vendredi 29 avril 2005

Les défenseurs des sans-papiers à l'offensive

En page trois de 24heures, la contre attaque des défenseurs des sans-papiers se développe sur plusieurs points. Le Collectif vaudois demande au Conseil d’Etat de régulariser tous les clandestins. Et lui suggère d’utiliser son droit d’initiative à cet effet.

Le CVSSP demande ainsi au Conseil d' Etat de chercher des solutions en commun avec les autres gouvernements des cantons romands. Autre demande, la mise en œuvre d'une initiative cantonale, sur le plan fédéral, pour une régularisation de tous les sans-papiers du pays. Jean-Michel Dolivo: «Une disposition transitoire serait introduite dans la Constitution disant que toute personne au bénéfice d'un contrat de travail a droit à une autorisation de séjour.»

La FEPS soutient Schengen/Dublin

Le Conseil de la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) se déclare favorable à la signature des accords de Schengen et Dublin en tant qu’ils sont un moyen de promouvoir la justice, de protéger le droit et de favoriser la participation politique. Mais il demande aussi que l’application des accords se fasse dans le respect de la dignité humaine....
Lire le communiqué
Lire la prise de position

Requérants déboutés interdits de travail

Les requérants d'asile dont la décision de renvoi est entrée en force ne pourront plus exercer d'activité lucrative dans le canton. Telle est la décision prise hier par le Département des institutions et des relations extérieures (DIRE). Par cette politique, le DIRE adapte la pratique cantonale en matière de travail des requérants sur la Loi fédérale sur l'asile (LAsi). Cette mesure ne touche pas le groupe des «523», soit les 330 requérants qui bénéficient pour la plupart du moratoire, mais vise en priorité les 175 Erythréens et Ethiopiens écartés d'office par la circulaire Metzler. Une décision particulièrement
pernicieuse selon Cesla Amarelle, vice-présidente du Parti socialiste vaudois, puisque ces personnes, qui ne peuvent pas faire office des mesures de contraintes (elles viennent de pays où les renvois ne sont pas exigibles) sont condamnées à l'aide sociale. «Ils sont pris en sandwich ici et en plus privés de leur droit de travail». De plus, cette décision intervient alors que le droit à l'aide sociale d'urgence pour les requérants a été réintroduit. Cesla Amarelle: «Dans ce contexte, le seul objectif politique de cette mesure est de finir par dire que ces gens sont des assistés qui coûtent cher à la société»
Brève info lue dans 24heures et lecourrier

jeudi 28 avril 2005

L'immigration en Suisse, vue du Cameroun


Le portail Internet du Cameroun publie une dépêche relatant la conférence de presse du Consul Général Suisse à Yaoundé.
Lire la dépêche

Un village Soleurois élit un néonazi à l'exécutif

Sylvain Besson dans le Temps nous rapporte les circonstances dans lesquelles le village de Günsberg vient d'élire un cantonnier de 19 ans ( ancien skinhead et actuel activiste néonazi) à l'exécutif avec plus de 20% des voix. Une chronique du racisme ordinaire qui fait froid dans le dos.

Le choc est d'autant plus grand que Günsberg est un village prospère, situé dans une campagne idyllique d'où l'on jouit d'une vue magnifique sur les Alpes. Ses mille habitants aiment l'ordre, la propreté et ne se plaignent d'aucun problème grave: il n'y a ici ni chômage ni criminalité dignes de ce nom.
Oui, mais voilà une vingtaine de demandeurs d'asile africains sont hébergés dans les environs du village. Réduits à l'inactivité, certains se sont livrés à du traffic de drogue.
«La police est passive, les Africains font ce qu'ils veulent ici, estiment les deux garçons. Il faut balayer tout ça.»
Le mouvement néonazi auquel appartient le nouvel élu, c'est le PSN. Voici quelques éléments de son programme:
Le PSN demande un «espace vital pour chaque race», s'oppose aux mariages mixtes qui produisent selon lui «des bâtards et des sang-mêlé», veut bâtir une société où «l'individu n'est rien, la communauté est tout».
Lire la dépêche de Swissinfo

mercredi 27 avril 2005

Beausobre était plein pour soutenir les déboutés

Le 30 avril, Manifestation en étoile dans le Canton


Afin de réaffirmer son opposition à la politique d'asile en cours, la Coordination Asile Vaud organise une grande manifestation samedi 30 avril 2005.

Différents groupes en partance de la Vallée de Joux, d'Yverdon, de Payerne, de Vevey et de Lausanne vont ainsi défiler pour rejoindre finalement la place de la Riponne à Lausanne à 16h.
Des animations diverses auront lieu pendant la manifestation.

Par cette manifestation, la coordination demande au Conseil d'Etat d'infléchir sa politique actuelle sur l'asile et de régulariser les sans-papiers et les requérant-e-s débouté-e-s qui sont en Suisse depuis des années.

Tous les détails des horaires sont disponibles sur Internet

Une liberté qui se paie cher

Lire l'article de Gauche Hebdo

Etude GFS/ODM sur les sans-papiers: les réactions dans la presse

Dans la majorité des quotidiens romands cette étude parue hier fait la première page et les éditoriaux sont nombreux à la traiter.

Ainsi 24heures publie l'avis de Denis Barrelet en première page.

Ce journaliste estime que pour règler le "problème" il faudra durcir la loi contre la travail au noir et contre les employeurs. Mais il ne semble pas plus préoccupé par le sort de ces dizaines de milliers d'hommes et de femmes sans-papiers que l'ODM.

Dans son commentaire dans la Liberté, François Nussbaum relève que l'étude décrit la situation en 2004 avant le durcissement de la loi sur l'Asile. Le transfert entre les requérants déboutés et les sans-papiers reste un effet possible de cette politique de l'autruche. Cet éditorial est repris par tous les journaux du groupe.

Dans le Courrier, Didier Estoppey commente les réactions dans les cantons de Vaud et de Genève. A Genève, la demande de régularisation des sans-papiers employés dans l'économie domestique se voit validée par ces chiffres. Alors que l'attitude vaudoise de déni de la réalité semble difficile à soutenir.
La situation dans le canton fait l'essentiel de la réaction de Chantal Savioz dans la Tribune de Genève. Si le contenu de l'étude obtient le consensus cantonal, il en va tout autrement pour ses conclusions (rappel: on ne change rien).

Ismail Turcker s'exprime ainsi dans l'article:
«La politique actuelle est inadaptée, poursuit-il. L'étude révèle que le taux d'actifs sans papiers en Suisse est le plus élevé en Europe. A l'avenir, ce pays risque bien de devenir de plus en plus attractif pour les clandestins. Et on ne règle pas un problème économique en distribuant des permis humanitaires.»
Lire le commentaire d'Arnaud Crevoisier dans GaucheHebdo

Tsiganes, Gitans, Manouches, Gens du voyage, rom, roulotte, caravane,photos gitans,

Lire ce dossier sur la question de l'arrivée des Roms en Suisse Tsiganes, Gitans, Manouches, Gens du voyage, rom, roulotte, caravane,photos gitans,

mardi 26 avril 2005

90.000 clandestins travaillent en Suisse, c'est officiel


Les agences de presse rapportent ainsi la recherche réalisé pour le département de Christof Blocher:
Même Radio Chine Internationale relaie cette info:


Dépêche de l'ATS, de l'agence AP de la TSR
L'analyse a été élaborée par l'institut de recherche gfs sur mandat de l'Office fédéral des migrations. Les chiffres ressortent d'une extrapolation basée sur les estimations des experts de six cantons (GE, VD, TI, BS, ZH, TG).

La Suisse compte entre 80 000 et 100 000 clandestins au plus, définis comme des personnes "séjournant plus d'un mois en Suisse sans permis de séjour régulier et qui n'ont pas la ferme intention de quitter le territoire", d'après l'étude.
La grande majorité des experts interrogés estiment que les sans-papiers constituent un groupe de population non criminel et qui ne cause pas de problème.


Chez Swissinfo les commentaires sont plus affinés: Lire la dépêche complète

Préjugés déracinés

A travers cette étude, les auteurs tordent le cou à certains préjugés. Bien que le débat public porte surtout sur les requérants d'asile déboutés ou entrés dans la clandestinité, il s’agit de ne pas les assimiler aux sans-papiers en général, assurent par exemple les chercheurs.

Selon eux, les sans-papiers ne doivent pas non plus être confondus avec les travailleurs au noir, qui peuvent très bien être en situation régulière.

Un autre cliché vole en éclat. Le problème des sans-papiers n'est pas purement urbain. Il touche aussi les zones rurales, surtout dans les régions où l'agriculture est importante.

...
Autrement dit, le nombre de sans-papiers n'est pas plus élevé dans les régions où les réfugiés sont nombreux, «pas plus qu'il ne s'accroît visiblement à ce jour avec le nombre de requérants déboutés».
...

En moyenne, les clandestins tirent de leur travail un salaire mensuel oscillant entre 1000 et 2000 francs. Ils sont soumis à des conditions d'engagement précaires et des horaires de travail élevés.

...
Pour l’avenir, la majorité des experts s'attendent à une augmentation du nombre des sans-papiers en Suisse.


