mardi 28 avril 2009
Moudon primée pour son sens de l’accueil des étrangers
CHRISTIAN AEBI |dans 24Heures
Moudon et Renens ont été primées, samedi, pour leur sens de l’accueil des immigrés. Dans la cité broyarde, où l’on dénombre 40% de migrants, c’est le groupe Suisses-Etrangers qui a été distingué, lors des Assises vaudoises de l’immigration, à Bex.
«Ce groupe fait un travail très important, explique Magaly Hanselmann, coordinatrice cantonale en matière d’intégration des étrangers et de prévention du racisme. Nous avons aussi voulu primer leur dynamisme et la richesse de leur activité.» Un zèle qui rapporte un chèque de 2500 francs au groupe Suisses-Etrangers. Tout au long de l’année, il multiplie les actions: Fête des enfants (c’était dimanche), visite du Grütli ou du parlement fédéral, rencontres avec des personnalités politiques. Mardi prochain ce sera par exemple Christian Levrat, président du Parti socialiste suisse, qui se déplacera à Moudon pour «un entretien à cœur ouvert.»
Au-delà de ces coups médiatiques ou symboliques, le groupe crée un réel état d’esprit favorable aux étrangers de Moudon. «C’est très utile, témoigne Diiriye Yusuf. Ce groupe permet aux gens de mieux se connaître. C’est ça aussi, le secret d’une bonne intégration.» Ce jovial Somalien de 61 ans vient d’être naturalisé. Un caquelon et un réchaud trônent dans la cuisine.
Le travail et la langue
«Moudon, c’est petit. On se connaît. On s’intègre plus facilement ici qu’à Lausanne ou à Montreux. Quand les gens ne te voient pas pendant deux jours, au troisième, ils te demandent où tu étais.»
Arrivé comme requérant d’asile en 1995 avec ses trois enfants et son épouse enceinte, Diiriye Yusuf n’est pas peu fier d’être désormais bourgeois de Moudon. C’est tout frais, ça date de mars. Homme à tout faire dans les cuisines de l’EMS l’Oasis, à Lucens, Diiriye recommande pour une bonne intégration un travail, «le meilleur passeport», et la langue, «indispensable»: «En bossant, tu partages les mêmes problèmes et les mêmes avantages que les Suisses. Tu te lèves tôt, tu paies tes impôts. Mais tu as une bonne qualité de vie, une sécurité.»
Les multiples activités du groupe Suisses-Etrangers ont aidé la famille de Diiriye à s’intégrer socialement. Ce sont ces efforts que la Chambre cantonale consultative des immigrés a voulu récompenser ce samedi à Bex. Elle a ainsi remis pour la première fois un «Prix du milieu du monde» à Moudon et à Renens. Cette dernière a été distinguée pour sa permanence Info-Natu, qui encourage la participation civique des populations étrangères.
Suite du procès des capitaines courageux
Le 4 mai 2009 le tribunal d'Agrigento va prononcer le jugement des
7 pêcheurs tunisiens sous procès depuis 2007 pour avoir sauvé 44
migrants au large de Lampedusa. Et le 6 mai 2009 il y aura peut
être la dernière audience du procès de la Cap Anamur. Sur Fortress
Europe, vous trouvez mon reportage sur les pêcheurs siciliens. De
véritables héros. Qui depuis des années sauvent - chaque semaine -
de centaines de migrants dans le Canal de Sicile.
Capitaines courageux. La parole aux pêcheurs siciliens
http://fortresseurope.blogspot.com/2006/01/capitaines-courageux-la-parole-aux.html
MAZARA DE VALLO - «Nous sommes au milieu. C'est notre zone de pêche, et
leur zone de transit". Presque chaque jour, les pêcheurs siciliens
croisent les embarcations des émigrants au large de Lampedusa. Et de
plus en plus remplacent les Garde Côtes et la Marine Militaire dans des
difficiles sauvetages. Le dernier fut le 28 novembre 2008. La mer en
tempête, cinq équipage siciliens sauvèrent courageusement 650 personnes.
