vendredi 16 novembre 2007

Les Roms quittent déjà Genève

Les Tsiganes s’organisent pour partir. Témoignages recueillis par Stéphane Herzog dans 24 Heures

Le plan de lutte contre la mendicité dévoilé mardi par les autorités a déjà fait le tour de la communauté Rom qui mendie à Genève. Au moins une vingtaine de Tsiganes ont déjà pris des dispositions pour quitter Genève d’ici à la fin de cette semaine. Ils retourneront en Roumanie ou continueront leur route, ailleurs en Europe.

Robert*, qui héberge depuis plusieurs mois des Roms dans son petit appartement, raconte que ce jeudi matin, une Dacia Logan (la Renault roumaine) a quitté Genève pour Barcelone, avec à son bord dix personnes, dont quatre enfants de quinze, neuf, huit, et deux ans et demi! Il se fait un sang d’encre, car il est le parrain d’une fillette qui est à bord. «D’autres gens partiront en bus samedi et dimanche. Au moins quinze personnes en tout. Certains Roms sont très inquiets, car ils sont arrivés récemment à Genève et ne pourront pas rembourser l’argent emprunté au pays pour financer leur périple, ni acheter de billet pour retourner en Roumanie».

Flavio, un Rom roumain de 25 ans, a appris par la presse que la vie des Tsiganes à Genève allait bientôt se compliquer. Mercredi, alors qu’il mendiait dans la rue à Lancy des gens lui ont demandé ce qu’il faisait encore là. Il se tenait assis à deux pas d’une caissette de journaux, dont la manchette évoquait la mendicité! «Tu n’as pas vu ce qui est écrit?», lui a lancé une dame peu amène. Le jeune homme a décidé d’attendre jusqu’à la fin du mois, pour voir comment la situation va évoluer. Mais jeudi, il est tout de même passé à la gare routière pour demander le prix d’un billet de bus pour l’Espagne. Sa femme est enceinte de 6 mois. Son fils est resté au pays. Là-bas, les Roms travaillent pour 120 euros par mois, dit-il.
* Prénom fictif

Sur le même sujet, lire l'article du Matin, ainsi que l'interview de Laurent Moutinot.

Chômeur en Slovaquie, il tente sa chance ici comme mendiant

Venu de Bratislava en bus, il s'est installé au coeur de Lausanne pour faire la manche. Rencontre. Un article de Francine Brunschwig pour 24 Heures.


Discriminés en Europe centrale,
sans travail, les Roms prennent
la route de l’ouest, tel ce Slovaque
arrivé à Lausanne il y a peu.
PLACE ST-FRANÇOIS,
LE 14 NOVEMBRE 2007
PHILIPPE MAEDER

Pour l'heure, Lausanne ne semble pas connaître la même affluence de mendiants qu'à Genève (lire ci-contre). Seules rencontres, avant-hier, entre Saint-François et Chauderon, en passant par la rue Centrale et le Petit-Chêne, un clarinettiste roumain à la rue de l'Ale et un mendiant accroupi à l'entrée principale de la poste de Saint-François.
Manoeuvre d'approche. Le quadragénaire arrivé trois jours plus tôt de Slovaquie, selon ses dires, effectuait mercredi son troisième jour de «travail» à Lausanne. Avec ou sans harmonica.

Interview contre argent

Ne parlant que le slovaque, c'est avec un interprète que nous lui avons demandé de nous raconter son histoire. Refus dans un premier temps, par peur d'être repéré par la police. Puis l'homme a accepté, à condition d'être payé. Il demande 130 fr. (près de 2500 couronnes slovaques). «Le prix du trajet de retour à Bratislava en bus», dit-il. Marché conclu, nous voici donc dans un café de la place.
«J'ai pris le bus à Bratislava, dimanche soir, et suis arrivé lundi à Lausanne. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois, je suis venu l'été dernier. Il faisait moins froid! J'ai 40 ans, je me suis marié à 17 ans, j'ai quatre enfants de 13, 9, 7 et 5 ans. Les grands sont scolarisés. J'ai fait l'école primaire jusqu'à 15 ans. J'ai ensuite travaillé comme manoeuvre sur des chantiers. Ma femme et moi avons toujours reçu une aide sociale. Avant la chute du communisme, on s'en sortait mieux, la vie était moins chère.»

