jeudi 11 février 2010

Un chef du CEP de Vallorbe remercié

Directeur de l'assistance aux requérants au Centre d'enregistrement, Pierre-Alain Lunardi vient d'être licencié. Ce protagoniste de «La Forteresse» exprime ses critiques sur l'organisation voulue par Berne. Un article signé Laurence Bron dans le Courrier.
Directeur de l'assistance au Centre d'enregistrement et de procédure (CEP) de Vallorbe, Pierre-Alain Lunardi a été licencié en janvier. L'entreprise privée ORS confirme avoir mis fin à son contrat «d'un commun accord». Cette société est mandatée par l'Office fédéral des migrations pour l'encadrement et l'hébergement des requérants d'asile dans les CEP de la Confédération. Pierre-Alain Lunardi avait été remarqué par le public pour sa présence dans le documentaire «La Forteresse» du réalisateur Fernand Melgar, film qui narrait la vie du centre vallorbier. Regrettant l'absence d'un responsable en ressources humaines et le manque d'infrastructures du centre, Pierre- Alain Lunardi affirme qu'il avait déjà pris – en novembre 2009 – la décision de démissionner. «Un de mes adjoints a été licencié en octobre par mon supérieur pour des motifs peu clairs. Je suis déçu que ma direction n'ait rien fait pour savoir si ce qu'il lui était reproché était vrai ou pas. J'ai donc défendu mon adjoint, mais des tensions se sont ensuite créées au sein de l'équipe. Ma décision de démissionner a été prise lorsque j'ai vu ma direction fuir ses responsabilités», précise Pierre-Alain Lunardi.


«Salaires trop bas»

L'Office fédéral des migrations (ODM) ne commente pas l'information. La société ORS, entreprise privée, est seule responsable de la gestion de son personnel, explique-t-on à cet office fédéral. Les salaires proposés par ORS, entreprise de services payée par la Confédération, sont plus bas qu'à la Croix-Rouge, qui effectuait jusqu'en 2005 les mêmes tâches qu'ORS. «Les salaires d'ORS sont trop bas pour que l'on puisse engager des personnes qualifiées. Parmi les assistants, il y a peu de personnes formées dans le domaine social, beaucoup ont un CFC dans la restauration ou sont simplement formées sur le tas», confie Pierre-Alain Lunardi.
Il déplore également le processus de recrutement et les «moqueries» que subissent les candidats lorsqu'ils expriment des prétentions salariales. Selon lui, les quelque 300 collaborateurs d'ORS effectuent leur travail de façon professionnelle, mais n'ont pas les moyens de s'adapter.


Pour un nouveau centre

Pierre-Alain Lunardi porte un regard sans concession sur son action et l'avenir des CEP: «Le fonctionnement du centre est difficile. Berne devrait se poser les bonnes questions au niveau politique. Comme la loi interdit de faire de l'intégration, on parle d'«occupation». Il serait donc plus judicieux d'accélérer la procédure d'asile. Mais si la décision d'augmenter à 90 jours la durée maximale de séjour dans les CEP est prise, Berne devra prévoir davantage d'activités et de mesures d'accompagnement, et même ouvrir un nouveau centre.»
En attendant de trouver un nouveau directeur de l'assistance, il est remplacé par son homologue de Chiasso, qui partagera son temps entre le centre tessinois et le centre vaudois. Depuis son arrivée au centre, Pierre-Alain Lunardi dit s'être battu pour «faire bouger les choses», notamment avec la création de cours de français et des activités sportives.

Le parcours sans fin d'un demandeur d'asile

Depuis décembre, «20 Minutes» suit les démarches d'un réfugié congolais de Paris. Un article de William Molinié sur 20minute.fr.

L’Ile-de-France, terre d’accueil des réfugiés. L’année dernière, la région a enregistré 43% des demandes d’asile du territoire national. Hier, la Cimade, principale organisation d’aide aux réfugiés, a présenté son rapport d’observation sur la procédure de demande d’asile, longue et complexe. Dans le passé, elle avait déjà épinglé les préfectures franciliennes qui compliqueraient les démarches pour décourager les requérants. Absence de guide, de documents traduits, non-respect des délais, exigence illégale de pièces…

Deux mois de suivi

A ces pratiques s’ajouterait une culture du «quota» dans la région. Alors que des centaines de réfugiés s’agglutinent devant la préfecture de police, seule une vingtaine de demandes d’asile sont étudiées chaque jour dans la capitale. A Versailles (Yvelines) ou Créteil (Val-de-Marne), c’est deux fois moins. Après plusieurs tentatives, Mikobi, 32 ans, est parvenu à déposer sa demande. 20 Minutes l’a suivi pendant deux mois dans ses démarches. La réalité constatée est édifiante: des journées et des nuits d’attente dans le froid pour être entendu, et des mois durant lesquels manger et dormir est un combat, avant de recevoir une réponse. D’après la Cimade, seuls 30% des requérants franciliens ont finalement obtenu le statut de réfugié l’année dernière.

