François Couchepin, avocat et ancien Chancelier de la Confédération, qui a déjà pris position contre Blocher, répond aux réflexions de Denis Barrelet dans le courrier des lecteurs de 24 Heures.
Le comité de droite contre la loi sur l’asile soutient qu’il y a deux problèmes essentiels à tenter de résoudre dans le cadre de la nouvelle législation sur l’asile et sur les étrangers: d’une part, la question de l’immigration de travailleurs dont notre économie à besoin; d’autre part, le problème du retour des personnes à qui la Suisse n’accorde pas le droit d’entrée comme réfugiés, parce qu’ils ne sont pas persécutés.
Sauf cas particuliers, la loi sur l’asile décrète que, désormais, si un demandeur ne peut pas présenter de pièces d’identité valables, l’autorité refusera d’entrer en matière. Celui qui peut les présenter aura droit à ce que son dossier soit ouvert et étudié jusqu’au bout, ce qui prendra du temps. La loi favorisera les étrangers munis de papiers, qui ont donc quitté leur pays sans être persécutés, qui ne sont assurément pas de vrais requérants d’asile et cherchent à entrer en Suisse pour d’autres motifs. Inversement, la même loi défavorisera ceux qui sont presque sûrement des requérants d’asile et qui ont fui leur pays sans papiers.
Quant à la loi sur les étrangers, la première qui définisse le droit d’immigrer en Suisse, elle exclut ce droit pour les étrangers autres que ceux venant de l’Union Européenne. Pourtant notre économie a besoin de cette main-d’oeuvre non qualifiée (entre 150 000 et 300 000 clandestins, aujourd’hui sans aucune protection).
Les deux lois n’apportent donc aucune réponse au problème des tricheurs ou à celui du retour au pays des étrangers vivant en Suisse sans permis. Les Suisses aiment tant les lois qu’ils semblent même d’accord qu’on en fasse d’inutiles. Ces deux-là sont de plus incohérentes, voire stupides, tant elles manquent les buts visés.
François Couchepin
Lausanne
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