On ne doutait pas de la capacité de l’UDC à savoir exploiter très rapidement les faits divers tragiques où les étrangers ont le mauvais rôle. Elle vient, sans surprise, de le faire avec les deux drames survenus le 15 août, à Pfäffikon (ZH) et Interlaken (BE), dont l’un touchait un «lutteur douze fois couronné».
«Un Kosovar abat la responsable des services sociaux!» «Des Kosovars poignardent un Suisse!» On ne doutait pas de la capacité de l’UDC à savoir exploiter très rapidement les faits divers tragiques où les étrangers ont le mauvais rôle. Elle vient, sans surprise, de le faire avec les deux drames survenus le 15 août, à Pfäffikon (ZH) et Interlaken (BE), dont l’un touchait un «lutteur douze fois couronné».
La voilà donc avec deux tout nouveaux titres inspirés de l’actualité pour décliner son annonce qui fait la promotion de son initiative «pour stopper l’immigration massive». Et, par ricochet, renvoie à celle «pour le renvoi des étrangers criminels». L’ambassade du Kosovo a d’ailleurs dû sentir le vent du boulet et la récupération politique. Car elle avait jugé nécessaire, quelques heures plus tôt, d’envoyer un fax aux rédactions pour condamner ces actes.
Mais vouloir agir plus vite que son ombre comporte un risque. Dans son communiqué visant à promouvoir sa nouvelle campagne d’affichage, dénoncer l’«attitude passive» du gouvernement et se plaindre des journaux qui refusent de publier l’annonce, l’UDC s’inflige un joli autogoal. Et nous offre un contresens bien en évidence dans le titre. Voilà ce qu’écrit le parti: «Il est temps que le Conseil fédéral agisse contre les étrangers criminels et l’émigration de masse.» Tiens donc. L’UDC ne brandit plus la menace d’une invasion d’étrangers, mais préfère s’inquiéter d’un exode massif aussi soudain qu’inexplicable des Suisses? Encore un mouvement migratoire qui semble nous avoir échappé.
Valérie de Graffenried dans le Temps