samedi 12 février 2005
Quand on..NEM Tome 3
Dans le froid – Hors du temps
Témoignages de personnes
ayant reçu une décision NEM
(Non-Entrée en Matière sur leur demande d’asile),
mises à la rue par les mesures fédérales d’allègement
Tome 3, 1er février 2005
Des personnes vivent en statut « NEM » depuis maintenant plusieurs mois dans le canton de Vaud. Elles sont à la rue. De l’été à l’hiver, elles se sont présentées à l’autorité cantonale, ont demandé régulièrement l’aide d’urgence et ont logé à l’Abri PCi, ont collaboré à l’établissement de leur identité et nationalité si nécessaire. Elles ne peuvent pas être renvoyées, la Suisse n’obtient pas les papiers nécessaires. Elles restent pourtant à la rue avec demande quotidienne d’un bon pour l’hébergement d’urgence. Elles subissent régulièrement des contrôles d’identité, vécus comme humiliants : pour elles, l’autorité qui leur a retiré leurs papiers de requérants est la même qui maintenant leur en demande. Elles ont l’impression d’avoir « joué le jeu ». C’est à devenir fou, disent-elles ; combien de temps seront-elles dans ce provisoire intenable, sans aucun projet, sans reconnaissance, sans abri de jour ? Elles se sentent acculées à la folie, à un acte de désespoir...
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Le règlement est clair à l’Abri d’hébergement d’urgence : si une personne, même connue des responsables, n’a pas pu retirer le bon quotidien pour la nuit ou jusqu’au lundi pour le week-end (retard pour une cause ou une autre), elle n’est pas autorisée à passer la nuit dans la structure d’urgence. C’est arrivé la dernière semaine de décembre à une femme, qui a dû passer 3 nuits (vendredi-lundi) hors abri (!?).
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Les services encadrant des jeunes en recherche d’emploi ou de formation sont perplexes. Des jeunes n’ont pas pu continuer leur formation ou ont dû renoncer à un apprentissage. Maintenant ces jeunes sont à la rue, font peut-être appel occasionnellement à l’hébergement d’urgence ; mais les voilà sans conseils alors qu’ils en avaient besoin, sans occupation utile ni formation alors qu’ils étaient motivés. Auto-goal social.
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« Programme : le jour, trouver un coin tranquille où somnoler. La nuit, marcher, marcher, marcher pour résister au froid. »
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Une bénévole d’un groupe d’accompagnement de réfugiés est avertie par un voisin dans son village : une personne est installée pour la nuit dans la petite gare du village (non chauffée). La bénévole s’y rend, discute avec la personne, un jeune homme africain qui a une décision NEM. Celui-ci ne veut pas accepter l’hospitalité pour une nuit. La dame lui propose de lui ramener au moins des couvertures, il semble d’accord. Le temps qu’elle passe chez elle et revienne, le jeune homme a disparu. Vers quel autre logement de fortune au froid ?? Elle ne voulait pas l’effrayer…
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Une personne a reçu une décision de Non-Entrée en Matière il y a deux ans. Elle avait un emploi rémunéré, un appartement dont elle payait le loyer sur son salaire. Son renvoi n’a pas été effectué, les autorités suisses n’obtenant pas les papiers nécessaires, vu le refus du pays d’origine et malgré la collaboration de la personne. La décision NEM entre en force : elle reçoit l’interdiction de travailler ; elle occupe encore son appartement tant que ses économies lui permettent de payer le loyer. Une demande juridique de réexamen de son cas a été déposée, sur motif d’impossibilité du renvoi.
La personne se présente à l’instance cantonale (SPOP) qui refuse d’enregistrer son adresse. Elle est sortie des listes, n’a plus d’existence pour l’administration dont elle dépend pourtant. Elle a l’impression qu’elle n’a plus le droit d’exister, alors qu’elle paie son loyer et a des démarches juridiques en cours. Mort sur papier ?
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Une personne s’est fait séquestrer son téléphone portable alors qu’elle a pu présenter à la police l’attestation d’achat provenant de l’entreprise où elle se l’était procuré. L’affaire est remise au juge d’instruction alors que la personne ne s’est pas fait signifier qu’elle avait commis une infraction !
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Un jeune mineur africain a été réintégré provisoirement dans les structures d’hébergement asile, car l’instance fédérale a accepté d’étudier une demande de réexamen de son cas. Il sort un soir avec un ami, et s’apprête à rentrer au Centre où il est autorisé à loger. Il est arrêté par la police ; celle-ci ne prend pas au sérieux l’autorisation de logement qu’il présente aux agents. Il lui est reproché de n’avoir aucun droit à séjourner ici. Il doit passer la nuit au poste au lieu de regagner son logement : on ne le croit pas ! Mais pourquoi le document, pourtant officiel, attestant son adresse, n’est –il pas pris au sérieux ??
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« Dans le froid – Hors du temps » :
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