Lire l'article de Vincent Bourquin dans 24heures
Les référendums contre la révision de la loi sur l’asile et contre la loi sur les étrangers ont été déposés hier à la Chancellerie fédérale.
«Les gens de droite doivent se réveiller.» Cette petite phrase entendue hier lors de la remise des deux référendums n’a pas été prononcée par un gauchiste. Mais par l’ancien chancelier de la Confédération, François Couchepin. Lui-même radical. Il insiste: «Il ne s’agit pas d’un problème de gauche ou de droite. Tout simplement, ces deux lois violent les principes généraux du droit et la Constitution fédérale.» Et selon lui, la LAsi (loi sur l’asile) et la LEtr (loi sur les étrangers) ne résolvent en rien les problèmes de migration. Pourtant la grande majorité des radicaux et des PDC ont soutenu ces révisions? «Ils ont été anesthésiés et ne se sont même pas occupés du fond. On leur a fait croire que c’était un débat gauche droite.» Mais François Couchepin ne veut pas se décourager. Il jette un regard autour de lui: «Ce ne sont pas tous des gens de gauche qui sont là. Il y aussi des représentants des Eglises ou d’organisations caritatives.»
Création d’un comité «bourgeois»
L’ancien chancelier ne se décourage pas. Avec Claude Ruey, ils ont décidé de créer un comité «bourgeois » contre la loi sur l’asile. «C’est l’opposition de la droite humaniste, gardienne des traditions de ce pays», déclare le conseiller national libéral. L’objectif est aussi de lutter contre une certaine désinformation menée par l’UDC: «Elle a tellement calomnié que désormais beaucoup de gens font le lien entre requérant et abus», déplore l’ancien conseiller d’Etat vaudois.
Plusieurs personnalités ont déjà répondu à l’appel: le conseiller aux Etats radical Dick Marty, les conseillers nationaux PDC Rose-Marie Zapfl et Luc Barthassat, ainsi que l’ancien président du CICR et membre du Parti radical Cornelio Sommaruga. Jacques Neirynck sera également de la partie. Fièrement, l’ancien conseiller national rappelle que les sections genevoises et vaudoises du PDC ont d’ores et déjà dit non à la LAsi et à la LEtr. Et lui aussi est très sévère avec ses anciens collègues parlementaires: «Ils n’ont pas bien compris le contenu de la loi.» Contacté, Pierre Kohler hésite. Le démocrate-chrétien jurassien ne cache pas que la direction du parti lui a demandé de ne pas s’engager publiquement sur cette question. De fortes pressions ont également été exercées chez les radicaux. Mais Yves Guisan n’en a cure: «La majorité des parlementaires radicaux se sont laissés embarquer par les néo-UDC», regrette le Vaudois. Le conseiller national de Château-d’OEx ne s’oppose pas à tous les articles. D’ailleurs, contrairement aux référendaires, il juge que la procédure, même si la révision passe, reste trop longue. Mais ce qui le fâche, c’est avant tout «un état d’esprit mesquin et xénophobe» qui, selon lui, parcourt les deux lois. Par ailleurs, il espère convaincre le Parti radical vaudois de s’opposer à ces deux textes. Lui aussi rejoindra le groupe fondé par François Couchepin et Claude Ruey, mais il souhaite aussi s’engager plus largement dans le comité 2xNON, présidé par l’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss.
Le Conseil fédéral devra décider ces prochains jours de la date de la votation, ce sera très vraisemblablement le 24 septembre. De nombreux observateurs annoncent déjà une large acceptation des deux lois. Mais Claude Ruey se veut optimiste: «Je ne m’attendais pas à la récolte de plus de 120 000 signatures sur l’asile, c’est peutêtre le signe d’un sursaut.»
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