jeudi 31 mai 2007

Vevey Roule

Lu dans 24heures
Après Lausanne et Renens, Vevey s’apprête à mettre 30 vélos à disposition de la population. Un service quotidien et gratuit.
Certes, les quais veveysans se prêtent particulièrement bien aux balades à vélo. Mais pour s’attaquer aux hauts de la ville, mieux vaut avoir les mollets vaillants… et bénéficier d’une bi­cyclette dotée de multiples vites­ses. Ça tombe bien, celles qui seront proposées à la population dès aujourd’hui en comptent 24 pour la plupart. Jusqu’à la fin du mois d’octobre, 30 vélos seront mis gratuitement à disposition des Veveysans ou des hôtes de passage. Baptisée «Vevey Roule», cette opération vante les bienfaits de la mobilité douce. Sur sol vaudois elle est déjà menée avec succès depuis trois ans à Lau­sanne et depuis une année à Renens. Au centre Saint-Antoine, une station de prêt sera ouverte 7 jours sur 7, de 7 h 30 à 21 h 30. L’opération «Vevey Roule» coûte 150 000 francs, partiellement pris en charge par Nestlé Suisse. Les requérants d'asile s'occupent de gérer ces prêts.

L'expulsion d'Adem Salihi, ou l'histoire d'une déroute bureaucratique et humaine

Lire l'analyse de Marco Danesi dans le Temps
Obligé de quitter la Suisse dès aujourd'hui, le ressortissant kosovar travaillait sans permis de séjour depuis six ans au service de la commune de Bassins. Retour sur un cafouillage aux conséquences dramatiques.

Des clandestins naufragés, accrochés à des cages à poissons

Lire cet article Le Temps

Des jours à la dérive au large de Malte, dans l'indifférence.

Palestine: la Suisse montre les griffes

Lire cet excellent article d'Alain Campiotti dans Le Temps
Il nous rappelle que le plus grand quota de réfugiés au monde reste constitué par les palestiniens et ce scandale est toléré par la "communauté internationale" depuis 40 ans.

Une dure journée attend Adem Salihi

Lire cet article du journal La ôte
L'employé communal aura quitté son emploi ce soir. Les habitants ne le laisseront pas tomber. Tous sont dans l'expectative.
Le compte à rebours est terminé aujourd'hui pour l'employé communal de Bassins, Adem Salihi. C'est son dernier jour officiel de travail.

Je vais me lever et aller au travail jusqu’à 17 heures, comme tous les jours, affirme-t-il. Après, je ferai un tour dans le village, j’irai trouver des amis, dit-il, songeur. Mais comment voulez-vous que je fasse? se reprend-il soudain. J’ai une voiture, un appartement, des meubles, des assurances, un compte en banque... Je ne peux pas tout résilier comme ça! Je refuse de croire que je vais partir. Je ne partirai pas, ce n’est pas possible. Ma vie est ici.

De leur côté, les membres du comité de soutien sont dans l’expectative. Nous avons remis notre pétition, nous attendons une réponse. Nous nous battrons jusqu’au bout. Mais dans l’immédiat, il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre, regrette Odile Hausser, membre du comité de soutien. Nous y croyons toujours. Nous agirons au fil des heures en fonction des nouvelles qui nous parviendront. Certains d’entre nous passeront la journée avec Adem, car nous sommes en souci pour lui. Ces événements l’ont terriblement secoué. Et quand il n’aura plus de travail, nous nous organiserons pour qu’il ne passe pas la journée seul à ne rien faire.

De son côté, le député radical Serge Melly a interpellé hier le Conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud à la sortie d’une conférence de presse. Il s’est heurté à un «No comment».
Le Conseil d’Etat refuse de transmettre ce dossier à Berne

Nous allons vers une période très difficile, estime le bouillonnant député radical. Je pense que le Conseil d’Etat veut nous avoir à l’usure. Mais nous ne lâcherons pas. Pourtant, la seule chose que nous demandons c’est que M. Mermoud transmette le dossier à Berne. Il en a la possibilité. Il ne peut tout de même pas faire l’impasse devant la mobilisation des habitants et des députés!

