vendredi 30 avril 2010

Immigration: ces enfants clandestins

Un Arménien de 16 ans arrive avec 50 dollars en poche à Pamiers (Ariège). Seul, il se dirige vers les bénévoles du secours populaire qui distribuent les repas. C'est soir de réveillon de Noël. Conduit au commissariat de la ville, le jeune garçon raconte que ses parents sont morts et qu'un oncle « a payé le voyage jusqu'en Ariège. »

immigration enfants

Dernièrement, un autre adolescent se présente à l'institut protestant de Saverdun muni d'un curieux bout de papier sur lequel on peut lire : « Je viens de la part du conseil général. » Ils sont Angolais, Congolais, Pakistanais, Afghans, Arméniens, Géorgiens et depuis 2004, de plus en plus d'adolescents fuient des situations de misère, des guerres dans leur propre pays pour frapper à la porte de l'Ariège dès leur descente de train à Pamiers. De 17 en 2005, ils sont 48 à ce jour a être pris en charge par ce département. Un afflux que les structures du conseil général, compétent en matière d'aide à l'enfance, à toutes les peines à contenir. Plus grave, ces arrivées d'enfants clandestins mettent en lumière la possible existence de filières internationales de passeurs. Même si aucune enquête judiciaire n'a permis de mettre au jour, aux pieds des Pyrénées, la présence d'une telle organisation liée à l'immigration clandestine, il existe cependant des « réseaux d'amitiés », des « filières communautaires », au centre de ces mouvements de mineurs. « L'Ariège a toujours accueilli des réfugiés et ce département s'est construit une solide réputation de terre d'accueil », analyse Christian Morisse, coordinateur du réseau Education sans frontière (RESF 09). Partis de Géorgie, d'Arménie ou d'Angola, ces adolescents, sont envoyés par des proches de leur famille en Europe, soit pour assurer leur survie, soit pour financer « une dette de servitude », selon Simon Sire, directeur de l'institut protestant de Saverdun. Une structure d'hébergement connue des communautés étrangères pour son travail d'insertion et de formation. « Ces établissements peuvent créer un appel d'air d'où l'afflux de ces jeunes migrants en Ariège », explique un spécialiste des flux migratoires. Par bus, bateau ou avion, ils arrivent en France avec un maigre pécule en poche et souvent accompagnés d'un tiers, un pseudo-passeur ou un proche. À l'aéroport de Roissy, ces ados qui parlent trois mots de français, seraient ensuite aiguillés par des membres de leur communauté vers Toulouse, puis Foix par le train. « Des voyages très organisés », observe un associatif ariégeois. La filière des pasteurs angolais, congolais et des églises évangélistes plane sur le financement de ces voyages. « C'est mon pasteur à Kinshasa qui a payé », aurait indiqué un adolescent , arrivé à Pamiers. En Ariège, 64 % de ces jeunes viennent d'Afrique noire. Ce département offre des possibilités d'emplois dans le secteur du bois et du bâtiment. Bref, un avenir.


Le chiffre : 48

48 mineurs étrangers pris en charge par l'Ariège.Depuis 2004, 48 mineurs étrangers isolés (31 mineurs et 17 jeunes majeurs) sont pris en charge par le conseil général de l'Ariège. Ce qui représente 13% de l'ensemble des mineurs confiés au département.

« Qu'ils soient adolescents ou majeurs, ils ont tous une trouille viscérale de rentrer chez eux. Certains, dont les parents sont décédés, ont peur pour leur vie ». Christian Morisse, coordinateur RESF 09.


Interview

"L'Etat doit nous aider"

Augustin Bonrepaux, Président du conseil général de l'Ariège (PS).

À quoi est confronté votre département ?

Depuis plusieurs mois, nous constatons une arrivée importante de mineurs étrangers isolés en Ariège. Ce n'est pas le cas dans d'autres départements. Ici, on fait tout pour les accueillir, à travers nos structures, on les éduque et on les accompagne jusqu'à l'âge de 22 ans, selon les contrats d'apprentissage des uns et des autres, en leur octroyant 900 € par mois. Mais aujourd'hui, nos structures sont limitées. Le budget consacré à l'aide sociale à l'enfance (ASE) est de 13 M d'€. 13% de ce budget est dévolu aux mineurs étrangers isolés. On voudrait les accueillir mais on ne peut plus.

Que proposez-vous ?

L'État doit nous aider dans la prise en charge de cette solidarité. Ces arrivées de mineurs pourraient être plus équitablement réparties. L'État pourrait financer leur redéploiement dans d'autres départements. J'ai écrit dernièrement au ministre de l'immigration Éric Besson pour le sensibiliser à notre problématique. Il y a en Ariège 320 mineurs déjà placés. Toutes ces structures font bien leur travail et fonctionnent à plein. Comment fait-on si un jour, nous devons gérer une situation d'urgence pour placer un mineur ?

Que craignez-vous à terme ?

Je ne sais pas si nous sommes victimes de notre succès. Mais ces arrivées répétées pour un département comme le nôtre (150 000 habitants, budget de fonctionnement 146M d'€) peuvent déséquilibrer nos finances. Prochainement, 9 mineurs pris en charge par le conseil général seront majeurs. L'État pourrait prendre le relais. On doit déjà faire face à un poids énorme : le transfert de charges non compensées par l'État qui s'élève depuis 2004 à 25 M d'€.

À quoi attribuez-vous l'arrivée de ces mineurs étrangers ?

Ils ne viennent pas ici par hasard. Nos structures font bien leur travail et cela se sait. Il y a un réseau d'acheminement de ces jeunes. Mais je ne sais pas lequel.

Agression antisémite en plein Strasbourg

Un homme de confession israélite a été agressé, ce vendredi peu avant 12h30, place de l'Homme-de-Fer, en plein coeur de Strasbourg, au croisement de plusieurs lignes de tram. Ses deux agresseurs ont agi armés d'une barre de fer et d'un couteau. Ils ont été interpellés peu de temps après les faits. Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) du Bas-Rhin dénonce une "agression antisémite d'une extrême gravité".

agression antisémite à Strasbourg

La scène s'est déroulée à une heure de forte affluence, juste derrière l'arrêt de bus qui fait face au Printemps. Maylis, une lycéenne de seize ans, a vu «deux hommes en djellaba» se précipiter sur un troisième. «L'un des deux hommes l'a frappé dans le dos avec une barre de fer. Ça l'a fait tomber à terre, raconte la jeune fille, qui attendait son tram en compagnie d'une amie. Quand il était au sol, il a reçu un énorme coup de pied au visage. J'ai vu sa tête partir en arrière.»

Les deux individus ont pris la fuite en courant. «On a tout de suite appelé les pompiers», indique Maylis. La victime, qui saignait abondamment de la tête, a été transportée au CHU de Strasbourg-Hautepierre par les secours. L'homme âgé de 42 ans, de confession israélite, a également reçu un coup de couteau au niveau du pectoral. Son état est jugé sérieux, mais ses jours ne seraient pas en danger.

La victime agressée car elle portait une kippa

D'après Pierre Lévy, porte-parole du CRIF 67, le quadragénaire rentrait de Lyon, où il travaille, et cherchait à regagner le quartier des Contades au moment de l'agression.

Les policiers ont réussi immédiatement à appréhender l'un des agresseurs. «Un policier à vélo l'a interpellé rue de la Nuée-Bleue, au niveau de l'ancienne galerie Actuaryus, précise un témoin. Ils lui ont passé les menottes.» Ramené au commissariat, le suspect âgé de 39 ans a été placé en garde à vue. Son complice a, à son tour, été interpellé à son domicile, au centre-ville de Strasbourg. Également âgé de 39 ans, l'homme était en possession d'un couteau. A l'intérieur de son logement, les enquêteurs ont retrouvé une barre d'haltérophilie qui aurait servi lors de l'agression.

L'un des deux agresseurs serait un "déséquilibré" selon Pierre Lévy. Une source judiciaire évoquait quant à elle, vendredi après-midi, les éventuels problèmes psychiatriques des deux agresseurs. Au moins l'une des deux personnes interpellées serait de confession musulmane.

Aucune information n'a été donnée par la police sur le mobile de cette agression particulièrement violente. Néanmoins, son caractère antisémite semble avéré: les deux individus s'en seraient pris à la victime car celle-ci portait une kippa.

A ce stade des investigations, il apparait qu'un seul des deux hommes a porté les coups à la victime. "Tout laisse à penser qu'on a affaire à un déséquilibré", a indiqué ce vendredi soir le parquet de Strasbourg. L'agresseur devrait rapidement faire l'objet d'une expertise psychiatrique.

L'audition de l'autre homme devait avoir lieu dans la soirée de vendredi. L'enquête a été confiée aux policiers du service du quart de Strasbourg.

Antoine Bonin avec Denis Tricard dans DNA, les Dernières Nouvelles d’Alsace

La Suisse interrogée par l’ONU sur les expulsions d’étrangers

La Suisse a été soumise au feu des questions des dix experts du comité de l'ONU contre la torture. Les demandes ont porté surtout sur le refoulement des demandeurs d'asile, les violences policières et la situation dans les prisons.

A l'ouverture des débats, qui se prolongeront lundi, le chef de la délégation et vice-directeur de l'Office fédéral de la justice (OFJ) Bernardo Stadelmann a réaffirmé au nom de la Suisse "la tolérance zéro envers tout acte de maltraitance et de torture".

Des experts se sont inquiétés des procédures de renvoi des demandeurs d'asile par la contrainte et la voie aérienne. Ils ont évoqué à plusieurs reprises le cas du Nigérian décédé en mars à l'aéroport de Zurich dans le cadre d'une opération de renvoi.

L'expert Fernando Marino Menendez (Espagne) a également critiqué "les plaintes à l'encontre de la police qui ne font pas suffisamment l'objet d'attention". Il n'y a pas d'enquête sérieuse sur les violences policières, a-t-il fait remarquer.

Un autre membre du comité, Alessio Bruni (Italie), s'est interrogé sur l'initiative populaire pour le renvoi des étrangers criminels, "contraire au principe de non-refoulement dans un Etat tiers qui pratique la torture", principe stipulé dans la Convention de l'ONU contre la torture.

La surpopulation carcérale, notamment à Champ-Dollon, a fait l'objet d'autres remarques. Si dans l'ensemble de la Suisse le taux d'occupation moyen n'est que de 91% (contre 102% pour l'ensemble des pays membres du Conseil de l'Europe), il a atteint 200% en mars dernier dans la prison genevoise, a fait remarquer l'expert italien.