Voir la séquence du TJ soir
Voir la réaction de JM Dolivo au TJ de la TSR

lundi 25 avril 2005

Avec ou sans Schengen/Dublin les requérants ont du soucis à se faire

Gérard Tinguely dans une analyse parue ce lundi dans La Liberté, Le Courrier et Le Nouvelliste se demande quels seront les impacts de l'acceptation ou du refus de Schengen/Dublin pour les requérants.
La thèse des défenseurs de l'asile qui soutiennent que Dublin amènerait une amélioration du sort des requérants ne lui semble pas très solide.
«L'avantage pour la Suisse est évident. Un cinquième des requérants déjà refusés ailleurs ne pourra plus déposer ici de demande. ça fera 80 millions de frais en moins par an», écrit ainsi ce comité.
L'UDC pense juste le contraire en mettant en cause l'inefficacité des contrôles de l'UE et la perte de souveraineté :
Il y a un fossé entre les belles théories du Conseil fédéral et la réalité... La question de fond est toujours la même: la Suisse veut-elle résoudre elle-même ses problèmes d'asile ou laisser Bruxelles décider à sa place?»
Le sort des requérants serait il meilleur avec Schengen/Dublin ratifié; rien ne le garantit :
Quant aux garanties de procédure, de séjour et de renvoi figurant dans les directives européennes sur l'asile fixées au Sommet de Tampere (1999), elles ne sont pas contraignantes pour la Suisse. Même en disant oui à «Dublin», notre pays pourrait continuer à durcir sa politique d'asile comme il en a donné des exemples ces derniers mois.
Une chose semble en tout les cas claire pour Gérard Tinguely. S'opposer aux accords pour défendre les requérants est absurde:
Le rejet de l'accord au nom d'une «Europe ouverte et solidaire» comme le souhaite l'extrême gauche, n'amélioreront sûrement pas le sort des requérants, tant le droit suisse est plus restrictif que ceux des pays voisins. Que ce soit en matière de persécution non étatique, d'admission humanitaire, de protection juridique ou de transmission des données.

Pierre-Yves Maillard veut faire le ménage dans l'aide indûment versée à des réfugiés



Lire la dépêche de l'ATS
"Sur 76 dossiers pour lesquels des soupçons d'indus existent, une cinquantaine datent d'avant 2003 et sont hérités d'une ancienne structure reprise par l'Etat", constate l'élu. Il relève que de nombreux indus ne dépassent pas quelques centaines de francs, alors que deux cas s'élèvent à plus de 100 000 francs.

Des 76 dossiers, seuls quatre ont abouti à un jugement, un cinquième est actuellement traité par la justice. "Nous devons absolument accélérer la procédure de traitement de ces cas", a dit le conseiller d'Etat. Pour cela, il demande un crédit supplémentaire de 85 000 francs au gouvernement.

Ce montant servira à l'engagement de deux personnes à plein temps jusqu'à l'été. Ces deux nouveaux employés devront contribuer à établir les plaintes et dénoncer les cas de fraude à la justice. "Je reconnais que jusque là l'Etat ne s'est pas donné les moyens pour sanctionner les abus constatés."

Cette affaire a fait la première page de l'édition lausannoise de 24heures.

vendredi 22 avril 2005

L'avis de Ueli Windisch

Ueli Windisch, sociologue à Genève, accuse la presse d’attitude unilatérale, idéologique et irresponsable dans le domaine de l’asile, creusant un fossé dangereux avec la population.
Avant de lui laisser la parole, deux mots de présentation: M. Windisch, est un sociologue dont les analyses semblent très réductrices. Depuis longtemps, et pas seulement dans ses derniers articles, M. Windisch répète les arguments simplistes de la droite dure (précisément les tendances politiques qui occupent en majorité les postes à décision dans notre pays). Ce qui fait sa particularité c'est qu'il défend son point de vue sous couvert d’une prétendue objectivité scientifique et non-pas par pur populisme.

Le fossé devient de plus en plus profond entre une majorité de la population et une grande partie du monde médiatique et journalistique. Les récents débats autour des mesures visant à lutter contre les abus dans le domaine de l’asile en constituent un cas exemplaire et même paroxystique. Quant à Christophe Blocher, il devient l’ennemi juré de ces médias-là, chacun ajoutant son grain de sel au dénigrement, et plus on en rajoute plus on est persuadé de recueillir l’approbation de ses collègues, et de s’ériger en juge incarnant des hauteurs morales inégalées.

Plusieurs initiatives populaires visant à durcir les conditions d’obtention de l’asile et à réprimer les nombreux abus - les faits sont têtus - ont obtenu un très large soutien des votants; la dernière de ces votations a failli recueillir la majorité. Dans un tel cas, en chiffres absolus, ce sont plus d’un million de votants qui sont révulsés par ces abus.

Mais rien n’y fait, la litanie continue: on critique ce peuple suisse “égoïste”, “renfermé”, “anti-étrangers”, “peureux”, “xénophobe”, “raciste”, et cela sans jamais parler de la situation intolérable que constituent les abus pour une très large partie de la population ( en 2003, rien qu’à Genève, et en six mois, quelque 450 requérants d’asile ont été arrêtés pour trafic de drogue, selon Le Courrier du 9 octobre 2003, et ont dû être relâchés pour diverses raisons: inexpulsables, manque de places dans les prisons, etc. ). Tous les jours, la population observe ce trafic dans les lieux urbains, les parcs publics. “Et c’est nous qui sommes racistes ! ”, entend-on de plus en plus fréquemment chez le citoyen ordinaire.

Une certaine présentation journalistique unilatérale, idéo-logiquement aveuglée, est irresponsable. Elle est aussi à l’origine d’effets contraires à ceux qui sont souhaités. Ces journalistes ne se rendent pas compte qu’ils révulsent la population honnête, prête à accorder l’asile même en nombre à ceux qui le méritent vraiment. Il en va aussi de la crédibilité du journalisme. Il est évident aussi qu’en diabolisant sans cesse Christoph Blocher et l’UDC en général, une telle attitude contribue en réalité à renforcer ce parti politique. Quand un statut aussi précieux que celui de réfugié est perverti en nombre, ne pas réagir, quitte à se faire désapprouver, même par des instances internationales, est d’une gravité politique certaine puisque dans plusieurs pays ce sont des mouvements extrémistes qui ont pris une bonne place au pouvoir à cause de ce genre de passivité et d’inaction.

Pendant les récents débats au parlement sur les mesures visant à limiter ces abus (à la mi-mars 2005 au Conseil des Etats), certaines réactions de la presse écrite ont dépassé l’entendement. [.. .] Pour tel journaliste, “l’asile ne pose même pas de problème majeur car les chiffres n’ont jamais été aussi bas” (Tribune de Genève 19 mars 2005 ). Cela n’empêche pas des milliers d’abuseurs de continuer à faire du trafic de drogue. [… ] “La loi sur l’asile devenant la loi contre l’asile”, selon le Temps du 21 mars 2005. Contre les abus ou contre l’asile? petite nuance ! Toujours cette idée que la répression ne sert à rien, qu’il n’y a rien à faire. Cette attitude démoralise et dégoûte bien des citoyens de la politique.

Il est intéressant de signaler que nombre de journaux ont largement relevé, et de manière appuyée, le fait que le Tribunal fédéral a désavoué les autorités qui avaient refusé aux requérants déboutés le droit à une aide d’urgence. Mais peu ont mentionné que la décision a été prise par trois voix contre deux et que parmi ces deux opposants on a parlé d’une décision revenant à “financer l’illégalité”, et on a protesté contre un traitement “plus complaisant” réservé à des étrangers en situation irrégulière qu’à des Suisses à qui on a coupé les vivres parce qu’ils refusaient le travail qu’on leur proposait ou dans le cas de toxicomanes parce qu’ils ne se soumettaient pas à un trai-tement (LT du 19.03.2005). Comme quoi, même le Tribunal fédéral n’est pas exempt de rapports de forces politiques et idéologiques. Il faut espérer que le politiquement correct n’a pas encore passé par là.

Il est vrai que si les lois peuvent être interprétées, elles peuvent aussi être changées; c’est ce qui arrive lorsque le peuple trouve qu’une interprétation est vraiment trop libre et s’en mêle au moyen de l’initiative populaire. Le moment n’est peut-être pas très loin sur certains points.

Certains journalistes sont-ils à ce point aveuglés qu’ils passent à côté de la réalité concrète et quotidienne d’une partie non négli- . geable de “l’asile”? Sont-ils à ce point inconscients du fait qu’ils provoquent des effets contraires à ceux souhaités? Il y a ce qu’on écrit et la manière dont ce qu’on écrit est reçu: entre les deux, le fossé peut être énorme, encore . faut-il s’en rendre compte.

source: letemps.ch

mercredi 20 avril 2005

Editorial de Christophe Passer rédacteur de l'Illustré


Sans doute l’une des pires indignités politiques suisses depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est ainsi qu’il faut sans hésiter qualifier ce qui s’est passé à la mi-mars, à Berne, dans la salle du Conseil des Etats. Car c’est bien à ce sinistre «J» tamponné dans les passeports que fait penser la manière dont une large majorité des sénateurs a collaboré - on emploie ce mot en le pesant parfaitement - à une ignominieuse façon de durcir la Loi sur l’asile.
Christoph Blocher, ministre, si l’on peut dire, de la Justice, a emmené les conseillers aux Etats, à trop peu d’exceptions près, sur le chemin consternant du déshonneur. Les faits demeurant sans excuses, passons sur les manipulations procédurales qui ont conduit à cela. En adoptant des règles qui moquent la Constitution suisse et considèrent la Déclaration universelle des droits de l’homme comme un gadget tiers-mondiste, la Chambre haute ne mérite plus guère ce nom.
Que l’on encourage l’aide au retour, pourquoi pas. Que l’on soit plus rapide dans les procédures, pas de problème. Que les renvois puissent se faire rapidement, oui. Mais là, il s’agit de limiter, voire de couper les vivres et toute aide d’urgence aux candidats à l’asile frappés de «non-entrée en matière», même après des mois ou des années de procédure. En clair: qu’ils déguerpissent illico ou qu’ils crèvent. Le Tribunal fédéral a, dans un arrêt datant lui aussi de mars, donné tort au ministre, rappelant quelques règles élémentaires, résumées par le juge Thomas Merkli: «Dans ce pays, personne ne doit mourir de faim.» Christoph Blocher a aussitôt ricané, considérant la plus haute et respectée instance juridique du pays avec un sidérant mépris.
Le rai de lumière est cependant venu. Il a nom François Couchepin. L’ex-chancelier de la Confédération est un radical valaisan peu suspect de faire dans le gauchisme ou l’idéologie altermondialiste. C’est important. Ses anciennes fonctions l’ont conduit aussi à une professionnelle maîtrise de la langue de bois. C’est pourtant lui qui parle clair, dans une lettre forte et sage qu’il adresse, avec d’autres signataires, aux conseillers nationaux de notre pays. Il les invite à un sursaut. Il les invite à ne pas oublier l’Etat de droit et, même si le terme est un rien pompeux: la dignité nationale.
Il faut le soutenir. Parce que le sujet n’est pas politique. Il concerne plus noblement une certaine idée de l’humanisme et de la vérité. Il concerne nos enfants, et la façon dont nous pourrons un jour les regarder sans avoir honte de nous. Voilà pourquoi François Couchepin mérite le juste nom de Résistant.

