LIre l'article dans la rubrique économique du Temps
La productivité du travail constitue un des facteurs essentiels de la croissance économique nationale, de la prospérité et donc du bien-être social. Le capital humain d'origine étrangère est un puissant levier de la productivité du travail d'un pays, pour autant que la politique en matière d'immigration favorise la venue de «cerveaux». Certains pays, à l'instar des Etats-Unis, l'ont bien compris en favorisant l'immigration des personnes qualifiées. D'autres, comme la Suisse, ne semblent pas avoir saisi l'importance du capital humain - quelle que soit son origine - pour la croissance économique.
vendredi 22 septembre 2006
«Je ne demande qu'à pouvoir être soigné en Suisse»
Lire l'article de Marc Trezzini dans le Courrier
Venu du Cameroun en 2002, Eric a été frappé de non-entrée en matière en mai dernier. Il risque d'être renvoyé dans son pays, malgré sa maladie.
Venu du Cameroun en 2002, Eric a été frappé de non-entrée en matière en mai dernier. Il risque d'être renvoyé dans son pays, malgré sa maladie.
Accès au soin, angélisme, ados emprisonnables: vos réactions
Lettres et prises de positions des lecteurs du 24 Heures
Bellerins, gare à l’angélisme!
Peut-on habiter Bex et voter deux fois non? Aujourd’hui Bex est devenu synonyme de «gros problèmes avec les réfugiés». A cause de quelques dealers et de violences perpétrées par des citoyens qui se sont octroyé le rôle de justiciers, la réputation de Bex a pris un coup. Voici qu’on vote sur une nouvelle loi censée mieux lutter contre les abus en matière d’asile. Quelle aubaine, pourrait-on croire! Or il n’en est rien!
Cette loi poussera davantage de requérants vers la clandestinité, donc vers des activités illégales telles que le trafic de drogue. Parce qu’elle refuse le droit d’asile à ceux qui ne présentent pas dans les 48 heures un papier d’identité, des milliers de personnes seront condamnées à errer – sans assistance et sans papiers – dans les rues des villes et villages de notre pays.
Une aberration lorsqu’on sait que pour des raisons politiques, administratives et d’analphabétisme, plus d’un milliard d’humains sont privés de pièces d’identité.
(…) Quant à la loi sur les étrangers, elle provoque une ségrégation entre ressortissants européens et extra-européens contraints d’aller grossir les rangs des travailleurs au noir et privés du droit au regroupement familial. Les partisans de ces deux lois font preuve d’angélisme en croyant qu’elles résoudront les problèmes liés aux abus. Avec la nouvelle loi sur l’asile il y aura davantage de requérants qui seront condamnés à traîner dans les rues et la nouvelle loi sur les étrangers sera une fabrique de travailleurs au noir
Alberto Cherubino,
Groupe bellerin d’appui aux requérants d’asile Bex
Cessons de critiquer
Les nouvelles lois sur les étrangers provoquent beaucoup de critiques et d’autres choses négatives sur les Suisses, cela me gêne! A croire que tous les Suisses font du mal aux étrangers. Si les Suisses (ceux qui restent) étaient si mauvais les trois millions d’étrangers qui vivent en Suisse ne resteraient pas.Nous avons toujours eu du grand respect pour tous ceux qui respectent nos lois, nos règlements et nos traditions.Mais on ne peut pas donner plus que ce que l’on a (c’est la même chose pour tous les pays).Alors, s.v.pl. du respect pour nos anciens, plus de critiques sur les Suisses. Car malgré tout, si la Suisse n’était pas ce qu’elle est maintenant, beaucoup ne seraient pas en Suisse ce qu’ils sont aujourd’hui. Je suis fier d’être Suisse et j’ai du respect pour mon pays.