Pour les rencontrer je suis allé à Mazara del Vallo, premier district de
pêche en Sicile. Et là j'ai découvert que ce n'était pas la première
fois. Ces dernières années, les pêcheurs de Mazara ont sauvé de
centaines d'hommes et de femmes. Leurs histoires sont incroyables. Des
histoires héroïques de marins qui se jettent dans la mer, en plein nuit,
pour sauver des gens. Mais aussi cruels, indicible, de cadavres trouvés
dans les filet, mangés par les poissons. En tout cas ces sont des
histoires d'une profonde humanité. Des héros anonymes qui ne se sont pas
tournés de l'autre coté. Car "quand tu vois un enfant âgé de trois mois
en mer, tu ne pense plus à l'argent et au temps perdus. Tu pense
seulement à lui sauver la vie."
Elle était une petite fille de quelques mois, la première à monter à
bord du Ghibli, l'après-midi du 28 Novembre 2008 à Lampedusa. "Elle
était protégée par une couverture. Quand je l'ai vue, je lui faisait des
grimaces. Elle riait." Elle avait passé trois jours en mer, comme sa
mère, et les autres 350 passagers, entassés sur un vieux bateau en bois
de dix mètres, bloqués dans la mer en tempête, à 10 miles au sud-est de
l'île. Le capitaine Pietro Russo ne va pas oublier facilement son
visage. Il avait été le commandant des Garde Côtes à lui demander
d'intervenir: leur bateaux n'étaient pas assez grand pour défier ces
vagues et il n'y avait pas de navires de la Marine militaire dans la
zone. Seulement les grands bateaux de pêche de 35 mètres de Mazara
pouvaient intervenir. Quand Russo entendit qu'à bord il y avaient des
femmes et des enfants, il ne put pas se tourner de l'autre coté. Et il
prise le risque. De la même façons qu'il avait fait, la nuit auparavant,
le commandant du Twenty Two, Salvatore Cancemi, qui n'hésita pas à
sortir en mer force 7 pour sauver 300 personne en danger.
Les informations donnaient l'embarcation à 15 miles à l'ouest de l'île,
près du rocher de Lampione. Cinq embarcations de la flotte de Mazara
partirent la chercher, en dépit des conditions maritime. "Il y avait de
vagues de huit mètres de hauteur et des rafales de vent à 70 km par
heur" – il raconte Cancemi. "La mer était trop agitée pour un abordage -
dit-il -, mais aussi pour les remorquer, le câble pouvait se rompre. Il
y avait trop de vagues. Nous avons donc décidé de les escorter. On
naviguait à leur côté, en faisant mur contre le vent." Ils cherchèrent
refuge sous les rocher de la Cozzo Ponente. Il mouillèrent l'ancre juste
à quelque mètres de la côte, en plein nuit. Et puis, petit à petit,
transbordèrent tous les passagers. Cela fut le moment le plus difficile,
dit le pêcheur. Un faux pas et le bateau allait immédiatement se
renverser dans l'eau. Et il n'aurait pas été la première fois.
Nicola Asaro, classe 1953, est le capitaine du Monastir. La nuit du 17
Juillet 2007 ils étaient en train de pêcher des crevettes rouges au
large des côtes libyennes, quand ils furent approché par une petite
embarcation avec 26 personnes à bord. "Ils étaient sans carburant. Ils
voulaient de l'essence, mais nous utilisons le gasoil, nous ne pouvions
pas les aider." En tout cas Asaro ordonna d'abaisser une échelle et de
les laisser monter. La mer était plate. Il fut un moment. Quelqu'un se
leva par derrière, et commença à pousser les autres. Dans un instant le
bateau chavira. "Nous lançâmes immédiatement dans la mer des gilets de
sauvetage et des cordes. Ils ne savaient pas nager. Ils se tiraient l'un
l'autre au dessous de l'eau." Finalement les marins de Asaro en
sauvèrent 14 et récupérèrent un mort. "Les autres 11, je les ai vus
couler avec mes propres yeux."
La même chose s'est passé encore, il y a quelques mois, en Juin 2008, au
capitaine de l'Ariete, Gaspare Marrone. Ils étaient en train de
remorquer une cage de thons. Le bateau, avec 30 personnes à bord,
chavira à deux mètres de l'Ariete, pendant les secours. Les membre de
l'équipage réussirent à récupérer 22 personnes de la mer et les cinq qui
s'étaient accrochés à la cage. Mais trois personnes, dont une femme,
disparurent entre les vagues. Un an plus tôt, en septembre 2007, Marrone
avait sauvé 10 hommes en haute mer, accrochés à la quille d'un zodiac
coulé, un tube de 20 cm de largeur et 4 mètres de longueur. Ils étaient
là depuis plus de deux heures, nu. Les 30 autres passagers étaient tous
noyés. "Depuis loin ils me semblaient des bouées, quand j'ai compris
qu'ils étaient des hommes, je ne voulait pas croire à mes yeux. Nous lui
lançâmes des ceinture de sauvetage. Un des marins sauta en mer pour les
aider, ils n'avaient plus de force ".