Même le pasteur du village s’est mobilisé; quand bien même Adem Salihi ne compte pas au nombre de ses ouailles. J’ai eu des contacts informels avec ma hiérarchie et les autorités. Tout le monde souhaite aider Adem Salihi. S’il devait entrer dans la clandestinité, je serais prêt à l’accueillir. Mais ma démarche n’a rien d’officiel, elle n’est qu’humaine.

C’est bien ce qu’il manque le plus dans la façon qu’a l’Etat de traiter ce dossier.

Et si Adem était resté clandestin?

En 2004, 33 clandestins avaient accepté de se présenter devant le Conseil d’Etat à visage découvert. Tous étaient dans la région de longue date. Adem Salihi était l’un d’entre eux. Leur but était d’obtenir un permis de travail. Mais le Conseil d’Etat a non seulement refusé en bloc de leur octroyer un permis, mais il leur a également envoyé des ordres d’expulsion. S’ils ne s’étaient pas dénoncés, ils ne seraient probablement pas expulsés aujourd’hui, estime Elisabeth Badertscher, membre de l’Association du collectif de soutien et de défense des Sans-Papiers de la Côte. Elle estime à un millier le nombre de clandestins travaillant dans la région de La Côte. Ces sans-papiers ont vraiment le sentiment d’avoir été trahis. Et ce, même si en acceptant de se montrer à découvert, ils savaient qu’ils prenaient un risque. Ils sont à la merci du premier contrôle de police.

Racisme, xénophobie : que faire ? les habits neufs du racisme

Lire cette analyse du (Le Monde diplomatique sur l'émergence d'un nouveau racisme...
Un bilan de santé de la société française confirme la gravité du problème : au cours des dix dernières années, selon les statistiques officielles, menaces et attentats racistes ont été multipliés respectivement par 14 et 16 (1). Le tabou qui frappait d’interdit l’antisémitisme est peu à peu levé. Selon de récents sondages d’opinion, 24 % des personnes interrogées trouvent qu’il y a trop de juifs en France, et 71 % qu’il y a trop d’Arabes. Le racisme se banalise : 45 % « comprennent » le vote en faveur du Front national.

Dans la peau, d'un noir à Alger (

Lire dans allAfrica.com
UN article du journal La Tribune qui revient sur des incidents racistes dans les universités d'Alger.

Adem: Il doit partir

Lire l'article du Le Matin Online
Malgré la pression, le conseiller d'Etat Jean-Claude Mermoud est inflexible: le bien-aimé requérant kosovar de Bassins doit quitter la Suisse

Adem Salihi, 42 ans, chouchou de Bassins (VD). Le requérant kosovar adoré par tout son village, loué pour sa gentillesse, sa disponibilité et son travail fait la une des médias depuis deux semaines. Mais ce 31 mai, après douze ans en Suisse il doit quitter le territoire. Le conseiller d'Etat Jean-Claude Mermoud prévient qu'il ne changera pas d'avis.

Adem pourra-t-il rester? Peut-on espérer un «geste humanitaire»?
Non, il doit partir. Et il ne s'agit pas d'un cas humanitaire. M. Salihi est revenu clandestinement en Suisse en 2000. Ce n'est pas un requérant d'asile mais un réfugié économique.

Qui bénéficie d'un incroyable soutien de la population...

Il existe surtout un énorme tapage médiatique qui n'aide pas à la sérénité. Sur le fond, tous les recours sont épuisés et il n'y a pas d'élément nouveau. Le dossier de M. Salihi a été traité avec toute la sensibilité nécessaire. Mais il doit comprendre qu'il doit partir. Son cas n'est pas exceptionnel.

