Des milliers de civils se sont enfuis en Mauritanie, en Algérie et dans d'autres pays voisins pour échapper à la domination du nord du Mali par les islamistes.
Alors que les Etats d'Afrique de l'Ouest se préparent à une intervention armée dans le nord du Mali, les réfugiés de la région sont confrontés à la détérioration des conditions de vie dans les camps de Mauritanie. Les Maliens déplacés dans le camp de M'berra le long de la frontière craignent qu'un nouveau conflit n'éclate, selon Mohamed Ould al-Salek, employé d'une organisation locale qui travaille dans ces camps. "Les gens ne veulent pas voir une nouvelle guerre éclater dans les provinces du nord du Mali dont ils sont originaires, parce que cela compliquerait encore et aggraverait leur situation", a-t-il ajouté. "Ils espèrent que la paix sera rétablie et que les choses se calmeront. Mais dans le même temps, ils ne voient pas quelle pourrait être la manière idéale de résoudre le problème dans le nord."
Les habitants du nord du Mali ont commencé à fuir la région après la rébellion touareg en janvier dernier. La situation s'est ensuite dégradée après le coup d'Etat du mois de mars à Bamako et le retrait de l'armée malienne. Les islamistes radicaux ayant des liens avec al-Qaida au Maghreb islamique ont rapidement mis les rebelles touaregs laïcs à l'écart, et contrôlent désormais la très vaste région de l'Azaouad. Par suite de cette situation, les conditions de vie des personnes qui se sont enfuies se sont aggravées, en dépit des efforts des autorités mauritaniennes, des organisations internationales d'aide humanitaire et des organisations de la société civile mauritanienne de fournir de la nourriture et de l'eau. Certaines familles maliennes sont parties pour Bassiknou, une ville très pauvre située à une quinzaine de kilomètres de ce camp de réfugiés.
Le quotidien mauritanien El Hourriya a indiqué que la soif avait fait son apparition dans ces camps au cours des dernières semaines, après la panne du seul puits artésien fournissant de l'eau potable aux réfugiés, une situation qui menace désormais plus de cent mille réfugiés azaouadis. "Nous avons effectivement connu un problème d'approvisionnement en eau et d'autres problèmes ces dernières semaines dans le camp de M'berra, ce qui constitue une difficulté pour la majorité des nombreux réfugiés qui ne disposent que de maigres ressources financières", a expliqué Ibrahim Ag, employé à l'Association mauritanienne de lutte contre la pauvreté et pour le développement (ALPD), à Magharebia par téléphone.
"Les familles qui en ont les moyens achètent leur eau dans la ville proche de Bassiknou et la font transporter vers les camps par camion", a-t-il expliqué, ajoutant que "le plus gros problème que connaissent certains d'entre eux est le manque de tentes et d'abris, ce qui les expose à la chaleur, au soleil et à la pluie." "Un autre problème est la hausse quotidienne du nombre de réfugiés en provenance du Mali et de Mauritanie", a-t-il conclu. "Il est de ce fait impossible de fournir de quelconques statistiques, ce qui est un problème pour les organisations humanitaires qui ne peuvent fournir un abri et de la nourriture à tous les nouveaux arrivants." Pour sa part, Abdallah Ibrahim, un réfugié de l'Azaouad, explique que la situation devient "de plus en plus difficile au fur et à mesure que le temps passe, et que toutes les portes de l'espoir se referment".
"Nous sommes désormais confrontés à une crise de la soif, et le prix d'un baril d'eau est aujourd'hui de 1 400 à 1 600 ouguiyas pour ceux qui peuvent se permettre d'acheter de l'eau", a-t-il ajouté, soulignant que la majorité des personnes présentes dans ce camp dépendent de l'eau fournie par les agences humanitaires. "Mais nous ne pourrons continuer comme cela pendant longtemps."
Il a expliqué que certaines familles tentent de partir pour Bassiknou, mais en sont empêchées par les gendarmes mauritaniens, parce que cela "ouvrirait la porte au départ de nombreux réfugiés". "Nous espérons que la communauté internationale trouvera rapidement une solution à nos problèmes", a-t-il conclu. "Nous apprécions les efforts consentis par l'Etat mauritanien et les organisations humanitaires qui sont ici avec nous, mais cette crise est plus forte que tout."