Par Christophe Passer, rédacteur en chef de l'Illustré, paru le 20 avril 2005
Lire aussi l'édito du 5 juillet 2006 ETE CHAUD

L'opinion de Jean Martin dans 24heures



Lien vers le blog de Jean Martin
REQUÉRANTS DÉBOUTÉS

Il faut joindre et non disjoindre, la formule est d'Edgar Morin. Elle dit en peu de mots comment il faudrait, malgré la complexité du dossier, trouver des solutions pour les requérants déboutés vaudois - les 523 qui sont encore environ 300.

Depuis l'été dernier, on a vu de multiples mobilisations, au nom du fait qu'il n'est pas acceptable de renvoyer, par exemple, des familles dont les enfants connaissent mieux la langue et le mode de vie de notre pays que de leur région d'origine. On doit faire preuve de sens commun vis-à-vis de ceux qui depuis des années sont appréciés pour leur travail et leur bon voisinage. Or, comme rien ne vient débloquer la situation, les fronts se raidissent, des accusations excessives enveniment la situation. Les uns invoquent la loi, négligeant que parfois summa jus, summa injuria; à savoir application maximaliste du droit, injustice suprême.

Les autres prennent des positions idéalistes qui ne considèrent guère que la Suisse ne peut pas être tout à tous.

J'ai toujours cherché dans mon activité à promouvoir les moins mauvaises solutions quand il n'y en a pas de vraiment bonnes. A ce stade, le gouvernement vaudois aussi bien que les militants de l'asile campent sur leurs positions. Chaque bord attend que l'autre lâche complètement. Réaliste? Je ne le crois pas. Bien sûr, des deux côtés, il y a des enjeux politiques: se montrer irréductible pour plaire à son audience, ne pas perdre la face. Le risque étant alors que l'intérêt de la plupart des requérants passe au second plan. Il m'est arrivé de penser – hors de ce dossier – que certains étaient pour tout ce qui n'est pas faisable et contre tout ce qui est faisable…

Ce qui devrait compter, c'est le résultat concret. Comment arriver à un règlement pour le plus possible de personnes? Il est illusoire d'espérer arracher - à Berne - une régularisation collective; naïvement peut-être, j'estime que le Conseil d'Etat peut assouplir sa position et faire en sorte que les personnes vulnérables dont on parle souvent soient finalement autorisées à rester. Pour cela il faut de part et d'autre des pas significatifs, pour un déblocage. J'estime - même si cela me vaut des coups de bâton - que les défenseurs des requérants doivent manifester moins d'intransigeance. Ainsi, qu'ils renoncent - ce que plusieurs en privé disent accepter - à la formule «Un renvoi, c'est un renvoi de trop».

Souvent est décrit à juste titre l'état de tension, de dépression, de «no future», des personnes sans statut. Au vu de leur vie antérieure en Suisse et de leurs circonstances, certaines devraient pouvoir rester. Vis-à-vis d'autres, ne convient-il pas d'entamer sans a priori un dialogue ouvert sur les avantages et inconvénients d'accepter les offres d'aide au retour. Ici, je dis ma conviction que le Conseil d'Etat entend s'assurer que ces retours se passent bien et qu'il y mettra les moyens.

Sont envisageables des dispositifs de parrainage. Souvenons-nous des démarches de solidarité avec des villages roumains, dont plusieurs restent actives aujourd'hui. Sans doute les Roumains étaient-ils chez eux et pas déjà ici. Mais ne peut-on promouvoir pour des personnes qui ont séjourné en Suisse des programmes de soutien là où ils seraient rentrés?

On me dira que si le gouvernement vaudois ne répond pas positivement à des gestes d'ouverture, les milieux pro requérants auront fait des concessions pour rien… Objection admise, il y a là une part de pari. D'autres que moi aussi peuvent chercher à apprécier si le pari est stupide ou pas.
Important, un mot encore sur le contexte: je m'associe au cri d'alarme de F.Couchepin, ancien Chancelier de la Confédération, et d'autres quant au fait que des personnalités occupant de hautes fonctions sont prêtes aujourd'hui, sous des allures de vieux Suisses bonhommes, à fouler au pied les valeurs en matière d'asile qui sont l'honneur de la civilisation occidentale. Ces gens sont dangereux, se comportant comme si leurs convictions suffisaient à disqualifier les garanties juridiques internationales. Trouver une solution acceptable, consensuelle, à la situation vaudoise serait un signe fort que la raison et l'humanité peuvent prévaloir.


Opinion parue dans 24 heures du 20 avril 2005

Jean Martin, membre du parti radical, ancien médecin cantonal et constituant, est actuellement député au Grand Conseil
Lire aussi la célèbre motion Martin de l'été 2004
Lire l'opinion de Jean Martin en décembre 2004
Lire aussi la position de Jean Martin en juin 2005
et son opinion en novembre 2005

En janvier 2005, Jean Martin nous redonne un peu d'espoir de consensus

Dublin garantit aussi l'asile

C'est du moins ce qu'espère un comité de gauche qui dans les arguments pour soutenir les accords de Schengen/Dublin estime que la ratification de l'accord de Dublin contraindra la Suisse a cesser se dérive répressive et contraire aux droits de l'homme dans le dossier de l'asile.

Voici un extrait du communiqué de l'ATS:
Quant à l'accord de Dublin, il permet à tous les demandeurs d'asile d'obtenir une procédure dans un pays désigné sans ambiguïté. Il évite aux requérants, appelés «réfugiés en orbite», de se retrouver ballottés d'un Etat à l'autre sans perspective d'une procédure équitable, a signalé Jürg Schertenleib de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR). Le durcissement constant du droit d'asile helvétique pourrait prendre fin bientôt grâce à l'accord de Dublin. Même si elle n'est pas tenue de respecter les exigences minimales européennes dans le domaine de la protection des réfugiés, la Suisse subira une pression politique en vue de ne pas se situer en deçà des minima, espèrent la gauche et l'OSAR.
François Nussbaum dans La Liberté et Le Courrier propose ses commentaires avisés:
Extraits en forme d'avertissement:
Si le peuple accepte l'Accord Schengen/Dublin, ce durcissement de la loi se heurtera à la pression de l'UE, estime Jürg Schertenleib (juriste à l'OSAR). A l'inverse, en cas de refus le 5 juin, ce sera la fuite en avant, ajoute-t-il: pour éviter l'afflux de requérants refusés par l'UE, la Suisse durcira encore son droit d'asile, au mépris de la Constitution et de la Convention des droits de l'homme

"Le permis N c'est la dèche"



24heures nous livre dans ses pages sociétés, le portrait d'une adolescente Kényane de 13 ans qui vit à Lausanne avec un statut précaire de permis N. Ils sont 769 enfants dans son cas dans la même ville...
Extraits de son témoignage recueilli par Gabrielle Desarzens:
Arrivée sur sol helvétique il y a trois ans pile, Florence a fui le mouvement Mungiki auquel son père appartient. A lire la presse nationale, l'ombre de Mungiki, véritable armée secrète, planerait sur de nombreux faits divers sanglants qui rythment le quotidien: attaques de policiers, racket de voyageurs dans les transports en commun, meurtres, trafic de drogue et «protection extorquée». Le mouvement constitue l'une des plus puissantes milices qui supervisent le quotidien informel des 143 bidonvilles ceinturant la capitale kényane, rapporte Le Monde diplomatique. Qui plus est, il prône l'excision. «Mon père voulait que l'on soit excisées, ma mère et moi, tu imagines?» confirme l'adolescente.
...
A l'école, on n'en parle pas. Je ne connais personne d'ailleurs dans ma situation. C'est un peu la honte, tu vois. Heureusement, on ne peut pas savoir que tu es requérante d'asile, ce n'est pas écrit sur ton visage. Avec un permis pareil, on n'est pas respecté, c'est la dèche. Et puis, on est toujours stressé. On ne sait jamais ce qui va se passer. Il n'est pas prévu qu'on reste. Mais il n'est pas prévu qu'on parte non plus. On ne sait jamais.
...
Si elle ne sait pas de quoi demain sera fait, elle indique vouloir faire le gymnase, puis des études de droit. Et pouvoir voyager.
Comme les autres filles de son âge, elle aime la musique, prend des options comme la couture, mais elle tient à rester extrêmement discrète quant à son statut. «Ce serait trop horrible que mes copines sachent que moi, Florence, je suis requérante d'asile, martèle-t-elle. Pourtant, les demandeurs d'asi-le sont des gens comme les autres.

mardi 19 avril 2005

Asile

Texte paru dans Le Temps

C’est un dimanche. La terrasse de cette auberge forestière est bondée. Familles, villageois, jeunes, vieux, tout ce monde rassemblé profite de la douceur d’un été des années 30. Un jeune homme blond se lève, il entonne un chant martial, suivi par deux autres jeunes gens, puis plusieurs, qui à leur tour se lèvent et reprennent cet air avec conviction et ardeur. L’enthousiasme aidant, la chorale improvisée s’amplifie et gagne de proche en proche l’ensemble de l’assistance, qui finit par hurler debout et à tue-tête le refrain commencé tout à l’heure en solo. On se souvient sans doute de cette scène de « Cabaret », où les deux héros, le lettré britannique et la danseuse américaine, emmenés là par leur « ami », un baron allemand, quittent, effarés et précipitamment cet endroit paisible devenu subitement menaçant. « Et maintenant, vous allez les maîtriser comment ? » intervient alors le héros à l’adresse du baron.