Le précédent examen de passage de la Suisse devant le comité contre la torture datait de mai 2005. En vertu de la Convention de l'ONU interdisant la torture, adoptée en 1984, ratifiée par la Suisse en décembre 1986 et entrée en vigueur en 1987, chaque pays doit présenter au comité à intervalles réguliers un rapport sur l'application du traité.

ATS

mercredi 28 avril 2010

Un pasteur fait des avances obscènes à des requérants

Venus chercher de l’aide auprès de l’Eglise protestante vaudoise, des requérants africains ont subi des propositions déplacées d’un pasteur bénévole. Enquête exclusive signée Alain Walther dans 24 Heures.

Point d'Appui LausanneSe rendre au Point d’Appui, c’est frapper à la bonne porte, lorsqu’on est un sans-papiers débouté – soit fragile et démuni.

Il y a trois ans, dans le vestiaire de ce sanctuaire de l’Espace multiculturel des Eglises à Lausanne, des Africains adultes ont subi les avances d’un bénévole, pasteur à la retraite. Proposition de massage dans la pièce d’à côté, paroles obscènes et déplacées… Deux hommes se sont sentis humiliés par le comportement du pasteur, au point qu’ils osèrent parler et faire part de leur désarroi à Cécile Ehrensprenger. A l’époque, la directrice du foyer d’accueil pour migrants à Vennes a jugé qu’«il était de son devoir professionnel de faire part à ces personnes de leurs droits, de leur expliquer comment porter plainte».

Trois ans plus tard, alors que les deux hommes sont maintenant tous deux titulaires d’un permis, l’un d’eux a parcouru le long chemin pour faire reconnaître son humiliation. C’est gagné: une plainte pénale est sur le bureau d’un juge d’instruction lausannois. La police a d’ores et déjà entendu les plaignants. C’est là le premier pas vers la reconnaissance du statut de victime. Quant au pasteur prévenu, il a été entendu par la police mais n’est pas inculpé pour l’instant.

Avant d’en arriver à une éventuelle confrontation devant un juge, tous les protagonistes auront connu déconvenues, déceptions et désespoir. Avertis de son comportement, les supérieurs du bénévole l’obligèrent à ne plus travailler seul au vestiaire puis, de façon plus radicale, à quitter le Point d’Appui. Du côté des personnes maltraitées, il a fallu comprendre que l’avocat proposé par l’Eglise protestante avait enterré le dossier. Un autre défenseur plus déterminé vint à la rescousse et les aida à déposer une plainte pénale.

A son domicile, le pasteur attend son heure – l’heure du pardon. «Sans me contrôler, j’ai glissé sur une voie que je n’aurais pas dû prendre.» Au téléphone, il explique que les mots crus furent «prononcés sur le ton de la rigolade, qu’il n’y eut aucune contrainte de sa part». Pourtant, le prévenu se dit coupable. «L’endroit où j’ai prononcé ces mots, le vestiaire du Point d’Appui, permet à la justice d’invoquer l’abus de la détresse.»

L’abus de la détresse frappe «celui qui, profitant de la détresse où se trouve la victime ou d’un lien de dépendance fondé sur les rapports de travail ou d’un lien de dépendance de toute autre nature, aura déterminé celle-ci à commettre ou à subir un acte d’ordre sexuel». Ce délit peut être puni d’une amende jusqu’à 3 ans de prison.

Aujourd’hui, attendant la décision du juge, le pasteur espère encore en la réunion que n’a jamais organisée le Conseil synodal. «J’aimerais rencontrer les victimes pour leur demander pardon. Pardon de les avoir atteintes dans leur dignité .»

L’UDC ne veut pas de réfugiés près de l’école

Le centre de requérants prévu à l’Esp’Asse est sur le chemin des écoliers. L’UDC demande à la Municipalité de chercher une autre solution d’accueil.

André Francis Cattin, président de l’UDC nyonnaise, s’est élevé avec vigueur, lundi au Conseil communal, contre le projet de créer un centre de requérants d’asile à l’Esp’Asse. Dans son interpellation, le conseiller s’est indigné du choix de ce site, trop proche de l’Ecole du Rocher. «Il n’est pas logique que le cercle d’activité des requérants (ndlr: sous-entendu une infime minorité qui se livre au trafic de drogue) se confonde avec celui des écoliers», a-t-il estimé. Il a demandé à la Municipalité de dénoncer l’accord conclu avec l’EVAM et la Fondation de l’Esp’Asse pour rechercher un autre lieu d’hébergement, hors agglomération.

Ses propos, attribuant dans la foulée aux requérants hébergés en abri PCi des cambriolages d’un kiosque de quartier, ont provoqué un tir croisé de la gauche contre cette stigmatisation aux relents racistes. «Il ne faut pas se tromper de cible, qui est le trafic de drogue. Il faut agir pour ne pas faire le lit des partis populistes», a estimé le conseiller indépendant Jacky Colomb.

L’Arizona à l’assaut des clandestins

Des associations de défense des droits de l’homme dénoncent une récente loi qui favorise le contrôle de papiers au faciès. L’Etat compte quelque 460 000 immigrés clandestins. Un article de Luis Lema dans le Temps.

Fin mars dernier, le corps de Robert Krentz était trouvé dans le sable du désert, près de sa voiture. Propriétaire d’un énorme ranch de 14 000 hectares au sud de l’Arizona, l’homme portait un revolver à la ceinture qu’il n’avait pas utilisé. Quelques jours plus tôt, comme il le faisait souvent, il avait alerté une «Border patrol» sur la présence d’illégaux mexicains et d’un possible trafic de drogue. Mais le «rancher» était aussi connu pour venir parfois en aide aux immigrants assoiffés et désespérés qui traversaient ses terres en direction du nord. Les derniers mots qu’avait entendus son frère juste avant la mort de Krentz, énoncés de la radio de son véhicule, étaient ceux-ci: Illegal alien.

La mort de Robert Krentz, dont les aïeuls avaient fondé le ranch au début du siècle dernier, a été l’épisode de trop pour les habitants de l’Arizona, un Etat qui sert de principal couloir de passage aux clandestins mexicains. Ils ont saisi leurs élus qui, à leur tour, ont élaboré une loi divisant aujourd’hui profondément les Etats-Unis. Désormais, la police locale aura le droit de contrôler les papiers de n’importe quel individu soupçonné d’être un clandestin, même s’il n’a pas commis d’autre délit. Les contrevenants risquent 6 mois de prison et des milliers de dollars d’amende. La loi, que vient d’approuver la gouverneure républicaine de l’Etat, Jan Brewer, a fait bondir les associations de défense des droits civiques, et les communautés hispaniques du pays. L’Arizona compterait quelque 460 000 immigrés clandestins, qui sont pratiquement tous Mexicains. Elle est, selon ses détracteurs, une invitation au ­racial profiling, le contrôle au faciès.

Etat «raciste»

En quelques jours, le débat s’est envenimé. Devant le Congrès de Phoenix, des manifestants ont dessiné sur le sol des croix gammées avec des haricots, symbole des paysans mexicains. D’autres crient à «l’apartheid». Le maire de Phoenix lui-même, le démocrate Phil Gordon, s’en est pris vivement à cette mesure qui, selon lui, risque d’envoyer en prison «les enfants et les retraités» qui ne disposent pas d’un permis de conduire (la plupart des Américains n’ont pas d’autre document d’identification). En Californie voisine, certains responsables appellent au boycott de cet Etat «raciste».

Face à cette avalanche de critiques, la gouverneure ne s’en laisse pas conter. Loin de croire aux menaces de boycott, elle se réjouit d’offrir aux futurs entrepreneurs un Etat «plus sûr». En une année, dit-elle, elle a envoyé cinq lettres à l’administration Obama pour qu’elle se penche sur ce problème. L’immigration est certes une matière qui tombe sous la compétence des autorités fédérales. Mais, depuis le meurtre de Robert Krentz, la presse locale détaille sur de pleines pages les «nuisances» très locales que provoquerait l’afflux de clandestins: meurtres, vols de voitures, drogue, kidnappings. A quoi s’ajoutent, note encore Loyd Eskildson, un professeur retraité qui se définit lui-même comme «un fier porteur du drapeau américain»: «Les pertes d’emplois pour les natifs américains, les écoles bondées, la perte de valeur des maisons «surhabitées», le bruit, les déchets et les coûts exorbitants des soins de santé.» «Ces illégaux ne sont plus intéressés par l’assimilation. Il n’est plus possible de fermer un œil et d’ignorer ces problèmes en Arizona.»

Réforme attendue

De fait, Barack Obama a décidé d’entrer de plain-pied dans la polémique en qualifiant la législation de l’Arizona de «malencontreuse» et en demandant au Département de la justice de vérifier qu’elle est conforme à la Constitution. Le président s’est, semble-t-il, résolu à lancer une réforme globale du système d’immigration dont on ne connaît pas encore les contours, mais qui pourrait passer par la légalisation d’une partie des 12 millions d’illégaux que compte le pays. Il est vrai que, jusqu’ici, les Latinos ont été déçus par le peu d’empressement de l’administration d’empoigner cette réforme. Or, les élections approchent, et le vote hispanique est primordial pour les démocrates…

Mexique: Amnesty dénonce les crimes contres les clandestins

Amnesty International a dénoncé mercredi l'indifférence, voire la responsabilité de représentants des autorités du Mexique face aux "enlèvements, viols et meurtres" dont sont victimes les clandestins dans le pays.

"Les autorités mexicaines doivent agir pour stopper les sévices dont sont continuellement victimes les émigrants, proies de bandes criminelles tandis que les représentants de l'autorité ferment les yeux ou jouent même un rôle actif dans les enlèvements, viols et meurtres", dans un rapport publié à Londres, où siège l'organisation de défense des droits de l'homme, et reçu à Mexico.

Quelque 500.000 "clandestins", presque tous venus d'Amérique centrale, tentent chaque année la traversée du Mexique pour aller chercher du travail aux Etats-Unis. Ce voyage est devenu "l'un des les plus dangereux au monde", affirme le rapport signé par Rupert Knox, spécialiste du Mexique à Amnesty.

Les enlèvements contre une rançon, demandée à la famille restée au pays, ont atteint "des records en 2009", ajoute Amnesty en citant la Commission nationale mexicaine des droits de l'Homme (CNDH): "près de 10.000 victimes en six mois, dont près de la moitié affirment que des fonctionnaires étaient compromis".

"Six femmes ou jeunes filles sur dix dénoncent des viols, et la rumeur raconte que certains passeurs demandent que les émigrantes reçoivent des piqûres anticonceptionnelles avant leur voyage", selon Amnesty.

