Il commence à se faire tard et les hommes s’agenouillent dans leur tente. Alem les salue, en appelle quelques-uns par leur nom. « Ils sont traités comme des gens de passage qu’il faut chasser ou renvoyer là d’où ils viennent, ou à envoyer ailleurs. Les autorités déplacent les limites des campements, ils les dispersent, lance-t-il. Pourtant, nous sommes des rescapés de guerre. Jamais nous ne retournerons en Afghanistan même pour cinq minutes. Et aucun d’entre nous ne sait où il sera demain, où il pourra vivre. Nous nous cachons. Nous restons immobiles. Et nous attendons. C’est sûrement la meilleure chose à faire : mieux vaut se refugier qu’être sans cesse déplacé. »