Certes, nous ne sommes pas à la veille de l’Holocauste et le populisme d’aujourd’hui n’est pas le totalitarisme d’autrefois, dont il n’atteint heureusement pas la perversité ni l’atrocité. Mais on ne m’empêchera pas de penser cependant à l’analogie qu’il y a entre l’émotion de ce groupe villageois emporté ensuite vers un destin tragique et la folie qui semble avoir gagné, en matière de politique des étrangers et d’asile, une partie toujours plus grande de la classe politique et helvétique.


Car enfin, il est stupéfiant de voir des élus, d’habitude plus mesurés comme des Conseillers aux Etats radicaux ou démocrates chrétiens se laisser entraîner par la dérive émotionnelle anti-étrangers répandue dans ce pays ; comme il est navrant de les voir dépasser les propositions déjà extrêmes du gouvernement et abandonner tous les principes en allant jusqu’à adopter, la tête dans le sac, des propositions extrémistes et même anticonstitutionnelles que le Conseil fédéral lui-même avait raisonnablement refusées.


Ces sénateurs, dont quelques-uns il est vrai doivent leur élection à des voix populistes, ont-ils donc perdu le sens de la mesure et sont-ils prêts à jeter aux orties les traditions humanitaires et les principes humanistes dont a pu s’honorer jusqu’ici notre pays ? Qu’on en vienne, pour ne citer que cet exemple, à supprimer toute aide d’urgence en mettant à la rue, sans gîte, ni couvert, des êtres humains démunis, que la Suisse ne renvoie d’ailleurs pas, dépasse tout entendement. C’est non seulement parfaitement indigne, mais aussi inefficace et même dangereux pour notre sécurité, tant il est vrai que cela signifie abandonner ces personnes à la clandestinité et peut-être même à la délinquance.


Comment donc a-t-on pu en arriver là ? A vrai dire, depuis des années, à coups de publicités biaisées, d’affiches trompeuses et d’initiatives excessives, on a désinformé, endoctriné, anesthésié, mithridatisé le peuple suisse, au point qu’aujourd’hui, dans la compréhension populaire, asile égale abus ! Et au point que chez nos sénateur, le principe civilisé de présomption d’innocence (« in dubio pro reo ») soit remplacé par une nouvelle présomption, de culpabilité celle-là (« in dubio contra reum » ?). « Requérants tous coupables ! » entendra-t-on bientôt. Coupables de quoi ? Coupables d’avoir fui des persécutions ou des menaces dans leurs pays ? car, contrairement à ce que dit la rumeur, la très large majorité des requérants, les chiffres officiels l’attestent, viennent de pays en troubles et non pour des raisons économiques.


Coupables de se conduire honnêtement et respectueusement dans notre pays ? car contrairement à ce qu’affirme la rumeur, la plupart des requérants se comportent convenablement, seule une minorité d’environ 8%, qu’il faut alors poursuivre impitoyablement, commettant des infractions.


Coupables de ne pas envahir notre pays ? car, contrairement à ce qu’affirme la rumeur, la Suisse n’est pas le pays qui accueille le plus de requérants d’asile, l’Autriche, la Norvège et la Suède, trois pays neutres (ou quasi-neutres), nous dépassant très largement quant au nombre de requérants par habitant.


Coupables enfin de mériter notre protection ? car, contrairement à ce qu’affirme la rumeur, les personnes ayants obtenues une protection ne sont pas une infime minorité, puisque au cours des dix dernières années ce sont 40% des requérants d’asile qui ont été retenus comme réfugiés ou admis provisoirement (réfugiés 9% ; admis provisoirement 31%).


On le voit, la réalité de l’asile n’est pas le laxisme et le désordre décrié par la propagande et la rumeur. Mais il est vrai que notre politique dans ce domaine n’est pas parfaite : les procédures fédérales (et pas cantonales) sont trop longues et l’exercice de la justice a pu manquer de rapidité et de rigueur. Il est vrai aussi qu’on a parfois lénifié et refusé de sanctionner des cas de délinquances avérées, comme n’on a sans doute pas toujours pris des moyens de contraintes suffisants. Et à cet égard, certains fondamentalistes de gauche, pour qui « tout renvoi est un renvoi de trop », ce qui est absurde, portent une lourde responsabilité qu’il ne faut pas cacher.


Mais ceci n’excuse pas la tournure alarmante que vient de prendre le débat à Berne. Quant un ministre de la justice se met à commenter les décisions de l’autorité judiciaire suprême du pays en ricanant, on doit s’inquiéter. Quand ce même ministre en est à vouloir modifier la Constitution pour y abolir des droits de l’homme qui sont d’ailleurs des droits naturels supérieurs, il est temps de réagir. Il est temps que des hommes et des femmes se lèvent pour résister à la folie ambiante et rappeler ce qui fait l’honneur du pays.


Et c’est ce qui est heureusement en train de se passer aujourd’hui. Des hommes et des femmes, libéraux au sens large du terme, dépositaires, avec d’autres, des valeurs humanistes intemporelles que sont la liberté de l’individu, le respect de la personne, la reconnaissance des identités et des différences, en appellent au réveil des consciences. Ils semblent être entendus. Déjà le Chef du département de justice et police doit renoncer à son projet de modification de la Constitution, comme il doit renoncer à supprimer l’aide d’urgence aux requérants d’asile déboutés. S’agit-il d’un recul tactique ou s’agit-il d’un tournant ? Il est trop tôt pour le dire. Mais tout libéral enraciné ne peut que se réjouir de voir la civilisation résister à l’émotion.



Claude Ruey

Conseiller national

Exclus de l'aide sociale, 1/5 des NEM demandent l'aide d'urgence


De plus en plus de demandeurs d'asile frappés d'une décision de non-entrée en matière demandent une aide d'urgence. 649 d'entre eux ont bénéficié du soutien minimal durant le dernier trimestre de 2004. Une nette hausse est attendue en 2005.
Lire la dépêche de l'ATS
Swissinfo met en évidence les conséquences financières du report des charges sur les finances cantonales:
Et la question va inévitablement se poser de savoir qui paye. La Confédération verse un forfait unique de 600 francs par personne aux cantons pour l'aide d'urgence. Entre avril et décembre, les cantons ont déboursé ainsi quelque 1,73 million, encore couverts par les forfaits fédéraux.

Mais si l’on ne considère que le quatrième trimestre, on voit déjà que les cantons ont dépensé 698’000 francs pour les NEM, alors que la Confédération ne leur a attribué que 529’000 francs.

En outre, les cantons ont dû assumer l'an dernier 923’000 francs pour la mise en place et l'exploitation de structures d'aide d'urgence. La Confédération n'y participe pas, puisqu'elle «ne veut pas financer des structures prolongeant le séjour de personnes censées quitter la Suisse»
.
La Liberté nous parle du sort qui attend statistiquement les NEM:
Après quelques mois, les «NEM» renoncent généralement à demander une aide d'urgence ou ont été appréhendés par la police.
Durant le dernier trimestre 2004, 360 «NEM» ont été arrêtés 553 fois, au total, par la police. Plus de la moitié des arrestations (57%) sont dues au séjour illégal en Suisse alors que 6% des 3804 «NEM» ont été arrêtés à la suite d'une infraction à la loi sur les stupéfiants ou contre le patrimoine.