Le rapport cite le témoignage de "Veronica" (prénom modifié par Amnesty), qui voyageait le 23 janvier dernier avec plus de 100 clandestins à bord d'un train de marchandises stoppé par la police fédérale dans l'Etat du Chiapas (sud, à la frontière du Guatemala).

Les policiers ont obligé les clandestins à descendre et à s'allonger sur le ventre, leur ont dérobé leurs bagages et ont menacé de les tuer s'ils ne continuaient pas leur route à pied, le long de la voie, a-t-elle affirmé.

Après des heures de marche, le groupe a été attaqué par des hommes armés, Veronica a été violée et un de ses compagnons au moins a été tué, a-t-elle ajouté.

Deux suspects ont été arrêtés, mais la police fédérale n'a pas été inquiétée, bien que les victimes aient indentifié deux de ses agents, souligne Amnesty.

Amnesty "recommande" au Mexique de s'attaquer à cette "crise des droits de l'Homme" par "des réformes législatives garantissant l'accès à la justice, l'établissement d'une commission fédérale spéciale" et "la publication des cas de mauvais traitements et des actions entreprises contre les responsables, y compris les représentants des autorités".

Le Mexique a lui aussi ses émigrés, 12 millions aux Etats-Unis dont la moitié de clandestins, et son gouvernement s'est élevé ces derniers jours contre une loi d'immigration particulièrement sévère adoptée en Arizona, à la frontière entre les deux pays.

La loi, signée le 23 avril par la gouverneure républicaine Jan Brewer, autorise les policiers à arrêter des étrangers en cas de "doute raisonnable" sur la légalité de leur entrée aux Etats-Unis, même en l'absence d'un autre délit présumé.

Le Mexique "utilisera tous les moyens à sa portée" pour défendre ses émigrants contre cette loi qui "porte atteinte aux droits de l'Homme", avait déclaré mardi le président mexicain Felipe Calderon.

AFP

mardi 27 avril 2010

Asile: démission du chef de l’ODM réclamée

Le chef de l'Office fédéral des Migrations Alard du Bois-Reymond est à nouveau sous le feu de la critique après ses propos sur les requérants d'asile nigérians. Le CRAN demande sa démission. Le principal intéressé réfute et affirme s'en tenir aux faits.

Pour le Carrefour de réflexion et d'action contre le racisme anti-noir, M. Alard du Bois-Reymond "démontre dans ses propos récurrents que l'application du droit d'asile suisse, en ce qui concerne les Nigérians, repose avant tout sur des a prioris".

"S'agissant d'un haut fonctionnaire fédéral, on est devant une véritable xénophobie d'Etat", écrit le CRAN. Cette plateforme anti-raciste relève d'ailleurs que cette xénophobie concerne tous les ressortissants africains.

Alors que l'ODM est impliqué dans la mort du jeune Nigérian le 18 mars lors de son renvoi forcé à Kloten, et après les considérations "humiliantes et stigmatisantes" de son chef, le CRAN appelle à "la démission avec effet immédiat du directeur de l'ODM". Il exige également la mise en place d'une commission d'enquête indépendante pour traiter le cas du Nigérian décédé.

Amnesty International a également critiqué M. du Bois-Reymond, pour qui la majorité des Nigérians ont des activités criminelles en Suisse.

Le directeur de l'ODM, interrogé par la RSR, précise s'en tenir aux faits en se référant aux chiffres: 99,5% des demandes de requérants d'asile nigérians n'ont aucune chance d'aboutir. En 2009, sur 1700 demandes, une seule a été acceptée, a-t-il indiqué.

M. du Bois-Reymond défend la politique d'asile pratiquée en Suisse. "L'action humanitaire ne fonctionne que si on est strict dans l'application des règles", se justifie-t-il. La politique de réadmission est, selon lui, la seule qui fonctionne.

ATS

Moudon: des requérants rénovent le pont

Moudon requérants pont

24 Heures

samedi 24 avril 2010

A Collombey-Muraz, l’UDC veut chasser les requérants d’asile

Echaudée par des problèmes de drogue, la section locale de l’UDC lance une pétition demandant la fermeture du foyer d’accueil pour candidats réfugiés. L’Etat du Valais se dit très sceptique.

Foyer chablaisien

Sept dealers africains arrêtés l’an dernier, une villa cambriolée par un requérant d’asile irakien le mois passé: pour l’UDC de Collombey-Muraz, c’en est trop. Criant à l’insécurité générale, ses responsables demandent à la Municipalité «de tout entreprendre pour faire fermer ce centre, dont la population ne veut plus». Forts de l’appui des Jeunes UDC du district de Monthey et de l’UDC du Valais romand, ils ont choisi l’arme de la pétition. «Nous voulons donner un signal fort à la commune», martèle Mikaël Vieux, président de la section locale.

Le foyer en question, situé en pleine zone industrielle, accueille actuellement 44 des quelque 1700 demandeurs d’asile hébergés en Valais. Ce sont tous des célibataires, dont beaucoup proviennent d’Afrique de l’Ouest. En février dernier, l’exécutif de Collombey-Muraz avait émis le vœu que ce centre abrite en priorité des familles. Refus clair et net de la part du Canton, seule instance compétente en la matière. «Les baraquements ne s’y prêtent pas du tout, souligne Emile Blanc, chef de la section asile du Service valaisan de l’action sociale. Et nous avons besoin de cette structure. Nous n’envisageons pas de la fermer pour l’instant.»

Les autorités ne nient pas pour autant l’existence d’un trafic de stupéfiants dans le secteur. La surveillance policière a ainsi été intensifiée ces derniers mois, comme en témoigne le patron d’une entreprise voisine. «Notre personnel a l’obligation de signaler la présence de toute personne suspecte», ajoute Emile Blanc. L’autre effort préventif concerne l’occupation des pensionnaires: 50% d’entre eux travaillent déjà dans le cadre de programmes d’utilité publique. «Notre but est que tous, y compris les requérants déboutés, puissent y participer.» Les démarches sont en cours, indique la présidente de Collombey-Muraz, Josiane Granger.

Dans des camps militaires?

L’avenir dira si l’abandon de ce foyer d’accueil correspond à une volonté populaire. Cas échéant, cela ne reviendrait-il pas à déplacer le problème dans une autre localité? L’UDC en convient. Mais évoque la possibilité d’héberger les requérants déboutés «dans des cantonnements militaires situés à l’écart des zones d’habitation, et qui ne sont plus utilisés par l’armée». Auteur d’une récente interpellation dans ce sens, le bouillant député valaisan Jean-Luc Addor attend la réponse du Conseil d’Etat avec impatience. Les pétitionnaires de Collombey-Muraz aussi.

Un article signé Patrick Monay dans 24 Heures

A la racine du mal

Fermer le centre d'accueil de Collombey-le-Grand et héberger les requérants d'asile dans des baraquements militaires à l'écart des zones d'habitations? Ces solutions proposées par l'UDC pour régler les problèmes de trafic de drogue liés à ce centre vont bien entendu faire bondir certains. Editorial signé Gilles Berreau dans le Nouvelliste.

Fort bien, mais alors que faire avec ce dossier? Continuer à nier le problème? Répéter que commune et canton ne sont pas compétents? S'il est évident que la fermeture d'un centre ne fait que déplacer le problème - après la fermeture du centre de Conthey en février, les requérants n'ont pas quitté la Suisse pour autant - la Confédération peut et doit corriger le tir. Elle peut accélérer les procédures d'examen toujours trop longues des demandes d'asile. Mais à quoi bon, si la Suisse continue à multiplier les voies de recours pour les requérants déboutés. Et surtout, si elle ne tape pas du poing sur la table face à certains pays qui rechignent encore à entériner des accords de réadmission. Par exemple, en liant l'aide humanitaire et économique de la coopération helvétique à la signature de ces accords.

L'Algérie, mais surtout le Nigeria, sont montrés du doigt par le conseiller national Oskar Freysinger. Face à de très nombreux requérants nigérians se livrant à des activités criminelles, la création d'une task-force réunissant cantons et Confédération, comme le souhaite l'Office fédéral des migrations, permettrait d'agir à la racine du mal. Et d'arrêter de déplacer le problème d'une commune à l'autre.

Une pétition pour chasser les dealers

Après celui de Conthey, l'UDC veut la peau du centre de requérants d'asile de Collombey.

Mikael Vieux, Guillaume Vannay et  Antoine Carraux  devant le centre de requérants de Collombey-le-Grand. ANDRÉE-NOELLE POT

L'UDC de Collombey-Muraz a décidé de lancer une pétition pour demander la fermeture du centre de requérants d'asile établi sur sa commune. Mettant en avant le trafic de drogue qui y sévit et des cambriolages dans la région, l'UDC estime l'emplacement de ce centre - la zone industrielle de Collombey-le-Grand - comme n'étant pas adapté, car trop proche d'habitations.

«Par notre action, nous voulons montrer l'exaspération et la volonté de la population de ne plus avoir ce centre sur la commune», a indiqué hier matin lors d'une conférence de presse Mikael Vieux, président de la section UDC locale.

Conthey a fermé

Lorsque l'on fait remarquer à l'UDC que la décision appartient ni à la commune ni au canton, mais à la Confédération et qu'à Bex le centre est resté ouvert malgré un vote populaire, Oskar Freysinger rétorque que la pression populaire peut se révéler efficace.

Et le conseiller national de citer l'exemple du centre de Conthey qui vient de fermer en février dernier, le bail à loyer arrivant à terme. Dans le Valais central, c'est la proximité d'une école de réinsertion qui avait servi d'argument à l'UDC pour exiger le départ des réfugiés.

Sans affirmer que cette fermeture est la conséquence directe du mouvement populaire orchestrée par l'UDC, le président de l'UDC du Valais romand y voit une influence dans le non-renouvellement du bail.

A Collombey-Muraz, Mikael Vieux rappelle que les requérants sont pour la grande majorité en statu de non-entrée en matière (NEM). De plus, le centre n'est pas fermé et ne dispose pas d'heure de rentrée.

Un souci majeur

Il souligne que les autorités locales, sollicitées par une lettre ouverte de son parti, avaient demandé en vain au canton d'intervenir pour que le centre n'accueille plus de célibataires.

Mais pour Guillaume Vanay, président des Jeunes UDC du district de Monthey, «l'heure n'est plus à la naïveté. Le problème du trafic de drogue lié à ce centre est un souci majeur pour notre section. Il est d'autant plus grand depuis qu'un jeune de la commune, auparavant sans problème, a sombré dans l'enfer de la drogue, les dealers sans scrupules l'incitant même à voler sa propre famille afin de les payer.»