Alexandre Warpelin, Vevey
Des procédures peu fiables
On parle peu de l’application concrète des procédures d’asile. De leur fiabilité dépend pourtant la confiance qu’on peut avoir dans la nouvelle loi ou la méfiance qu’elle peut susciter. Pour avoir quelque expérience du domaine, je constate que la situation n’a guère changé en un quart de siècle. Deux exemples.En 1982, lors de l’audition de requérants chiliens à Berne, j’entends l’enquêteur fédéral souffler au traducteur « Er lügt » (il ment). Pourquoi, ai-je demandé? Le requérant disait avoir obtenu son certificat d’études secondaires en 1970, alors que dans l’audition cantonale préalable il avait annoncé 1969… J’eus beau me récrier que nombre de bons Suisses ne se souviennent plus des dates d’examens datant de douze ou treize ans. Mais ce point est devenu un des motifs de base du refus, bien qu’il fût certain que l’intéressé avait été harcelé par la police de son pays pour des motifs politiques.Récemment, j’ai vu le dossier d’un requérant congolais débouté notamment en raison d’une faute d’orthographe dans un acte d’état civil. J’ai déjà vu des coquilles dans des actes suisses. Et qui peut s’étonner qu’un fonctionnaire congolais ne maîtrise pas parfaitement l’orthographe d’une langue non maternelle?Cette recherche de la petite bête est incompatible avec une appréciation saine et objective des preuves. On pourrait multiplier les cas à l’envi. Il est inimaginable de conférer une portée beaucoup plus grave que par le passé à la législation sur l’asile (à celle sur les étrangers aussi) dans un cadre où la procédure est restée aussi arbitraire. Un motif de plus de refuser ces deux lois déjà insensées pour bien d’autres raisons.
Luc Recordon, avocat et conseiller national, Jouxtens-Mézery
Un accès réduit aux soins
L’une des conséquences majeures, voire l’un des buts de la nouvelle loi sur l’asile est la précarisation croissante des personnes qui viennent chercher refuge en Suisse.Cette précarisation entraîne notamment un accès réduit aux soins médicaux, aussi bien de médecine générale que psychiatrique.Les personnes qui fuient un pays où sévit la guerre ont souvent été victimes ou témoins directs de violences, de tortures ou d’abus sexuels.Nombre des personnes qui cherchent refuge chez nous souffrent de troubles consécutifs à ces expériences douloureuses.Loin de moi l’idée que tous les requérants d’asile auraient besoin d’un psychiatre. Mais il convient que les soins adéquats puissent continuer d’être apportées à ceux qui en ont besoin. Sans aide, un syndrome de stress post-traumatique va devenir chronique et invalidant, engendrer une désinsertion, une diminution des capacités relationnelles, le recours à l’alcool ou à d’autres substances nocives, et des troubles dépressifs graves pouvant aller jusqu’au suicide.La nouvelle loi sur l’asile prétend favoriser «l’intégration sociale, professionnelle et culturelle» des personnes cherchant refuge chez nous.Mais de fait, en empêchant l’accès aux soins, elle augmente les risques de difficultés d’intégration. Des raisons humanitaires et sanitaires incitent donc à voter deux fois non.
Irène Gisel, Médecin, Lausanne
Des adolescents jetés en prison
Quelle dignité a un Etat qui projette de jeter en prison jusqu’à un an de vulnérables adolescents de 15 ans, dont le seul tort est d’être étrangers et d’aimer notre pays au point de refuser de se soumettre à une décision de renvoi? Que fera-t-on des enfants de familles de requérants déboutés qui ne se soumettent pas, lorsque les deux parents auront été jetés en prison pour une durée allant jusqu’à deux ans? Demandera-t-on encore une fois à Pro Juventute d’en prendre «soin», en les arrachant définitivement à leur famille, comme avec les gens du voyage, jusqu’il y a peu?Lorsque ce même pouvoir met au vote un texte qui supprime le droit de recours et sanctionne très lourdement quiconque fera preuve de compassion en aidant un(e) clandestin(e) dans la détresse, alors il a jeté le masque!Notre pays est d’une beauté sublime. Encore faudra-t-il en être digne!