Pas exceptionnel? Il est employé communal: donc fonctionnaire!

Artificiellement fonctionnaire! En l'engageant, la Municipalité de Bassins a commis une erreur - c'est même le moins que l'on puisse dire...

Tout un village le défend: est-ce que ça ne démontre pas son intégration?

Il a un bon contact avec la population, mais ça ne suffit pas. Nous avons dû dernièrement renvoyer une personne depuis 21 ans en Suisse. C'est difficile, mais c'est notre travail.

Mardi, les habitants de Bassins vous ont apporté une centaine de lettres. Les avez-vous lues?
En partie et je n'y ai pas été indifférent. Mais il y a des règles et mon devoir moral est de les respecter.

Son dossier n'a jamais été transmis à Berne. Pourquoi?
On n'envoie plus les cas dénués de chance. Cela reviendrait à susciter de faux espoirs. Et, pour le canton, à détruire une crédibilité péniblement acquise.

Etes-vous prêt à rencontrer Adem?
Pourquoi pas, mais pour lui expliquer qu'il doit partir.

Il répète qu'il ne partira pas...
Il sera convoqué au service de la population, qui se proposera de l'aider à reconstruire son avenir avec sa famille dans son pays. (réd: Adem a une épouse et quatre enfants au Kosovo.) J'espère que nous n'aurons pas à utiliser la contrainte.

mercredi 30 mai 2007

Adem: le syndic menacé par des extrêmistes de droite


L’affaire Adem Salihi dérape. Depuis une semaine, le syndic Didier Lohri est menacé par courrier et téléphone pour ses prises de position et son engagement concernant l’employé communal de Bassins qui doit quitter le territoire suisse d’ici vendredi (24 heures du 25 mai). «Les menaces visent l’honneur et l’intégrité de mon client», précise Me Jacques Barillon, auquel l’élu a confié la défense de ses intérêts.

Les auteurs, restés anonymes, seraient issus d’un groupuscule d’extrême droite. Didier Lohri se réserve le droit de déposer plainte pénale. Souhaitant avant tout que la pression sur la commune diminue, il n’en dira pas plus par la voix de son conseiller juridique.

La victime des intimidations n’est pourtant pas un jusqu’au-boutiste dans cette affaire où l’aspect émotionnel est très grand. Une fois toutes les voies de droit épuisées, le syndic et sa Municipalité s’étaient en effet résignés à préparer le retour au Kosovo de leur employé. Ils réfléchissent même à l’aider financièrement pour qu’il puisse se réintégrer dans sa région natale. Une action à laquelle s’est opposée une frange de la population.

Le climat de ses derniers jours, avec la fin du délai de départ d’Adem Salihi, a en effet suscité des réactions vives, souvent de bonne volonté, mais qui s’éloignaient parfois de la légalité. A l’instar de la volonté de cacher l’employé communal pour lui éviter un retour forcé au Kosovo.

Sans la police

L’idée répandue que la police débarquera vendredi pour expulser manu militari Adem Salihi n’est d’ailleurs pas totalement étrangère à ces dérives. Et pourtant, il n’est pas question d’utiliser la force, pour l’instant du moins. «La contrainte est l’ultima ratio», précise Frédéric Rouyard, délégué à la communication du Département des institutions et des relations extérieures (DIRE). Vendredi, le «chouchou de Bassins» ne sera donc pas inquiété et aura droit à quelques jours pour régler les affaires courantes avant son départ.

Le Service de la population (SPOP) ne prendra des mesures que si Adem Salihi ne montre aucune volonté à quitter le territoire. Ce qui pourrait quand même arriver, puisque le sans-papiers refuse toujours de rentrer dans son pays d’origine, où il dit ne plus rien posséder.