Et l'UDC de rappeler que pas plus tard que cette semaine s'est déroulé à Monthey le procès d'un dealer de cocaïne agissant depuis le centre de requérants de Collombey.

Dans des baraques militaires

Fermer ce centre, n'est-ce pas déplacer le problème sur une autre commune? Député suppléant, Antoine Carraux rappelle qu'en décembre dernier le chef du groupe UDC du Grand Conseil a déposé une interpellation. Jean-Luc Addor proposait d'héberger les requérants d'asile déboutés dans des cantonnements militaires désaffectés et situés à l'écart des zones d'habitations.

«Nous attendons une réponse pour la session du mois prochain», a souligné Antoine Carraux.

L’Arizona se dote d’une loi controversée sur l’immigration clandestine

L'Arizona, Etat américain frontalier avec le Mexique, a adopté vendredi la législation anti-immigration clandestine la plus dure des Etats-Unis. Un train de mesures criminalisant les illégaux et ceux qui les emploient qui déclenche polémique, dénonciation et manifestations, le président Barack Obama exprimant sa crainte qu'elle ne viole les droits civiques.

L'Arizona, qui compterait environ 460.000 clandestins, est en première ligne: ses immensités désertiques servent de couloir d'entrée par la majorité des clandestins d'Amérique du sud entrant sur le territoire américain, ainsi que pour le trafic de drogue en provenance du Mexique.

Devant le capitole, où la gouverneure républicaine Jan Brewer a signé le texte vendredi, lui donnant force de loi, des centaines de personnes ont manifesté leur colère, craignant la flambée de la discrimination raciale et l'installation d'un climat de peur généralisée chez les Latinos.

"Des décennies d'inaction et de politiques inadaptées ont crée une situation dangereuse et inacceptable", a déclaré Mme Brewer, estimant que les manifestants "exagéraient" et affirmant qu'elle ne tolérerait aucun profilage racial.

Un peu plus tôt, le président Obama lui-même avait estimé que la loi était "malavisée" et donné consigne au ministère de la Justice de vérifier qu'elle n'allait pas à l'encontre de la loi.

Barack Obama se retrouve donc au pied du mur, poussé à s'attaquer pour de bon à la réforme de l'immigration au niveau national, autre gros chantier de sa présidence, sous peine, comme il l'a dit vendredi, de laisser la porte ouverte à "l'irresponsabilité des autres".

"Ce qui inclut, par exemple, les récents efforts en Arizona, qui menacent de mettre à mal les notions fondamentales d'équité que nous chérissons en tant qu'Américains, et de confiance réciproque entre une communauté et sa police, confiance cruciale pour notre sécurité", a ajouté Obama.

En vertu de la nouvelle législation adoptée par le parlement local à majorité républicaine et validée par la gouverneure, être clandestin devient un crime en Arizona. La police locale a désormais le droit d'interroger à ce sujet toute personne qu'elle soupçonne, pour quelque raison que ce soit, d'être un immigré clandestin.

La loi, qui devrait entrer en vigueur fin juillet ou début août, permettra de poursuivre toute agence gouvernementale gênant l'application des lois sur l'immigration, et rend illégal le fait d'embaucher des clandestins à la journée ou de les transporter.

"Ca va changer nos vies", soupire Emilio Almodovar, 13 ans, petit citoyen américain habitant Phoenix. "Nous ne pourrons plus aller à pied à l'école. Nous ne pourrons plus mettre le nez dans la rue, même les cochons penseront que nous sommes des immigrés clandestins".

Le Fonds mexicain-américain pour la protection juridique et l'éducation envisage contester la loi en justice, au motif qu'elle "enclenche en Arizona une spirale de peur, de méfiance, d'augmentation du crime, avec des répercussions au niveau national.

"Cela légalise l'arrestation et la détention de gens qui pourraient être des immigrés sans-papiers, simplement sur la base de leur apparence physique", a déploré Angela Kelley, vice-présidente chargée des migrations au Centre pour le progrès, qui milite pour une vaste réforme des lois sur l'immigration.

Les réactions se sont multipliées également au sud de l'Arizona. Le Mexique, jugeant que la loi risque d'affecter les relations transfrontalières, avait exhorté jeudi la gouverneure à y opposer son veto. En pure perte. Pour le vice-président guatémaltèque Rafael Estrada, c'est un "pas en arrière pour ces migrants qui ont combattu" pour leurs droits.

"La police de l'Arizona traite déjà les migrants pire que des animaux. Il y a déjà la chasse aux migrants, et maintenant, ça va être saison ouverte avec la bénédiction de la loi", déplore Francisco Loureiro, militant qui gère un centre d'accueil pour migrants dans la ville-frontière de Nogales, au Mexique.

D'ici l'entrée en vigueur, les policiers vont suivre une formation pour la faire respecter sans violer les droits civiques, a ajouté la gouverneure: "Nous devons faire appliquer la loi uniformément, sans prendre en compte la couleur de la peau, l'accent ou le statut social. Nous devons prouver aux alarmistes et aux cyniques qu'ils ont tort".

Confrontée à une difficile bataille pour sa réélection dans cet Etat conservateur, Mme Brewer doit faire face à la colère croissante des habitants de l'Arizona envers l'immigration clandestine.

Ce sentiment a encore pris de l'ampleur après la découverte du cadavre d'un éleveur, Rob Krentz, retrouvé mort sur ses terres près de la frontière. La police pense qu'il a été abattu par un clandestin peut-être lié à un cartel de la drogue.

Les manifestations et critiques ne déstabilisent pas Russell Pearce, l'élu local auteur de la proposition de loi et chef de file des anti-clandestins d'Utah. Selon lui, les nouvelles dispositions enlèveront les "menottes politiques" qui empêchaient la police d'agir. "Illégal, c'est illégal", dit-il. "Nous aurons moins de criminalité. Nous aurons moins d'impôts. Nous aurons des quartiers plus sûrs. Nous aurons moins de files d'attente aux urgences. Nous aurons moins de monde dans les classes d'école". AP

vendredi 23 avril 2010

Une famille arménienne se voit refuser le statut de réfugié politique

A l'appel du Réseau éducation sans frontière 51 (RESF), une pétition circule actuellement en ville afin de soutenir les trois enfants de la famille Hovsepyan qui risquent de reprendre définitivement l'avion si leurs parents ne sont pas régularisés.Soutien famille arménienne

« Nous voulons garder Louciné (15 ans), Lilit (13 ans) et Hratche (10 ans) à Châlons. Ils sont le symbole d'une jeunesse sans papiers. N'attendons pas qu'ils soient dans l'avion pour agir ! Nous demandons que leurs parents soient régularisés afin que la famille menacée d'expulsion puisse continuer à vivre ici en toute sérénité ».
Une pétition on ne peut plus claire, de petits tracts résumant la situation : Catherine Tanguy et Dominique Stévenot, représentantes de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) n'ont pas fait les choses à moitié afin de soutenir et « de prendre sous leur protection » les trois enfants de la famille Hovsepyan, originaires d'Arménie, arrivés à Châlons le 3 juillet 2008 avec leurs parents.
L'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) a refusé le statut de réfugié politique aux adultes de cette famille apeurée aujourd'hui. Il y eut appel, mais la Cour nationale du droit d'asile a débouté les Hovsepyan qui vivent dans une angoisse permanente. Outre le traumatisme d'un retour express en Arménie, le père imagine mal revenir sur ses terres.

Menacé de mort
Engagé politiquement et actif lors de la campagne des élections présidentielles de mars 2008 aux côtés de Levon Ter-Petrossian (un ancien président qui fut alors battu), M. Hovsepyan a été victime de persécutions et d'intimidations (violences, maison et magasin brûlé…), de harcèlement et de menaces de mort. La famille Hovsepyan a donc fui son pays à la hâte afin de reconstruire une nouvelle vie en France, ce fut à Châlons.
« Nous avons été informés de cette menace d'expulsion par Maryline Ruer, représentante FCPE, et les parents du collège Duruy où les deux aînées sont scolarisées. Les enfants n'ont aucun souci en cours, travaillent sérieusement, ont des notes correctes et sont très bien intégrés, ils risquent d'être arrachés à cette nouvelle vie. Les voir partir dans un avion serait un vrai déchirement. D'où cette pétition lancée mercredi soir », poursuivent Catherine Tanguy et Dominique Stévenot, prêtes à soulever des montagnes afin de récolter un maximum de paraphes. Dès le premier soir, 150 « griffes » étaient comptabilisées.

Régularisation possible
La mobilisation se poursuit samedi à l'occasion des portes ouvertes annuelles du collège Duruy. L'une sera en extérieur en permanence, et une autre dans l'établissement au stand FCPE. « Chacun peut également signer sur le site resf.reims.free.fr », assurent ces deux mères de familles irritées par cet état de fait.
Dans quelques jours, les signatures seront remises au préfet. Contactés, les services de l'État dans la Marne, n'ont pas souhaité s'exprimer sur ce sujet délicat, d'autant que le dossier « est en cours d'instruction », nous fait-on savoir.
À l'instar de certains de ses homologues d'autres départements qui avaient régularisé des familles à titre humanitaire et exceptionnel, le nouveau préfet de Région et de la Marne Michel Guillot en fera-t-il autant ?

David ZANGA dans l’Union

Elle conduit avec une burqa et écope de 22 euros d’amende

Voilà qui risque d’alimenter un peu plus la polémique…. Hier, une jeune Nantaise, âgée de 31 ans, a déclaré avoir écopé d’une amende de 22 euros pour avoir conduit en portant le niqab, ce voile intégral qui ne laisse apparaître que les yeux. Le policier lui a infligé ce PV pour « circulation dans des conditions non-aisées ». Un scandale pour Me Jean-Michel Pollono, l’avocat de la jeune femme. « Nous sommes quand même dans le pays des droits de l'homme ! Le port du voile sur la voie publique n'est pas prohibé, que je sache? Si ne voir que les yeux constitue une infraction, alors il faudrait interdire au GIGN de conduire avec des cagoules ! », a-t-il confié à la presse.

