samedi 17 avril 2010

Les dix communes de la Riviera décident de prohiber la mendicité dans leurs rues

Pour la première fois en terre vaudoise, les mendiants s'exposent à des sanctions. Jeudi soir, seuls 30% des élus s'y sont opposés. Un article de Antonino Galofaro dans le Courrier.
Les dix communes qui composent l'association Sécurité Riviera deviennent les premières à interdire la mendicité dans le canton. Jeudi soir, 27 des 52 membres du Conseil intercommunal de Sécurité Riviera réunis à La Tour-de-Peilz ont voté dans ce sens. «Le résultat est clair», confirme Serge Jacquin, président du comité de direction de l'association et syndic de Chardonne. Le libéral rapporte également qu'environ 30% des membres ont voté contre l'interdiction et que 20% se sont abstenus.
«Deux blocs politiques se sont prononcés. Et c'est la droite qui l'a remporté», explique Francis Baud, membre du parti Vevey Libre et du Conseil intercommunal, l'organe législatif de l'association de communes. «C'est un choix politique», renchérit Pierre-Alain Maïkoff, président de ce même conseil. «Les représentants de la droite, en faveur de l'interdiction, étaient plus nombreux.» Mais cette simple explication arithmétique ne convient pas au président du comité de direction, Serge Jaquin. Le clivage entre la gauche et la droite n'a d'après lui pas fonctionné. A cause de l'importance de la question traitée, «les membres ont voté selon leur sensibilité personnelle. Je ne pense pas qu'ils aient suivi les consignes de vote de leur parti respectif».
Il estime qu'au vu des résultats, des personnalités de gauche ont dû se rallier à l'interdiction. L'appartenance des élus à des villes comme Vevey ou Montreux, les plus grandes de l'association susceptibles d'être concernées par le phénomène, n'est pour lui pas déterminant. «Je pense vraiment que chacun a voté selon son propre vécu.» L'interdiction vise à lutter contre les «bandes organisées pour mendier», selon Pierre-Alain Maïkoff. Ce dernier explique que «le phénomène ne disparaîtra pas, mais l'interdiction fera pression sur ces groupes». Le conseiller communal libéral concède cependant que tous les mendiants seront traités de la même façon. Et le politicien de prendre l'exemple de «ce mendiant veveysan unijambiste», qui sera mis dans le même panier que ces «bandes organisées». Seul représentant de Vevey Libre au Conseil intercommunal, Francis Baud faisait partie de la commission ad hoc. Il regrette que le compromis concocté en commission ait été balayé par 54% des voix, lors d'un premier vote. Artisane du compromis, la présidente du Parti socialiste de Montreux, Jacqueline Pellet, également membre de la commission ad hoc, préconisait en effet une réglementation de la mendicité, plutôt que son interdiction pure et simple: les mendiants auraient eu à demander une autorisation préalable. Pour que la mendicité soit interdite sur la Riviera, le règlement intercommunal de police doit encore être formellement approuvé par le chef du Département vaudois de l'intérieur, Philippe Leuba. Le texte peut aussi faire l'objet d'un référendum. En 2008, le ministre s'était opposé à une telle mesure au niveau cantonal, estimant que la question devait rester de compétence communale. L'année suivante, Yverdon discutait de la problématique et ébauchait même un projet. Et début 2010, c'est l'UDC lausannoise qui préconisait une interdiction dans la capitale vaudoise.

Aucun commentaire: