mercredi 20 avril 2005

"Le permis N c'est la dèche"



24heures nous livre dans ses pages sociétés, le portrait d'une adolescente Kényane de 13 ans qui vit à Lausanne avec un statut précaire de permis N. Ils sont 769 enfants dans son cas dans la même ville...
Extraits de son témoignage recueilli par Gabrielle Desarzens:
Arrivée sur sol helvétique il y a trois ans pile, Florence a fui le mouvement Mungiki auquel son père appartient. A lire la presse nationale, l'ombre de Mungiki, véritable armée secrète, planerait sur de nombreux faits divers sanglants qui rythment le quotidien: attaques de policiers, racket de voyageurs dans les transports en commun, meurtres, trafic de drogue et «protection extorquée». Le mouvement constitue l'une des plus puissantes milices qui supervisent le quotidien informel des 143 bidonvilles ceinturant la capitale kényane, rapporte Le Monde diplomatique. Qui plus est, il prône l'excision. «Mon père voulait que l'on soit excisées, ma mère et moi, tu imagines?» confirme l'adolescente.
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A l'école, on n'en parle pas. Je ne connais personne d'ailleurs dans ma situation. C'est un peu la honte, tu vois. Heureusement, on ne peut pas savoir que tu es requérante d'asile, ce n'est pas écrit sur ton visage. Avec un permis pareil, on n'est pas respecté, c'est la dèche. Et puis, on est toujours stressé. On ne sait jamais ce qui va se passer. Il n'est pas prévu qu'on reste. Mais il n'est pas prévu qu'on parte non plus. On ne sait jamais.
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Si elle ne sait pas de quoi demain sera fait, elle indique vouloir faire le gymnase, puis des études de droit. Et pouvoir voyager.
Comme les autres filles de son âge, elle aime la musique, prend des options comme la couture, mais elle tient à rester extrêmement discrète quant à son statut. «Ce serait trop horrible que mes copines sachent que moi, Florence, je suis requérante d'asile, martèle-t-elle. Pourtant, les demandeurs d'asi-le sont des gens comme les autres.

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