De la discrimination ?
Pourtant, la jeune femme assure s’être pliée au contrôle d’identité. Après s’être arrêtée à la demande des deux policiers, elle leur a présenté ses papiers et a relevé son voile pour qu’ils puissent la reconnaître. « Et là, le policier m'annonce qu'il va me verbaliser à cause de ma tenue vestimentaire. Je lui dis alors qu'il n'en a pas le droit, que c'est de la discrimination pure et simple », mais le fonctionnaire persiste. Pour lui, le champ de vision de la conductrice voilée est réduit. Du côté de la Direction Départementale de la Sécurité Publique, on défend le policier : « C'est laissé à la libre appréciation de l'agent verbalisateur. Cet agent a fait son travail. Il a estimé que dans ces circonstances, il y avait un risque pour la sécurité ». La jeune femme a fait opposition à l’amende. C’est le tribunal de proximité qui tranchera.

Un projet de loi déposé mi-mai
Il y a deux jours, Nicolas Sarkozy annonçait officiellement son envie de déposer un projet de loi mi-mai, prônant l’interdiction du voile intégral en France. Le projet devrait être examiné par le Parlement en juillet prochain. Une décision qui va à l’encontre de l’avis rendu par le Conseil d’Etat en mars dernier. K.M.

Un article paru dans Elle

Condamnation du président du Parti des automobilistes bernois

La Cour suprême du canton de Berne juge inadmissible la formulation "primates dans le domaine de l'asile". Les juges ont donc confirmé la condamnation du président de la section bernoise du Parti des automobilistes pour discrimination raciale.

L'accusé a affirmé n'avoir jamais eu l'intention de blesser qui que ce soit en inscrivant cette expression sur son blog sur Internet. Willi Frommenwiler a affirmé que le dictionnaire ne donnait pas au terme "primate" une connotation exclusivement négative.

Mais la Cour suprême n'a pas accordé de crédit aux affirmations du prévenu. La plus haute juridiction du canton de Berne estime que si l'on traite quelqu'un de primate, il répondra qu'il n'est pas un singe. Le lecteur moyen fera le lien entre requérants d'asile et l'animal.

La dignité des requérants d'asile en ressort blessée et l'accusé a violé la norme pénale antiraciste. Willi Frommenwiler, président de la section bernoise du Parti des automobilistes, une formation qui a repris son nom d'origine après s'être appelée Parti de la liberté, n'a pas encore décidé s'il fera recours.

ATS

jeudi 22 avril 2010

Asylum-seeker risks deportation, torture

Yemeni asylum-seeker Saeed Ali Shamrookh is at imminent risk of deportation from Switzerland to Yemen, where he would be at risk of torture and other ill-treatment, for his association with a Southern independence movement in Yemen.

PLUS D’INFORMATION SUR LES ACTIONS URGENTES SUR LE SITE D’AMNESTY

Saeed Shamrookh applied for asylum on arrival in Switzerland on 18 February 2010, but Swiss immigration authorities rejected his application on 9 March and ordered his detention pending removal from Switzerland. He was given five days in which to submit his appeal, in accordance with Swiss asylum procedures. His lawyer filed an appeal on 16 March, but the Swiss Federal Administrative Tribunal rejected it on 13 April. Saeed Shamrookh was transferred on 16 April from Zürich Kloten Transit Zone to the Zürich Kloten Airport Prison pending deportation. The Swiss authorities have obligations, both under domestic and international law, not to return anyone to a country where they would be at risk of torture and other serious human rights violations. Saeed Shamrookh is understood to be closely associated with the opposition group Southern Movement in the province of Shabwa in south-east Yemen, which opposes government policies in the south of Yemen and calls for the independence of the south. The Southern Movement has organized a number of protests over the government's failure to address discrimination against people from the south of the country. The government's response to these protests has been heavy-handed, with peaceful demonstrators being shot in the streets and those leading protests promoting local demands arrested and detained. Since the protests began in 2007, the security forces have arrested and detained, in many cases arbitrarily, thousands of demonstrators, bystanders, leaders of the Southern Movement and activists. Leaders of the Southern Movement and critics of government policies in the south of Yemen are repeatedly targeted by the Yemeni authorities. Amnesty International fears that Saeed Shamrookh would be in grave danger if forcibly returned to Yemen, and he might be a prisoner of conscience if he were imprisoned on return.

Background information

Switzerland’s obligations under domestic and international law, including the 1951 Convention Relating to the Status of Refugees, the Convention against Torture and the European Convention on Human Rights, prohibit it from returning anyone to a country where they would be at risk of torture and other serious human rights violations. Amnesty International has concerns about the Swiss asylum procedure, in particular as access to the asylum procedure can be refused to people without identity documents, and in many cases, state-sponsored legal representation can also be refused to those who cannot afford a lawyer during the initial asylum claim and decision. Moreover, irregular migrants can be detained pending expulsion for up to 18 months, including while their identity is determined. Torture and other ill-treatment is widely reported in Yemen. Dozens of detainees held in connection with protests in the south of Yemen were reported to have been beaten and sprayed with tear gas at a prison in August 2009 after chanting demands for the south to be given independence, and for their own release. Seven detainees, who were seen as ringleaders, were reportedly suspended by their wrists and ankles for several hours, causing them severe pain. Protests in the south of Yemen have been taking place sporadically for about three years. They began with protests by retired soldiers from the south, who have increasingly been complaining that they do not receive the same treatment in employment, salary and pensions as soldiers from the north of the country. Most of the retired soldiers are from the army of the former People’s Democratic Republic of Yemen (PDRY), commonly known as South Yemen. Following the unification of the country in 1990, the armies of both the PDRY and the Yemen Arab Republic (YAR), commonly known as North Yemen, were merged into a single army for the new Republic of Yemen. However, after the civil war in 1994, which ended in the defeat of the south, many of the soldiers of the former PDRY were dismissed from the army. They, as well as those who remained in the current unified army, allege that they are subject to discrimination compared to soldiers originally from the army of the YAR. The Southern Movement appears to have emerged following these protests as well as being sparked by the general discrimination that the people in the south believe they face.

Recommended Actions

PLEASE WRITE IMMEDIATELY in French, German, Italian or your own language:

  • urging the Swiss authorities not to forcibly return Saeed Shamrookh to Yemen, as he is likely to face torture and other serious human rights violations if returned
  • calling on them to fulfil their obligations under international law to provide individuals at risk of serious human rights violations with international protection and ensure that Saeed Shamrookh is not forcibly sent to Yemen or any other country where he would be at risk of such violations
  • calling on them to allow Saeed Shamrookh the opportunity to challenge any decision on his deportation from Switzerland, including, if necessary, by submitting a new asylum claim with state-funded legal representation and
  • urging them to consider appropriate alternatives to detention, pending further review of Saeed Shamrookh’s claim for international protection, and to provide him with legal assistance in order to challenge his continued detention.

APPEALS TO
Alard du Bois-Reymond,
Director, Federal Office for Migration,
Quellenweg 6,
CH 3003 Bern-Wabern,
Switzerland.
Fax: +41 31 325 93 79
Email: info@bfm.admin.ch
Salutation: Dear Mr du Bois-Reymond
Eveline Widmer-Schlumpf,
Head of Department, Federal Department of Justice and Police,
Federal Palace,
West Wing,
CH 3003 Bern,
Switzerland.
Fax: +41 31 322 78 32
Email: info@gs-ejpf.admin.ch
Salutation: Dear Federal Councillor

PLEASE SEND APPEALS BEFORE 1 JUNE 2010.

Vers une interdiction de la burqa en France et en Belgique

Lire “La France s’achemine vers une interdiction générale de la burqa”, un article signé Djamel Belayachi sur Afrik.com

Sur le même sujet

A Chantenay, les demandeurs d’asile attendent que la France les juge

Le centre d'accueil des demandeurs d'asile de Chantenay-Saint-Imbert vit au rythme des soixante-cinq personnes qu'il abrite. Tous attendent, fébrilement, une réponse de la France sur leurs cas. Une autre notion de temps. Un article signé Laure Brunet dans le Journal du Centre.

«Merci, ma'me Anne. » L'homme en suvêtement violet, courtaud et mâchoire carrée, quitte le bureau. Vite. Il s'exprime dans un français approximatif, mais compréhensible. Il traverse le hall de l'immeuble dans lequel six poussettes sont alignées sous les boîtes aux lettres. "Ma'me Anne", c'est Anne Petitbois, chef de service au Cada, le centre d'accueil des demandeurs d'asile de Chantenay-Saint-Imbert.

L'énorme bâtisse à la sortie du village abrite, dans quinze logements, soixante-cinq personnes. En sursis. Pour l'instant, tous sont dans la légalité. « On essaye de recréer une atmosphère conviviale. C'est pour cela qu'on s'appelle tous par nos prénoms. On se tutoie aussi ». L'escalier est majestueux. Il mène à un premier couloir. Un sol en lino bleu. Quelques chaussures devant les portes. Au bout du couloir, le ronron d'une machine à laver. Une femme va chercher son linge, enfin propre. Allure fantomatique. Je la salue. Elle baisse les yeux. « Elle a été très traumatisée par la guerre » justifie Anne Petitbois, « son mari s'en sort un peu mieux ».

La journée des femmes est rythmée par celle des enfants et du foyer qu'elles tentent de faire vivre : aller à pied à l'école, faire à manger, s'occuper du linge. « C'est vrai, pour les hommes, c'est parfois plus difficile ». Les demandeurs d'asile n'ont pas le droit de travailler. Et, apprendre le français n'est pas obligatoire. Aussi, pour les aider à "tuer" le temps, l'équipe de cinq professionnels du Cada propose des animations, des sorties, des ateliers. Comme celui suivi par Manvel.

Arrivé en novembre dernier, ce solide russe de 24 ans, s'accroche aux cours de français donnés par Galina, une intervenante sociale qui possède l'énorme avantage de parler le russe. Le petit garçon de Manvel, est né ici, fin novembre. À l'hôpital de Moulins, plus proche que celui de Nevers. Je tente quelques questions. Anne et Galina m'aident. « La vie, ici, comment ? » Il faut réadapter son vocabulaire. « Normale » réussit-il à dire.

Comme beaucoup d'autres, il n'ose pas penser à demain. Pour Elvira, Rom du Kosovo, une chose est sûre : elle n'imagine pas repartir dans son pays. Avec sa famille, elle a été parquée dans un camp. Une première fois au Kosovo, puis au Montenegro. Aujourd'hui, elle qui ne sait ni lire ni écrire, envisage un avenir pour ses enfants. Gana a 5 ans. Il est à l'école maternelle. Son frère, Ergan, 3 ans, devrait la rejoindre en septembre. Anne essaye de la ramener à la réalité. « Mais si c'est négatif, pas rester ici ». "Positif", "négatif". C'est comme cela, qu'au centre, on parle des réponses données par l'Ofpra (*) ou par la cour nationale du droit d'asile.