«Je vis de l'aide sociale»

«Depuis 1990, je vis de l'assurance chômage et, très occasionnellement, de petits travaux au noir qui me rapportent entre 150 et 250 couronnes (ndlr: entre 7 et 12 fr.) Entre ma femme et moi, nous recevons de l'Etat environ 4000 couronnes par mois (ndlr: 200 fr.). Nous vivons les six dans une pièce et une cuisine, dans une vieille maison.
Je cherche du travail. Mais chez nous, même les gens ayant une formation n'en trouvent pas. Mon père est «gadjé» (ndlr:non Tsigane), il est décédé. Ma mère est tsigane, elle se débrouille avec sa rente de veuve. Je suis venu ici parce que tout le monde, dans le milieu gitan, parle de la possibilité de faire des sous à l'ouest. Ce n'est pas nouveau. L'Allemagne, l'Autriche, la Suisse avaient toujours la cote. Mais c'est devenu difficile en Allemagne.»
«Pour ce qui est de la Suisse, on sait qu'il est impossible d'obtenir un permis de travail. Hélas... car j'aimerais bien pouvoir travailler.»
«Mais on sait que c'est un pays riche et qu'on peut, dans le canton de Vaud, se procurer une sorte de permis pour jouer de la musique. Quelqu'un m'avait parlé de Lausanne. J'ai obtenu ce papier, je joue de l'harmonica. On m'avait dit que je pouvais espérer gagner 50 à 100 fr. par jour. Hier, j'ai fait 40 fr.»

«Donnez-nous du travail!»

«Je dors à La Marmotte (ndlr: lieu d'accueil de nuit), je paye 5 fr. la nuit. Mes proches savent que je suis ici. Ce n'est pas facile de se résoudre à partir. Il faut comprendre que nous avons besoin de soutien. Depuis que nous sommes dans l'Europe, on nous fait des promesses, c'est tout. Nous aider en Slovaquie? Inutile, l'argent va se volatiliser. Donnez-nous du travail ici!»


Bazar de Noël au Point d'Appui

Le taser fait des étincelles au Canada

Lisez absolument cet article de Patrice Favre qui fait le tour de la question du Taser suite à la mort en quelques jours de deux personnes au Canada.


Le Canada est secoué par la diffusion d'une vidéo montrant la mort d'un immigré polonais touché par un pistolet électrique Taser. Le pays a ordonné une enquête sur l'utilisation de cette arme Filmé par un vidéaste amateur il y a un mois à l'aéroport de Vancouver, ce décès est diffusé en boucle sur les télévisions canadiennes et américaines. La victime a été atteinte par deux décharges de 50'000 volts. La police a déclaré que l'homme avait été maîtrisé après s'être montré très agité. Mais les images semblent indiquer qu'il n'a opposé aucune résistance lorsqu'il a été encerclé par quatre agents.
Lien vers la vidéo sur YouTube
Ecoutez l'interview d'Yvan Perrin par Esther Mamarbachi sur la TSR
Lien vers la polémique déclenchée sur Radio-Canada
Lire l'article du NY Times (en anglais)
Lire l'article de Libération
Lien vers Google News sur la couverture média de cet événement

La presse de boulevard (et les gratuits) font-ils le lit du populisme


Lire cet article de fond de Didier Estoppey dans le Courrier

Asile et migration: un nuveau cursus est proposé

Lire cet article de Catherine Dubouloz dans Le Temps
Après huit ans de travaux préparatoires, la profession de «Spécialiste de l'asile et des migrations» a été reconnue par l'Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT) en janvier 2007. Cet acte a consacré la professionnalisation des métiers de l'asile; cela concerne les personnes qui travaillent dans les structures d'accueil et d'hébergement pour les requérants, les bureaux de conseils et autres associations de soutien aux réfugiés et aux migrants.