vendredi 6 juillet 2007
Endiguer le flot des migrants
«Un espoir, mais ténu»
Selon Philippe Leuba, Adem Salihi a encore une maigre chance d'être régularisé
Les services de Philippe Leuba vont déterminer si le cas d'Adem peut être transmis à Berne. «Je ne veux pas négliger cette dernière piste, mais il n'y aura aucune place pour l'arbitraire», lance le conseiller d'Etat, rencontré hier au Château, à Lausanne.
Philippe Leuba a la pression. A la tête du Département vaudois de l'intérieur depuis lundi, le nouveau conseiller d'Etat hérite du cas brûlant d'Adem Salihi, le requérant débouté adoré par tout son village de Bassins. Sera-t-il aussi intransigeant que son prédécesseur, Jean-Claude Mermoud? Le libéral fait le point.
- Adem a-t-il encore une chance de rester en Suisse?
- Il existe, disons, une porte entrouverte. Mais je veux être clair: l'espoir est ténu.
- A quoi pensez-vous? Pour M. Mermoud, Adem devait partir!
- Il existe, dans une ordonnance liée à la Loi sur les étrangers, un article consacré au traitement spécifique des cas douloureux (Art.?13?f OLE). Mes services étudient la jurisprudence pour voir si M. Salihi pourrait en bénéficier. S'il y a une solution, elle est là: c'est la seule fenêtre qui, très éventuellement, reste ouverte. On sera fixé en début de semaine prochaine.
- Que se passerait-il?
- S'il a une chance, je m'engage à envoyer son dossier à l'Office des migrations, à Berne. Qui trancherait alors en six semaines environ.
- Et si Adem ne peut pas bénéficier de cette opportunité?
- Il n'y aurait plus d'autre issue que le départ. Nous lui fixerions un plan de vol. Et nous lui reproposerions une aide au retour, pour autant qu'il coopère. Sinon, il n'y aurait plus d'autre choix que l'expulsion forcée, la pire des solutions...
- Pour l'instant, votre arrivée suscite l'espoir à Bassins.
- J'ai étudié le dossier de M. Salihi, j'ai accueilli mercredi les trois députés Melly, Pertusio et Martinet, tous venus plaider sa cause. J'ai reçu de nombreuses lettres, jusqu'à mon domicile privé. Par les sentiments qu'il provoque, par son écho, le cas de M. Salihi est particulier. Un conseiller d'Etat ne peut pas rester autiste: ce dossier est donc pour moi prioritaire. Mais à l'avenir, je ne recevrai pas les 10 000 à 15 000 requérants ou clandestins du canton dans mon bureau.
- Vous explorez une nouvelle piste: Pourquoi M. Mermoud ne l'a-t-il pas fait?
- Je ne sais pas, peut-être a-t-il jugé qu'il n'y avait pas l'ombre d'une chance. Mais je peux affirmer que le canton n'a jamais pétouillé, comme on dit. Et toutes les décisions, tant de l'administration que des tribunaux, ont été négatives pour M. Salihi. Je ne veux pas négliger cette dernière piste, mais il n'y aura aucune place pour l'arbitraire. On parle de vies humaines, de destin, de décisions difficiles, mais la loi est la même pour tous, et elle sera appliquée de manière équitable et responsable.