vendredi 14 novembre 2008

Frambois dans la tourmente

. Nomination controversée et appel à la fermeture du centre de détention administrative.



Elle a le ton de la provocation. Une interpellation urgente a été déposée jeudi par la commission des visiteurs du Grand Conseil genevois. Celle-ci demande la fermeture immédiate de l'Etablissement concordataire de Frambois - destiné à la rétention des étrangers faisant l'objet de mesures de contraintes - en le dépeignant comme un lieu de chaos et de souffrances. Une autre décision vient placer ce centre de détention au cœur de l'actualité: la toute fraîche nomination comme directeur du très controversé Jean-Michel Claude suscite la surprise, pour ne pas dire la consternation des milieux qui gravitent autour du pénitentiaire. ...Lire la suite

ASILE - La commission des visiteurs dénonce les «conditions scandaleuses» de rétention dans le centre pour requérants déboutés. 
Drôle de coïncidence. Hier, le centre de détention administrative de Frambois était cité en exemple dans un rapport du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT, lire aussi en page7). Mais le même jour, cet établissement intercantonnal pour requérants d'asile en attente de renvoi, situé à Vernier, recevait les foudres de la commission des visiteurs du Grand Conseil genevois. Dans une interpellation urgente adressée au Conseil d'Etat, la commission demande à l'unanimité «la fermeture sans délai» de l'établissement.
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La Suisse refuse l'asile à trois détenus de Guantanamo


La Suisse, un des seuls pays à accepter des demandes d'asile de personnes ne se trouvant pas sur son territoire, a refusé l'asile à trois détenus de la prison américaine de Guantanamo (Cuba) «prêts à être libérés».


Les raisons du refus de l'accueil des prisonniers n'ont pas été divulguées. (Photo: AP Photo)

Les demandes de ces détenus, un Libyen, un Algérien et un Chinois que les Etats-Unis ont décidé de libérer après sept ans passés à Guantanamo, avaient été déposées l'été dernier, a indiqué jeudi leur avocat suisse Dominik Heinzer.

L'Office fédéral des Migrations a confirmé à l'AFP avoir pris une décision sans en divulguer le contenu ni les raisons: «ces informations sont du ressort des personnes concernées», a-t-il fait valoir.

L'antenne suisse de l'ONG Amnesty International s'est dit «très déçue» dans un communiqué, appelant le gouvernement suisse à revenir sur cette issue et «autoriser une admission collective de ce petit groupe (...) pour mettre fin à leurs tortures».

Les Etats-Unis sont les «premiers responsables» de la situation mais la Suisse «pourrait apporter une contribution significative pour mettre fin à cette tragédie», a commenté la responsable d'Amnesty pour les questions d'asile, Denise Graf.

Éviter l'augmentation des demandes

«Les Suisses ont reconnu que ces personnes courraient un danger si elles retournaient dans leur pays d'origine, mais ils estiment que d'autres pays sont mieux habilités à les recevoir», a précisé un juriste d'Amnesty, Alain Bovard, interrogé par l'AFP.

Diverses raisons ont été mises en avant par les autorités suisses pour justifier leur rejet, dont la question de la «sécurité» publique, a encore expliqué M. Bovard qui a pris connaissance des termes de la décision.

Mais surtout, une réponse positive pourrait provoquer des demandes similaires de «cinquante autres détenus de Guantanamo également en instance de libération», a-t-il souligné.

Les Américains ne veulent pas accueillir sur leur territoire ces détenus qui courent un réel danger s'ils rentrent chez eux, alors «ils font le tour des ambassades en Europe pour chercher à les caser», ajoute le juriste.

La Suisse, qui fait face à une recrudescence de demandes d'asile, s'apprête à mettre fin à la possibilité de déposer un dossier sans se trouver physiquement sur son territoire

La mosquée inaugurée, entre maçons et ambassadeurs

Quelque 300 invités ont participé hier au coupé de ruban. L’ancien garage métamorphosé en lieu de culte musulman a accueilli des représentants des milieux diplomatiques, universitaires, religieux et politiques. Un article de Jérôme Ducret dans 24 Heures, photo Patrick Martin et Lena Martin.
«Certains d’entre nous attendaient cette mosquée de­puis trente ans, d’autres depuis dix, ou trois… L’entreprise est partie avec beaucoup d’espoir et peu de moyens.» Dans son dis­cours, le directeur de la mos­quée de Lausanne, Mouham­mad Kaba, a souligné hier les efforts consentis par les repré­sentants de la communauté musulmane de la région pour aboutir à la cérémonie d’inau­guration de ce nouveau lieu de culte, au 14 du passage de Mon­triond. Il a également réaffirmé que la mosquée était «ouverte à tous».

