vendredi 2 mai 2008

Quarante caravanes de Gitans ont fait escale au Chalet-à-Gobet


Cela faisait 8 ans qu'ils n'y étaient pas revenus. Indésirables, ils ont dû repartir


Lire l'article de Nicolas Zeitoun dans le matin


Sur le parking de la zone de détente des hauts lausannois, les promeneurs en avaient les yeux écarquillés, hier après-midi. Une quarantaine de caravanes ont tenté de s'y installer. En toute illégalité: le camping sauvage est interdit à Lausanne. Les gens du voyage ne sont plus même tolérés depuis un rassemblement problématique de 126 caravanes en 1995 au Chalet-à-Gobet. La dernière incursion de Gitans à cet endroit remonte à l'an 2000.

Des professeurs de droit contre l'initiative de l'UDC

NATURALISATIONS. Soixante-neuf personnalités académiques appellent au rejet du texte.

Lire l'article de Denis Masmejan dans Le temps
Vendredi 2 mai 2008


Soixante-neuf professeurs de droit constitutionnel, de droit international et de droit public se mobilisent contre l'initiative de l'UDC sur les naturalisations, soumise au vote populaire dans un mois. Dans une résolution rendue publique mercredi, ils appellent au rejet d'un texte qu'ils jugent contraire aux principes les plus élémentaires de l'Etat de droit.

L'idée d'un engagement du monde académique a été arrêtée lors d'une récente réunion des constitutionnalistes suisses, mais elle doit tout particulièrement son origine aux professeurs de l'Université de Saint-Gall, explique l'un d'eux, Bernhard Ehrenzeller. Parmi les signataires, qui ne réunissent pourtant pas la totalité des professeurs concernés, figure notamment le constitutionnaliste genevois désormais établi à Zurich Andreas Auer, mais aussi plusieurs personnalités du monde juridique et académique telles que l'ancien président de la Cour européenne des droits de l'homme Luzius Wildhaber, l'ancien président du Tribunal fédéral Claude Rouiller, ainsi qu'Heinrich Koller, directeur de l'Office fédéral de la justice et à ce titre bras droit de Christoph Blocher jusqu'à sa retraite en 2006.

Violation des droits


En voulant supprimer toute voie de recours contre des décisions négatives en matière de naturalisation, l'initiative viole des droits fondamentaux ancrés dans la Constitution fédérale et reconnus à tous, y compris aux étrangers, souligne la résolution. L'initiative «accepte ainsi sciemment que ces décisions puissent être arbitraires et discriminatoires».

Selon les professeurs, l'exclusion de toute voie de recours placerait également la Suisse en contradiction avec la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, qui exige que celles-ci puissent être contestées au moyen d'un recours «effectif». L'initiative intervient enfin de manière disproportionnée, estime la résolution, dans les compétences des cantons et des communes, qui seraient obligés de repenser en profondeur les modalités selon lesquelles la naturalisation est accordée.

Une expo pour tordre le cou aux préjugés

Le Forum de l’Hôtel de Ville accueille ces jours une exposition sur ces immigrés qu’on côtoie tous les jours. Treize portraits et autant d’histoires fortes et émouvantes à découvrir jusqu’au 10 mai. Un article de Nadine Haltiner dans 24 Heures.


IMMIGRATION Karolina est Brésilienne. En témoignant de son parcours au Forum de l’Hôtel de Ville, elle veut mettre fin à certains stéréotypes. LAUSANNE, LE 29 AVRIL 2008.

"En Suisse, je croyais que c’était le para­dis, car il y a une grande diversité culturelle. En réalité, il y a des préjugés entre Suisses et étrangers, mais aussi entre étrangers.» Karolina, 28 ans, est Brésilienne et vit à Renens. En 2004, elle quitte son pays «pour voyager et apprendre une autre culture». Aujourd’hui, elle fait partie de ces étrangers qu’on côtoie tous les jours. Et des treize migrants ayant accepté de raconter leur histoire pour l’ex­position L’Autre.ch, à voir actuel­lement au Forum de l’Hôtel de Ville à Lausanne.
La jeune femme a longuement hésité avant de s’afficher ainsi. «J’avais peur de m’exposer, mais ensuite je me suis dit qu’il fallait montrer l’autre face des étran­gers vivant en Suisse. En arrivant ici, j’ai entendu beaucoup de pré­jugés: les Africains sont des trafi­quants de drogue, les Arabes sont violents et les Brésiliennes sont des prostituées. Je suis la preuve vivante que ce n’est pas le cas!» Remettre en question les idées reçues sur celui qu’on appelle communément «l’autre» est jus­tement le but de l’exposition. L’autre? C’est cet étranger que personne ne connaît vraiment, mais sur lequel chacun a un avis. Une opinion rapidement cham­boulée par les visages de Khaled, ressortissant afghan, d’Angelo, immigré togolais, ou d’Artan, Ko­sovar. Autant d’histoires et de parcours de vie montrant que l’immigration est multiple et va­riée.
Comme un miroir

