Dirigées par des socialistes, Vevey et Montreux créent un précédent. Un article de Mathieu Signorell dans le Temps.
Avec La Côte, la Riviera fait partie des régions les plus riches du canton de Vaud. Depuis jeudi soir, c’est aussi la première qui a décidé d’interdire la mendicité dans la rue. La cinquantaine d’élus du conseil intercommunal de Police Riviera, à qui les 10 communes du district ont délégué leur compétence en matière de police, a décidé de justesse (52%) de bannir les mendiants. Une décision qui entrera en vigueur une fois que le Conseil d’Etat l’aura examinée, dans les mois qui viennent.
Particularité de la Riviera: ses deux villes, c’est-à-dire Vevey et Montreux, sont aux mains de syndics socialistes. Dans les deux cas, les directeurs communaux de la police sont issus du même parti. La décision de jeudi soir n’est-elle pas contradictoire dans ce contexte? «C’est la démocratie: sur les dix communes de la région, seules deux ont une majorité de gauche», répond Laurent Ballif, syndic de Vevey et aussi député au Grand Conseil, mais surtout opposé à cette interdiction. Pour lui, la décision n’est pas applicable: «La police va-t-elle ramener les mendiants à la frontière de notre district?» Un référendum n’est toutefois pas prévu.
Fer de lance de l’interdiction des mendiants sur la Riviera, le président du PLR veveysan dit vouloir «dissocier mendicité et pauvreté». Pierre Clément: «Les mendiants ne sont pas pauvres, c’est du business organisé. En Suisse, nous avons une bonne couverture sociale. Si quelqu’un est dans le besoin, on peut l’aider.»
La mendicité n’est autorisée en terre vaudoise que depuis le changement de la loi pénale en janvier 2007. En 2008, le Grand Conseil avait refusé de revenir en arrière, malgré la proposition du député radical Olivier Feller. «La classe politique considérait ce phénomène comme marginal. Je remarque une évolution depuis lors», note-t-il aujourd’hui. Lausanne réfléchit aussi à une solution, depuis que ses agents de police sont confrontés à de jeunes mamans qui mendient, accompagnées de leurs enfants, parfois des bébés.
Des amendes sans effets
Mais y a-t-il réellement des mendiants sur la Riviera? «Autant que de centres commerciaux», explique le major Michel Francey, commandant de Police Riviera. «Mais nous n’allons pas engager une chasse aux mendiants. D’autant plus que les sanctions, comme les amendes, ont très peu d’effets dans ce genre de cas.» Genève en sait quelque chose! Malgré les amendes distribuées à ceux qui tendent la main en ville, le phénomène y est toujours visible, même s’il est interdit.
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