Au début du mois de juin, il recevra une convocation au SPOP pour fixer les modalités de son retour et organiser un plan de vol. Au cas où il devait ne pas se présenter au rendez-vous, le plan de vol lui serait alors imposé. Ce n’est ensuite qu’en dernier lieu, si Adem Salihi n’a pas fait tamponner sa carte de sortie à la douane, que la police pourrait intervenir pour le conduire chez le juge de Paix. Après audition, ce dernier est compétent pour mettre en œuvre les mesures de contrainte (détention administrative, accompagnement policier à l’aéroport…). Une issue que personne ne souhaite.
Un geste d’humanité demandé aux députés

Des membres du comité de soutien à Adem Salihi attendaient hier matin les députés du Grand Conseil sur les marches du Palais de Rumine. Avec eux, un tract demandant aux élus «un geste d’humanité»: «Usez de votre influence et faites respecter la volonté populaire!»

A deux jours de la date de renvoi de l’employé communal de Bassins, les pressions se font toujours plus fortes. Mais au parlement, les élus s’avouent impuissants. Impossible de modifier l’ordre du jour, explique Josiane Aubert, présidente du Parti socialiste vaudois. Et d’ajouter qu’une pétition en faveur d’Adem Salihi a déjà été acceptée par le parlement en début d’année.

«Le Conseil d’Etat a tout en main pour prendre une décision», note Serge Melly. Le député de Crassier, qui soutient l’employé communal de Bassins, estime que le gouvernement vaudois «doit accepter l’exception».

Le comité de soutien a, quant à lui, remis plus de 150 lettres de soutien signées par des habitants de la région au chancelier de l’Etat de Vaud, Vincent Grandjean.

Adem: Un geste d'humanité

Lire l'article dans Le Matin Online - Actu > Suisse -
Le comité de défense d'Adem était hier à Lausanne, espérant susciter la clémence de Jean-Claude Mermoud.

«Un geste d'humanité, s.v.p.» Cet appel au coeur a été distribué hier matin aux députés vaudois devant le Palais de Rumine, à Lausanne. Adem Salihi est «fonctionnaire depuis plus de six ans à la commune de Bassins, a un comportement irréprochable, est financièrement indépendant et parfaitement intégré», souligne le tract.

Reste que tous les recours ont été épuisés. Le requérant kosovar en Suisse depuis douze ans doit quitter le pays... demain! Gilbert Auberson, l'un des quatre défenseurs d'Adem qui a fait le déplacement depuis le village de Bassins (VD), ne veut rien entendre: «On se battra jusqu'à ce qu'il ait des papiers.»

L'action a en tout cas suscité la sympathie de nombreux députés, dont Serge Melly, célèbre pour son soutien en faveur des 523 requérants. «Le renvoi d'Adem serait ridicule, note-t-il. M. Mermoud doit se montrer magnanime. D'autant qu'avec à une telle pression populaire, il ne perdrait pas la face.»

Les défenseurs d'Adem savent que seule une décision du conseiller d'Etat peut sauver leur protégé. Hier matin, ils ont ensuite pris la route du Château pour lui délivrer un carton. «Il contient une centaine de lettres, explique Odile Hausser. Chaque habitant a interpellé à sa manière M. Mermoud. Tous ces messages sont remplis d'émotion.»

Qu'en pense Jean-Claude Mermoud? Rien de nouveau: Adem doit partir. Mais la police ne débarquera pas demain à Bassins pour expulser Adem. Au Département des institutions et des relations extérieures, on rappelle les étapes à venir. «Il recevra une convocation au service de la population. Là seront discutées les conditions de départ et il recevra une date pour un vol de retour. C'est seulement s'il ne se présente pas à l'aéroport qu'il s'expose à des mesures de contraintes.» Or Adem dit et répète qu'il ne partira pas.

«Messieurs Broulis et Mermoud étaient la semaine dernière en Grèce pour la finale de la Ligue des champions, sourit Serge Melly. J'espère que le premier a conseillé au second de jeter l'éponge.»