Richard Spitz, pédiatre FMH, Moudon
Des enseignants mal pris
Si nous acceptons les deux lois proposées, il faudra en assumer les conséquences et accepter l’idée de notre responsabilité dans l’accroissement et la difficulté des tâches des enseignants. Comment en effet rendront-ils crédible, auprès d’adolescents étrangers, la transmission des savoirs, suspectés qu’ils seront d’avoir rejeté ces mêmes adolescents par le biais des urnes?Chacun sait d’expérience que pour accepter d’entrer en apprentissage, la confiance est nécessaire dans celui qui transmet. Comment l’enseignant luttera-t-il contre l’échec scolaire, tout en sachant que l’angoisse, l’abandon et l’impossibilité de se projeter dans l’avenir, qui seront le lot de nombreux élèves, mobilisent l’énergie psychique au point d’empêcher les apprentissages? Si le double oui l’emporte, comment supporter, en tant qu’enseignant (souvent aussi parent), les situations douloureuses d’élèves étrangers et comment les justifier face au reste de la classe sans honte ni culpabilité?Enfin que feront les enseignants de la violence issue de l’instabilité, de l’insécurité et du sentiment d’injustice que ces lois ne manqueront pas de générer?Un double refus prouverait que nous tentons de répondre, sans simplification, à la difficile question de «Comment vivre ensemble?».
Christiane Chessex-Viguet, Vevey
Blocher met dans sa poche les élèves du Centre de formation professionnelle de Bienne
Lire l'article dans le Journal du Jura en ligne
Le conseiller fédéral s'est adressé mardi soir à 500 élèves du Centre de formation professionnelle de Bienne (CFP). Son style décontracté a fait mouche auprès des jeunes.
«Quand il était conseiller national, Christoph Blocher reprochait au Conseil fédéral ses interventions publiques à l'occasion des votations fédérales», pouvait-on lire sur l'une des pancartes brandies devant le Centre de formation professionnelle (CFP) par une quinzaine d'opposants à la nouvelle loi sur les étrangers et à la modification de la loi sur l'asile. «Nous voulions marquer notre présence et encourager les jeunes du CFP à déposer un double non dans les urnes», déclare Marlies Küpfer. Deux membres du comité «2 x non» se sont ensuite mêlés aux étudiants, après avoir obtenu l'autorisation de la direction du CFP. Celle-ci a jugé opportun qu'il y ait dans la salle des personnes susceptibles de poser au conseiller fédéral des questions critiques.
Christoph Blocher a d'abord présenté dans le détail les enjeux des deux objets soumis au peuple. Décontracté et s'exprimant très librement, le conférencier a immédiatement cherché le contact avec son jeune public. S'appuyant sur des exemples, recourant volontiers à la plaisanterie, il a d'emblée mis dans sa poche les élèves du CFP, âgés de 17 à 20 ans. Le conseiller fédéral a insisté à plusieurs reprises sur «les bons rapports qui existent aujourd'hui entre les Suisses et les étrangers». Christoph Blocher en a également appelé à la tradition humanitaire de notre pays. «La Suisse a toujours été une terre d'accueil pour les vrais réfugiés, il continuera d'en être ainsi avec les nouvelles lois», estime-t-il. Non sans humour, l'orateur s'en est pris à ses détracteurs: «Mes opposants, parmi lesquels il y a pourtant beaucoup d'intellectuels, ne lisent malheureusement que la première phrase de certains des nouveaux articles de loi.» Puis est venu le moment des questions. «Comment allez-vous faire, dans la pratique, pour déterminer si on se trouve devant un mariage fictif ou non?» a demandé l'une des deux opposantes présentes dans la salle. Les élèves du CFP se sont aussi montrés critiques. L'un d'eux a déploré que les mesures de contrainte autorisent la mise en détention d'enfants. Un autre a également reproché au conseiller fédéral d'informer trop unilatéralement.
Le conseiller fédéral s'est adressé mardi soir à 500 élèves du Centre de formation professionnelle de Bienne (CFP). Son style décontracté a fait mouche auprès des jeunes.
«Quand il était conseiller national, Christoph Blocher reprochait au Conseil fédéral ses interventions publiques à l'occasion des votations fédérales», pouvait-on lire sur l'une des pancartes brandies devant le Centre de formation professionnelle (CFP) par une quinzaine d'opposants à la nouvelle loi sur les étrangers et à la modification de la loi sur l'asile. «Nous voulions marquer notre présence et encourager les jeunes du CFP à déposer un double non dans les urnes», déclare Marlies Küpfer. Deux membres du comité «2 x non» se sont ensuite mêlés aux étudiants, après avoir obtenu l'autorisation de la direction du CFP. Celle-ci a jugé opportun qu'il y ait dans la salle des personnes susceptibles de poser au conseiller fédéral des questions critiques.
