samedi 19 juin 2010

Seulement 251’000 réfugiés dans le monde sont revenus à leur foyer cette année

A l’occasion du Jour international de réfugiés, marqué le 20 juin, le Haut commissaire de l’ONU aux réfugiés, Antonio Guterres a averti que le retour des personnes à leurs foyers est de plus en plus difficile, en raison des conflits de plus en plus longs dans le monde. Le nombre de réfugiés dans le monde est resté relativement le même et il s’élève à 15,2 millions, dont seulement 251 000 réfugiés sont revenus à leurs foyers, a déclaré Guterres en présentant le rapport sur les tendances dans le monde en 2009. Selon lui, c’est le niveau le plus bas de retour volontaire de réfugiés au cours des 20 dernières années.

Trouvé sur Radio Srbija

Point de salut pour les Irakiens au Liban

Arrestations, détentions arbitraires, expulsions. Les Irakiens qui fuient leur pays et cherchent refuge au Liban ne sont pas au bout de leurs peines. Traités comme des immigrants illégaux, ils vivent dans la crainte d'être arrêtés une fois leur visa expiré. Quand ils en ont un, rapporte notre correspondante. Un article signé Janie Gosselin dans la Presse, Québec.

Irakienne réfugiée Liban

Amal a fui Bagdad avec ses trois plus jeunes enfants. Elle s'est installée à Sid el-Bouchrieh, en banlieue de Beyrouth, où vivent de nombreux Irakiens. Comme elle, la plupart prennent leur mal en patience. Ils espèrent s'envoler pour les États-Unis, le Canada ou l'Australie, un statut de réfugié en poche.

Ses enfants, âgés de 5 à 14 ans, ne vont pas à l'école. Sa fille de 12 ans reste avec son jeune frère pendant qu'elle travaille comme femme de ménage. Le plus vieux, Fadi, travaille dans une usine non loin de la maison. «J'ai très peur pour lui, je le surveille sans cesse», dit-elle.

Car les jeunes hommes d'origine irakienne sont surreprésentés au centre de détention de la Sûreté générale. Plus fréquemment contrôlés par les autorités, ils risquent davantage de se faire arrêter, faute de papiers en règle.

Il y aurait un peu plus de 45 000 Irakiens au Liban, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). La majorité d'entre eux sont en situation illégale. Ils risquent la prison s'ils sont interpellés par les autorités.

Le Liban n'est pas signataire de la Convention sur les réfugiés. Il n'accorde aucun statut particulier à ceux qui fuient les violences et les persécutions. Seuls les réfugiés palestiniens bénéficient d'une loi leur permettant de demeurer au pays, sous certaines restrictions.

«En général, il n'y a pas de politique pour arrêter les Irakiens systématiquement, note toutefois Nadim Houry, directeur de Human Rights Watch au Liban. Mais il y a quand même des arrestations régulièrement. Les autorités ne veulent pas qu'ils se sentent trop confortables, ils maintiennent le sentiment d'insécurité.»

La prison ou l'Irak

Une centaine d'Irakiens sont actuellement détenus. Au début de 2008, ils étaient plus de 600. Une amnistie temporaire a permis d'en libérer un grand nombre.

Le Liban a ratifié la Convention contre la torture et ne peut renvoyer contre leur gré des étrangers vers un pays où ils risqueraient des mauvais traitements. Plusieurs Irakiens restent emprisonnés bien au-delà de leur peine, faute de solution de rechange. D'autres consentent à retourner dans leur pays, pour échapper à leurs conditions de détention. Une situation que dénoncent les organismes de défense des droits humains.

Dernièrement, six jugements favorables aux détenus irakiens ont été rendus contre l'État libanais. Il y a une dizaine de jours, un juge s'est prononcé en faveur de deux détenus irakiens. Il a condamné l'État à leur verser une compensation financière de 7 millions de livres libanaises chacun (4775$), une première.

«C'est sûr que c'est une victoire, qui montre l'indépendance des juges, souligne leur avocat, Nizar Saghieh. Sauf que les jugements ne sont pas exécutés.»

Les détenus qui ont eu gain de cause en décembre, par exemple, sont toujours emprisonnés. Ils avaient été condamnés à un ou deux mois de prison. Ils y sont maintenant depuis plus d'un an et demi.

Travail au noir

Malgré l'insécurité, des centaines d'Irakiens continuent de choisir le Liban. Il y est plus facile de travailler au noir qu'ailleurs dans la région. La politique et la religion peuvent aussi être des facteurs - la majorité des derniers arrivants sont chrétiens.