Lire l'article de 24heures

24heures présente les acteurs de l'Asile dans le canton

dimanche 17 avril 2005

Blocher recule sur la suppression de l'aide d'urgence


Le ministre se disait prêt à changer la Constitution pour imposer ses mesures drastiques dans la révision de la loi sur l'asile. Dans une interview accordée au Matin Dimanche, il annonce comment il s'apprête à reculer.
Voir la dépêche de l'ATS dans laquelle il renonce à tenter de modifier la constitution.
Extraits:
Votre révision n'est pas contestée qu'en Suisse. Comment réagissez-vous aux critiques des instances de l'ONU ou d'organisations internationales?
Je rappelle que notre politique d'asile est moins restrictive que dans beaucoup d'autres pays européens. La loi sur l'asile se situe dans la moyenne européenne, voire même en dessous. La loi allemande, par exemple, est plus restrictive que la nôtre. Nous devons rendre la Suisse moins attractive pour les réfugiés qui ne sont pas persécutés.
vous acceptez de reculer. Comment?
Tout n'est pas encore réglé en détail. Il s'agit toujours de ne plus aider les requérants déboutés qui ne coopèrent pas. Mais il faudra trouver une nouvelle règle pour combattre ces abus sans pour autant laisser des personnes mourir de faim sur notre territoire. Nous ne le voulons pas. D'autres moyens de pression sont à l'étude pour forcer ceux qui le doivent à coopérer à leur retour.

vendredi 15 avril 2005

Le SPOP dicte sa loi aux maîtres d'apprentissage



Une enquête parue dans le journal "La Côte" démonte une des nouvelles techniques de management des requérants (après le chantage et le mensonge); le faux dans les document.
En effet pour pouvoir plus facilement expulser un jeune apprenti voici ce que rapporte cet article (aussi publié dans le courrier).
Il s’est vu signifier son renvoi de Suisse en début d’année, suite à une décision négative de la Commission fédérale de recours en matière d’asile.
La Commission d’apprentissage du Nord vaudois, présidée par le préfet Albert Banderet, a alors rédigé un document officialisant la rupture du contrat de travail «par consentement mutuel». Or, selon le Syndicat vaudois des maîtres de l’enseignement professionnel (SVMEP), ni l’employeur ni l’apprenti n’ont donné leur accord à cette rupture....Quant à l’employeur, Frank Siffert, il se dit surpris à l’évocation d’un prétendu «consentement mutuel» quant au licenciement de son apprenti: j’ai reçu une lettre du Service de la population m’enjoignant de licencier immédiatement B., car il n’avait plus de statut légal en Suisse, mais j’ai toujours dit que j’étais prêt à le garder.
... Ainsi, l’administration aurait contraint la Commission d’apprentissage à donner un motif inexact de rupture de contrat pour faire cesser la formation d’un jeune tombant sous le coup d’une expulsion.

Eduard Gnesa, la voix de son maître

Alors que les manoeuvres préparatoires au passage devant le Conseil National s'engagent il est nécessaire de présenter l'un des nouveaux acteurs de la problèmatique.
C'est ce que Fabio Lo Verso fait dans la Tribune de Genève avec le haut-fonctionaire qui dirige le nouvel office des migrations (ODM)dont voici le logo du site web :


Ce Valaisan moustachu de 52 ans qui fait déjà regretter aux défenseurs de l'asile Peter Arbenz et Jean-Daniel Gerber s'appelle Eduard Gnesa.

Voici un extrait de ce portrait peu flatteur:
Mais le choix de ce fonctionnaire effacé, à la moustache rassurante, presque inconnu sous la Coupole, commence à agacer. Une lettre que celui-ci a envoyée aux sénateurs, à la veille du débat sur l'asile, en décembre, a fait froncer les sourcils.

Eduard Gnesa y prône le durcissement des mesures sur l'asile, au-delà même du souhait du Conseil fédéral. Prenant ainsi fait et cause pour la politique répressive de Christoph Blocher. Une démarche «curieuse», analyse Yann Golay, porte-parole de l'OSAR (Organisation suisse d'aide aux réfugiés). «Un très haut cadre de l'administration peut-il faire de la politique?», s'interroge Denise Graf, responsable «asile» chez Amnesty. Dans la maison socialiste, on est résigné: «Il semble taillé sur mesure pour appliquer la volonté de son chef», assène le porte-parole du PS, Jean-Philippe Jeannerat.

mercredi 13 avril 2005

Après les deux renvois forcés: les réactions...


La Une de 24heures
Dans le Journal La Liberté (et dans le Courrier), Jérôme Cachin revient en détail sur le renvoi par la force des deux frères Monténégrins. Il révèle qu'ils ont été laissé à l'aéroport de Podgorica sans effets personnels ni argent...
Si le Conseil d'Etat se garde bien d'émettre le moindre communiqué sur cette affaire, elle fait grand bruit dans les médias: la crise de l'Asile est rallumée.
Les acteurs en page 3 de 24heures:

Les réactions des partis politiques sont les suivantes : le POP demande une rupture claire de la collégialité et dénonce le double discours du gouvernement.
Les verts dénoncent le précédent dangereux de l'expulsion de personnes qui entraient dans le cadre de la définition de la circulaire Metzler et le timing malheureux de l'événement.
Dans 24heures, c'est par la belle plume de son rédacteur en chef Jacques Poget, que la voix de la "raison vaudoise" s'exprime:
"Deux hommes menottés, embarqués de force dans un avion à destination du pays qu'ils voulaient quitter à jamais: l'«exception vaudoise» est bien morte. La conséquence immédiate de ce premier recours aux mesures de contrainte a été, autre première, le blocage symbolique des institutions: le Grand Conseil paralysé en pleine séance, voilà qui manifeste la profondeur du fossé.

Car il ne s'agit pas d'un simple bras de fer entre les autorités et un groupe d'activistes, c'est la société tout entière qui est divisée. Les Eglises, les partis, l'opinion - et, de toute évidence, le gouvernement, avec des cas de conscience douloureux."

L'issue qu'il espère est celle du compromis dans la ligne des Eglises ou de Jean Martin, se concentrer sur les cas les plus exposés : familles et femmes seules.
"En termes crus, l'abandon de requérants célibataires serait la seule manière de faire pression sur le Conseil d'Etat - ou de lui donner une justification - pour qu'il arrache à Berne de nouvelles régularisations."
Oui, mais voilà bien le problème, peut-on faire confiance à Jean-Claude Mermoud ?
La réaction de Philippe Barraud dans commentaires.com est tout autre:
L’attitude des conseillers d’Etat vaudois de gauche dans l’affaire des requérants déboutés est inadmissible. Se poser en belles âmes pour laisser le sale boulot aux autres est indigne de cette fonction. Ils doivent démissionner.

L'ancien chancelier de la confédération se mobilise contre Blocher

François Couchepin réagit ici à un éditorial de Denis Barrelet...

Didier Estoppey dans le Courrier met en évidence l'exceptionnelle réaction de François Couchepin, radical valaisan, cousin de Pascal et ancien chancelier de la Confédération.
Ce dernier s'insurge contre la révision de la loi sur l'Asile, contre les manigances de Christof Blocher et des siens et surtout contre le suivisme des sénateurs de droite.
Sortant de sa réserve, l'ancien chancelier de la Confédération appelle les conseillers nationaux à sauver l'image du pays en refusant de se plier au durcissement de la loi.

«Je suis consterné de voir nos sénateurs faire ainsi fi des principes humains les plus élémentaires.» Pourtant aguerri à la langue de bois, l'homme sait quand il le faut ne pas garder la sienne dans sa poche: François Couchepin, l'ancien chancelier de la Confédération et cousin d'un célèbre homonyme membre tout comme lui du Parti radical, part en campagne. En ligne de mire: le durcissement de la Loi sur l'asile tel que voté le 17 mars par le Conseil des Etats

Lire l'article complet
La lettre de François Couchepin peut être lue, imprimée et signée à cette adresse. (format pdf)

L'avion de la honte...


Edito du rédacteur en chef du Courrier. Marco Gregori publié en une du 13 avril 2005.
"Le conseiller fédéral Christoph Blocher doit jubiler. Son fidèle chien de garde, le conseiller d'Etat vaudois Jean-Claude Mermoud, applique enfin les directives: hier, il a ordonné le renvoi manu militari des deux requérants déboutés et emprisonnés depuis un mois à la maison d'arrêt de Frambois, située dans le canton de Genève. Cette double expulsion intervenue hier, à l'aube, représente une véritable déclaration de guerre pour toutes les personnes –nombreuses dans le canton de Vaud– qui défendent le maintien d'un semblant de droit d'asile en Suisse. Elle est également lourde de sens.
D'abord, il s'agit des premiers renvois concernant le groupe dit des 523, en référence au nombre de requérants pour lesquels le canton de Vaud avait demandé à Berne une régularisation, mais s'était heurté à un refus. Cela signifie tout de même que les autorités vaudoises estimaient que, comme plusieurs centaines d'autres requérants, ces deux frères, Bosniaques du Monténégro, remplissaient les conditions, déjà drastiques à la base, pour rester en Suisse. Au final, pourtant, Jean-Claude Mermoud et ses services ont préféré faire fi de toute considération humanitaire pour se soumettre au diktat d'une Confédération de plus en plus «blocherisée».
En outre, les événements qui ont abouti hier au plus scandaleux des épilogues sont entachés d'irrégularités crasses. A des députés qui s'inquiétaient de l'emprisonnement avant renvoi des deux requérants, le chef du Service de la population, Henri Rothen, répondait que ceux-ci avaient sur le dos un passé pénal lourd et grave. On sait aujourd'hui que ces accusations n'étaient qu'arguties destinées à calmer la Coordination asile. Le seul reproche qui subsiste étant qu'un des deux frères conduisait des véhicules sans permis. L'écran de fumée levé, les expulsions ont été maintenues. Pourquoi? Parce que, rappelle le conseiller d'Etat vaudois Mermoud, le moratoire de trois mois sur les renvois décrété cet hiver ne concerne pas les célibataires. Une argumentation qui passe par pertes et profits le fait que les proches des deux expulsés vivent en Suisse et bénéficient de permis de séjour durables.
Face à de tels louvoiements et mensonges, l'inquiétude est immense. Il y a fort à parier, la brèche désormais ouverte, que les autorités vaudoises ont l'intention de poursuivre leur politique aveugle. Et qu'en sera-t-il lorsque le moratoire sera échu? Peut-on parier ne serait-ce qu'un centime sur la volonté de l'UDC Mermoud de trouver une issue humainement acceptable pour tous les requérants concernés? Certainement pas, vu la manière avec laquelle il a tombé le masque.
Seule une mobilisation populaire et politique de tous les instants peut encore enrayer la machine infernale. A ce titre, la rupture de collégialité des trois conseillers d'Etat minoritaires –les socialistes Anne-Catherine Lyon et Pierre-Yves Maillard, ainsi que l'écologiste François Marthaler– est salutaire. Même si elle se révèle bien tardive et peu ferme, elle doit également servir d'aiguillon aux trois autres magistrats de droite pour qu'ils se désolidarisent de leur compère Mermoud.
Comme l'ont rappelé l'ensemble des députés de gauche vaudois en quittant la séance du Grand Conseil hier après-midi, la conduite des affaires publiques ne peut se faire sans le respect de la dignité de chacun. Apparemment, Jean-Claude Mermoud l'ignore. A-t-il encore sa place au Conseil d'Etat? "