Passage à l'espace migration

La Suisse compte 1'526'094 étrangers

Lire la dépêche de Bluewin Infos
a Suisse compte toujours plus d'habitants provenant des Etats membres de l'UE et de l'AELE. Leur nombre a augmenté de 2% en un an. En revanche, celui de ressortissants d'Etats tiers a baissé de 1,5% sur la même période.

samedi 26 mai 2007

Retour volontaire de 150 Roms

Lire ce communiqué officiel de l'administration fédérale
Environ 150 requérants d'asile roumains ont décidé de retourner volontairement dans leur pays. Si la plupart d'entre eux ont retiré leur demande d'asile, un petit nombre a fait l'objet d'une décision de non-entrée en matière (NEM), la Roumanie étant considérée comme un Etat sûr. Ils sont ainsi rentrés à Bucarest le 25 mai 2007 par un vol charter.

Le Conseil de l'Europe s'inquiète de la baisse de la tol�rance dans les pays europ�ens

Lire cet article du Monde

30'000 demandeurs d'asile seront autorisés à rester aux Pays-Bas

Lire la dépêche sur Bluewin Infos
Quelque 30'000 demandeurs d'asile au maximum pourront rester aux Pays-Bas en vertu d'une amnistie décrétée par le gouvernement pour ceux qui ont déposé une demande avant avril 2001.

vendredi 25 mai 2007

Racisme: situation inquiétante en Europe

La situation du racisme en Europe est "inquiétante", notamment dans les pays en crise économique où les "étrangers sont stigmatisés" jusque dans "le discours politique", relève la Commission du Conseil de l'Europe contre le racisme et l'intolérance (Ceri) dans un rapport publié jeudi 24 mai.

"La situation d'ensemble concernant les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale est complexe et inquiétante", juge le Ceri qui constate "des phénomènes virulents de racisme et d'intolérance dans les Etats membres".

La commission "s'inquiète d'une intensification du climat d'hostilité envers les personnes qui sont ou sont perçues comme étant musulmanes", "continue d'être préoccupée par les phénomènes d'antisémitisme, de plus en plus répandus dans de nombreux pays européens" et "regrette que le racisme anti-noir soit encore très présent" et "pas suffisamment reconnu". La commission "déplore" aussi "les violations des droits de l'Homme dont souffrent les Roms".

Le Ceri juge enfin que "la lutte contre le terrorisme" pose un "problème fondamental". Elle a "entraîné dans certains cas l'adoption de législations directement ou indirectement discriminatoires ainsi que des pratiques discriminatoires de la part des pouvoirs publics"
Lire le rapport annuel du CERI

Adem le bien-aimé

Lire l'article dans Le Matin Online

Requérant d'asile établi depuis douze ans en Suisse, fonctionnaire, Adem Salihi doit quitter le pays dans une semaine. Mais pour tout son village, il n'en est pas question!

Adem, roi de l'intégration

Lire l'article dans Le Matin Online
Adem Salihi, requérant d'asile kosovar établi dans le petit village de Bassins (VD) depuis des années doit partir. Le 31 mai, il devra avoir quitté la Suisse. Il n'y a plus de recours possibles. Son cas est réglé, martèle Jean-Claude Mermoud, le conseiller d'Etat vaudois en charge du dossier.

jeudi 24 mai 2007

Adem: La population de Bassins unie derrière son employé communal


Lire la page 3 de 24heures.

