­der l’asile politique, voire trou­ver de petits boulots clandes­tins de survie?
Pour ma part, je crois qu’il y a intégration lorsque la totalité de ces critères sont raisonnable­ment satisfaits. Oui, l’étranger pourra être dit intégré s’il parle à peu près notre langue, ne fait point trop tache, et surtout, surtout, s’il se sent à l’aise parmi nous… Vous me direz que ce n’est pas très limpide comme définition, et vous aurez raison. Cela tient au simple fait qu’aucune vie humaine ne peut être mise en schéma intellec­tuel et administratif carré. Le flou permet mieux de la définir. A telle enseigne que pour sentir ces choses, il peut être utile d’avoir été soi-même étranger quelque part, durable­ment – plus de 600 000 Helvè­tes font d’ailleurs l’expérience, qui sont établis aujourd’hui hors de Suisse. En vivant à l’étranger – je parle d’expérien­ces personnelles dans deux pays aussi différents que le Ja­pon et le Mexique – on décou­vre en effet une réalité impara­ble: à l’étranger, quoi qu’on fasse, on reste toujours étran­ger!
Ce qui peut devenir très dé­sagréable si l’on échoue à mobi­liser les ressources d’entregent et d’humour qui permettent de désamorcer les discriminations (ne me suis-je pas fait traiter à l’occasion de «sale Européen colonialiste»?) et d’éviter, de manière plus générale, que les relations ne tournent au vinai­gre. Au vrai, n’importe quel nouveau venu dans une grande école pratiquant le bizutage ou une entreprise riche d’une forte culture maison («il sort d’où, celui-là?»), connaît le même genre de problèmes.
Mais être étranger présente aussi de réels avantages. Plongé dans un milieu qui lui est au début inconnu, l’étranger a une vie pleine d’imprévus, pas tous agréables certes, mais qui l’em­pêchent de jamais s’embêter. Et puis l’apprentissage de la lan­gue, s’il y consent, se révèle vite plus excitant que de remplir des grilles de Sudoku ou de mots croisés – et quel senti­ment de miracle le jour où, demandant son chemin à un passant, il comprend la ré­ponse… un bonheur qu’il faut souhaiter à chacun! Etre étran­ger, c’est enfin être en perma­nence quelqu’un qui intrigue et intéresse les gens du lieu («Where are you from?») , quel­qu’un qui existe donc intensé­ment 24 heures sur 24 – cer­tains se damneraient pour cela! Bref, l’intégration est un truc subtil, multifacettes, ambigu, adorable et douloureux, nuancé, inclassifiable… Tous adjectifs que l’on peut aussi appliquer, et ce n’est pas un hasard, aux histoires d’amour, celles qui tournent bien comme celles qui tournent mal.

CLAUDE MONNIER
CHRONIQUEUR

«Pour être intégré, un étranger doit-il parler notre langue? Aimer la raclette?
Ne point faire tache parmi nous?»

Adem Salihi pourrait convoler en justes noces

Son mariage mettrait fin à des années de lutte pour sa régularisation et arrangerait (presque) tout le monde. Un article de 24 Heures.

Adem Salihi, ex-employé communal de Bassins, aurait reçu l’autorisation de se marier.

Adem Salihi, l’ex-employé de la commune de Bassins, pourra convoler en justes noces avec une Suissesse. Selon notre confrère Le Temps, le sans-pa­piers kosovar défendu par toute une région et qui devait être expulsé du territoire suisse, a reçu, après avoir été auditionné, la bénédiction de l’Etat civil vau­dois.
Le «chouchou» de Bassins pourrait donc régulariser sa si­tuation. Selon la procédure, il aurait dix jours pour annoncer sa date de mariage aux autorités cantonales, et 80 jours pour pas­ser la bague au doigt de sa fiancée, une dame de la région qu’il fréquenterait depuis deux ans.
«Nous n’avons reçu aucune information, mais il y a dix jours nous est parvenue une lettre du Service de la population nous demandant de suspendre le rap­port de départ d’Adem, qui était fixé au 14 avril», commente le syndic du lieu, Didier Lohri.
Le canton se refuse à tout commentaire, estimant qu’il s’agit d’une affaire privée. Celle-ci n’est pourtant pas banale, puis­qu’elle met fin à une longue bataille pour la régularisation du sans-papiers. Soulagé, mais écoeuré par un feuilleton qui aurait pu s’arrêter bien avant, le syndic de Bassins reste prudent. «On attend la procédure finale, car je ne crois désormais plus que ce que je vois!» s’exclame Didier Lohri.
Car quelle que soit l’issue de cette procédure, elle laissera un goût amer à ceux qui n’y voient qu’un mariage blanc, et un senti­ment d’inachevé pour ceux qui défendaient le droit d’Adem de rester. La commune de Bassins pourrait-elle réengager son ex­employé? «Je n’en sais rien, nous n’en avons pas discuté en Muni­cipalité et son poste a été re­pourvu », conclut le syndic. M. S.