En 2009, le délai d'instruction des dossiers a été, en moyenne, de 883 jours. Deux ans et demi. Un long délai, qui s'allonge encore plus aujourd'hui. Qui frôle les trois ans. Un morceau de vie. « L'Ofpra refuse quasi systématiquement » explique Anne Petitbois. « Je suis ici depuis seize ans, j'ai connu à peine dix cas acceptés tout de suite ». Après l'Ofpra, reste donc le recours juridique : la cour nationale du droit d'asile, plus clémente. Elle doit répondre à une question : les demandeurs d'asile entrent-ils dans le cadre de la Convention de Genève ? Après avoir défendu leur cause, les familles sont fixées sur leur sort trois semaines après l'audience.

« Trois semaines insupportables. Les insomnies reviennent. Ils revivent l'enfer qu'ils ont traversé ». Et qui les attend peut-être encore.

(*) Ofpra : office français des réfugiés et apatrides.

Pourquoi Sarkozy veut interdire totalement la burqa ? Pour plaire au FN …

La réponse de Sarkozy à la claque des régionales est nette. Contre la gauche qui gagne, c'est à droite toute. On intensifie l'action de la police contre les banlieues et on veut interdire totalement la burqa.

Cette mesure qui va contre l'avis du conseil d'Etat n'a aucune justification sérieuse et est provocatrice. Le port de la burqa n'a causé aucun trouble réel à l'ordre public.

Il n'empêche pas les contrôles d'identité de se faire. L'idée soutenue par Fillon qu'il y aurait dans une démocratie obligation de montrer son visage est farfelue à l'époque du téléphone, et encore plus d'internet.

La très grande majorité des porteuses de burqa le font par conviction personnelle et on doit respecter leur liberté. S'il est établi que certaines la portent sous la contrainte, il est simplement nécessaire que la loi sévisse contre ceux qui contraignent et il faut la modifier seulement dans la mesure où elle ne permettrait pas de sévir efficacement.

Lire la suite de cet article de Clément Doucet dans le Post

mercredi 21 avril 2010

Renvoi d’une jeune Erythréenne: le courage du Conseil d’Etat ?

Répondant à une interpellation du député Stéphane Montangero concernant le renvoi vers l'Italie d'une jeune femme d'origine érythréenne, le Conseil d'Etat, tout en déplorant l'enchaînement des événements suite à l'arrivée de l'intéressée à Rome, considère que les forces de l'ordre vaudoises ont agi conformément au cadre légal et au principe de proportionnalité. Il rappelle le contenu de la formation prodiguée par l'Académie de police de Savatan.

Renseignements complémentaires :

DINT, Erich Dürst, responsable de la Division asile du Service de la population, 021 316 46 21

Sur le sujet, lire la réponse du Conseil d’Etat à l’interpellation de M. Stéphane Montangero,demandant si les accords de Dublin obligent à renvoyerles requérants d’asile en pyjama et où est le respects des droits humains sur sol vaudois

Ballotté à travers toute l’Europe, Abraha, érythréen, demande l’asile

Abraha, dix ans d'errance« Je m'appelle Abraha. Érythréen, j'ai 37 ans. » Il écrit son histoire comme il la raconte. Avec calme, d'abord. Puis, quand les questions deviennent plus pressantes, il lâche tout. Ses conditions de détention abominables en Érythrée. Sa fuite. Dix ans d'errance en Europe à la recherche de sa famille... Abraha, sans papiers, a échoué à Arras. Apaisé, il y a fait une demande d'asile. Un article signé Sarah Bardis dans la Voix du Nord.

« Juliet a 10 ans, Milion, 9 ans, Rimon a 5 ans. Je ne les ai pas vus grandir. » Quand il parle de ses enfants, Abraha a pourtant le regard qui part loin, très loin, com me dans un doux rêve. Sa femme et ses trois enfants sont aujourd'hui Anglais. Ils ont obtenu leurs papiers.

Pas lui. Déboussolé par des années d'errance. Rejetté d'Angleterre. Ballotté entre les différents pays d'Europe. L'Italie, où il a laissé ses premières empreintes. La France, où il a fini par échouer, pour être au plus près des côtes. « C'est ubuesque, s'emporte Marise Douchet, responsable de la Cimade à Arras. Le réglement Dublin II est là pour que les dossiers soient pris en charge par un seul des états ! Et ce, en privilégiant le regroupement des familles ! Je ne comprends pas. » Abraha a demandé l'asile en France.

Flottant dans son blouson, le visage anguleux, Abraha raconte. Il est né en 1974 en Érythrée, alors province éthiopienne. « Je suis "half-cast", ça a toujours été un problème. » Né de mère éthiopienne, musulmane, de père érythréen, chrétien. « Mon père, dit-il, combattait avec le mouvement de libération de l'Érythrée. » Il meurt en 1992, un an avant que la province n'acquiert l'indépendance.

Réfugiée au Soudan, la famille décide de revenir s'installer en Érythrée en 1997. Abraha y rencontre sa femme Helen. « Nous étions pointés du doigt, car ma mère était Éthiopienne », dit-il. En 1999, Abraha voit sa mère et ses soeurs se faire expulser d'Érythrée. « Je n'ai plus jamais eu de nouvelles... » Lui reste, « j'étais utile, je travaillais comme mécanicien. » Il s'installe avec sa femme avec qui il donne naissance à une petite fille, Juliet en 2000. Trois mois après, il est arrêté et emprisonné. Sa femme, enceinte, fuit le pays avec son bébé. « J'ai été enfermé dans des containers. On souffrait, de tout. Alors qu'on nous faisait couper du bois dehors, j'ai pu m'enfuir.

J'ai marché de nuit vers le Soudan. » Puis, il passe en Lybie. Avec une idée fixe : « rejoindre l'Angleterre », où sa femme a trouvé refuge. Clandestinement, il part pour l'Italie, entassé avec une quarantaine de personnes à bord d'une barque de quelques mètres de long. Pour l'équivalent de 1 000 E payés au passeur. Abraha est arrêté à son arrivée. « Ils ont pris nos empreintes, on a pu repartir » Abraha remonte l'Italie. Puis prend, illégalement, un avion pour sa terre promise. Arrêté à l'aéroport. « Ils m'ont laissé vivre six mois avec ma femme. Puis, j'ai été expulsé. » Retour en Italie, où il a laissé ses premières empreintes. Déprimé, Abraha erre. Avant de gagner la France. Calais. Dans l'idée, toujours, de passer outre-Manche... Orienté par des bénévoles de la Cimade, Abraha se retrouve à Arras. « Là je suis bien. » Abraha est hébergé en foyer. Et touche 10 E par jour en attendant la réponse de sa demande d'asile. « Je veux rester là. Au moins, ma femme peut me rendre visite. » C'est ce qu'elle a fait, la semaine dernière. « Je viens de la voir cinq jours... Cinq jours pour cinq ans. mais c'est déjà énorme. »

mardi 20 avril 2010

Amnesty International nouveau membre de l’OSAR

Lors de l’Assemblée Générale du 19 avril 2010, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR a accueilli un nouveau membre important: la section suisse d’Amnesty International. L’OSAR renforce ainsi sa position de principale médiatrice de la société civile et de coordinatrice dans le domaine de l’asile et des droits de l’homme en Suisse.

La section suisse d’Amnesty International (AI) est fortement ancrée dans toutes les régions de la Suisse et jouit d’une excellente réputation au niveau international. De par son engagement en faveur des réfugiés et des droits de l’homme, Amnesty International s’insère parfaitement dans la ligne suivie par l’OSAR. Depuis plusieurs années, l’OSAR et Amnesty International ont pu compter sur une étroite collaboration. L’admission d’AI au sein de l’organisation faîtière des organisations d’aide aux réfugiés est une conséquence logique de cette coopération et a été décidée à l’unanimité par l’Assemblée Générale du 19 avril. Grâce au renforcement apporté par la présence d’AI parmi ses membres, l’OSAR pourra à l’avenir remplir encore mieux son rôle de principal centre de compétences dans le secteur de l’asile en Suisse.

Nouveau président

Lors de l’Assemblée Générale du 19 avril, l’OSAR a également élu son nouveau président en la personne de Martin Engel, membre du comité directeur de l’Œuvre Suisse d’Entraide Ouvrière OSEO de la région de Bâle. Il remplace Yves Ecoeur, qui avait représenté l’OSEO jusqu’à présent dans le comité directeur de l’OSAR. Les autres membres du comité sont: Carlo Knöpfel, responsable du secteur suisse et réseaux de Caritas Suisse; Antoinette Killias, responsable du secteur suisse de l’Entraide Protestante Suisse EPER; Marta Knieza, responsable du secteur asile de l’Union Suisse des Comité d’Entraide Juive USEJ; Bruno Riesen, responsable des campagnes de la section suisse d’Amnesty International.

Communiqué de presse de l’OSAR

Questions:
- Beat Meiner, secrétaire général, tél. 031 370 75 75 ou 079 239 27 19,
beat.meiner@osar.ch
- Adrian Hauser, porte-parole, tél. 031 370 75 72 ou 079 558 38 59, adrian.hauser@osar.ch.

L’Etat condamné à héberger

La justice oblige l’État à loger quatorze familles de demandeurs d’asile à Tours.

Sur le papier, l’État se doit d’assurer aux demandeurs d’asile un toit, de quoi se nourrir et se vêtir. À Tours comme ailleurs, la loi est peu respectée. Dans le meilleur des cas, les migrants ne peuvent espérer trouver qu’une place en hébergement d’urgence. Plusieurs associations et collectifs d’aide aux migrants – Chrétiens migrants, RESF, la LDH, Soif d’Utopies – ont donc aidé quatorze familles de demandeurs d’asile à assigner la préfecture en référé auprès du tribunal administratif d’Orléans pour obtenir un toit. Et ont obtenu gain de cause.