Inauguration mosquée Lausanne

RENCONTRE Mouwafac El-Rifai, imam (à g.), Magdy Sharawy, ambassadeur d’Egypte en Suisse, et Luc Recordon, conseiller aux Etats vaudois. LAUSANNE, LE 13 NOVEMBRE 2008, photo Patrick Martin


Entre 10 h 30 et 13 h, la céré­monie a réuni quelque 300 invi­tés: du maçon à l’ambassadeur, en passant par les autorités politiques et des représentants des confessions chrétienne et juive. Il y avait même Pierre Gisel, un des professeurs de la Faculté de théologie et de scien­ces des religions de l’Université de Lausanne. Le tout, encadré par un service d’ordre discret et accueillant.
La liesse n'a pas empêché certaines spectatrices d'immortaliser les moments importants de cette cérémonie Le conseiller aux Etats vau­dois Luc Recordon a tenu à féliciter les membres de la com­munauté musulmane de la ré­gion d’avoir trouvé un lieu de culte «dans ce quartier sous-­gare, béni entre tous, où bien des Lausannois voudraient ha­biter ». En tant que politicien actif au niveau fédéral, il en a profité pour fustiger l’initiative populaire qui veut interdire la construction de minarets en Suisse – pour lui, la «sérénité passe ici par la visibilité».
Différence enrichissante

Le conseiller municipal Oscar Tosato a pris la parole pour rappeler que la Municipalité était «opposée avec force à tout sectarisme ou extrémisme reli­gieux, mais attachée avec tout autant de véhémence à la con­viction que la différence est un enrichissement» pour la ville.Les orateurs se sont succédé dans la grande salle de prière, qui pourra accueillir jusqu'à 600 personnes
Quant à Philippe Guyot, l’ar­chitecte qui a dirigé le chantier, il a expliqué qu’il avait dû réap­prendre son métier lors du réa­ménagement de cet ancien ga­rage devenu ensuite menuiserie et galerie d’art. «D’ordinaire, l’architecte a affaire à quelques dizaines d’artisans ou à des en­treprises de construction… Là, je me suis retrouvé avec des dizaines d’ingénieurs et d’archi­tectes bénévoles et avec des cen­taines d’artisans qui apportaient chacun leur contribution à cet édifice. Ce fut un grand plaisir.» Plus d’un million de francs ont ainsi pu être économisés sur les coûts du chantier en faisant appel à la bonne volonté des fidèles et à leurs compétences techniques.

Amnesty international critique l’Office fédéral des réfugiés

L’Office fédéral des migrations (ODM) a rejeté trois demandes d’asile déposées par des détenus de Guan­tanamo, selon Am­nesty International.
L’ODM a confirmé, uniquement, hier que trois personnes ayant passé un certain temps dans le camp américain pour terroristes présumés à Cuba ont déposé une demande. Les décisions ont été prises et communiquées aux personnes concernées.
Selon Amnesty International les requêtes émanaient d’un Libyen, d’un Algérien et d’un Chinois. Les Etats-Unis sont prêts à libérer ces trois person­nes qui ne présentent aucun risque pour la sécurité et contre lesquels aucune charge n’a pu être retenue. Si aucun Etat tiers ne les ac­cepte, ils resteront en prison, ajoute Am­nesty.
Stigmatisés pour avoir été soupçonnés d’activités terroristes, il leur est en effet impossible de rentrer dans leur pays d’ori­gine où ils sont mena­cés de torture et d’emprisonnement.

»
Les pratiques migratoires de la Suisse sont à nouveau dans le viseur des ONG. Am­nesty International demande au Conseil fédéral d’accorder une admission collective à ces trois personnes pour mettre fin à leurs tortures. L’organisation a invité un groupe d’avocates américaines à venir en Suisse la semaine prochaine. Ces juristes vont tenter de trouver un accord avec l’ODM.