vendredi 24 septembre 2010

Des villes unies face au racisme

G Amarelle opinion tract Gabrielle Amarelle, déléguée à l’intégration de la ville de Lausanne, est l’invitée de la rubrique Opinions de 24 Heures.

Le tract diffamatoire à l’encontre des requérants d’asile distribué récemment dans un quartier lausannois est une preuve tangible supplémentaire que le racisme et la xénophobie sont présents dans notre vie quotidienne. Pourtant, depuis près de quarante ans, la ville de Lausanne investit de manière constante en matière d’intégration, afin de favoriser une meilleure cohésion sociale dans l’espace urbain.

Selon le dernier rapport d’évaluation externe, la situation en matière d’intégration à Lausanne peut être qualifiée de bonne. Cette qualification sans conteste positive est certainement aussi le résultat des efforts réalisés par la collectivité dans son ensemble. Pouvoirs publics, organismes spécialisés, associations: tous apportent leur contribution.

Cependant, la promotion de l’intégration n’est pas suffisante si elle ne comprend pas un axe ambitieux de lutte contre les discriminations et de prévention du racisme.

Ce n’est que depuis une dizaine d’années que la Suisse prend conscience que le racisme a un coût individuel et social. Le Conseil fédéral vient récemment de reconnaître que «peu de procès pour discrimination sont intentés. Pour que le droit en vigueur soit plus souvent appliqué, il faut que le public en ait une meilleure connaissance, qu’il s’agisse des victimes potentielles de discrimination ou de la société en général.»

Dans l’univers du travail, des loisirs, de l’école, des transports publics, du logement, le droit existant est souvent sans effet. Or, tous les jours, des personnes sont pénalisées dans la recherche d’un emploi ou ne bénéficient pas du même accès aux services en raison de leur couleur de peau, de leur nationalité ou de leur appartenance religieuse.

C’est précisément dans ces cas, évidemment les plus nombreux au quotidien, qu’il est important de pouvoir recourir aux instruments différenciés de prévention et d’intervention dans le but de contribuer à un changement d’attitude.

Proches des citoyens, les espaces urbains sont non seulement des lieux de confrontation, mais aussi des laboratoires privilégiés pour apprendre à vivre ensemble et pour prévenir le racisme. Les pouvoirs publics communaux disposent en général de l’autonomie de décision, des moyens d’intervention et des réseaux nécessaires pour passer du discours à la pratique .

La conférence nationale «Les villes s’engagent contre le racisme», organisée en ce jour par la Commission fédérale contre le racisme et le Bureau lausannois pour l’intégration des immigrés, vise justement à renforcer le réseau des villes engagées en la matière. C’est dans ce cadre que la ville de Lausanne présentera son programme de prévention du racisme.

Sensibiliser la population et prévenir le racisme, soutenir les victimes, observer et évaluer les discriminations, ainsi que promouvoir des pratiques équitables constitueront les quatre pôles concrets d’action. L’ensemble des mesures proposées en matière de prévention du racisme vient concrétiser l’engagement résolu de Lausanne – première ville romande à adhérer pleinement à la Coalition européenne des villes contre le racisme.

Au moins “un” papier

Courrier de lecteur à propos de l’éditorial de Mehdi-Stéphane Prin intitulé «La sagesse l’emporte sur la maladresse de Tosato» (24 heures du 15 septembre 2010).

Sur l’impulsion courageuse d’élus vaudois et genevois, le parlement fédéral vient de faire preuve d’un courage supplémentaire, celui de corriger légalement une inégalité, et cela au niveau national. Même si ça ne règle rien de la question de fond et met le tout dans la zone grise d’une autre loi, celle du travail.

Bien sûr, certains politiciens crient au scandale face au centre-gauche qui ne verrait pas venir les dangers liés aux étrangers. C’est que l’occasion est trop belle pour la laisser passer!

