mardi 6 octobre 2009

Bâle interdit l’affiche antiminarets


RACISME | Les opposants à la construction de minarets ne pourront pas placarder leurs affiches sur les murs de la cité rhénane. D’autres villes songent à interdire la campagne.

KEYSTONE
© KEYSTONE | Le peuple suisse votera le 29 novembre sur le sujet.

S.K. | 06.10.2009 | 11:16

L’affiche des antiminarets, montrant une femme voilée et des tours de prières poussant sur un drapeau suisse n’aura pas droit de cité dans l’espace public bâlois. «Elle est en infraction avec le paragraphe 7 de notre règlement sur l’affichage», note le Département des constructions. Celui-ci interdit toute campagne «à contenu raciste ou discriminatoire».

En Suisse alémanique, d’autres villes, comme Lucerne, Zurich et Winterthour, se sont penchées sur l’affiche litigieuse, sans trancher pour l’instant. Avant de se prononcer sur une éventuelle interdiction, les Municipalités ont demandé son expertise à la Commission fédérale contre le racisme. Son verdict devrait tomber en fin de semaine.

Pour le président du comité de l’initiative antiminarets, le conseiller national UDC Walter Wobmann, la décision bâloise est un affront: «autant abolir totalement la démocratie», s’insurge le Soleurois dans le «Tages-Anzeiger». Pour lui cette décision est évidemment politique, mais il ne s’avoue pas vaincu pour autanz: «Nous ferons soit de l’affichage sauvage, prévient-il, ou alors nous placerons nos placards sur des espaces privés».

La droite populiste veut imposer une taxe sur le port du foulard

Geert Wilders, le chef de file de la droite populiste, veut lancer une taxe sur le foulard islamique, à hauteur de 1000 euros par an pour chaque femme qui voudrait en porter. Cette proposition, faite le 18 septembre au parlement, en plein débat sur le budget, a d'abord fait rire les députés, qui ont cru à une blague. Mais Geert Wilders a calmement expliqué qu'il voulait faire payer pour la «pollution au foulard» dans les rues néerlandaises, suscitant d'innombrables réactions. Pour la première fois depuis janvier, la cote de popularité du leader populiste a décliné. Son Parti pour la liberté (PVV) n'en reste pas moins le plus populaire, crédité de 28 sièges au parlement

par un sondage TNS Nipo/RTL du 23 septembre. Il ne détient aujourd'hui que 9 sièges, mais pourrait battre à plate couture les chrétiens-démocrates au pouvoir, lors des législatives de 2011. Geert Wilders est en pleine ascension depuis qu'il est poursuivi en justice pour incitation à la haine, à cause de son film anti-islam, Fitna. Il a déjà annoncé qu'il ferait de son procès, qui s'ouvrira le 20 janvier, une tribune de campagne.
En attendant, il pose problème aux grands partis néerlandais, divisés sur la stratégie à adopter à son égard. Certains sont prêts à gouverner avec lui, d'autres préconisent au contraire un «cordon sanitaire» pour le tenir à l'écart. En attendant, la droite com-

me la gauche reprennent les thèmes de Wilders. Femke Halsema, dirigeante du parti écologiste Groenlinks et dernière avocate du multiculturalisme, a admis en août que l'islam lui posait problème. Quant au ministre travailliste de l'Intégration, Eberhard van der Laan, il s'apprête à interdire les mariages entre cousins germains. Son projet de loi vise à réduire le nombre de «mariées importées», 15 000 personnes, essentiellement des femmes, qui viennent chaque année du Maroc et de Turquie. Selon le ministre, cette endogamie nuit à l'intégration, mais aussi à la santé publique à cause des enfants handicapés issus des mariages consanguins. LIBÉRATION

Un élève musuman obtient le droit de prier à l'école

l'UDC marche à découvert

L'UDC Genève objet d'une plainte pour diffamation

L'UDC Genève objet d'une plainte pour diffamationL'ouverture de la frontière par les transports pose encore problème[© richard villalon ]

EDITORIAL dans la TdG| «Le Ceva? Un nouveau moyen de transport pour la racaille d’Annemasse». Oui, la publicité de l’UDC parue dans les éditions d’hier de ce journal est choquante. Une publicité parfaitement en ligne avec la communication provocatrice du parti agrarien qui en permanence flirte avec les limites du tolérable pour mieux se vendre.

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Pierre Ruetschi | 05.10.2009 | 20:18

«Le Ceva? Un nouveau moyen de transport pour la racaille d’Annemasse». Oui, la publicité de l’UDC parue dans les éditions d’hier de ce journal est choquante. Une publicité parfaitement en ligne avec la communication provocatrice du parti agrarien qui en permanence flirte avec les limites du tolérable pour mieux se vendre.

Voici donc qu’après les «moutons noirs» et «homosexuels inféconds», le parti d’extrême droite s’attaque à nos voisins français en empiétant sur les terres traditionnelles et xénophobes du MCG. Est-ce que le parti a cette fois franchi la ligne rouge? Celle de l’indécence dans l’action politique est certes franchie mais ce n’est pas la première fois. Devions-nous Tribune de Genève refuser de faire paraître cette annonce? Clairement non. Nous pourrions invoquer le fait que cette publicité ne contrevient certainement pas au droit, aussi grossière et blessante soit-elle. Ce n’est évidemment pas suffisant.