Et il n'avait plus de force même le jeune mauritanien trouvé tout seul
en haute mer, à 70 miles de Lampedusa, par le bateau de pêche Ofelia, le
23 août 2007. "C'était l'aube - dit le capitaine Antonio Cittadino -. Je
l'ai vu par hasard, par la fenêtre de la cabine. Au début, je me suis
dit que c'était un bidon. Ensuite, j'ai vu quelque chose bouger. Il
avait soulevé la main. Il était un homme." Il était le seul survivant
d'un naufrage ayant coûté la vie à 47 personnes. Depuis 48 heures il
restait assis sur trois planches de bois de la coque du bateau coulé.
"Dès que nous l'avons tiré à bord de poids, il s'est effondré sur le
sol. Il ne parlait pas. La peau était devenu blanche à cause de l'eau
salée. Quand il s'est repris, le lendemain, il m'appelait l'ami de Dieu. "
Russo, Asaro, Cancemi, Marrone, Cittadino et tous les autres capitaines
courageux font honneur à l'Italie. Pour reconnaître leur engagement,
l'Haut Commissariat de Nations Unies pour le Réfugiés a institué en 2007
le prix «Per Mare». Un prix qui réaffirme publiquement la valeur des
sauvetages en mer, alors que dans le tribunaux la solidarité semble être
devenu un crime.
C'est le cas du capitaine Zenzeri et de six marins tunisiens. Depuis
deux ans ils sont sous procès à Agrigento, en Sicile. Quand il vit les
deux enfants et la femme enceinte parmi les 44 passagers du zodiac à
moitié coulé, il n'hésita un instant pour le secourir. C'était le 8 août
2007. Aujourd'hui le ministère public demande deux ans et demi
d'emprisonnement pour les sept marins plus une amende de 440.000 euros.
L'accusation est d'aide à l'immigration clandestine. Le jugement est
attendu pour le 4 Mai 2009. Lorsque j'ai rencontré Zenzeri en Tunisie,
il me disait que s'il pouvait revenir en arrière, il fairait le même.
C'est la loi de la mer. La solidarité n'est jamais un crime. Il en est
convaincu. Et ils en sont convaincus les avocats de la défense -
Leonardo Marino et Giacomo La Russa - qui en cas de condamnation,
promettent bataille, jusqu'à la Cour européenne.
posted by gabriele del grande
La commission des libertés civiles du Parlement Européen approuve le "paquet asile"
La commission des libertés civiles du PE approuve le "paquet asile"
Une série de mesures visant à améliorer le fonctionnement du système d'asile européen et les droits des demandeurs d'asile ont été approuvées par la commission des Libertés civiles du Parlement européen, ce lundi. Les députés ont introduit des amendements renforçant la solidarité entre Etats membres dans la gestion des demandes d'asile. Les quatre rapports de codécision faisant partie de ce "paquet" seront examinés en séance plénière la semaine prochaine à Strasbourg.
Encadrer le recours à la rétention
Selon ce projet, le placement en rétention devra être apprécié au cas par cas, et ne doit pas avoir lieu dans des établissements pénitentiaires mais dans des établissements spécialisés. Des garanties juridiques contre la rétention arbitraire devront être mises en place. La rétention des mineurs non accompagnés doit être interdite.
Une assistance juridique gratuite aux demandeurs d'asile
Le texte prévoit que la rétention ne doit être ordonnée que par les seules autorités judiciaires. Elle ne peut être le fait d’une autorité administrative qu’en cas d’urgence, et devra alors être confirmée par la justice dans un délai maximal de 72 heures. En l’absence de décision, le demandeur d’asile concerné doit être libéré immédiatement. Les demandeurs d’asile placés en rétention doivent être informés dans une langue qu’ils comprennent ou dont il est raisonnable de penser qu'ils la comprennent, et bénéficier d’une assistance juridique et d’une représentation gratuite s'ils le souhaitent. Ils doivent en outre pouvoir bénéficier de soins médicaux et d'un soutien psychologique approprié.
Les députés estiment que les procédures administratives liées à la demande d’asile doivent être conduites rapidement, et que les retards qui ne sont pas de la faute du demandeur ne doivent pas justifier une prolongation de la durée de la rétention.