Retenons l’essentiel: la possibilité donnée à des enfants. Des jeunes presque d’ici, car leurs parents vivent, travaillent et cotisent dans l’ombre parmi nous depuis des années. Ces jeunes sans permis, arrivés au terme de leur scolarité, auront ainsi la possibilité de se doter d’au moins un papier, d’un papier concret, attestant une formation. Même si aucune garantie officielle ne peut leur être donnée pour la suite. C’est au moins leur donner une possibilité d’avenir (où qu’il soit) à un moment charnière de leur vie.

Et puis ça fera quelques jeunes désœuvrés en moins dans la rue, à grossir des statistiques bien chères à certains élus. Mais c’est peut-être cela que ces derniers regrettent?

Un courrier signé Doris Agazzi, St-Cierges, dans 24 Heures

Pas si vite !

Courrier de lecteur à propos de l’éditorial de Mehdi-Stéphane Prin intitulé «La sagesse l’emporte sur la maladresse de Tosato» (24 heures du 15 septembre 2010).

Evoquant l’acceptation par le Conseil des Etats d’une motion qui propose d’ouvrir l’apprentissage aux sans-papiers, Mehdi-Stéphane Prin écrit: «La Municipalité de Lausanne et le Conseil d’Etat doivent rapidement trouver une solution permettant d’offrir une formation pratique aux jeunes clandestins.»

C’est aller un peu trop vite. Le Conseil national a accepté la motion en premier, le Conseil des Etats en second, et maintenant le texte est renvoyé au Conseil fédéral.

L’exécutif va élaborer un projet de loi qui devra être adopté par les Chambres, et la loi modifiée devra subir l’épreuve du délai référendaire. Sur une décision d’une portée symbolique aussi grande, j’estime que le peuple doit se prononcer.

Alors que la gauche pleurniche constamment qu’il manque des places d’apprentissage, comment pourra-t-on expliquer à un jeune Vaudois que la place qu’il convoitait a été attribuée à une personne en situation illégale?

Un courrier signé François Brélaz, député UDC, Epalinges, dans 24 Heures

Gonflés à bloc, les Genevois veulent plus pour les sans-papiers

Il faut faciliter la régularisation des clandestins vivant en Suisse depuis longtemps. C’est le projet de Luc Barthassat (PDC) et Jean-Charles Rielle (PS), encouragés par la récente décision d’ouvrir l’apprentissage aux illégaux.

genève régularisation sans-papiers

Luc Barthassat est homme à battre le fer pendant qu’il est chaud. Moins de dix jours après avoir obtenu, contre toute attente, que le Conseil des Etats approuve sa motion demandant que les jeunes illégaux puissent suivre un apprentissage, le démocrate-chrétien revient avec une nouvelle proposition touchant les sans-papiers. Pour la circonstance, le conseiller national genevois s’est allié avec un autre résident du bout du lac, le socialiste Jean-Charles Rielle. Ensemble, ils déposeront mercredi prochain deux motions visant le même but: la régularisation facilitée des sans-papiers vivant en Suisse depuis longtemps.

Les deux élus expliquent: «La loi actuelle qui, souvent, ne permet pas d’expulser des étrangers ayant commis de graves délits chez nous contraint pourtant à expulser un individu et sa famille intégrée», critique Jean-Charles Rielle. Le tandem genevois a en tête le cas des Selimi, famille kosovare vivant à Genève et menacée de renvoi, malgré un long séjour en Suisse et une bonne intégration, puis finalement régularisée. «En Suisse, il y a des centaines de familles Selimi!» lance Luc Barthassat. Le duo propose d’introduire dans la loi sur les étrangers la notion de «prescription» au chapitre des conditions d’admission. Un clandestin serait ainsi admis en Suisse s’il peut prouver que son séjour ici dépasse, par exemple, cinq ou dix ans (les deux motions divergent sur la durée). Cette dérogation ne serait accordée que sous des conditions strictes. Le clandestin devra fournir des preuves d’intégration, d’autonomie financière, ou encore de sa volonté de suivre une formation. La situation familiale, en particulier le parcours scolaire des enfants, sera prise en compte. Enfin, insistent les motionnaires, le lourd passif pénal d’un clandestin sera rédhibitoire. Par leur proposition, Luc Barthassat et Jean-Charles Rielle visent à «améliorer» la réglementation actuelle sur les «cas de rigueur», qui permet aujourd’hui de régulariser les clandestins au cas par cas, selon une liste de critères (intégration, respect de l’ordre juridique). Mais la longueur du séjour minimum n’y est pas précisée.