«Les photos, faites par Jeanne Gerster, ont été tirées en grand format, explique Anne-Romaine Favre Zuppinger, organisatrice de l’événement, mis sur pied en col­laboration avec des chercheurs de l’Université de Lausanne. Cela permet d’être face à une per­sonne à taille humaine et d’être interpellé par son regard. C’est d’ailleurs la force de ce projet: se retrouver devant un miroir.» Et lorsqu’on retourne ce mi­roir, on croise le regard de Da­niela, une Suissesse partie vivre à San Diego. «On voulait terminer l’exposition par son portrait pour montrer qu’un Suisse peut aussi vivre la migration, faite souvent de petits boulots et de frustra­tions », poursuit l’organisatrice. Des petits jobs qui sont sans doute le point commun de beau­coup d’immigrés détenteurs de diplômes universitaires non re­connus dans notre pays.
Karolina peut en témoigner. «Au Brésil, j’étais cadre dans le tourisme. Ici, pour gagner ma vie, je travaille comme animatrice dans une association. Et je vais devoir reprendre des études pour avoir un jour un autre emploi.» Elle commencera l’Ecole sociale cet automne.
Aujourd’hui cette jeune ma­man se sent parfaitement inté­grée dans le canton de Vaud, mais regrette parfois que «les étrangers et les Suisses ne se mélangent pas davantage». Elle espère que l’exposition donnera envie aux visiteurs d’aller plus fréquemment vers l’autre.

Sans papiers, sans espoir

«A de rares exceptions près, les travailleurs illégaux n’ont pas d’avenir en Suisse…»: c'est l'opinion de François Brélaz, député UDC, dans la rubrique Réflexion de 24 Heures.

François Brélaz

La condition des person­nes en situation illégale qui travaillent dans notre canton repose sur un monceau d’hypocrisies. Lorsqu’elles ap­prennent leur existence, les communes sont plus enclines à fermer les yeux qu’à les dénon­cer. S’ils gagnent suffisamment, les sans-papiers paient parfois des impôts, de même que l’AVS. Il y a aussi, en cas de demande de régularisation, le traitement extrêmement lent des dossiers par l’administration fédérale ainsi qu’une jurisprudence très restrictive. Périodiquement, les médias évoquent le cas de per­sonnes en Suisse depuis plus de dix ans, qui sont intégrées mais n’ont aucune chance de voir leur situation régularisée.
En mars 2000, le Conseil fé­déral a décidé une action de régularisation au cas par cas pour permettre à des personnes arrivées dans notre pays avant le 1er janvier 1993 de normali­ser leur situation. Pour l’ensem­ble du pays, 17 000 personnes ont bénéficié de cette action, dont 1500 dans le canton de Vaud.
Début février 2008, j’ai pro­posé à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf une nouvelle action de régularisa­tion. N’auraient été concernées que les personnes arrivées dans notre pays avant le 1er janvier 2000, c’est-à-dire ayant plus de huit ans de séjour. Et, bien entendu, la régularisation se se­rait faite au cas par cas et n’aurait concerné au maximum que 10% des 150 000 illégaux.
Hélas, la réponse de Mme Widmer-Schlumpf est sans équivoque: c’est un non ferme et définitif. Il est notam­ment dit: «La Suisse s’est dotée d’une nouvelle loi sur les étran­gers, largement approuvée par le peuple. Cette législation pose les principes de l’admission des étrangers en Suisse et permet, comme par le passé, d’y déroger dans des situations bien préci­ses, notamment pour tenir compte des cas individuels d’ex­trême gravité. La jurisprudence développée par le Tribunal fédé­ral a permis d’établir des critè­res d’examen, qui ont été repris par la nouvelle législation.» Plus loin dans la lettre, il est relevé que des clandestins régu­larisés changent d’emploi et sont immédiatement remplacés par d’autres illégaux. Puis est mis en avant le fait «qu’une fois la régularisation intervenue, son bénéficiaire peut demander le groupement familial, ce qui en­gendre immanquablement de nouveaux chômeurs et de nou­veaux assistés, les bénéficiaires du regroupement familial n’étant généralement ni inté­grés, ni qualifiés, ni spécialisés. Un tel résultat n’est manifeste­ment pas souhaité.» Il faut reconnaître le fait sui­vant: voici quelques années, le Conseil d’Etat genevois a de­mandé – sans succès – la régula­risation du personnel de maison. A l’époque, un secrétaire syndi­cal, connaisseur des problèmes d’immigration, avait déclaré qu’un quart des régularisés se seraient retrouvés au chômage, les employeurs qui offraient 8 à 10 francs l’heure n’étant pas né­cessairement prêts à payer les 18 francs revendiqués.
Sous peine de se voir accuser de trahison, notamment par l’UDC, Mme Widmer-Schlumpf se doit d’avoir une attitude ex­trêmement ferme. Et les tra­vailleurs illégaux doivent se ren­dre à l’évidence: à de rares ex­ceptions près, ils n’ont pas d’avenir en Suisse…