dimanche 15 août 2010

Polémique en Israël sur l’expulsion d’enfants de clandestins

Le projet du gouvernement d'expulser 400 enfants d'immigrés clandestins suscite un débat douloureux en Israël et l'épouse du Premier ministre Benjamin Netanyahu n'a pas hésité à écrire au ministre de l'Intérieur pour lui demander de renoncer à cette idée.

"En tant que psychologue (...) et mère de deux enfants, je vous prie d'user de votre autorité pour que la majorité de ces 400 enfants puisse rester en Israël", a écrit Sara Netanyahu au ministre Eli Yishai, du parti ultra-religieux Shas.

Ce dernier a accepté de la recevoir jeudi prochain mais a souligné qu'il ne pouvait revenir sur une décision approuvée par le conseil des ministres. Pour le ministre de l'Intérieur, l'immigration en Israël de clandestins non-juifs fait peser une menace sur "l'entreprise sioniste". "Les vacances sont finies", a-t-il dit à la radio de l'armée. "Quiconque est ici illégalement doit rentrer dans son pays."

Le gouvernement Netanyahu, saisi du cas de 1.200 enfants de travailleurs clandestins, a décidé le 1er août que seuls pourraient rester les enfants qui vivent dans l'Etat juif depuis plus de cinq ans, qui parlent hébreu et vont à l'école. Cela représente environ 800 enfants.

Les 400 autres doivent quitter le pays avec leurs parents d'ici quelques semaines. Les partisans de cette décision soulignent la nécessité pour Israël de juguler l'immigration clandestine en provenance de la frontière égyptienne. Ses adversaires, parmi lesquels le ministre de l'Industrie et du Commerce Binyamin Ben-Eliezer, jugent immoral de chasser des enfants qui n'ont pas connu d'autre pays. Plusieurs opposants au projet ont manifesté samedi à Tel Aviv.

Selon les chiffres officiels, il y a environ 200.000 travailleurs immigrés en Israël, la plupart venant d'Afrique, de Chine et des Philippines. La moitié d'entre eux sont restés dans le pays malgré l'expiration de leur visa. Au total, 7,4 millions de personnes vivent en Israël, pour les trois quarts de religion juive.

Jeffrey Heller, Guy Kerivel dans le Nouvel Observateur