Si nous avons décidé de publier le message de l’UDC dans nos colonnes, c’est pour des raisons et des principes clairs.

D’abord, il est sain en démocratie de maintenir la plus grande liberté d’expression possible, dans les limites du droit bien entendu. Chaque parti, chaque candidat doit pouvoir se présenter sous son vrai jour. Or, la publicité en question montre le vrai visage de l’UDC, sans fard ni artifice.

Racaille? Ainsi parle le parti. Mépris de l’autre? Le doute n’est plus permis. L’UDC genevoise marche à visage découvert dans cette campagne. Et ce n’est pas à la presse de censurer les candidats mais bien aux citoyens de les sanctionner en les éliminant dans l’isoloir ce dimanche s’ils ne se reconnaissent pas dans le programme du parti.

Il se pourrait bien que la provocation organisée par Soli Pardo, le chef de l’UDC genevoise dépasse toutes les attentes pour donner de la visibilité à la campagne végétative de son parti. Car en disant «racaille», il a semé la pagaille au sein même de l’appareil. Un parti qui se retrouve donc divisé à cinq jours des élections! Pas très porteur pour ses candidats. Bonne nouvelle en revanche pour les Annemassiens. Il n’est pas exclu que les Genevois lavent l’affront fait aux amis français dans les urnes ce dimanche. A suivre.

Populace et fripouilles d’Annemasse


Olivier Perrin dans le Temps

(DR)

(DR)

La publicité de l’UDC Genève contre la «racaille» de la cité frontalière, parue lundi dans la «Tribune de Genève», déchaîne les passions. Elle montre un parti extrémiste «sans fard ni artifice», mais «mise sur une humanité perdante» en mettant le feu à la région

C’est la caricature de Herrmann qui dit tout de cette nouvelle Genferei extrémiste. Un encart publicitaire de l’UDC paru lundi dans la Tribune de Genève a mis hors de lui le maire d’Annemasse Christian Dupessey. Le texte évoque la «racaille» de la ville française qui pourra venir plus facilement à Genève grâce à la liaison ferroviaire CEVA. Mais soyons clairs sur les termes. «Racaille», selon Le Robert, égale «populace méprisable», «ensemble de fripouilles». Comme cela, on sait de quoi on parle.

Grosse polémique, donc, qui fait la Une du quotidien genevois ce matin,éditorial à la clé, où Pierre Ruetschi, le rédacteur en chef de la «Julie», vitupère et s’interroge tout à la fois: «Le Ceva? Un nouveau moyen de transport pour la racaille d’Annemasse». […] Devions-nous, Tribune de Genève, refuser de faire paraître cette annonce? Clairement non. […] Il est sain en démocratie de maintenir la plus grande liberté d’expression possible, dans les limites du droit bien entendu. […] La publicité en question montre le vrai visage de l’UDC, sans fard ni artifice. […] Ce n’est pas à la presse de censurer les candidats mais bien aux citoyens de les sanctionner en les éliminant dans l’isoloir ce dimanche s’ils ne se reconnaissent pas dans le programme.»

Un jeune requérant d'asile congolais expulsé sous les yeux de sa mère

MICHAËL RODRIGUEZ

VaudRENVOI FORCÉ - Alors que toute sa famille vit en Suisse, un jeune Congolais a été conduit hier à Kloten pour être expulsé. L'opération qu'il aurait dû subir à l'épaule a été annulée.
Scène douloureuse hier matin devant le bâtiment de la Police cantonale, à la Blécherette. Une femme originaire de la République démocratique du Congo assiste, impuissante, au transfert de son fils dans un fourgon affrété par Securitas. Le jeune homme, âgé de 29 ans, arrive de la prison de Frambois, à Genève, où il était détenu depuis le mois d'août. Pour lui, Lausanne est la dernière étape avant son expulsion à bord d'un vol spécial au départ de Kloten et à destination de Kinshasa. Le fait que toute sa famille proche soit établie en Suisse n'y aura rien changé.

Opération annulée

Sa situation médicale non plus. Le requérant d'asile souffre d'une luxation de l'épaule, qui se serait produite alors qu'il travaillait dans les cuisines d'un foyer de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants. La semaine passée, il devait subir une intervention chirurgicale à l'hôpital de Monthey. Mais les autorités ont refusé de le laisser quitter Frambois.
Vendredi dernier, la Coordination asile Vaud et la section genevoise de la Ligue suisse des droits de l'homme ont écrit au ministre Philippe Leuba pour lui demander de reconsidérer la mise en détention et le renvoi. La réponse a été négative. «Je me suis renseigné ce matin (hier, ndlr) auprès de mes services, relate le conseiller d'Etat. J'ai reçu la garantie formelle que la situation médicale de cette personne avait été prise en compte.»