Christoph Blocher a d'abord présenté dans le détail les enjeux des deux objets soumis au peuple. Décontracté et s'exprimant très librement, le conférencier a immédiatement cherché le contact avec son jeune public. S'appuyant sur des exemples, recourant volontiers à la plaisanterie, il a d'emblée mis dans sa poche les élèves du CFP, âgés de 17 à 20 ans. Le conseiller fédéral a insisté à plusieurs reprises sur «les bons rapports qui existent aujourd'hui entre les Suisses et les étrangers». Christoph Blocher en a également appelé à la tradition humanitaire de notre pays. «La Suisse a toujours été une terre d'accueil pour les vrais réfugiés, il continuera d'en être ainsi avec les nouvelles lois», estime-t-il. Non sans humour, l'orateur s'en est pris à ses détracteurs: «Mes opposants, parmi lesquels il y a pourtant beaucoup d'intellectuels, ne lisent malheureusement que la première phrase de certains des nouveaux articles de loi.» Puis est venu le moment des questions. «Comment allez-vous faire, dans la pratique, pour déterminer si on se trouve devant un mariage fictif ou non?» a demandé l'une des deux opposantes présentes dans la salle. Les élèves du CFP se sont aussi montrés critiques. L'un d'eux a déploré que les mesures de contrainte autorisent la mise en détention d'enfants. Un autre a également reproché au conseiller fédéral d'informer trop unilatéralement.
Des souffrances supplémentaires
«Ces lois pourraient générer des souffrances supplémentaires»
Interview de Patrick Bodenmann, chef de clinique et responsable médical du Centre de santé infirmier (CSI) pour les requérants d’asile, à la Policlinique médicale universitaire à Lausanne.
Patrick Bodenmann: «Selon plusieurs études, le syndrome de stress post-traumatique est dix fois plus fréquent parmi la population de migrants. Il y a donc un réel besoin d’assistance psychologique.»
— Depuis avril 2004, les personnes frappées d’une décision de non-entrée en matière (NEM) ne touchent plus l’aide sociale, et reçoivent une aide d’urgence (minimum vital). Cette situation a-t-elle des conséquences sur leur santé?
— Selon les données que nous avons recueillies, les NEM sont en très grande majorité des hommes, âgés de 25-26 ans et célibataires. Ils ont effectué un long voyage pour venir en Suisse et on se dit qu’ils devraient être en relative bonne santé. Mais nous avons été étonnés de l’importante présence de troubles psychologiques et psychiatriques dans cette population. Ces personnes souffrent souvent de dépression, d’anxiété, d’angoisse généralisée ou encore de syndrome de stress post-traumatique.
— Comment l’expliquez-vous?
— Pour répondre précisément, il faudrait étudier ce phénomène. Il est difficile de savoir si la situation qu’ils vivent est la cause de ces pathologies, mais on peut imaginer que les conditions dans le pays hôte ont une probable influence. Souvent, les jeunes hommes que je rencontre sont peu au clair face à leur situation, ne connaissent pas très bien leurs droits et leurs obligations. Bref, ils sont dans le flou et manquent de repères.
— Si le peuple accepte la nouvelle loi sur l’asile, les requérants déboutés et tenus de quitter la Suisse seront traités comme les NEM. Cela aura-t-il des conséquences?
— Si les deux modifications soumises au peuple sont acceptées, certaines personnes seront plus vulnérables et cela aura probablement un impact sur leur santé. Des études publiées dans la presse médicale l’ont déjà mon- tré: quand un pays durcit sa pratique face aux migrants, certaines de leurs pathologies, notamment mentales, tendent à s’aggraver et à devenir chroniques. Les nouvelles lois pourraient donc générer des souffrances supplémentaires, et donc également des coûts.
— Comment soignez-vous ces personnes?
— Il faut les suivre, le mieux possible. Mais dans le cas des NEM, nous nous heurtons à une difficulté: ils n’ont droit qu’à une aide d’urgence. Qu’est-ce que cela signifie?
