lundi 16 août 2010

Emigration clandestine: le drame continue en plein désert

Douze clandestins en route pour l’Europe, ont péri de faim et de soif dans le désert algérien ce week end.

L’émigration clandestine, malgré tous ses dangers et risques, continuent à attirer foule. Douze ressortissants de plusieurs nationalités africaines, ont trouvé la mort dans le désert en voulant rallier l’Europe via l’Algérie. Les victimes étaient maliennes, ivoiriennes, camerounaises, sénégalaises, gambienne et guinéenne. Au départ, il y a avait 14 personnes dont le chauffeur et son apprenti. Selon le conducteur du camion, ils auraient quitté Kidal (nord Mali) en direction de l’Algérie où, ils réussiront à pénétrer illégalement. Cependant, le véhicule tombe en panne à Tamanrasset où, ils ne trouveront ni eau, ni nourriture pour vivre et survivre. Les malheureux triment durant des heures et des heures sans rien se mettre sous la dent. La faim et la soif finiront par avoir raison d’eux. Ils meurent finalement les uns après les autres jusqu’au dernier. Par ailleurs, l’on ne sait par quel miracle le chauffeur et son apprenti ont réussi à rebrousser chemin et à retourner au Mali.

    © i.ytimg.com Des cadavres qui jonchent le désert sont régulièrement retrouvés par les forces de l'ordre

Parcours du combattant
Un chauffeur très connu dans le transport de clandestins, explique que les victimes étant privées d’eau et d’électricité et n’ont pas survécu à ce périple dans le désert. Malgré les difficultés, le trajet entre le nord Mali et l'Algérie, reste l'une des routes les plus convoités par les candidats à l'émigration clandestine vers l'Europe. Le président de l'Association des initiatives de développement au Mali, Mamadou Diakité explique qu’il y a eu un relâchement dans les activités de prévention contre la clandestinité. Il faut selon lui, offrir une alternative à ceux qui prennent le risque de partir. Le désert est la voix la plus prisée par les migrants parce que c’est une vaste étendue où le contrôle est extrêmement difficile. Malgré des centaines et des centaines de décès chaque année, les candidats ne rechignent devant rien. Des mesures tardent à être prises pour freiner ces dérives qui font perdre au continent, des milliers de bras valides.
Inciter les jeunes à rester sur le continent
Des observateurs nationaux estiment que les Etats africains doivent mettre sur pied de meilleurs politiques de gouvernance et développer des stratégies de rétention des jeunes talents. Cela devrait se faire aussi bien dans le secteur formel qu’informel. Créer des initiatives en faveurs des jeunes et femmes qui constituent la majorité des candidats à l’émigration.

Hawa Semega sur JournalduMali.com

Les Roms, première cible du virage sécuritaire

La torpeur estivale reste propice aux mesures impopulaires et brutales. Brice Hortefeux a promis l’expulsion de 300 camps de gens du voyage en trois mois. Un article de Charline Vanhoenacker, Paris, dans le Temps.

Il ne se passe plus un jour sans que des camps de gens du voyage ne soient expulsés des terrains qu’ils occupent illégalement: plus de 40 évacuations ont été menées depuis deux semaines. Vendredi, le démantèlement du jour s’est produit dans la confusion: un millier de personnes étaient installées depuis le 1er août sur le stade d’Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques. Une compagnie de CRS, débarquée à 9 heures, a d’abord essuyé des altercations avec les gens du voyage, tandis qu’un hélicoptère survolait le camp. Un cordon d’occupants a brandi une banderole «Association de la vie du voyage», dont le porte-parole a expliqué: «Nous ne sommes pas des Roms, nous sommes des Français, des citoyens de ce pays.»

Le maire d’Anglet avait déclenché une procédure pour déloger les indésirables. Mais, vendredi soir, l’évacuation n’avait toujours pas eu lieu car, selon le porte-parole de cette association, «toutes les caravanes quitteront les lieux si une nouvelle décision de justice confirme l’évacuation». Elle a saisi le tribunal pour reporter le départ.

Depuis que Nicolas Sarkozy a convoqué une réunion, fin juillet, sur les «problèmes» posés par «les Roms et les gens du voyage», son bras droit armé, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a promis l’expulsion de 300 camps en trois mois. La cadence est tenue: 700 Roms attendent déjà d’être reconduits vers la Roumanie et la Bulgarie.

Critique de l’ONU

Ces événements sont loin de faire les gros titres des médias de masse. Mais la tension ne serait pas loin de monter si nous n’étions au cœur de la torpeur estivale. A l’instar des expulsions locatives, plus discrètes l’été – les voisins en vacances et une mobilisation impossible –, les CRS délogent les gens du voyage sans trop de bruit. Toutefois, l’expulsion de vendredi matin, plus massive et plus tendue, attire davantage l’attention des médias.

L’été permet de faire passer des mesures impopulaires sans trop d’encombres: en juillet 2008, le gouvernement annonçait la suppression de 30 000 postes de fonctionnaires, et la réforme des institutions qui donnait davantage de pouvoir au président était votée. L’été dernier, la controversée loi Hadopi sur le téléchargement illégal aurait dû être votée, si pléthore d’amendements n’avaient reporté l’échéance.

L’expulsion de vendredi intervient au moment où la majorité réagit aux critiques de l’ONU, et de son Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD), qui a pointé jeudi le «manque de volonté politique» face à une «recrudescence» des actes racistes en France. Vendredi, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a dénoncé un «montage pur et simple», et le porte-parole adjoint de l’UMP a critiqué les 18 experts issus de pays «qui ne respectent absolument pas les droits de l’homme».