vendredi 4 avril 2008

France : La chasse aux sans-papiers s'intensifie dans les préfectures

Catherine Coroller
LIBERATION.FR : vendredi 4 avril 2008



Les arrestations d'étrangers en situation irrégulière sont de plus en plus nombreuses dans les préfectures. Comme à Bobigny, jeudi, où neuf personnes ont été interpellées. Une manif est prévue à Paris samedi à 14 heures.

De plus en plus d'arrestations de sans-papiers ont lieu au guichet des préfectures, d'autres à proximité. Se rendre en préfecture pour avoir des nouvelles de son dossier devient donc une opération à hauts risques pour les étrangers en situation irrégulière.

Ce vendredi matin, une quarantaine de personnes, dont des élus de gauche des Hauts-de-Seine et des militants associatifs, ont manifesté devant la préfecture de Nanterre pour protester contre les arrestations de sans-papiers au guichet. Objectif: «alerter les sans-papiers sur les risques qu'ils encourent dans cette préfecture», a expliqué Manuel Devillers, conseiller municipal (Verts) à Nanterre, membre de la FCPE (parents d'élèves) et de RESF (Réseau éducation sans frontières).

Selon Nicole Garcia, conseillère générale PCF des Hauts-de-Seine, «les gens qui se présentent doivent d'abord remettre leur passeport. Ensuite, on les arrête à l'arrière du guichet pour éviter tout scandale».

«Absence de motifs sérieux de régularisation»

Dans un communiqué, la préfecture des Hauts-de-Seine a reconnu que «depuis début 2008, quatorze étrangers en situation irrégulière ont été interpellés» dans ses murs. «Avant chaque interpellation, la personne concernée a été réentendue par un cadre du bureau des étrangers, qui a une fois encore vérifié l'absence de motifs sérieux de régularisation», précise-t-elle.

Jeudi, neuf sans-papiers avaient été arrêtés à Bobigny (Seine-Saint-Denis), au métro Pablo Picasso, alors que certains se rendaient en préfecture, d'autres résidant dans cette commune.

Quand l'EHESS appelle la police

D'autres sans-papiers ont tenté de se faire entendre ce matin. Une centaine de membres de la coordination 75, dont des familles avec enfants, ont occupé les locaux de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), boulevard Raspail, à Paris. Selon des enseignants présents sur place, ces étrangers en situation irrégulière demandaient à la direction de l'établissement d'intercéder pour leur obtenir un rendez-vous avec le ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux. Au lieu de cela, les responsables de l'école auraient appelé la police.

Des «étudiants, enseignants et chercheurs rattachés à l'EHESS» ont publié un communiqué dans lequel ils expriment leur «solidarité avec les sans-papiers réfugiés dans l'école et [leur] refus de les voir expulsés». La présidence de l'école s'est également fendue d'un communiqué, dans lequel elle affirme avoir « fermement relayé auprès du cabinet du ministre de l'immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire une demande de rendez-vous formulée par les représentants des associations», précisant qu' «à [son] regret, le cabinet de M. Hortefeux a opposé une fin de non-recevoir à cette demande». Les occupants, «refusant de quitter les lieux», ont été évacués par la force publique. La direction de l'EHESS affirme toutefois avoir obtenu «l'assurance qu'il ne serait procédé à aucune interpellation».

Samedi, les associations de défense des étrangers appellent à une "journée de mobilisation nationale contre la politique du gouvernement envers les sans-papiers". A Paris, la manifestation partira à 14 heures de la place d'Italie.

Immersion dans l'islam européen




Kiosque: dans un numéro hors série, le «Spiegel» pose les questions qui dérangent.
Lire l'article d'Eric Petignat dans le Temps

Plus de trois millions de musulmans en Allemagne et en France, plus de 300000 en Suisse: l'islam est devenu la deuxième religion en Europe. Mais ses valeurs sont-elles compatibles avec celles de la société occidentale? Comment vivre ensemble alors qu'en Allemagne, par exemple, 61% de la population pense qu'islam et christianisme ne peuvent pas cohabiter et que 83% rangent les musulmans dans les rangs des intégristes et des fanatiques?