Problème  : pour plusieurs d’entre elles, le vœu du tribunal, qu’il avait pris soin de ne pas accompagner d’une astreinte financière, est resté lettre morte. « Nous nous sommes à nouveau tourné vers nos avocats qui nous ont conseillé d’émettre une requête en astreinte », raconte Muriel Elkolli, du collectif Soif d’Utopies. Chose faite, pour une famille. Le juge a donc ordonné le 12 avril dernier « une astreinte de 200 euros par jour à l’encontre de l’État ». Et miracle, « pile le jour où l’astreinte a été prononcée, la préfecture les a logés à l’hôtel », poursuit-elle. Fortes de ce succès, les associations seront de nouveau devant le tribunal administratif d’Orléans demain pour trois nouvelles requêtes en astreinte. Et donneront dans la soirée une conférence de presse sur le sujet. Elles reviendront sur la fermeture, il y a un an, de la plate-forme de l’association d’aide aux migrants Aftam. « L’association offrait au moins 110 places d’hébergement, et d’un vrai hébergement, détaille Muriel Elkolli. Les demandeurs d’asile y bénéficiaient d’une assistance administrative. Aujourd’hui, à l’hôtel, ils sont livrés à eux-mêmes, et doivent courir à l’autre bout de la ville pour accéder aux repas gratuits des associations. »

Un article trouvé dans l’Humanité

lundi 19 avril 2010

La grand-mère est suisse, sa fille et ses petits-fils illégaux

Le débat autour des clandestins jette une lumière crue sur les pratiques en matière de régularisation. Berne admet les cas de rigueur, mais au compte-gouttes et parfois jusqu’à l’absurde. Exemple avec une famille de trois générations. Un article de Caroline Zuercher dans 24 Heures.

Absurde

«Liliana est à Genève depuis des années, sa maman et son frère sont Suisses, elle parle le français et a toujours été appréciée de ses employeurs. Si les autorités ne considèrent pas qu’il s’agit d’un cas de rigueur, alors que faut-il faire pour obtenir un permis?! s’exclame Thierry Horner, secrétaire syndical au SIT. Nous avons plusieurs cas comme le sien, dans lesquels nous ne comprenons pas le refus des autorités. C’est comme si l’ODM n’appliquait pas les principes qu’il a lui-même édictés.»

L’histoire de la famille bolivienne que défend Thierry Horner est exemplaire. Nazarena* a 46 ans, sa fille, Liliana*, 28 ans, et son petit-fils, Cristiano*, 12. Tous trois ont quitté la Bolivie pour rejoindre illégalement la Suisse. Mais leurs existences ont pris des trajectoires différentes. Et parfois tortueuses. Devenue Suissesse par mariage, Nazarena vit en toute légalité à Genève avec son époux et leur fils de 12 ans. Sa fille, elle, n’a pas eu la même chance: sa demande de régularisation a été définitivement refusée. Cette mère célibataire sera donc expulsée, tout comme Cristiano et son deuxième fils, âgé de 25 mois.

Nazarena arrive à Genève en 1996. «Je m’occupais d’enfants dans une famille sympa. Les choses me paraissaient moins injustes qu’aujourd’hui…» Elle rencontre un Suisse et l’épouse en octobre 1997. Outre-Atlantique, Liliana vit chez une tante avant de rejoindre sa maman. Elle est mineure et Nazarena dépose une demande de regroupement familial. Mais l’Office cantonal de la population (OCP), à Genève, annonce son refus quelques jours après les 18 ans de sa fille.

En 2002, Cristiano arrive à son tour et vit dans l’illégalité avec sa maman. Le garçon commence l’école, Liliana travaille et, en décembre 2005, l’OCP se dit favorable à l’octroi d’une autorisation de séjour exceptionnelle, pour cas de rigueur. Mais l’Office fédéral des migrations (ODM), auquel le dossier est transmis, oppose son veto. Son argument principal: grâce à l’aide de Nazarena, un retour en Bolivie ne représente pas un obstacle insurmontable.

«Mes amis sont ici»

Liliana tombe à nouveau enceinte. En octobre 2007, à son cinquième mois de grossesse, le père de ce deuxième enfant est expulsé. Sa compagne reste en Suisse et le couple perd contact. Entre demande de réexamen et recours, la saga judiciaire se poursuit jusqu’en mars dernier: le Tribunal administratif fédéral rejette alors un ultime recours, Liliana et ses fils devront quitter la Suisse. «Mon beau-père, mes anciens patrons, mes collègues de travail… Tout le monde est intervenu en ma faveur, soupire-t-elle. Ce que je vais faire? J’attends ma convocation et je dirai aux autorités que je refuse de partir!»

«Je n’ai plus d’attaches ni de maison en Bolivie, poursuit Liliana. Ma maman et mon petit frère sont mon unique famille. Mes grands-parents sont malades. Qui va garder mes enfants ou me donner à manger? Ici, je travaille et je réussis à les élever seule.» A ses côtés, Cristiano triture ses mains. De son statut, il a retenu un inconvénient: l’impossibilité de partir en vacances à l’étranger. «Je ne veux pas quitter la Suisse. J’ai mes amis ici.»

«Ma vie se casse»

Le garçon est en 6e année. Il joue au football – «et même bien», précise fièrement sa grand-maman. «A l’école, je suis dans la moyenne de la classe. J’aime les maths mais pas trop l’allemand…» Et quand on lui parle d’avenir, Cristiano annonce son intention de devenir avocat. La Bolivie? Il ne s’en souvient pas. «On m’a dit que c’était plus violent qu’ici. Et puis j’aurais la honte à l’école: je ne sais pas assez l’espagnol, je ne peux même pas l’écrire!»

Nazarena, elle, se sent impuissante. «Avec cette histoire, tout se casse dans ma vie… Je ne me vois pas vivre ailleurs: ici, les gens sont honnêtes. Je demande aux Suisses de ne pas m’enlever le droit d’être avec ma fille et de profiter de mes petits-enfants.» Ses yeux se remplissent de larmes lorsqu’elle explique être venue à Genève pour assurer un meilleur avenir à Liliana… «Aujourd’hui, tout ce que je peux faire, c’est me porter garante pour son appartemen t .»

* Prénoms fictifs

samedi 17 avril 2010

Les dix communes de la Riviera décident de prohiber la mendicité dans leurs rues

Pour la première fois en terre vaudoise, les mendiants s'exposent à des sanctions. Jeudi soir, seuls 30% des élus s'y sont opposés. Un article de Antonino Galofaro dans le Courrier.
Les dix communes qui composent l'association Sécurité Riviera deviennent les premières à interdire la mendicité dans le canton. Jeudi soir, 27 des 52 membres du Conseil intercommunal de Sécurité Riviera réunis à La Tour-de-Peilz ont voté dans ce sens. «Le résultat est clair», confirme Serge Jacquin, président du comité de direction de l'association et syndic de Chardonne. Le libéral rapporte également qu'environ 30% des membres ont voté contre l'interdiction et que 20% se sont abstenus.
«Deux blocs politiques se sont prononcés. Et c'est la droite qui l'a remporté», explique Francis Baud, membre du parti Vevey Libre et du Conseil intercommunal, l'organe législatif de l'association de communes. «C'est un choix politique», renchérit Pierre-Alain Maïkoff, président de ce même conseil. «Les représentants de la droite, en faveur de l'interdiction, étaient plus nombreux.» Mais cette simple explication arithmétique ne convient pas au président du comité de direction, Serge Jaquin. Le clivage entre la gauche et la droite n'a d'après lui pas fonctionné. A cause de l'importance de la question traitée, «les membres ont voté selon leur sensibilité personnelle. Je ne pense pas qu'ils aient suivi les consignes de vote de leur parti respectif».
Il estime qu'au vu des résultats, des personnalités de gauche ont dû se rallier à l'interdiction. L'appartenance des élus à des villes comme Vevey ou Montreux, les plus grandes de l'association susceptibles d'être concernées par le phénomène, n'est pour lui pas déterminant. «Je pense vraiment que chacun a voté selon son propre vécu.» L'interdiction vise à lutter contre les «bandes organisées pour mendier», selon Pierre-Alain Maïkoff. Ce dernier explique que «le phénomène ne disparaîtra pas, mais l'interdiction fera pression sur ces groupes». Le conseiller communal libéral concède cependant que tous les mendiants seront traités de la même façon. Et le politicien de prendre l'exemple de «ce mendiant veveysan unijambiste», qui sera mis dans le même panier que ces «bandes organisées». Seul représentant de Vevey Libre au Conseil intercommunal, Francis Baud faisait partie de la commission ad hoc. Il regrette que le compromis concocté en commission ait été balayé par 54% des voix, lors d'un premier vote. Artisane du compromis, la présidente du Parti socialiste de Montreux, Jacqueline Pellet, également membre de la commission ad hoc, préconisait en effet une réglementation de la mendicité, plutôt que son interdiction pure et simple: les mendiants auraient eu à demander une autorisation préalable. Pour que la mendicité soit interdite sur la Riviera, le règlement intercommunal de police doit encore être formellement approuvé par le chef du Département vaudois de l'intérieur, Philippe Leuba. Le texte peut aussi faire l'objet d'un référendum. En 2008, le ministre s'était opposé à une telle mesure au niveau cantonal, estimant que la question devait rester de compétence communale. L'année suivante, Yverdon discutait de la problématique et ébauchait même un projet. Et début 2010, c'est l'UDC lausannoise qui préconisait une interdiction dans la capitale vaudoise.

Renvoi des étrangers criminels: le projet titube

La commission des institutions politiques du National. Un article de Valérie de Grafenried dans le Temps.

Il vacille. Titube. Le contre-projet direct, censé combattre l’initiative de l’UDC «pour le renvoi des étrangers criminels», a un avenir incertain. Vendredi, la Commission des institutions politiques du National a voté l’entrée en matière. Mais d’extrême justesse: 12 membres ont voté pour, 11 contre et 2 se sont abstenus. Ce ne sera que lors d’une prochaine séance, agendée les 20 et 21 mai, que les parlementaires se pencheront sur le contenu.

Un vote étonnant? On aurait pu s’attendre à un résultat inverse. Car l’UDC, le PS et les Verts sont majoritaires. L’UDC a tout intérêt à voter contre le texte, pour que son initiative, qui veut expulser systématiquement les étrangers criminels, passe seule devant le peuple. Et pour la gauche, le contre-projet, sorte de «copier-coller de l’initiative avec des garanties juridiques en plus» comme le souligne Antonio Hodgers (Verts/GE), va bien trop loin. Elle est donc naturellement encline à voter contre.

Mais voilà: la gauche est écartelée (LT du 14.04.2010). Car dire «non» au contre-projet signifie assumer que le peuple n’ait à se prononcer que sur le texte de l’UDC. Mal à l’aise, la socialiste vaudoise Ada Marra s’est par exemple abstenue. «Ma réflexion n’est pas encore faite. Nous allons encore essayer de négocier le contenu lors de la prochaine séance. L’entrée en matière ne signifie d’ailleurs pas forcément que le contre-projet sera accepté en vote final», souligne-t-elle.

