mardi 30 septembre 2008

Les sans-papiers, un nouveau marché

Derrière les modifications apportées par Hortefeux aux conditions de la rétention administrative, se profile une mise au pas des associations et une «concurrence libérale déplacée» dénoncée par la Cimade.

La suite de cet article de Marianne

L'extrême droite autrichienne a profité de l'europhobie et de l'islamophobie


Jörg Haider et Heinz-Christian Strache célèbrent la percée de leurs partis respectifs. A elles seules, les deux formations d’extrême droite ont recueilli dimanche 29% des voix. (photo: Keystone)
AUTRICHE. Le politologue Jérôme Jamin estime que les électeurs ont voté ce week-end contre le système.

Stéphane Bussard
Mardi 30 septembre 2008


L'Autriche a vécu un séisme politique lors des élections législatives anticipées de dimanche. L'effondrement du parti conservateur ÖVP et le médiocre score des socio-démocrates du SPÖ ont permis une forte percée de l'extrême droite et de ses deux composantes, le FPÖ de Heinz-Christian Strache et le BZÖ de Jörg Haider. A elles seules, elles ont recueilli 29% des voix. Cette débâcle des vieux partis de la coalition a poussé lundi le chef de la droite autrichienne, le vice-chancelier sortant Wilhelm Molterer, à la démission. Politologue et spécialiste du populisme en Europe à l'Université de Liège, Jérôme Jamin décrypte le grand retour de l'extrême droite en Autriche. 

«L’extrême droite autrichienne arrive en tête chez les 16-18 ans!»

Avec près de 30% des voix, les partis de Haider et de Strache font une importante percée. Un article d'Olivier Bot dans 24 Heures.
Le vote sanction à la grande coalition en Autriche s’est porté sur deux formations d’extrême droite. Analyse de Jean-Yves Ca­mus, chercheur associé à l’Insti­tut de relations internationales et stratégiques à Paris.
– Est-on dans le même scénario que celui de la victoire de Haider en 1999?

– C’est en tout cas la même scène politique, à l’offre tou­jours aussi réduite. Avec deux grands partis qui dominent, au­jourd’hui en grande coalition. Les libéraux du Liberales forum par exemple, n’arrivent pas à percer. Les Verts non plus. Cela donne prise à une percée de l’extrême droite.
– Quels sont les électeurs qui se sont portés sur les partis de Haider et de Strache?

– Les premiers sondages de sortie des urnes montraient que 171 000 électeurs des sociaux­démocrates de 2006 ont voté pour le FPÖ de Strache et 75 000 pour le BZÖ d’Haider. 149 000 électeurs conservateurs de 2006 ont préféré le BZÖ et 86 000, le FPÖ. Le discours vi­rulent et les thèmes sociaux mis en avant par Strache sont bien passés dans l’électorat popu­­laire, tandis qu’il effraie les conservateurs catholiques qui se retrouvent mieux en un Hai­der qui s’est policé. Au plan national, les deux totalisent 29% des voix. Mais il reste encore 520 000 bulletins par correspondance qui ne seront dépouillés que le 6 octobre. On constate par ailleurs peu de transfert de voix d’un parti ex­trémiste à l’autre. En Carinthie, le fief de Haider, on arrive à un total hallucinant de 47%. Et l’inquiétant, c’est que pour les 16-18 ans – les citoyens qui se rendaient pour la première fois aux urnes – la première force politique est l’extrême droite avec 25%.
– Une alliance droite-extrême droite est-elle crédible? Et l’Europe peut-t-elle sanctionner l’Autriche comme en 2000?

– L’hypothèse d’une alliance droite-extrême droite semble se confirmer. Je ne crois pas en de nouvelles sanctions. La précé­dente a montré qu’elles avaient eu pour effet de renforcer un électorat prompt à la victimisa­tion et au rejet de l’Europe.
– Comment expliquer cette nouvelle poussée d’extrême droite?