Brusquer les élus?

Les motionnaires ne risquent-ils pas, en revenant si vite avec une nouvelle proposition favorable aux sans-papiers, de braquer de nombreux élus bourgeois qui, déjà opposés à l’ouverture de l’apprentissage, craignent un appel d’air et dénoncent une «prime à l’illégalité»? «Je ne pense pas que nous allions trop vite, répond Luc Barthassat, puisque la modification d’une loi peut prendre des années. Convaincre le parlement ne sera pas facile. Mais il est temps de trouver une solution pour ces quelque 100 000 clandestins qui répondent à un besoin de notre économie. N’oublions pas que ces gens contribueront aussi à payer nos retraites.»

Vaud et Genève sont quasi les seuls cantons à envoyer à Berne des demandes de régularisation pour les clandestins. L’an dernier, l’Office des migrations a répondu favorablement à 63 demandes genevoises (sur 138 envoyées). Vaud a obtenu 22 autorisations, sur 39 demandées.

Martine Clerc dans 24 Heures

Nouvelle profanation à Strasbourg

Une trentaine de sépultures musulmanes ont été profanées, dans la nuit de jeudi à vendredi, dans un cimetière strasbourgeois, situé dans le quartier de la Meinau. "Il y en a marre de ces crétins qui polluent la République", s'est insurgé le conseiller général du canton, Jean-Philippe Maurer (UMP).

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C'est la quatrième profanation de ce type depuis le début de l'année. La deuxième visant des tombes musulmanes. Vendredi matin, le gardien du cimetière, situé dans le quartier de la Meinau à Strasbourg, a fait une bien triste découverte: une trentaine de tombes profanées, brisées ou renversées. Trois croix gammées ont également été découvertes, tracées au sol dans le gravier, a indiqué la municipalité. Fin juin, ce sont des sépultures musulmanes du quartier de la Robertsau qui avaient été abîmées. Il y a peu, deux cimetières israélites avaient aussi été victimes de dégradations et d'inscriptions racistes dans le secteur de Conenbourg et dans la commune de Wolfisheim.

"Il y a manifestement dans cette ville un ou des groupuscules qui s'en prennent aux morts et qu'il faut mettre hors d'état de nuire", a déclaré le sénateur-maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, rapporte le site des Dernières Nouvelles d'Alsace . Avant d'ajouter: "Ces actes sont la négation de la civilisation et vont à l'encontre des traditions humanistes de Strasbourg." Roland Ries s'est rendu, en fin de matinée, dans le cimetière profané, tout comme le procureur de la République, Patrick Poirret, et les responsables religieux musulmans. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé sa "profonde indignation" et appelle, dans un communiqué, les pouvoirs publics "à tout mettre en oeuvre pour arrêter et punir sévèrement les auteurs de cet acte odieux".

Egalement présent sur place, le député et conseiller général du canton de la Meinau, Jean-Philippe Maurer (UMP), a tenu, dans un communiqué, à condamner fermement ces actes "criminels". "Il y en a marre des crétins qui polluent la République", s'est-il insurgé. De son côté, le maire – déplorant un "acte raciste insupportable" – a appelé à la "mobilisation de tous", car "ce qui se passe à Strasbourg est grave".

JDD.fr