L’Office fédéral des migrations épinglé pour ses méthodes expéditives

Un Afghan renvoyé en Grèce, premier pays par lequel il est entré dans l’espace Schengen, a obtenu gain de cause devant la justice. Il aurait eu droit à un recours avant d’être expulsé. Un article de Valérie de Graffenried dans le Temps

L’Office fédéral des migrations (ODM) dégaine plus vite que son ombre lorsqu’il s’agit d’appliquer les accords de Dublin. C’est en substance ce que souligne le Tribunal administratif fédéral (TAF) dans un arrêt du 2 février publié mercredi. En admettant le recours d’un Afghan, il dénonce les méthodes expéditives de l’ODM. Le système de Dublin permet à la Suisse de renvoyer des requérants d’asile ou clandestins vers le premier pays par lequel ils sont arrivés dans l’espace Schengen. Mais l’ODM le fait avec beaucoup trop d’empressement alors qu’il devrait autoriser des recours, insiste le TAF. Remis à l’ordre, l’ODM va devoir changer de pratique.

L’Afghan qui a obtenu gain de cause a été refoulé en Grèce l’an dernier, premier pays par lequel il était arrivé dans Schengen. L’ODM lui a signifié son renvoi sans lui laisser le temps de recourir contre la décision de non-entrée en matière sur sa demande d’asile. Pour le TAF, cette célérité viole clairement le droit d’accès aux tribunaux tel qu’il est garanti par les articles 29 de la Constitution fédérale et 13 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).
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Déjà dans l’avion

Cette décision va forcer l’ODM à stopper les renvois immédiats et laisser le temps aux requérants déboutés d’office de recourir contre la décision qui les frappe avant d’être expulsés. 146 procédures relatives à la mise en œuvre des accords de Dublin sont encore pendantes devant le tribunal. Le TAF a déjà ordonné dans une dizaine de cas à l’ODM de procéder au retour de requérants renvoyés de manière trop expéditive vers un Etat tiers. Qu’en sera-t-il de l’Afghan? Le Bureau Schengen d’Athènes, contacté par l’ODM, n’a pour l’instant pas réussi à le retrouver…

Carlo Sommaruga (PS/GE) se dit très satisfait de cette décision. «C’est une victoire du droit sur une politique migratoire de plus en plus inhumaine. Il faudra que la révision de la loi sur l’asile intègre clairement cette exigence de la CEDH», commente-t-il. Touché par l’histoire de l’Irakien Fahad Khamas, protagoniste du documentaire La Forteresse expulsé deux fois de Suisse vers la Suède, le conseiller national est l’auteur de plusieurs interventions pour dénoncer les «dérives insupportables» de Dublin.

Même satisfaction du côté de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) et d’Amnesty International. «Il fallait vraiment que l’ODM soit remis à l’ordre. Depuis plus d’une année, il développe une pratique de renvois tous azimuts sans se soucier des droits procéduraux, constitutionnels et des droits humains des requérants d’asile», dénonce Denise Graf, juriste à Amnesty. Elle ajoute que l’office a «systématiquement» violé le droit d’accès aux tribunaux et le droit à une défense juridique en renvoyant les personnes concernées immédiatement après la notification de la décision et en avertissant les représentants juridiques très souvent au moment où ces requérants étaient déjà dans l’avion. «Pas plus tard qu’hier, j’ai appris par un avocat bernois que son mandant venait d’être renvoyé alors qu’il était encore en train de formuler le recours contre une décision notifiée à la fin de la semaine passée», explique-t-elle. Denise Graf accuse aussi l’ODM de «ne pas se soucier du respect réel du principe de non-refoulement par le pays vers lequel le renvoi a lieu, ni de la situation procédurale sur place».
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L’ODM, de son côté, fait pour l’instant profil bas. «Un éventuel changement de pratique devra être élaboré en collaboration avec les cantons, qui sont responsables de l’exécution des renvois», se contente de préciser sa porte-parole, Marie Avet.

Brésil : Les réfugiés africains luttent contre le mal du pays grâce à Internet

Avec l''encouragement du Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (UNHCR), les réfugiés et les demandeurs d'asile africains vivant en milieu urbain au Brésil utilisent l''Internet pour contacter leurs familles et accélérer leur intégration.