De même, selon eux, l’accès au travail doit être garanti dans un délai maximal de six mois après le dépôt de la demande de protection internationale. Les mineurs doivent avoir accès à l'éducation au plus tard dans les trois mois.
Personnes vulnérables
Les Etats membres sont tenus de vérifier, dès le dépôt d’une demande de protection internationale, si le demandeur a des besoins particuliers : les personnes vulnérables, parmi lesquelles les mineurs, les femmes enceintes et les victimes de torture et de violence, ou les victimes de mutilations génitales féminines, doivent recevoir une attention adéquate, indiquent les députés. Toujours selon eux, les victimes de torture devront être orientées rapidement vers un centre de soins approprié à leur situation. Les Etats membres doivent en outre favoriser le regroupement familial, et des tuteurs doivent être nommés pour conseiller et protéger les mineurs non-accompagnés.
Permettre le relogement des demandeurs d'asile
Une deuxième proposition du « paquet asile » vise à améliorer le « règlement de Dublin » de 2003. Ce règlement avait pour objet de garantir l’accès à la procédure de demande d’asile et à assurer leur traitement rapide, tout en évitant l’introduction de demandes multiples soumises par la même personne dans plusieurs Etats membres. La proposition entend garantir des normes de protection plus élevées en faveur des personnes et mieux faire face aux situations dans lesquelles les capacités d’accueil et les systèmes d’asile des Etats membres sont soumis à une pression particulière. Elle fixe des délais pour que la procédure de détermination de la responsabilité soit plus efficace et plus rapide. Elle prévoit en outre un ensemble de dispositions garantissant que l’ensemble des besoins des demandeurs d’une protection internationale soient couverts et que des garanties juridiques suffisantes soient prévues, notamment des droits de recours contre les décisions de transfert, incluant le droit à l’aide judiciaire, à la représentation et au regroupement familial, mais aussi la réaffirmation du principe selon lequel personne ne doit être placé en rétention au seul motif qu’il demande une protection internationale.
Le rapport de Jeanine Hennis-Plasschaert (ADLE, NL) adopté à l'unanimité, soutient ces principes. Il propose cependant d’améliorer la solidarité entre Etats membres par l’introduction d’instruments obligatoires, comme la constitution d’équipes d’experts nationaux assistant les Etats membres confrontés à un nombre important de demandes d’asile, et l’établissement d’un programme de relogement visant à permettre aux bénéficiaires d’une protection internationale d’être accueillis par un Etat membre autre que celui leur ayant accord cette protection.
Améliorer le fonctionnement de la base de données d'empreintes digitales Eurodac
Le système de Dublin ne pourrait fonctionner sans un système permettant d’identifier les ressortissants étrangers ayant déjà soumis une demande d’asile dans un autre Etat membre : il s’agit d’Eurodac, un système informatique de comparaison des empreintes digitales et fonctionnant depuis 2003. La proposition du "paquet asile" vise à améliorer le fonctionnement général du système, à clarifier les différentes étapes de son fonctionnement et à définir des règles en matière de protection des données : les Etats membres seront ainsi tenus d’effacer les données qui ne sont plus nécessaires aux fins pour lesquelles elles ont été collectées. Le rapport de Nicolae Vlad Popa (PPE-DE, RO), adopté par 28 voix pour, 4 contre et 3 abstentions, soutient cette proposition avec certaines précisions techniques.
Création d'un bureau pour assister les Etats membres
Enfin, les membres de la commission des libertés civiles ont adopté à l'unanimité moins une voix le rapport de Jean Lambert (Verts/ALE, UK) approuvant la création du Bureau européen d’appui en matière d’asile. Ce bureau aura pour but de fournir l’assistance d’experts nécessaire pour contribuer à la mise en œuvre de la politique européenne d’asile, et permettra de favoriser la coopération entre Etats membres et d’assister ceux soumis à des pressions particulières. Les députés souhaitent que le futur bureau développe, en collaboration avec le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU et les ONG concernées des formations destinées aux membres des administrations nationales en matière d’asile. Le bureau devrait également mettre en place un système d’alerte précoce permettant aux Etats membres et à la Commission d’anticiper les arrivées massives éventuelles de demandeurs de protection internationale, ainsi qu'un système de solidarité obligatoire pour le relogement des bénéficiaires d'une protection internationale des Etats membres dont le système d'asile national est surchargé.