Lien vers ce numéro spécial du Spiegel

France: baisse des demandes d'asile en 2007

Baisse de la demande d'asile en 2007
Le nombre de demandes d'asile en France a baissé de 9,7 % en 2007 par rapport à 2006, une tendance amorcée en 2004, révèle le rapport annuel de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) publié aujourd'hui.

La baisse des demandes a cependant fortement ralenti, après avoir été en 2006 de plus de 33% pour la troisième année consécutive.

La France qui, jusqu'en 2006, était la première destination des demandeurs d'asile en Europe, est passée en 2007 au deuxième rang après la Suède.

Les Maliens, les Erythréens et les Rwandais figurent parmi les demandeurs qui accèdent le plus facilement au statut de réfugié.
En ce qui concerne les déboutés, les trois premières nationalités sont les Turcs, les Chinois et les ressortissants de la RDC.

Source: AFP

Semaine de l'intégration


Du 6 au 13 avril, la TSR met l'accent sur l'intégration des étrangers: qui sont-ils ? quelles sont leurs préoccupations ? Début de réponse sur le site de la TSR et sur Vivre ici
Au programme sur la TSR:
  • les dimanches 6 et 13 avril, Mise au Point diffusera deux reportages réalisés par des étrangers
  • chaque soir, le Journal présentera une personnalité dont l'intégration est particulièrement remarquable
  • le mardi 8 avril, Infrarouge proposera un débat sur le thème de l'intégration: "Peut-on vraiment devenir suisse ?"
  • le jeudi 10 avril, Temps Présent mettra l'amour en vedette: "Amour made in Switzerland", un kaléidoscope amoureux et multiculturel
De plus la TSR a glissé une caméra dans une classe d'accueil, à Lausanne. Les onze élèves de cette classe spéciale à Lausanne viennent de Bolivie, de Pologne, du Brésil, de l'Equateur, du Panama ou du Portugal. Jeunes migrants, ils ne connaissent la Suisse que depuis quelques mois, parfois quelques jours. Du 7 au 13 avril, chaque jour, après l'émission "D'ici et d'ailleurs" à 16h30, les protagonistes de l'épisode attendent vos commentaires, questions et réactions derrière leur ordinateurs. A voir sur TSR2, chaque jour du lundi 7 au vendredi 11 avril à 7h18 et 16h20 ou sur internet.

L’inviolabilité du SPOP contestée en justice

Baptisé «Alliance Suisse», un groupuscule anti-étrangers conteste l’interdiction des arrestations au SPOP. Un article paru dans 24 Heures.
Ce fut l’article le plus discuté de la nouvelle loi vaudoise d’appli­cation des lois fédérales sur l’asile. Le 18 décembre dernier, après avoir changé deux fois d’avis et à une seule voix de majorité, les députés vaudois décidaient de faire des locaux du Service de la population (SPOP) un sanctuaire pour les requérants déboutés.
Pourvu qu’il n’ait pas été con­damné pénalement, un requé­rant débouté ne risque donc pas l’arrestation lorsqu’il va au SPOP pour répondre à une con­vocation ou recevoir une pres­tation. Ce sauf-conduit est éga­lement valable dans les deux heures qui suivent ou précèdent la convocation. Pour les députés de gauche, il s’agissait de ne pas rompre un lien de confiance avec l’administration. Ceux de droite ont dénoncé la création d’une zone de non-droit.
«Le fléau des illégaux»
La Cour constitutionnelle tranchera. La disposition a en effet été attaquée par Alliance Suisse, qui revendique 600 membres. Son président, Claude Resin, a déjà tenté sans succès d’empêcher l’octroi des droits politiques communaux aux étrangers. «L’immigration illégale, juge-t-il, est le principal fléau de notre pays», et il est particulièrement remonté con­tre les délais d’impunité concé­dés aux requérants: «On se mo­que de forces de l’ordre.» Sur le point attaqué, le re­cours a obtenu l’effet suspensif, comme un second recours, qui s’attaque à l’interdiction d’un renvoi tant qu’une procédure est ouverte. Là, c’est l’Etat qui est intervenu, jugeant cet ajout con­traire à la loi fédérale.