Pour l'an nouveau : l'opinion du député radical Jean Martin dans 24heures
La polarisation agressive est une tendance actuelle forte en politique, dans notre pays et ailleurs. Encore qu’il y ait d’autres évolutions: le cabinet de coalition mis en place en Allemagne, le Conseil d’Etat nouveau élu par nos voisins genevois.
Commentaires sur la fin de l’année politique vaudoise 2005: en premier lieu, souligner l’adoption d’un budget cantonal avec un déficit modéré, maîtrisé, par 80% des députés — du jamais-vu dans le passé récent. Encourageant de voir comment, malgré l’insatisfaction que chacun peut avoir par rapport à tel élément de sa propre doctrine, tous les partis sauf un ont reconnu la qualité des efforts du gouvernement pour redresser la situation financière.
S’agissant du dossier qui longtemps a semblé bloqué, des requérants déboutés (le groupe dit des «523», qui sont encore environ 250) et de celui d’Ethiopiens et d’Erythréens qui sont ici, intégrés, depuis des années, il y a des rais de lumière. On n’ose pas encore s’en réjouir, les chances de règlement restent ténues, mais il apparaît que le Conseil d’Etat entre en matière et c’est important. De plus, quand une conseillère d’Etat bernoise, de réputation pourtant ferme, recommande que Vaud propose aux autres cantons de l’aider à persuader la Berne fédérale qu’il ne faut pas persister dans une voie sans issue, cela redonne un sens — vraiment! — à la notion classique de «chers et fidèles Confédérés». Après les affrontements des derniers dixhuit mois, une solution acceptable pour tous serait un signe fort de volonté de travailler en concertation. Volonté dont nous continuerons à avoir besoin sur d’autres sujets! Illustration aussi de ce qu’on sait reconnaître que les faits sont toujours têtus.* Autre sujet, ce qu’on appelait l’instruction publique: on pensait que dans ce domaine la plupart des haches de guerre étaient enterrées — entre autres parce que là aussi le Conseil d’Etat a admis une certaine réalité et des modifications de la loi. Un collègue député a cru pouvoir utiliser la grave crise des banlieues françaises pour tirer des parallèles acrobatiques avec l’école vaudoise. Plus qu’audacieux, ce qui lui a valu de fermes réponses dans 24 heures du 21 décembre… Il est permis d’espérer que ce genre d’escarmouches ne va pas détruire le presque consensus auquel on était arrivé.
Même s’il y a lieu de rester réservé vis-à-vis des sondages, à noter enfin celui indiquant qu’une majorité de Suisses ne souhaiteraient pas la réélection de conseillers fédéraux qui s’illustrent par une grande désinvolture à l’égard de la collégialité qui historiquement caractérise le fonctionnement de nos Exécutifs — et qui est bien ancrée même si elle ne découle pas d’un texte formel. Il est bon de voir que, si le public ne déteste pas être stimulé par des tribuns provocants, il ne les suit pas quand ils cassent le système. A l’orée de 2006, il reste certain que, pour la Suisse, il n’y aura pas à l’avenir de prospérité facile, certaines adaptations nécessaires seront rudes. Mais ce ne sont pas les réformes «à la hache» qui apporteront la solution. Sachons cultiver la valeur de la négociation et du dialogue, laborieux mais fructueux, et souhaitons-nous une année 2006 dynamique, ambitieuse, où une atmosphère apaisée sur certains fronts permettra de se consacrer à d’autres défis qui demandent action.
* A propos de l’apport à notre pays de personnes venues d’ailleurs — et des conditions bien difficiles qu’elles ont rencontrées — je recommande Victor le Conquérant, de Raymond Durous, Editions de l’Aire, 2005. Histoire remarquable.
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