Payerne, une pétition avec 1500 signatures est remise au Grand Conseil

Lu dans 24 heures (nord vaudois) du 13 avril 2005
Une pétition demandant de ne pas renvoyer sept requérants menacés d'expulsion a été dé­posée hier au Grand Conseil.
«Ce serait criminel de les ren­voyer chez eux!» Jean-Luc Chaubert, enseignant payer-nois et coordinateur des mou­vements de soutien aux requé­rants de la région payernoise, n'y va pas par quatre chemins. Mardi à 13 h 45, les sympathi­sants des sept personnes mena­cées ont transmis à Francis Clôt, président du Grand Con­seil vaudois, une pétition comp­tant plus de 1500 signatures.
Le texte demande de surseoir au renvoi de ces NEM, qui
devraient quitter le territoire ce mois encore. «Tous tentent de reconstruire leur vie ici, avec un courage et une volonté incroya­bles, qui méritent une grande considération», s'exclame Jean-Luc Chaubert. Les deux pre­mières situations concernent des familles musulmanes de Bosnie et de Serbie, dont une avec deux enfants, qui risquent donc de se voir persécutées en cas de retour dans leur pays. Quant à la dernière personne, il s'agit d'une grand-mère origi­naire du Kosovo, à la santé fragile.

mardi 12 avril 2005

Premiers renvois forcés au sein des "523"


Le canton de Vaud a pour la première fois renvoyé de force deux requérants d'asile déboutés issus du groupe dit des "523". Les conseillers d'Etat socialistes et écologiste s'y sont opposés en vain. Au parlement, la gauche a quitté l'hémicycle.

Dans la nuit dernière une dizaine de policiers ont surpris dans leur sommeil à 4 heures du matin dans le centre de détention de Frambois (GE) deux requérants Monténégrin qui ont été embarqués de force dans un avion spécial. Il s'agit des deux frères qui ont déposé plainte contre Henri Rothen

Lire le communiqué du Parti socialiste qui dénonce cette décision et qui relève à nouveau l'erreur grave commise par Henri Rothen.

Lire la dépêche de l'ATS reprise dans le Temps.


Une première manifestation des milieu de défense de l'Asile a eu lieu ce soir même.

Voir la séquence du Journal du soir sur la TSR

La FAREAS mise sous pression à Bex


La municipalité de Bex vient de dresser un catalogue de mesures qu’elle estime indispensables à un retour au calme de la population locale. Si la Fareas n’y donnait pas suite, elle se réserveraient le droit d’exiger à nouveau la fermeture du centre d’hébergement.
La fermeture du centre d'hébergement de la Fareas n'est plus exigée. Provisoirement du moins. Pour prix de ce sursis, elle vient d'envisager six mesures qu'elle met la fondation vaudoise en demeure d'appliquer dans les plus brefs délais.
Lire l'article dans 24 heures (payant)

Célébration oécuménique à St-Amédée - Lausanne


Après le Jeûne de trois jours suivi de la célébration à la Cathédrale de Lausanne en janvier 2005, après les divers recueillements des 11, 12, 13 mars, ce temps fort de prière, d'intercession et de protestation rappelle la condition toujours plus difficile à supporter des requérants d'asile.
Ce service oécuménique est présenté dans ce communiqué de l'EERV.
Alors que dans un compte-rendu publié le lendemain, on apprend que :
Quatre cent personnes se sont rassemblées dimanche en fin d’après-midi à l’église catholique St Amédée (Bellevaux) à Lausanne pour une cérémonie œcuménique à l’intention de tous les réfugiés menacés d’être renvoyés. C’est dans les locaux de cette paroisse, où est établie la «Maison des migrations» de Lausanne, que viendront vivre deux familles menacées dès jeudi prochain.
Lire le compte rendu sur Catholink

lundi 11 avril 2005

Les propositions du groupe d'analyse sont connues...

Le groupe d'analyse chargé de trouver une issue à la crise des "523" rencontre une délégation du Conseil d'Etat pour remettre ses propositions.

Laetitia Kirianoff dans Le courrier évoque dans un long article les aléas qu'a connu ce groupe d'analyse. Boudé dès le départ par les Verts et Amnesty, quitté rapidement par les plus ardents défenseurs de l'Asile (La coordination asile), il a encore récemment connu la défection du parti Radical qui reprochait à la réflexion de ne pas se limiter à adoucir les modalités d'application de la politique officielle de renvoi. Seuls sont donc restés au front, les Eglises, l'UDC et les socialistes.

Voici les conclusions que le groupe devrait transmettre ce matin:

"Le premier axe soumis, au Conseil d'Etat est celui du parrainage, surtout encouragé par les représentants religieux. Le principe étant que chaque requérant d'asile débouté soit parrainé par un élu et un représentant d'église. La tâche du parrain est d'aider la personne, soit dans sa procédure de retour, soit «dans une autre démarche».
Le jumelage. La deuxième proposition est celle du jumelage entre une localité vaudoise et une localité d'ailleurs, comme Lausanne et Srebrenica par exemple.
Permis B. Le troisième volet est essentiellement juridique et se base notamment sur l'article 14 de la Loi sur l'asile. Ce dernier attribue une compétence cantonale en matière d'autorisation de permis de séjour pour les requérants d'asile déboutés résidant dans le canton depuis cinq ans, dont le domicile est connu depuis cinq ans, et se trouvant dans une situation de détresse grave. Ces critères sont cumulatifs. Ainsi, sous réserve de l'approbation de l'Office des migrations, les cantons pourraient accorder, dans les cas de rigueur, des permis B aux requérants entrant dans cette catégorie. Ce serait une prmière, puisque jusqu'ici, le CE vaudois s'est toujours refusé à envisager l'octroi de permis B à des requérants...
Commission cantonale. La quatrième et dernière propositin est la création d'une commission cantonale en matière d'asile...

La révision de la Loi sur l'Asile passe au Conseil National



Une caricature de Stéphane Monnier inspirée d'une photographie dans le bureau du DFJP



Et les réflexions de Daniel Bolomey secrétaire général d'Amnesty Suisse dans 24 heures du 11 avril 2005

Ce jeudi 14 avril, les membres de la Commission des institutions politiques du Conseil national discuteront de la révision de la Loi sur l'asile et de la Loi sur le séjour et l'établissement des étrangers. Je les invite à ouvrir les yeux sur une situation dont la gravité confine à l'inacceptable. Les récentes décisions du Conseil des Etats mettent en péril le principe même du droit d'asile et la crédibilité de notre pays au plan international.

...

Premièrement, il faut rejeter la non-entrée en matière pour les requérants sans documents d'identité. Cette mesure est non seulement contraire à toute logique et au droit international, mais elle met en danger de nombreuses personnes à qui la qualité de réfugié doit être reconnue. Selon l'UNESCO, 40% de la population mondiale est dépourvue de documents d'identité. Au moins deux tiers des réfugiés statutaires vivant en Suisse se sont présentés à nos frontières sans document permettant de les identifier. Bien peu d'entre eux ont pu établir d'entrée leur qualité de réfugié et n'ont obtenu l'asile qu'après une procédure normale ayant réclamé nombre d'investigations. Toutes ces personnes, dont on a reconnu par la suite qu'elles couraient dans leur pays d'origine un danger imminent, se seraient vu refuser l'asile si cette mesure avait été en vigueur. Inacceptable!

Deuxièmement, il faut rejeter la suppression de l'assistance pour les requérants déboutés. Le but évident de cette mesure est de pousser les requérants devenus indésirables à quitter le pays. Il est illusoire de croire que les personnes concernées vont quitter la Suisse; l'expérience de ces derniers mois avec les personnes frappées d'une décision de non-entrée en matière a, au contraire, démontré que les personnes privées d'assistance plongeaient dans la clandestinité et devenaient ainsi incontrôlables. Inefficace!

Troisième point: il faut rejeter la restriction ou suppression de l'aide d'urgence.
Cette mesure, qui ne garantit même plus le minimum vital aux personnes concernées, est contraire à la Constitution fédérale et à la Déclaration universelle des droits de l'homme. Le Tribunal fédéral a confirmé que le droit à l'aide d'urgence ne saurait être soumis à condition ni être limité. Injuste et injustifiable!
Enfin, il faut rejeter la prolongation à deux ans de la détention en vue du refoulement.
En droit pénal, une peine d'emprisonnement de deux ans est requise pour l'auteur d'un crime passionnel, d'une agression, voire même d'un viol. Dans le cadre du droit d'asile, le fait d'emprisonner une personne durant deux ans en vue de son renvoi serait totalement disproportionné: on l'appliquerait à une personne qui refuserait de se rendre à l'ambassade de son pays d'origine, alors même qu'elle serait privée d'assistance et que le billet de train pour se rendre à Berne ne lui serait pas payé… Inéquitable!

Le maintien de telles mesures justifierait immédiatement un référendum pour incompatibilité avec les valeurs, les lois et les engagements de la Suisse. Les membres de la Commission sont à même de rectifier ces erreurs et je les prie de le faire, au nom de la justice et du droit.