Le départ d’Adem, je le vis comme une mort!» Kurt Nulens est à Bassins depuis quelques mois seulement, mais le départ annoncé au 31 mai de l’employé communal est un choc pour lui, comme pour l’ensemble de la po­pulation du village. Sans-papiers, Adem Salihi vient de voir sa der­nière demande de permis de sé­jour refusée.
Depuis qu’il a été engagé par la commune située au-dessus de Nyon en 2001, Adem Salihi s’est imposé comme une icône villa­geoise. «S’il pouvait se présenter à la syndicature, je perdrais ma place», estime le bouillonnant syndic, Didier Lohri. «Chez moi, c’est ici à Bassins. Je suis invité à manger chez les gens tous les jours. Ils me disent qu’ils ont confiance en moi, qu’ils m’aiment», témoigne le requé­rant débouté, vêtu de son panta­lon de travail orange soutenu par une ceinture sur laquelle est des­sinée une poya.
Adem Salihi est en effet la perle rare que la commune avait cherchée si longtemps. Avant lui, plusieurs employés communaux avaient endossé son rôle quel­ques mois, sans jamais donner satisfaction. L’un avait un pen­chant pour la dive bouteille, un autre un comportement inappro­prié avec la gent féminine, un troisième ne supportait pas les travaux physiques… «Il n’y a plus personne en Suisse pour faire le sale boulot», tonne le syndic, qui voue une grande ad­miration à son protégé.
Il faut admettre que l’employé communal prend son travail à coeur, pour son plaisir, en faisant bien plus que ce que stipule son contrat. On le voit ainsi à toute heure amener du matériel pour les décors d’un spectacle, porter les courses d’une vieille dame ou encore transporter les enfants qu’il croise sur le chemin de son travail… Il n’y a pas si longtemps, l’employé communal s’est même déplacé à Nyon pour ramener une jeune fille qui l’avait appelé juste après avoir raté le dernier taxi-bus.
Le coeur sur la main
«Il ne sait pas dire non, avoue son ami Kurt Nulens. Parfois, j’ai quand même l’impression que certaines personnes abusent de ses services…» Une affirmation qui ne manque pas d’étonner le vaillant travailleur. «Il s’agit juste de petits services», s’enflamme Adem Salihi.
Car le travail est une vertu pour ce Kosovar de 42 ans, qui n’a jamais cessé de travailler de­puis son arrivée en Suisse en 1996. «C’est lui qui me téléphone pour savoir s’il peut venir tondre mon gazon», raconte même une vieille dame, toute frêle, devant l’épicerie.
Aujourd’hui la fin du règne d’Adem Salihi approche, et rares sont ceux qui s’en réjouissent. Face à la ferveur populaire pour le soutenir, les voix dissidentes sont rares. «Vous savez, ici, il est des avis qu’on préfère garder pour nous», murmure un jeune homme.
La plupart des habitants gar­dent même encore espoir qu’Adem Salihi puisse rester à Bassins. Le comité qui le soutient a placardé des affiches deman­dant à la population d’écrire au Conseil d’Etat pour qu’il re­vienne sur sa décision de ne pas réexaminer le cas de l’employé communal. «Une belle quantité de missives nous est déjà parve­nue », lâche Odile Hauser, qui souhaite encore garder la sur­prise du nombre. Les enfants de l’école du coin ont eux aussi participé à cette action.
Aide communale au retour
Face à ce baroud d’honneur, la Municipalité endosse presque le rôle de traître avec le projet d’aide à la réinsertion au Kosovo qu’elle s’apprête à soumettre au Conseil communal. «Le comité de soutien n’est pas favorable à ce plan, admet du bout des lèvres Odile Hauser. Il donne l’impres­sion que nous baissons les bras.» Pour l’Exécutif, il est temps de préparer le retour de son em­ployé. Son idée est ainsi de don­ner à Adem toutes les chances de «revenir chez lui comme un vainqueur». Une délégation fera ainsi le voyage au Kosovo dans dix jours – payé par les vacations du syndic – pour évaluer ses besoins. Ensuite, un plan d’ac­tion sera mis en place pour lui offrir un logement décent et les moyens (véhicule et matériel) de lancer sa propre société, dans une région sinistrée économi­quement. Une subvention sur quatre à cinq ans n’est pas non plus exclue. «Si le 2e pilier d’Adem ne devait pas suffire, nous demanderons un crédit au Conseil», envisage Didier Lohri.