Euphrem D''Fagbenou se sentait seul au monde lors de son arrivée au Brésil il y a un an, après avoir quitté le Bénin en Afrique de l''Ouest, son pays natal. Toutefois sa vie a changé dès qu''il a commencé à fréquenter, à Sao Paulo, un café Internet géré par Refugees United, une organisation basée au Danemark qui aide à la réunification des réfugiés via un site Internet.

« Je discute par Internet avec mes proches en Afrique au moins une fois par semaine. Je viens également ici pour rencontrer les amis que j''ai connus au Brésil, pour chercher du travail et pour m''informer sur Sao Paulo », a indiqué ce jeune homme âgé de 23 ans, ayant fui le Bénin après avoir subi la persécution pour son appartenance à un syndicat.

Yonas Samuel a fui l''Erythrée en 1998 pour échapper à la persécution qu''il subissait en raison de son activisme politique et il a également trouvé que l''adaptation a été très difficile lors de son arrivée au Brésil depuis l''Afrique du Sud en 2009. De plus, cet homme de 53 ans était inquiet au sujet de sa femme et de sa fille, qui se trouvaient au Zimbabwe et qu''il n''avait pas revues depuis deux ans, avant de partir pour l''Afrique du Sud.

Samuel a également découvert l''organisation Refugees United dont le bureau est situé en centre ville à Sao Paulo et qui fournit une connexion gratuite à l''Internet pour les réfugiés et les demandeurs d''asile les lundi et samedi. Dès qu''il a eu accès à un ordinateur, il a consulté le site Internet de Refugees United et il s''est enregistré.

Dans son profil, Samuel a noté que son surnom était « Espresso ». Sa femme s''était, elle aussi, enregistrée sur ce site depuis sa nouvelle maison au Royaume-Uni. Elle a lu ce profil et elle a réalisé que cet homme était son mari. Espresso était sa boisson préférée et la famille plaisantait toujours avec Samuel à ce sujet.

Très vite, ils ont commencé à discuter via Internet. « C''était vraiment émouvant », s''est rappelé Naomi Maruyama, une volontaire de Refugees United qui se trouvait au côté de Samuel au moment où il a repris contact avec sa femme via Internet. « Il nous a dit que nous lui avions rendu sa joie de vivre ». Le couple espère un regroupement familial au Royaume-Uni, où l''épouse de Samuel a obtenu le statut de réfugié.

Selon le HCR, ces deux exemples montrent combien l''accès à l''informatique peut aider les réfugiés et les demandeurs d''asile vivant dans des villes à travers le monde. De plus en plus de centres Internet offrent aux réfugiés l''accès à l''Internet. Par exemple, Samuel utilise également des ordinateurs dans un café Internet situé en centre ville et qui est géré par SESC Carmo, une organisation assurant des services sociaux, financée par le secteur privé et qui travaille avec le HCR au Brésil.

L''Internet café de SESC à Carmo dispose de 16 ordinateurs, qui sont entretenus par des volontaires et disponibles pour les réfugiés ainsi que le grand public. « Environ 120 réfugiés utilisent ces ordinateurs chaque semaine. Chaque personne peut se connecter jusqu''à 30 minutes par jour, et nous avons constamment des files d''attente », a expliqué Denise Collus, travailleur social chez SESC Carmo.

Elle a indiqué qu''un nombre accru de réfugiés et de demandeurs d''asile utilisaient le service et «qu''Internet aide à briser la solitude dont souffrent un grand nombre d''entre eux ». Pour certains, c''est la seule façon de rester en contact avec des proches résidant à l''étranger, alors que d''autres n''en ressentent aucun besoin pour leur intégration. « La recherche d''emploi par Internet est très répandue », a indiqué Denise Collus, ajoutant qu''un grand nombre de réfugiés utilisent leur adresse e-mail pour toute leur correspondance.

Denise Collus a indiqué que la plupart de ceux qui utilisent l''Internet étaient âgés entre 20 et 35 ans, et que « les réfugiés arrivant au Brésil ont habituellement un bagage universitaire ». Un grand nombre d''entre eux lisent les journaux de leurs pays respectifs et écoutent la musique de leur région d''origine via Internet.

Une info trouvée sur le centre de l'actualité de l'ONU

Un cardinal s'inquiète du racisme

Le cardinal Peter Turkson, président du conseil pontifical Justice et Paix, a mis en garde contre des politiques trop rigoureuses en matière d'immigration, affirmant que "la frontière entre législations restrictives et racisme risque de devenir toujours plus mince". L'immigration devient un problème quand "on identifie migration et menace", relève le cardinal ghanéen récemment nommé à la tête de ce dicastère (équivalent d'un ministère) dans une interview au journal en ligne de la Fondazione Farefuturo du président de la Chambre des députés Gianfranco Fini (centre-droit).