Est-ce qu’il faut simplement garantir leur survie ou l’urgence peut-elle être vue de façon plus vaste? Dans le canton de Vaud, nous avons la possibilité d’apporter des soins à ces personnes grâce aux soutiens du monde politique et des institutions de santé. De façon plus générale, nous pouvons former les jeunes médecins et soignants à la problématique de la santé des migrants, mettre en place des structures ou des groupes de réflexions pour permettre aux plus vulnérables d’avoir accès aux soins. Localement, cet enseignement et cette réflexion sont en cours. En Suisse, les établissements publics réfléchissent aux stratégies à mettre en place dans le cadre d’un programme appelé «Migrant Friendly Hospitals». Au niveau européen, un tel processus avait déjà débuté en 2004.
— Le monde médical s’engage en faveur des migrants alors que le politique insiste sur la nécessité de lutter contre les abus.
— Cela peut paraître contradictoire, en effet; mais la Suisse s’est aussi engagée, en signant des conventions internationales ou par le biais de sa constitution, à fournir des soins à tous. La réalité est là et nous devons y répondre. Ceci dit, il arrive aussi que des organisations non gouvernementales, créées d’abord pour intervenir dans des pays en développement, prennent le relais des structures officielles pour parer aux nécessités dans des pays développés, y compris en Suisse.
CAROLINE ZUERCHER
— Selon les données que nous avons recueillies, les NEM sont en très grande majorité des hommes, âgés de 25-26 ans et célibataires. Ils ont effectué un long voyage pour venir en Suisse et on se dit qu’ils devraient être en relative bonne santé. Mais nous avons été étonnés de l’importante présence de troubles psychologiques et psychiatriques dans cette population. Ces personnes souffrent souvent de dépression, d’anxiété, d’angoisse généralisée ou encore de syndrome de stress post-traumatique.
— Comment l’expliquez-vous?
— Pour répondre précisément, il faudrait étudier ce phénomène. Il est difficile de savoir si la situation qu’ils vivent est la cause de ces pathologies, mais on peut imaginer que les conditions dans le pays hôte ont une probable influence. Souvent, les jeunes hommes que je rencontre sont peu au clair face à leur situation, ne connaissent pas très bien leurs droits et leurs obligations. Bref, ils sont dans le flou et manquent de repères.
— Si le peuple accepte la nouvelle loi sur l’asile, les requérants déboutés et tenus de quitter la Suisse seront traités comme les NEM. Cela aura-t-il des conséquences?
— Si les deux modifications soumises au peuple sont acceptées, certaines personnes seront plus vulnérables et cela aura probablement un impact sur leur santé. Des études publiées dans la presse médicale l’ont déjà mon- tré: quand un pays durcit sa pratique face aux migrants, certaines de leurs pathologies, notamment mentales, tendent à s’aggraver et à devenir chroniques. Les nouvelles lois pourraient donc générer des souffrances supplémentaires, et donc également des coûts.
— Comment soignez-vous ces personnes?
— Il faut les suivre, le mieux possible. Mais dans le cas des NEM, nous nous heurtons à une difficulté: ils n’ont droit qu’à une aide d’urgence. Qu’est-ce que cela signifie?
Est-ce qu’il faut simplement garantir leur survie ou l’urgence peut-elle être vue de façon plus vaste? Dans le canton de Vaud, nous avons la possibilité d’apporter des soins à ces personnes grâce aux soutiens du monde politique et des institutions de santé. De façon plus générale, nous pouvons former les jeunes médecins et soignants à la problématique de la santé des migrants, mettre en place des structures ou des groupes de réflexions pour permettre aux plus vulnérables d’avoir accès aux soins. Localement, cet enseignement et cette réflexion sont en cours. En Suisse, les établissements publics réfléchissent aux stratégies à mettre en place dans le cadre d’un programme appelé «Migrant Friendly Hospitals». Au niveau européen, un tel processus avait déjà débuté en 2004.
— Le monde médical s’engage en faveur des migrants alors que le politique insiste sur la nécessité de lutter contre les abus.
— Cela peut paraître contradictoire, en effet; mais la Suisse s’est aussi engagée, en signant des conventions internationales ou par le biais de sa constitution, à fournir des soins à tous. La réalité est là et nous devons y répondre. Ceci dit, il arrive aussi que des organisations non gouvernementales, créées d’abord pour intervenir dans des pays en développement, prennent le relais des structures officielles pour parer aux nécessités dans des pays développés, y compris en Suisse.
CAROLINE ZUERCHER
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