lundi 22 décembre 2008

[Grèce] Fortes tensions autour des réfugiés

La Grèce est débordée par l'afflux de clandestins

LE MONDE | 20.12.08 | 14h39 • Mis à jour le 20.12.08 | 14h39

PATRAS ENVOYÉ SPÉCIAL
Article paru dans l'édition du 21.12.08

Tufan ne connaissait pas la convention de Dublin avant d'arriver à
Patras. Maintenant, il en maîtrise les subtilités. Par trois fois, ces
derniers mois, ce jeune Afghan est parvenu jusqu'en Italie. "J'ai voyagé
au milieu de caisses de vin, de cartons de bananes et de stocks de
vaisselle", sourit-il. A chaque tentative, il a pu poursuivre sa route
jusqu'en Angleterre, via Rome, Paris et Calais... avant d'être
interpellé et reconduit en Grèce.

La convention de Dublin, qui définit une politique d'asile européenne
commune, stipule que c'est le pays par lequel le migrant a pénétré dans
l'espace Schengen qui est responsable de son accueil. Une mesure qui
amène la Grèce, comme l'Italie ou l'Espagne, à supporter le poids des
migrants clandestins venus d'Afrique ou d'Asie. Près de 150 000 seront
entrés en Grèce en 2008, année record.

Ces trois derniers mois, l'Italie a expulsé 1 816 personnes vers Patras.
Déjà débordée par les arrivées en provenance de Turquie, la Grèce ne
peut plus assurer la protection des réfugiés, et essuie régulièrement
les critiques de Bruxelles et des défenseurs des droits de l'homme pour
son traitement des demandes d'asile, presque toujours rejetées, et pour
son incapacité à protéger les mineurs. Pour les sans-papiers entrés en
Europe par la Grèce, c'est pourtant théoriquement à Athènes que les
dossiers doivent être déposés.

Le commissaire européen à la sécurité, Jacques Barrot, a déclaré que les
demandeurs d'asile ne devraient pas être reconduits vers "un Etat membre
si celui-ci n'est pas capable d'assurer leur protection", une allusion à
peine dissimulée à la Grèce. Pour ce motif, la Belgique a suspendu ses
expulsions. La France et la Grande-Bretagne, elles, continuent d'en
effectuer.

A Patras, début décembre, au moins 300 personnes ont été "ramassées près
du camp des Afghans pour être expulsées vers la Turquie", assure Mariani
Papanikolaou, membre d'une association locale de défense des migrants.

Guillaume Perrier

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Nouvelle manifestation en Grèce

AFP 20/12/2008 | Mise à jour : 17:28

Environ 200 personnes, des militants de gauche pour la plupart, ont
manifesté à Athènes samedi en fin d'après-midi, contre "le Pacte
européen sur l'immigration et l'asile de l'Union européenne", a constaté
un journaliste de l'AFP.

"Ils tuent des immigrés, ils tuent des lycéens", scandaient les
manifestants qui se sont rassemblés devant le siège de l'Université
d'Athènes dans le centre de la capitale à l'appel du Comité contre la
politique européenne sur l'immigration.

"A bas le pacte raciste de Sarkozy-Caramanlis-UE", proclamait une
banderole faisant allusion au Premier ministre grec Costas Caramanlis et
au président français Nicolas Sarkozy, dont le pays assure la présidence
en exercice de l'Union européenne. Le pacte sur l'immigration et l'asile
a été adopté par l'UE le 16 octobre.

Les manifestants ont défilé dans le centre-ville, bouclé à la
circulation, avant d'arriver devant le Parlement sur la place centrale
de Syntagma où un cordon de forces anti-émeutes entouraient un sapin de
Noël installé par la ville.

Une dizaine de jeunes ont lancé divers projectiles contre les forces de
l'ordre alors que de nombreux Athéniens faisaient leurs courses de Noël.

Cette protestation s'inscrit dans le cadre d'une mobilisation sans
précédent des jeunes à Athènes et d'autres villes du pays depuis la
mort, le 6 décembre, d'un adolescent tué par un policier à Athènes.