"Aujourd'hui, en Europe, on ne considère l'immigration que comme une menace : menace à l'intégrité européenne, menace au développement, menace au bien-être, menace à la sécurité. Un danger et non une aide potentielle au développement", relève Mgr Turkson. "Mais les migrations ne peuvent pas être arrêtées ni évitées", ajoute-t-il, relevant que "la frontière entre les législations restrictives et le racisme risque de devenir toujours plus mince".

Pour lui, ceci entraîne un "autre risque" : "que les étrangers apprennent à faire la même chose" et qu'une fois revenus dans leur pays, ils mettent en oeuvre des politiques migratoires restrictives.

AFP

Système Dublin : l'ODM épinglé pour ses méthodes expéditives

Un Afghan renvoyé en Grèce, premier pays par lequel il est entré dans l’espace Schengen, a obtenu gain de cause devant la justice. Il aurait eu droit à un recours avant d’être expulsé. Un article de Valérie de Graffenried dans le Temps.

L’Office fédéral des migrations (ODM) dégaine plus vite que son ombre lorsqu’il s’agit d’appliquer les accords de Dublin. C’est en substance ce que souligne le Tribunal administratif fédéral (TAF) dans un arrêt du 2 février publié mercredi. En admettant le recours d’un Afghan, il dénonce les méthodes expéditives de l’ODM. Le système de Dublin permet à la Suisse de renvoyer des requérants d’asile ou clandestins vers le premier pays par lequel ils sont arrivés dans l’espace Schengen. Mais l’ODM le fait avec beaucoup trop d’empressement alors qu’il devrait autoriser des recours, insiste le TAF. Remis à l’ordre, l’ODM va devoir changer de pratique.

L’Afghan qui a obtenu gain de cause a été refoulé en Grèce l’an dernier, premier pays par lequel il était arrivé dans Schengen. L’ODM lui a signifié son renvoi sans lui laisser le temps de recourir contre la décision de non-entrée en matière sur sa demande d’asile. Pour le TAF, cette célérité viole clairement le droit d’accès aux tribunaux tel qu’il est garanti par les articles 29 de la Constitution fédérale et 13 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).

Déjà dans l’avion

Cette décision va forcer l’ODM à stopper les renvois immédiats et laisser le temps aux requérants déboutés d’office de recourir contre la décision qui les frappe avant d’être expulsés. 146 procédures relatives à la mise en œuvre des accords de Dublin sont encore pendantes devant le tribunal. Le TAF a déjà ordonné dans une dizaine de cas à l’ODM de procéder au retour de requérants renvoyés de manière trop expéditive vers un Etat tiers. Qu’en sera-t-il de l’Afghan? Le Bureau Schengen d’Athènes, contacté par l’ODM, n’a pour l’instant pas réussi à le retrouver…

Carlo Sommaruga (PS/GE) se dit très satisfait de cette décision. «C’est une victoire du droit sur une politique migratoire de plus en plus inhumaine. Il faudra que la révision de la loi sur l’asile intègre clairement cette exigence de la CEDH», commente-t-il. Touché par l’histoire de l’Irakien Fahad Khamas, protagoniste du documentaire La Forteresse expulsé deux fois de Suisse vers la Suède, le conseiller national est l’auteur de plusieurs interventions pour dénoncer les «dérives insupportables» de Dublin.

Même satisfaction du côté de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) et d’Amnesty International. «Il fallait vraiment que l’ODM soit remis à l’ordre. Depuis plus d’une année, il développe une pratique de renvois tous azimuts sans se soucier des droits procéduraux, constitutionnels et des droits humains des requérants d’asile», dénonce Denise Graf, juriste à Amnesty. Elle ajoute que l’office a «systématiquement» violé le droit d’accès aux tribunaux et le droit à une défense juridique en renvoyant les personnes concernées immédiatement après la notification de la décision et en avertissant les représentants juridiques très souvent au moment où ces requérants étaient déjà dans l’avion. «Pas plus tard qu’hier, j’ai appris par un avocat bernois que son mandant venait d’être renvoyé alors qu’il était encore en train de formuler le recours contre une décision notifiée à la fin de la semaine passée», explique-t-elle. Denise Graf accuse aussi l’ODM de «ne pas se soucier du respect réel du principe de non-refoulement par le pays vers lequel le renvoi a lieu, ni de la situation procédurale sur place».

L’ODM, de son côté, fait pour l’instant profil bas. «Un éventuel changement de pratique devra être élaboré en collaboration avec les cantons, qui sont responsables de l’exécution des renvois», se contente de préciser sa porte-parole, Marie Avet.

Site du Tribunal administratif fédéral:

http://www.bundesverwaltungsgericht.ch/fr/index/actual.htm