Maria Roth-Bernasconi (PS/GE), elle, a voté oui. Elle n’est pas la seule socialiste à l’avoir fait, d’où certains grincements de dents. «Je trouve totalement irresponsable de présenter l’initiative, dont j’ai demandé l’invalidation, seule devant le peuple. Elle a toutes les chances de passer!» analyse-t-elle. «Ce n’était pas un choix évident à faire. Mais je l’assume.» Pour la Genevoise, le contre-projet respecte au moins la Constitution et le droit international.

Des disparités cantonales

Antonio Hodgers a, lui, préféré dire non. Mais il avoue avoir un peu hésité. Il ne s’oppose pas par principe à un nouveau durcissement du renvoi des étrangers. La loi actuelle permet des expulsions, mais les cantons l’appliquent avec trop de différences, ce qui peut être problématique, admet-il. Reste que pour l’écologiste, voter en faveur du contre-projet tel qu’adopté par le Conseil des Etats revient presque à accepter l’initiative. «On ne propose en fait pas de véritable choix», commente-t-il.

La commission reprendra donc ses réflexions en mai. L’invalidation de l’initiative a, elle, déjà été réglée: elle a été refusée par 16 voix contre 9.

La Riviera interdit la mendicité dans la rue

Dirigées par des socialistes, Vevey et Montreux créent un précédent. Un article de Mathieu Signorell dans le Temps.

Avec La Côte, la Riviera fait partie des régions les plus riches du canton de Vaud. Depuis jeudi soir, c’est aussi la première qui a décidé d’interdire la mendicité dans la rue. La cinquantaine d’élus du conseil intercommunal de Police Riviera, à qui les 10 communes du district ont délégué leur compétence en matière de police, a décidé de justesse (52%) de bannir les mendiants. Une décision qui entrera en vigueur une fois que le Conseil d’Etat l’aura examinée, dans les mois qui viennent.

Particularité de la Riviera: ses deux villes, c’est-à-dire Vevey et Montreux, sont aux mains de syndics socialistes. Dans les deux cas, les directeurs communaux de la police sont issus du même parti. La décision de jeudi soir n’est-elle pas contradictoire dans ce contexte? «C’est la démocratie: sur les dix communes de la région, seules deux ont une majorité de gauche», répond Laurent Ballif, syndic de Vevey et aussi député au Grand Conseil, mais surtout opposé à cette interdiction. Pour lui, la décision n’est pas applicable: «La police va-t-elle ramener les mendiants à la frontière de notre district?» Un référendum n’est toutefois pas prévu.

Fer de lance de l’interdiction des mendiants sur la Riviera, le président du PLR veveysan dit vouloir «dissocier mendicité et pauvreté». Pierre Clément: «Les mendiants ne sont pas pauvres, c’est du business organisé. En Suisse, nous avons une bonne couverture sociale. Si quelqu’un est dans le besoin, on peut l’aider.»

La mendicité n’est autorisée en terre vaudoise que depuis le changement de la loi pénale en janvier 2007. En 2008, le Grand Conseil avait refusé de revenir en arrière, malgré la proposition du député radical Olivier Feller. «La classe politique considérait ce phénomène comme marginal. Je remarque une évolution depuis lors», note-t-il aujourd’hui. Lausanne réfléchit aussi à une solution, depuis que ses agents de police sont confrontés à de jeunes mamans qui mendient, accompagnées de leurs enfants, parfois des bébés.

Des amendes sans effets

Mais y a-t-il réellement des mendiants sur la Riviera? «Autant que de centres commerciaux», explique le major Michel Francey, commandant de Police Riviera. «Mais nous n’allons pas engager une chasse aux mendiants. D’autant plus que les sanctions, comme les amendes, ont très peu d’effets dans ce genre de cas.» Genève en sait quelque chose! Malgré les amendes distribuées à ceux qui tendent la main en ville, le phénomène y est toujours visible, même s’il est interdit.

Dix communes interdisent la mendicité sur leur territoire

Réunies pour l’adoption de leur règlement de police commun, les dix communes de l’Association Sécurité Riviera ont voté jeudi soir une interdiction de la mendicité sur leur territoire. Une première cantonale. Un article signé Marc Ismail dans 24 Heures.

polémique mendicité

Les dix communes de l’Association Sécurité Riviera ont franchi le pas. De Chardonne à Veytaux, en passant par Vevey et Montreux, il est désormais «interdit à toute personne de s’adonner à la mendicité, de même que de charger de mendier des mineurs ou des personnes placées sous son autorité». Le terme de «mendicité» désignant, selon la définition adoptée par le Tribunal fédéral, «le fait de s’adresser à autrui pour solliciter une aide, généralement financière, sans contre-prestation». Une définition qui exclut les musiciens et autres artistes de rue. Quant à la peine encourue pour les contrevenants, elle sera fixée par la Commission de police du comité de direction, dans le cadre de la loi sur les sentences municipales (LSM), qui prévoit au maximum une amende de 500 fr., et de 1000 fr. en cas de récidive.

Pour la cinquantaine de membres du Conseil intercommunal réunis jeudi soir à La Tour-de-Peilz, cet article 78 constituait clairement le plat de résistance d’une soirée fleuve consacrée à l’adoption du règlement général de police de l’association. Il aura fallu pas moins de trois heures et demie pour voter les cent articles, assortis d’une bonne trentaine d’amendements. Une opulence qui a justifié l’adoption, pour un soir, d’un système de vote électronique, histoire d’éviter que la séance ne dure jusqu’au lendemain.

La question de la mendicité a clairement divisé l’assemblée en deux camps, selon le clivage gauche-droite si on en juge par les interventions des uns et des autres. Et donné lieu à quelques échanges tendus. D’un côté, les partisans de l’interdiction, pour qui, à l’image du conseiller communal veveysan Pierre Clément (PLR), «la mendicité n’est pas synonyme de pauvreté, mais constitue un business organisé». Pour ceux-ci, la solution passait clairement par une interdiction, les services sociaux existants offrant à leurs yeux les outils pour aider ceux qui vivent dans une réelle précarité.

Vote serré

De l’autre côté, les opposants à l’interdiction se divisaient entre partisans de l’amendement en forme de compromis proposé par la commission ad hoc – un texte qui préconisait que la mendicité soit simplement soumise à une autorisation de la police, selon des conditions établies par le comité de direction de l’association –, et tenants du refus pur et simple de l’article. Un camp qui partageait cependant le refus d’une interdiction, jugée contre-productive, voire «liberticide», selon les mots du syndic montreusien, Pierre Salvi (PS). Pour le conseiller communal veveysan Clément Tolusso (Verts), «Les mendiants ne portent atteinte ni aux biens ni aux individus. On ne veut les interdire que parce qu’on est dérangé par leur présence.»

Au terme d’un débat nourri qui a vu les deux camps rester sur leurs positions, les conseillers ont finalement refusé l’amendement, par 54% de voix contre, avant d’accepter l’article avec une marge, plus ténue encore, de 52% de oui.

En prenant cette décision, les dix communes ont créé une première dans le canton. Le Grand Conseil avait en effet refusé pareille proposition, en octobre 2008. La première pourrait cependant faire tâche d’huile. Un projet allant dans ce sens est ainsi dans les tiroirs de la Municipalité d’Yverdon.

vendredi 16 avril 2010

La droite a enfin pu s’attaquer à la formation des sans-papiers

La Municipalité a répondu, hier soir, à deux interventions déposées afin de dénoncer son «pari de l’illégalité», engagé afin d’ouvrir l’accès à l’apprentissage pour les sans-papiers. En plénum, les libéraux-radicaux et l’UDC ont tenté d’exiger un retrait du préavis. En vain. Un article de Gérald Cordonier dans 24 Heures.

Lausanne réactions apprentissage sans-papiersCliquez pour agrandir l’image

Ambiance inhabituelle, hier soir, à l’Hôtel de Ville. Aux côtés de médias venus en grand nombre, une délégation de sans-papiers – emmenée par son collectif de défense – avait fait le déplacement afin d’assister à la première discussion «autorisée» au sein du Conseil communal de Lausanne sur le brûlant dossier de l’accès à l’apprentissage pour les jeunes clandestins.

Voilà près de deux mois que – congé de Pâques et manœuvres municipales obligent – la classe politique attendait de pouvoir se saisir du sujet. Impatiente d’entendre enfin la réponse de son exécutif aux demandes d’explication formulées par le libéral-radical Mathieu Blanc et par l’UDC Claude-Alain Voiblet, tous les deux surpris du «pari de l’illégalité» légitimement consenti par la Municipalité afin de faire avancer la cause des jeunes clandestins.

«La Municipalité renonce à développer un long préambule au débat qui se fera en temps voulu, lorsque le préavis arrivera à l’ordre du jour, a d’emblée précisé le directeur de la Jeunesse, Oscar Tosato. Mais elle relève que ses propositions ont obtenu un gros soutien du Grand Conseil vaudois, du Conseil national et même de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf.» Avant de tout de même répondre succinctement aux nombreuses questions posées par les deux élus de droite, le municipal socialiste a, aussi, assuré que l’exécutif s’attachera à privilégier, si possible, des solutions légales afin de permettre aux jeunes de suivre un apprentissage. A la tribune, les Verts, les socialistes et A Gauche toute! sont montés pour soutenir largement la cause des sans-papiers.

Méthodes contestées

De l’autre côté de l’hémicycle, les réactions ont été tout autres. Si le conseiller communal libéral-radical Guy-Pascal Gaudard a réclamé, à la tribune, que la ville améliore son offre de formation pour tous les jeunes – «avec ou sans papiers» –, ses homologues de droite ont surtout montré leur désapprobation face aux méthodes défendues par Oscar Tosato et ses confrères. «En proposant une méthode illégale, la Municipalité a voulu faire un coup politique qu’on peut dire réussi, a lancé le libéral-radical Mathieu Blanc. Mais elle a aussi donné de faux espoirs aux jeunes sans-papiers qui ne pourront pas travailler une fois leur formation terminée.» «La gauche lance un faux débat, a quant à lui affirmé Claude-Alain Voiblet. Elle cherche, en réalité, une régularisation générale des sans-papiers.»

Au cours de ce premier débat, le PLR, soutenu par l’UDC, a tenté d’exiger que la Municipalité retire son préavis. Dans une résolution finalement refusée par 56 voix contre 21, la droite souhaitait, également, que la Municipalité ne puisse plus jamais, à l’avenir, adopter de préavis dont le contenu serait déclaré illégal. En vain. D’ici à un ou deux mois, une fois terminés les travaux de la commission nommée pour traiter de la proposition municipale, le Conseil communal devra donc dire s’il accepte ou non que des jeunes clandestins puissent suivre un apprentissage au sein de l’administration lausannoise .