La Municipalité a répondu, hier soir, à deux interventions déposées afin de dénoncer son «pari de l’illégalité», engagé afin d’ouvrir l’accès à l’apprentissage pour les sans-papiers. En plénum, les libéraux-radicaux et l’UDC ont tenté d’exiger un retrait du préavis. En vain. Un article de Gérald Cordonier dans 24 Heures.
Ambiance inhabituelle, hier soir, à l’Hôtel de Ville. Aux côtés de médias venus en grand nombre, une délégation de sans-papiers – emmenée par son collectif de défense – avait fait le déplacement afin d’assister à la première discussion «autorisée» au sein du Conseil communal de Lausanne sur le brûlant dossier de l’accès à l’apprentissage pour les jeunes clandestins.
Voilà près de deux mois que – congé de Pâques et manœuvres municipales obligent – la classe politique attendait de pouvoir se saisir du sujet. Impatiente d’entendre enfin la réponse de son exécutif aux demandes d’explication formulées par le libéral-radical Mathieu Blanc et par l’UDC Claude-Alain Voiblet, tous les deux surpris du «pari de l’illégalité» légitimement consenti par la Municipalité afin de faire avancer la cause des jeunes clandestins.
«La Municipalité renonce à développer un long préambule au débat qui se fera en temps voulu, lorsque le préavis arrivera à l’ordre du jour, a d’emblée précisé le directeur de la Jeunesse, Oscar Tosato. Mais elle relève que ses propositions ont obtenu un gros soutien du Grand Conseil vaudois, du Conseil national et même de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf.» Avant de tout de même répondre succinctement aux nombreuses questions posées par les deux élus de droite, le municipal socialiste a, aussi, assuré que l’exécutif s’attachera à privilégier, si possible, des solutions légales afin de permettre aux jeunes de suivre un apprentissage. A la tribune, les Verts, les socialistes et A Gauche toute! sont montés pour soutenir largement la cause des sans-papiers.
Méthodes contestées
De l’autre côté de l’hémicycle, les réactions ont été tout autres. Si le conseiller communal libéral-radical Guy-Pascal Gaudard a réclamé, à la tribune, que la ville améliore son offre de formation pour tous les jeunes – «avec ou sans papiers» –, ses homologues de droite ont surtout montré leur désapprobation face aux méthodes défendues par Oscar Tosato et ses confrères. «En proposant une méthode illégale, la Municipalité a voulu faire un coup politique qu’on peut dire réussi, a lancé le libéral-radical Mathieu Blanc. Mais elle a aussi donné de faux espoirs aux jeunes sans-papiers qui ne pourront pas travailler une fois leur formation terminée.» «La gauche lance un faux débat, a quant à lui affirmé Claude-Alain Voiblet. Elle cherche, en réalité, une régularisation générale des sans-papiers.»
Au cours de ce premier débat, le PLR, soutenu par l’UDC, a tenté d’exiger que la Municipalité retire son préavis. Dans une résolution finalement refusée par 56 voix contre 21, la droite souhaitait, également, que la Municipalité ne puisse plus jamais, à l’avenir, adopter de préavis dont le contenu serait déclaré illégal. En vain. D’ici à un ou deux mois, une fois terminés les travaux de la commission nommée pour traiter de la proposition municipale, le Conseil communal devra donc dire s’il accepte ou non que des jeunes clandestins puissent suivre un apprentissage au sein de l’administration lausannoise .
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