Daniel Bolomey
Secrétaire général de la Section suisse d'Amnesty International

samedi 9 avril 2005

La détention des requérants déboutés n'est pas efficace



Le rapport officiel chargé d'évaluer l'efficacité des mesures de contraintes à l'égard des requérants déboutés (entre 2001 et 2003) vient de filtrer. Il est daté du 15 mars, mais pour des raisons mystérieuses, ces informations ne sortent que maintenant alors que le Conseil des Etats a voté le 17 mars sur le RENFORCEMENT de ces mesures inefficaces.
Lire le compte rendu de François Nussbaum dans La Liberté et dans le Courrier
Dans ses commentaires, François Nussbaum est très clair :
"On peut d'emblée écarter une interrogation: en mars, la majorité de sénateurs qui ont durci le droit d'asile savaient fort bien qu'ils prenaient des décisions peu compatibles avec les droits fondamentaux inscrits dans la Constitution, et inefficaces contre l'immigration. Même publiés plus tôt, l'arrêt du TF et le rapport du CPA n'y auraient rien changé."
Et il termine par une terrible question:
"On a bien failli, cet hiver, en laisser quelques-uns (des requérants) mourir de faim et de froid. N'y a-t-il pas d'autres voies?"
Dans le Journal du Jura, Raymond Gremaud affirme:
"Ce constat plaide pour une révision législative inverse au tour de vis décidé ce printemps par le Conseil des Etats. Au vu des coûts de la fermeté (par requérant douze fois plus élevés à Zurich qu'à Genève), peut-être le National ramènera-t-il les sénateurs à la raison."
Dans la Tribune de Genève, Antoine Grosjean est plus caustique:
"Ce rapport semble embarrasser les partisans d'un durcissement du droit d'asile. Bien que ses conclusions soient déjà connues, personne ne semble pressé de les commenter, prétextant ne pas encore avoir lu le texte d'une septantaine de page paru hier. Le chef du Département de justice et police, Christoph Blocher, fait savoir par la voix de son porte-parole qu'il ne souhaite pas s'exprimer à ce propos pour l'instant. La vice-présidente de la commission ad hoc du Conseil des Etats, la radicale zurichoise Trix Heberlein note seulement qu'un étranger en détention administrative «coûte forcément plus cher que s'il part de lui-même.» Peut-être les conseillers nationaux prendront-ils le temps de lire ce rapport avant d'approuver le durcissement de la loi sur l'asile..."

mercredi 6 avril 2005

Henri Rothen avait bel et bien inventé les "antécédents judiciaires lourds" des deux frères

Selon les éditions du Courrier et de La Liberté, le groupe de contact s'est réuni pour discuter des allégations de Henri Rothen sur le "lourd passé" de deux frères en procédures d'expulsion et de plainte en diffamation contre le chef de service.
Le but de cette rencontre était d'élaborer un communiqué de presse conjoint. Le texte intégral de ce communiqué figure en lien. Mais il en ressort assez clairement que Henri Rothen avait bel et bien inventé le "lourd passé judiciaire" des deux frères.
Je cite le communiqué :"A cet égard, il a été reconnu, par le chef du DIRE, que les dossiers ne comptaient aucune autre condamnation pénale que celles relevant de la Loi sur la circulation routière pour l'un d'entre eux".
On attend pour demain la manière dont la presse locale Le Matin et 24 heures rendront compte de cette situation. Mais aussi la réponse des tribunaux vaudois dans la plainte pénale dont le chef du SPOP fait l'objet.

Sans toit ni droit, la TSR montre la vie des NEM

On les appelle les NEM, comme Non Entrée en Matière, du nom de la décision qui a frappé leur demande d'asile. Sans papiers, ni statut, ils ne répondent pas aux critères et n'ont plus le droit d'être en Suisse. Et pourtant ils y restent par milliers. Cachés, sans ressources, dans l'ombre de nos villes.


Sur la TSR, jeudi soir 7 avril 2005, lire aussi la présentation de l'émission dans le Courrier
Voir l'émission en qualité modem en haute qualité

Sortie en France du film "La blessure" de Nicolas Klotz



A l'occasion de la sortie en salle (en France) de ce terrifiant film qui n'est malheureusement pas une fiction met en scène la manière dont les requérants d'asile sont traités à l'entrée du pays.
Un site internet très complet a été mis en place par Arte: "Asile de jour"
Une version courte du film a été diffusée sur Arte le 5 avril
Le réalisateur a été l'objet d'un interview dans la revue politis.
Divers journaux rendent compte du film, Le Monde et l'Humanité en particulier
Libé nous dit :"La Blessure n'est pas un film documentaire. Il est en même temps difficile, et l'arrestation d'Adama Doumbia vient le souligner, de le qualifier de «fiction». C'est un film comme le cinéma n'en a pas vraiment produit depuis l'Argent de Bresson, en 1983, ou du moins depuis le précédent film de Nicolas Klotz, Paria, il y a trois ans, tourné avec des clochards. C'est-à-dire une oeuvre réfractaire et absolue qui s'oppose à la loi, à la logique purement policière ou administrative, par sa force de caractère dans la mise en scène, dans l'écriture même, et par un degré de présence du corps à l'image qui semble n'avoir pas peur d'entamer un impressionnant bras de fer avec toute machine de pouvoir."

mardi 5 avril 2005

Prédication de Daniel Neeser, le 4 avril 2005

PRÉDICATION DU PREMIER DIMANCHE APRÈS PÂQUES
Chapelle des Crêts 3 avril 2005
Tout être humain est image de son créateur
Pasteur Daniel Neeser
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Lectures bibliques : Gn 1, 24-31 ; Jn 20,11-18

Mon objectif, en délivrant cette prédication, est de fortifier votre foi en Dieu et sa parole qui proclame : tout humain est fait à l’image de Dieu. Il en résulte une attitude éthique fondamentale : le respect de cette image dans toute personne. Respecter signifie ‘regarder l’autre d’une certaine manière’ d’une manière qui fait vivre. Le respect commence déjà avec le regard qu’on porte sur soi et continue sur celui porté sur autrui, sur Dieu et sur la réalisation de son projet.
Or cela est en danger ces temps-ci. Un discours politique fait actuellement croire qu’il serait éthiquement anodin, humainement possible, politiquement efficace et malheureusement nécessaire, de regarder autrement telle catégorie de population et de l’exclure de la vie jusqu’à lui refuser le minimum vital, la possibilité de manger. Je vise, vous l’aurez compris, les récentes décisions parlementaires de supprimer toute aide, même d’urgence, aux personnes à qui la Suisse n’accorde pas le droit de rester sur son territoire.

Si des personnages politiques interpellent les Eglises, les taxant d’irresponsables, à nous de dire haut et fort que l’évangile ne se partage pas, qu’on ne trie pas dans les paroles de la sainte Ecriture. Or la première parole jamais prononcée sur un être vivant fut une bénédiction et le premier regard posé fut admiratif et reconnaissant : que cela est bon, que cela est beau !
Qui est « cela », qui est l’autre, qui suis-je moi-même ? Avant d’être qualifié par ce que je fais, ce que je donne, ce que je produis ou ce que je mérite, je suis, devant Dieu, le sujet de son contentement. Vous remarquerez que l’humain, au Jardin, n’a encore rien produit, n’a donné aucun gage de sa valeur morale, intellectuelle, économique ou religieuse. Il est, de manière absolue, et il est sous le regard de Dieu, sujet de Sa joie ! Le texte ne dit pas que l’homme est bon en tant que tel, mais que ce qui se passe entre lui et son Créateur est bon, que ces vivants, cette création, arbres, verdure, animaux et humains, sont bons au regard de Dieu. Il ne s’agit pas non plus de bonté morale qui serait en quelque sorte un état antérieur à la chute. Ce récit, mythologique, n’a pas été écrit avant la chute. Il est fondateur dans la mesure où il nous annonce un Dieu sous le regard duquel nous, avec la création, sommes bons, provoquant Son émerveillement.
Voilà le fondement de toute la foi biblique, qui nous rassemble avec les juifs et, je l’espère, avec les musulmans et tous les hommes et femmes de bonne volonté : l’humain est bon, pas au sens rousseauiste, mais au sens théologique. Il est bon parce que Dieu s’y lit, y reconnaît son image. Dieu nous regarde avec bonté et bonheur et nous respecte comme sa belle création.

Voilà pour le fondement. Vient maintenant la part de la mission, de la parole à dire. C’est le moment où il faut prendre un risque, où se taire n’est plus possible devant Dieu et devant les humains. Il ne s’agit pas de juger, ni de dire « je suis meilleur, vous êtes mauvais » mais de dire « ça, cette manière de faire, ces paroles, ces décisions, ne sont pas de l’ordre de l’évangile. »
C’est le ‘KAIROS’, moment de vérité, un moment qui ne repassera pas. Si, à ce moment, une décision de rupture n’est pas prise, alors ce sera de plus en plus dur : de refus du risque, justifié par une forme de conformité politique pernicieuse, on passera au refus de voir, puis au refus de réagir et enfin à l’acceptation passive puis active de l’inacceptable.
Encore une fois, ce ne sont pas des personnes que nous jugeons et auxquelles il s’agit de s’opposer, mais des attitudes, des comportements, des décisions, et les valeurs qui les fondent, qu’il faut débusquer. Quand des autorités politiques décident de refuser le minimum vital, c’est-à-dire le droit à la nourriture et à un logement décent, à certaines catégories de personnes et qu’en même temps l’accès au travail ne leur est pas possible, il n’y a plus de regard, celles et ceux que l’on considère ainsi n’existent plus, la joie de Dieu est morte, sa créature n’est plus à son image.