L'UNHCR tente de convaincre le gouvernement d'assouplir ses règles et de permettre un asile temporaire. Un comité interministériel qui se penche sur la question des réfugiés irakiens a été formé en avril dernier.

Plus de 8000 Irakiens sont actuellement enregistrés au UNHCR. Cela n'empêche pas leur arrestation, mais rend possible leur relocalisation et leur donne accès à plusieurs services, comme l'éducation et le suivi médical.

L'organisme Caritas coordonne les activités pour les Irakiens dans ses six centres. «Nous visons surtout les familles les plus vulnérables, explique Isabelle Saadé, coordonnatrice responsable du programme pour les Irakiens. Nous leur offrons un suivi médical et scolaire, notamment.»

Rêver d'Australie

Mais faute d'une loi au Liban et en l'absence d'une paix prochaine en Irak, la seule solution durable reste pour l'instant le transfert dans un pays tiers.

«Nous essayons de reloger le plus d'Irakiens possible vers un autre pays, parce qu'au Liban, l'intégration locale n'est pas une option. Le rapatriement n'est pas possible pour la plupart des Irakiens non plus. Il ne reste donc que la relocalisation», précise Laure Chedrawi, porte-parole de l'UNHCR au Liban.

Amal est bien consciente de la situation. Elle ne rêve que d'une chose: rejoindre son aînée, mariée et installée en Australie. «Je ne veux plus jamais retourner en Irak, dit-elle. Les enfants ont peur. Je n'ai plus rien là-bas. Je préfère aller chez ma fille.»

Pas un incendie d’origine criminelle

 

incendie collombey

Des mentors pour les migrants

Mettre en relation un Suisse et un étranger exerçant le même métier afin de favoriser l’insertion professionnelle: une initiative pilote de l’Entraide Protestante.

Son métier d’informaticien, l’Ivoirien Aboubakar Touré l’a appris et pratiqué à Abidjan. Au bénéfice d’un permis B, cela fait huit ans qu’il cherche un poste en Suisse. Seulement voilà, ici, tout est différent: le marché du travail, les CV… «J’ai eu des entretiens pour des postes correspondant à mes qualifications, mais il n’y a jamais eu de suite.»

Grégoire Laufer, lui, est ingénieur à Lausanne. Depuis quelques semaines, les deux hommes se rencontrent tous les lundis afin de bétonner le dossier d’Aboubakar et de le mettre au fait des impératifs du marché suisse. «Je cherche un réseau pour m’intégrer dans le tissu économique. Grégoire m’a donné des informations très utiles; il m’a aidé à faire le point sur mes acquis et à organiser mes papiers.» «Je l’aide à identifier les cartes qu’il a ou n’a pas, détaille le mentor bénévole. Les élèves ingénieurs suisses ont déjà de la peine à s’intégrer dans le monde professionnel, alors un étranger ne doit pas laisser de place au hasard.»

C’est l’Entraide Protestante Suisse (EPER) qui a lancé ce programme pilote, baptisé Mentorat Emploi Migration (MEN), afin de permettre aux migrants de bénéficier de l’expérience et des conseils d’un professionnel de leur branche implanté dans le canton de Vaud ou de Genève. «Comme M. Touré, beaucoup ne peuvent pas faire valoir leurs compétences en Suisse, explique Anne-Claude Gerber, responsable du projet. L’idée, c’est surtout de remédier au problème du manque de contacts avec le milieu professionnel.»

Le programme est destiné aux migrants genevois et vaudois originaires d’un pays hors Union européenne. Condition: se débrouiller en français et être au bénéfice d’une formation ou d’une expérience professionnelle. Le mentor bénévole doit pour sa part suivre une miniformation d’une soirée. Avant de commencer leur collaboration, les deux parties signent un contrat d’une année au maximum.

Dentisterie et soudure

L’EPER a enregistré à ce jour une trentaine de demandes de professionnels originaires de Madagascar, de Mongolie ou encore de Turquie. Une dizaine d’entre eux ont déjà trouvé leur mentor. «Nous cherchons encore des volontaires dans des domaines tels que la soudure sur métal, l’architecture, la vente en textile, la dentisterie ou le transport maritime», annonce Anne-Claude Gerber.

M. N. / 24 Heures

La liste complète des postes à pourvoir est disponible sur www.mentoratemploimigration.ch L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés est présente aujourd’hui, de 14 h à 18 h, à Lausanne, sur la place de l’Europe. Elle participe à la manifestation Feel for Africa (concerts de 9 h 30 à 1 h 30), organisée par le Forum des étrangers à l’occasion de la Journée des réfugiés.