– La question de l’identité euro­péenne est centrale. Comme celle de la redéfinition de la social-démocratie. Quand la gauche s’allie à sa droite, elle perd son électorat populaire et les élections. On constate aussi qu’avec la quasi-disparition des partis communistes, la fonction tribunitienne et protestataire est récupérée par l’extrême droite. OLIVIER BOT

La ville soutient l’intégration des migrants

Le pôle de compétences en matière d’intégration des migrants est désormais officiellement reconnu par les autorités.
Un mois après leur emménage­ment sous le même toit, à la rue du Collège 4 à Yverdon-les­Bains, les représentants de Lire et Ecrire, de Caritas, d’Apparte­nances et du Centre social pro­testant (CSP) ont vécu un autre grand moment, hier après-midi, avec la signature de la conven­tion qui les lie désormais à la ville d’Yverdon.

Le syndic, Rémy Jaquier, et les représentants de Lire et Ecrire, de Caritas, d’Appartenances et du CSP, au moment de la signature de la convention.
OLIVIER ALLENSPACH


Un événement synonyme de reconnaissance officielle du nouveau pôle de compétences en matière d’intégration des migrants, né du regroupement des quatre entités. Un rappro­chement géographique qui, comme l’a rappelé Erika Volk­mar, directrice d’Appartenan­ces, «permet de créer des syner­gies, d’encourager l’information entre les quatre associations et, surtout, de mettre en commun des connaissances en matière d’intégration et de formation.» Tout en garantissant l’indépen­dance de chacune des entités dans la gestion et les presta­tions. A savoir: offrir des cours de lecture et d’écriture pour Lire et Ecrire, enseigner le fran­çais aux migrants pour Caritas, accompagner et suivre la créa­tion de projets dans le domaine de l’intégration pour le CSP et organiser repas, ateliers et ani­mations pour les femmes et les enfants migrants pour Apparte­nances.
Des offres que les quatre as­sociations se sont engagées à fournir en signant hier cette convention de deux ans, recon­ductible d’année en année. En échange, la Municipalité d’Yver­don- les-Bains met à leur dispo­sition les locaux de la rue du Collège 4, dont elle assume le loyer via une subvention, ainsi que les charges de chauffage et de nettoyage. R. M. dans 24 Heures.

La Forteresse

Un chef-d'oeuvre du compromis helvétique: lettre de M. Alain Simon, Lausanne, dans le courrier des lecteurs de 24 Heures

Fernand Melgar déclare faire des films engagés, mais pas militants Le dernier film de Fernand Melgar, qui a gagné le Léopard d’or à Locarno, relate la manière dont les requérants d’asile qui arrivent en Suisse sont traités au centre d’enregistrement de Vallorbe. Cette oeuvre d’une grande sensibilité nous montre un univers carcéral dur, mais elle met avant tout l’accent sur l’humanité de l’ensemble des personnages, tant ceux qui travaillent dans ce centre que les demandeurs d’asile qui arrivent après un voyage souvent très long et difficile.
Il s’agit surtout d’un film remarquable parce que chacun, selon sa sensibilité, pourra se sentir conforté sur la nouvelle politique d’asile en vigueur depuis le début de l’année, quelle que soit son opinion. Si vous êtes partisan du statu quo ou d’un durcissement de cette politique, ou si vous jugez les nouvelles lois sur l’asile franche­ment inhumaines, vous allez y trouver votre compte.
La forteresse peut être consi­déré comme un chef-d’oeuvre du compromis helvétique sur un sujet très polémique. Cette position renforce l’opinion majo­ritaire qui a voté pour l’adoption des nouvelles lois, il y a bientôt deux ans. On peut se demander si c’est une bonne chose puisque ces textes ont été sévèrement condamnés dernièrement par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (ONU); il est tout de même difficile de dire qu’une telle organisation déve­loppe des positions extrémistes…