dimanche 9 juillet 2006

Edito de Christoph Passer dans l'Illustré du 5 juillet


Une rude bagarre dans la nuit, à Bex. Des étrangers, des dealers, des requérants déboutés ou non qui s'en mêlent. Un conseiller fédéral, Christoph Blocher, qui lance sa campagne pour le durcissement des lois sur l'asile et les étrangers: la votation aura lieu le 24 septembre. Reliez ces deux informations et vous avez la promesse d'un été chaud. A l'heure des tongs et de l'huile solaire, il n'est pas inutile de s'y attarder quelques instants.
L'affaire de Bex, d'abord (lire l'interview au conseiller à''Etat vaudois Jean-Claude Mermoud en page 44). Il faut de la clarté: c'est inadmissible. Que des dealers se baladent comme ça, à Bex, depuis des mois, est impensable. Que la police fasse son travail. Des condamnations. Et des renvois rapides. Bex, excusez-moi, ce n'est pas une métropole si tentaculaire que ça, le trafic doit y cesser. Alors, la population pourra admettre la présence nécessaire d'un centre de la FAREAS sur son territoire. Sinon, l'amalgame est fait. Etrangers égale drogue et délinquance.
La votation du 24 septembre ensuite. Elle joue sur cet amalgame. Il est revendiqué par ceux qui, derrière Christoph Blocher, en ont fait une manière de penser la Suisse, à défaut d'une vision. Le texte que l'on propose à la population est écœurant. Une sévérité accrue, oui: elle est parfaitement possible avec les dispositions actuelles. Mais la liste des nouveautés prévues est ignominieuse; privation d'aide sociale pour tous
les déboutés. Amendes de centaines de milliers de francs ou prison (jusqu'à cinq ans!} pour ceux qui accueillent des étrangers: le concept, historique, d'un «motif honorable» a disparu. Les candidats étudiants étrangers devront s'engager à quitter le pays à la fin de leurs études. Restrictions fortes sur le regroupement familial, au détriment des enfants, etc.
Ces textes sont suspectés d'être en délicatesse avec la Convention européenne des droits de Thomme. Terre des hommes souligne qu'ils contreviennent à la Convention de l'ONU pour les droits de l'enfant. Il n'y a pas que de gentils gauchistes bien-pensants pour s'en émouvoir, François Couchepin, radical, ancien chancelier de la Confédération, Claude Ruey, conseiller national libéral, la Genevoise Martine Brunschwig Graf, le démocrate-chrétien Jacques Neirynck sont déjà dans le camp du refus.
On peut traiter tout cela par le ricanement et le mépris. On peut, comme le Parlement qui a voté ces textes, se vautrer dans le déshonneur. Mais on peut aussi, comme citoyen, se souvenir, le 24 septembre, de concepts comme la dignité, l'humanisme, î éthique, le courage. Ce ne sont pas de grands mots. Juste des vérités utiles, quand on prétend aimer son pays.

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