«C'est dommageable»

On se souvient qu'en juillet dernier, Philippe Leuba ne s'était pas laissé émouvoir par la situation d'une Equatorienne sans papiers, repérée par les autorités après avoir été grièvement blessée à la place Bel-Air, à Lausanne. Le ministre avait alors déclaré, à propos d'un éventuel renvoi, que «l'on peut très bien voyager avec une jambe cassée». Aux dernières nouvelles, l'Equatorienne s'apprêtait à faire une demande de régularisation humanitaire.
Médecin-chef au Service d'orthopédie de l'hôpital de Monthey, où le jeune Congolais aurait dû être opéré, Cyril Kombot réagit avec prudence: «Cette intervention n'était pas vitale. Mais c'est évidemment dommageable qu'un jeune patient n'ait pas accès à des soins qui auraient pu être bénéfiques.»


Toute la famille en Europe

Hier, la mère du requérant aura finalement pu lui dire un bref au revoir dans les locaux de la police. «Où va-t-il habiter?, s'interroge-t-elle avec angoisse. Nous n'avons pas de maison en Afrique, il n'y a personne pour l'accueillir. Toute la famille est en Europe.» Elle-même vit en Suisse depuis plus de vingt ans. Tout comme le père du jeune homme, elle est au bénéfice d'un permis C. Mais il y a plus: la soeur de ce dernier, née sur sol suisse, a obtenu le passeport helvétique...
Le jeune homme n'a pas eu cette chance. Né en 1979 au Congo, il a déposé une première demande d'asile en Suisse alors qu'il avait à peine 16 ans, relate sa mère. Sans succès. Une seconde demande d'asile, en 2004, a connu le même sort. Invoquant la protection des données, l'Office fédéral des migrations refuse de commenter ces décisions.


Renvois en hausse

Comme il vit depuis plus de cinq ans en Suisse, le jeune Congolais aurait pu déposer une demande de régularisation humanitaire. Mais le canton n'a pas voulu attendre que la démarche se fasse avant de procéder à son expulsion. «Je refuse de différer des mesures qui ont été décidées par les autorités fédérales et confirmées par la justice, rétorque Philippe Leuba. Il est hors de question de créer une zone de non-droit, comme dans l'affaire des «523» requérants déboutés.»
Depuis quelques années, les renvois forcés sont en augmentation dans le canton de Vaud. De 73 personnes en 2007, on est passé à 93 en 2008. L'année en cours ne devrait pas inverser la tendance: au 31 août dernier, 59 requérants d'asile avaient déjà été expulsés.

La démission politique du ministre vaudois de l'asile

La démission politique du ministre vaudois de l'asile

Paru le Mardi 06 Octobre 2009 dans le Courrier
MICHAËL RODRIGUEZ

Vaud«Humaine et responsable». C'est ainsi que le ministre vaudois de l'Intérieur, Philippe Leuba, se plaît à qualifier la politique d'asile cantonale. Après deux ans de règne du libéral, on commence surtout à en voir les dégâts humains. L'expulsion, hier, d'un jeune Congolais arraché à sa famille et privé des soins hospitaliers qu'il aurait dû recevoir, est la dernière illustration en date d'une obstination aveugle. On ne peut certes pas reprocher aux autorités vaudoises de ne rien faire pour obtenir des régularisations humanitaires. A la différence d'autres cantons, Vaud fait largement usage de la possibilité qui lui est laissée de présenter des cas individuels à Berne. Mais Philippe Leuba, qui roule volontiers les mécaniques sur les voies bien balisées, est moins courageux lorsque le chemin est étroit. L'affaire de l'ancien employé communal de Bassins en 2007 et, plus récemment, l'histoire tragique de la sans-papiers équatorienne victime d'un accident à la place Bel-Air à Lausanne n'ont pas été précisément des démonstrations d'humanité, ni de courage. Face à de telles situations, Philippe Leuba se retranche derrière un discours sèchement administratif et juridique. Comme si les textes de lois étaient paroles divines et ne devaient pas, nécessairement, faire l'objet d'une interprétation. Qui, elle, est politique. Donc humaine. Et là, comment ne pas voir que les valeurs de la vie en société comme la logique – la raison comme le coeur – sont foulées aux pieds quand un requérant d'asile est expulsé alors que toute sa famille vit en Suisse, dont une soeur naturalisée? Comment ne pas trouver lâche et sordide que son expulsion soit si urgente qu'il faille annuler une opération prévue à l'hôpital, comme si le pays était mis en danger par sa présence? Les autorités cantonales ont un pouvoir – et un devoir – d'examen. Responsables de l'exécution des renvois, elles doivent s'assurer que les expulsions décidées par Berne sont licites et raisonnablement exigibles. En l'occurrence, le canton n'aurait même pas eu besoin de faire preuve d'une extraordinaire bravoure. Un peu moins d'empressement aurait suffi. Mais Philippe Leuba a apparemment trop envie d'afficher sa soumission aux autorités fédérales. A un tel degré, cela s'appelle de la lâcheté politique.