C’est l’ampleur prise ces derniers mois par ce phénomène qui a poussé les responsables à mettre en place cette structure.
Le phénomène de l’émigration clandestine s’est amplifié ces derniers mois, et ce, depuis le début de la saison estivale, au niveau de la côte de l’extrême-ouest du pays, en particulier les zones de Honaine, Ghazaouet et Marsat Ben M’hidi, ainsi que les wilayas de Tlemcen et Aïn Témouchent avec Béni-Saf et Bouzedjar, qui ont enregistré un nombre important de candidats à la harga. À cet effet, et pour y faire face, une cellule de sécurité et de crise, composée des représentants de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et des gardes-côtes, vient d’être mise sur pied tout récemment afin d’assurer un travail de coordination. Il s’agit, dans un premier temps, de parvenir à dissuader les jeunes Algériens de recourir à cette aventure à haut risque qu’est la tentative d’émigration clandestine.
Par ailleurs, nous apprenons que cette cellule aura pour mission principale le suivi des mouvements et des différents passages des harragas, qui devront en même temps être soumis à des enquêtes approfondies quant à leurs origines, mais également les motifs qui les ont amenés à faire ce choix extrême aux conséquences parfois dramatiques.
L’importance de rassembler toutes les informations nécessaires sur ce phénomène qui prend de l’ampleur dans la région ouest du littoral est aussi l’un des objectifs de cette cellule, et ce, pour permettre aux différents responsables concernés de prendre les mesures s’imposant en pareille circonstance. La coordination de tous les efforts entre les différents services chargés de la lutte contre ce fléau touchant de plus en plus de jeunes est encore mise en avant dans ce cadre. Cette cellule se veut, donc, un apport considérable pour ceux qui ont le pouvoir de décision afin de prendre en charge d’une façon sérieuse les doléances de cette catégorie juvénile de la population, qui est souvent animée par un pessimisme criant quant à leur devenir, et cela avant de passer aux mesures répressives. Pour rappel, et conformément à l’article 175 de la loi 66-156 du code pénal, sont punies d’une amende allant de 2 à 6 mois d’emprisonnement et d’une amende de 20 000 à 60 000 DA les personnes qui tentent de quitter de manière illégale le territoire national.
La sonnette d’alarme
Il faut dire que la sonnette d’alarme a été tirée après le refoulement de pas moins de 300 émigrés clandestins de nationalité algérienne qui ont été reçus par les autorités concernées ainsi que l’arrestation de 84 candidats à l’émigration clandestine. Ces derniers, qui avaient tenté d’émigrer clandestinement à partir des côtes des wilayas d’Oran, d’Aïn Témouchent et de Tlemcen, ont été interceptés par les éléments relevant des postes avancés de la Marine nationale ainsi que par les gardes-côtes de Ghazaouet au large des eaux territoriales depuis le mois de juin dernier. Dans le même sillage, notre source fait état de la présentation à la fin de la semaine écoulée de 43 harragas, parmi eux des femmes, devant le procureur de la République près le tribunal de Ghazaouet qui les a placés en détention provisoire pour émigration clandestine. Il est utile de préciser que sur les 43 harragas, 21 personnes avaient embarqué à partir du littoral d’Aïn El-Turck et ont été interceptées en pleine mer.
L’exploitation du renseignement
La semaine écoulée, ce sont 33 candidats à l’émigration clandestine qui ont été interceptés au large du littoral de Mostaganem, lorsque leur embarcation s’est renversée, provoquant la mort de l’un d’entre eux. Ainsi, le travail de la cellule de sécurité pour le suivi des mouvements des harragas se basera sur l’exploitation du renseignement, de l’investigation et de la coordination, comme cela a été le cas la semaine écoulée, lorsque l’organisateur des traversées illégales à partir de la plage de Honaine (Tlemcen) vers l’Espagne avait été arrêté. Ce passeur sera certainement poursuivi pour trafic illicite des migrants. Il est utile aussi de rappeler que 5 harragas âgés entre 29 et 31 ans, originaires d’Oran et d’Aïn Témouchent, ont vu leur tentative échouer grâce à la vigilance des gardes-côtes de Bouzedjar qui les ont interceptés, jeudi dernier, vers 14 heures, alors qu’ils étaient à bord d’un pneumatique équipé d’un moteur d’une puissance de 40 chevaux. L’organisateur de la traversée, un certain Saïd Boulahya, aurait pris la fuite avec l’argent versé pour le passage.
La Liberté, quotidien algérien