L’argumentation des délits commis par certains ne tient pas. Il n’est qu’un prétexte, malhonnête parce qu’il cache d’autres perspectives, et – pire - pernicieux car il nous permet d’avoir bonne conscience à vil prix. Jamais un délit ne condamne à avoir faim. Quand il y a délit, il doit y avoir jugement et sanction, mais affamer ne fait pas partie des sanctions de notre code pénal ! De plus ces décisions s’appliquent davantage à des personnes n’ayant commis aucun délit.

On objectera, avec une certaine pertinence, que je devrais proposer des solutions. Je n’en ai pas d’autres que celles de ma fonction et de mon autorité, à savoir de dire que dans le regard que nous portons sur ces personnes et dans l’attitude que nous avons à leur égard, notre propre regard sur nous et notre propre identité face à Dieu sont en jeu, l’image que Dieu a mise de Lui en chacun de nous est obscurcie, abîmée.
Il ne s’agit pas d’angélisme, ni d’irresponsabilité mais du témoignage à une parole qui est plus forte que moi. Elle ne vient pas de moi, j’y suis soumis, moi aussi.
Il ne m’est pas facile de dire ce que je vous dis aujourd’hui.
Petite histoire de la... sollicitude de Dieu envers moi ou de son humour... :
Hier, vers 18h. 15 alors que je travaillais à cette prédication, ils sont venus. Deux coups frappés discrètement à la porte. Jeunes, bosniaques, un homme une femme (Dieu qu’elle était jolie !), et un fils de deux ans laissé au pays... Toute une vie qui défile en quelques minutes, dans mon bureau : l’incendie de leur maison, la peur, les mains qui tremblent, les yeux qui s’embuent, la voix qui bégaye puis s’arrête dans la gorge à l’évocation de la mort des parents, et la faim...

Je ne prétends pas faire la morale à nos conseillers fédéraux ni au parlement. Mais j’ai cette mission de porte-parole, même si et quand telle parole me gêne. Car j’aurais presque préféré devoir donner une parole dure, qui les aurait exclus et, en même temps qu’elle les ôtait de mon regard, me protégeait moi-même, me rassurait.
Mais : « S’ils se taisent, les pierres crieront », c’était dans l’évangile des Rameaux, il y a deux semaines ! Et l’évangile de ce dimanche d’après Pâques est celui d’une parole à entendre : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » et d’une autre à dire : « J’ai vu le Seigneur et voici ce qu’il m’a dit. » Comment être témoin de cet évangile sans regarder comme une sœur, comme un frère ces deux étrangers qui étaient venus me dire que ma prédication avait tout son sens. Comment ne pas chercher en eux le reflet de l’image de mon Créateur?

vendredi 1 avril 2005

Pour l’honneur de nous, sachons résister à la folie ambiante

Lire la prise de position de Claude Ruey sur "l'arithmétique à Bonzon" pratiquée par les partisans des lois Blocher
Lire cet interview de Virginie Poyeton dans le Courrier en juillet 2006
Voir aussi l'intervention de Claude Ruey à Radio Public en septembre 2005 et lesinterviews dans Migros Magazine. et dans l'Illustré d'avril 2006
Voici dans son intégralité, l'opinion de Claude Ruey ancien Conseiller d'Etat Libéral chargé du dossier asile dans les années nonantes dans le Canton de Vaud et membre du conseil de fondation de l'EPER. Cette opinion a été publiée par 24 heures le 1er Avril 2005 ou cet autre opinion parue deux semaines plus tard dans Le Temps
Lire aussi cet article de François Nussbaum dans La Liberté em décembre 2005
et en avril 2006 cet article de Vincent Bourquin dans 24heures
et ce débat contre Yvan Perrin dans Forum
«S’il y a parfois et même souvent incompréhension populaire, c’est bien parce que, depuis près de quinze ans un parti politique, son leader en tête, a systématiquement désinformé, voire manipulé la population et fait du rejet de l’étranger son fonds de commerce. Car les fausses informations n’ont pas manqué»

L’asile rend-il fou? Voilà que le Conseil des Etats, dépassant les propositions déjà extrêmes du Gouvernement, adopte, la tête dans le sac, des propositions extrémistes et anticonstitutionnelles que ce même Conseil fédéral avait raisonnablement refusées. Et voilà que des éditorialistes s’engouffrent dans la dérive émotionnelle anti-étrangers, l’un qualifiant de «pleureuses professionnelles» les défenseurs des droits de l’homme, l’autre décrivant comme criard, hystérique ou révulsé, quiconque ne partage pas la ligne du chef Blocher sur l’asile. Et de dresser la liste des ennemis du peuple, soit «tout ce que la Suisse compte de juges, de pasteurs, de curés, de journalistes, d’éditorialistes, d’assistants sociaux et de sensibilité de gauche…» Pas un argument sur les faits non, juste le rejet de ceux qui ne pensent pas correct! Ce type de procédé ne vous rappelle-t-il rien? Le rejet, le mépris et l’invective à la place d’arguments, n’est-ce pas précisément une de ces dérives dont les leçons de l’histoire devraient nous garder?

Un peu de sérénité s’il vous plaît. Et surtout une analyse basée sur des faits plutôt que sur le rejet de l’autre. Car quels sont les faits? Loin de ce qui est affirmé à l’emporte-pièce, la politique d’asile conduite en Suisse n’a été ni laxiste, ni aveugle. Elle s’est efforcée et s’efforce tout simplement de rester digne de ce qui fait encore (?) les valeurs de ce pays, soit le respect de la personne humaine, l’ouverture, la tolérance et l’aide aux persécutés. Mais cette politique n’est évidemment pas parfaite; les vrais problèmes sont d’une part la durée beaucoup trop longue des procédures fédérales (et pas cantonales, rappelons-le), et d’autre part les lenteurs ainsi que la relative clémence de l’exercice de la justice pour les cas d’infractions pénales (que ces dernières soient le fait aussi bien de Suisses que d’étrangers d’ailleurs). Pour le reste, s’il y a parfois et même souvent incompréhension populaire, c’est bien parce que, depuis près de quinze ans un parti politique, son leader en tête, a systématiquement désinformé, voire manipulé la population et fait du rejet de l’étranger son fonds de commerce. Car les fausses informations n’ont pas manqué.

Ainsi, loin d’être systématiquement des délinquants, la très grande majorité des requérants d’asile se conduisent correctement chez nous. Mais il est vrai qu’il y a une minorité de 7 ou 8% qui ne respecte pas nos règles et qu’il faut combattre impitoyablement.

Contrairement à ce qu’affirme mensongèrement la propagande, les demandeurs d’asile ne sont pas principalement des demandeurs économiques, mais des gens fuyant des dangers réels. Si l’on regarde la statistique, les pays de provenance principaux sont des pays en troubles.

Et nous ne sommes pas envahis. Nous ne sommes en particulier pas le pays champion du monde de l’accueil des requérants d’asile et de la facilité d’asile. L’Autriche, la Norvège, la Suède, trois pays neutres (ou quasi-neutres) nous dépassent très largement quant au nombre de requérants par habitants.
Enfin, les personnes ayant mérité notre protection ne sont pas une infime minorité. Au cours des dix dernières années, ce sont 40% des requérants d’asile qui ont été reconnus comme réfugiés ou qui ont été admis provisoirement (réfugiés: 9%; admis provisoirement: 31%).

Ce sont ces faits et seuls ces faits, vérifiables et officiels, qui doivent guider notre réflexion pour prendre des mesures utiles, pas l’émotion, ni la passion. On ne voit dès lors pas ce qui justifierait qu’on en vienne, pour ne citer que cet exemple, à supprimer toute aide d’urgence en mettant à la rue, sans gîte, ni couvert, des êtres humains démunis que la Suisse ne renvoie d’ailleurs pas. C’est non seulement parfaitement indigne et inhumain, mais aussi inefficace et même dangereux pour notre sécurité. Même si c’est sans doute porteur électoralement…

Eh bien, non! de grâce, ne cédons pas à la folie ambiante, ne pactisons pas avec la xénophobie. Pour l’honneur de nous et du pays, sachons résister à la passion et conserver la sérénité.


Claude Ruey Conseiller national

Une enquête pénale est ouverte contre Henri Rothen (SPOP)

Suite aux révélations des parlementaires du groupe de contact auprès du Courrier (voir Blog "Le Spop est mis en cause").

Les deux frères qui sont détenus à Frambois ont déposé plainte pour "calomnie, diffamation et subsidiairement injures" contre Henri Rothen (le chef du Spop).

Ce dernier aurait déclaré lors d'une rencontre du groupe de contact que ces deux personnes avaient "des antécédents judiciaires lourds". Ce qui n'est pas le cas. J.C Mermoud avait également appuyé ces déclarations. Maintenant il soutient dans un interview express que ces expulsions n'ont rien à voir avec le casier judiciaire des personnes en cause.
Or ces deux personnes n'ont aucun dossier de ce genre, c'est leur frère aîné qui est impliqué dans une affaire de viol.
24 heures dans un article d'une demi page relève également qu'"une dénonciation pénale a été envoyée hier soir à la juge d'instruction. Trois députés de gauche et des Verts l'ont signée. Le texte appuie la plainte pénale des deux requérants. Verena Berseth, popiste, a paraphé la dénonciation, Anne Weil (Verts) également: «On imagine mal une telle confusion restée sans suite si elle avait concerné un Suisse. Cette dénonciation est un acte politique face à un grave dysfonctionnement.» Olivier Gfeller (PS), signataire, de renchérir: «Il y a eu rupture du lien de confiance. Il apparaît que les députés ont reçu des informations diffamatoires à l'égard des requérants. Il faut maintenant savoir comment on est arrivé à un tel dérapage.»
Selon les ONG qui participent au groupe de contact de telles erreurs sont fréquentes dans les dossiers.