Certes on se démène pour lui, mais Adem Salihi reste décidé: «Je respecte la Municipalité, mais ses efforts ne serviront à rien. Jamais je ne rentrerai au Kosovo où je n’ai plus rien.» Il est déprimé. Il peine à trouver le sommeil, malgré les médica­ments. A la simple évocation de l’avenir, les larmes lui montent aux yeux. «Je ne sais pas ce que je vais faire. Je ne comprends pas ce qui m’arrive», insiste-il. L’homme, cassé, est incapable de se projeter au-delà de jeudi pro­chain, le jour où il rendra sa casquette d’employé commu­nal.
Une aide municipale
La Municipalité de Bassins ne laisse pas tomber son employé communal kosovar. Pour services rendus, la Municipalité aidera Adem Salihi à se réintégrer au Kosovo. L’idée de la commune est de gérer au mieux le 2e pilier de son employé communal pour lui permettre d’avoir une habitation décente et les moyens nécessaires pour se lancer professionnellement.
L’achat d’une voiture n’est pas exclu, tout comme une aide financière à moyen terme (quatre à cinq ans). Si l’épargne de son employé ne devait pas suffire, la bourse communale pourrait être sollicitée par le biais d’un préavis d’urgence lors du prochain Conseil.
La Municipalité se rendra sur place pour évaluer la situation.
La commune se sent redevable auprès d’Adem Salihi, qu’elle a engagé en 2001. Avant cela, il était arrivé en Suisse en 1996, et n’a jamais cessé de travailler dans le monde agricole. Ce qui lui permet d’envoyer de l’argent à sa femme, de qui il serait séparé, et à ses quatre enfants qui sont restés au Kosovo.
Ses demandes d’asile, en 1996, et de permis, en 2004, n’ont abouti ni l’une ni l’autre. Et ce malgré plusieurs recours et une pétition au Grand Conseil, qui avait récolté près de 500 signatures dans un village comptant un millier d’habitants. Adem Salihi doit quitter la Suisse 31 mai.
A moins que l’intervention de Philippe Martinet ne change la donne. Le député Vert vient d’écrire au président du Grand Conseil pour lui demander d’intervenir auprès du Conseil d’Etat. Ce dernier vient de refuser de réexaminer le cas d’Adem Salihi, comme le demandait la pétition. «J’estime que notre président ne peut pas se contenter d’une simple réponse du Conseil d’Etat, car elle ne prend pas en compte la décision du Grand Conseil d’examiner plus à fond la situation d’Adem Salihi. Dans son cas, les critères d’intégration sont évidents. Il n’y a donc pas grand-chose qui empêche nos autorités de lui accorder un permis de travail. En tous les cas, si on lui accordait un permis, on ne créerait pas de nouvelle exception au droit d’asile. Je pense que sa situation mérite un examen particulier.

Les pistes de Christoph Blocher pour réviser la norme anti-raciste

Lire l'article de Denis Masmejan dans Le Temps - Suisse
Le chef du Département fédéral de justice et police avait invité mercredi des experts à débattre d'une éventuelle modification de la loi. L'essentiel de la discussion s'articule autour de la question du révisionnisme.
Sur le même sujet le dossier de la première

Islamophobie et racisme progresseraient en Europe - Lepoint.fr

Lire cet article du Point
La Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri) s'inquiète, dans son rapport d'activité pour 2006, de "l'intensification du climat d'hostilité" envers les musulmans et de l'antisémitisme "de plus en plus répandu dans de nombreux pays européens".

Berne serre la vis aux Roms

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans Le Temps

L'Office fédéral des migrations (ODM) n'accordera plus d'aide au retour aux requérants d'asile déboutés qui viennent de l'UE. La décision a été prise le 7 mai, en toute discrétion. Elle vise en fait essentiellement les Tsiganes de Roumanie. Motif? Beaucoup ne viennent en Suisse que pour toucher cette aide d'environ 500 francs, a constaté l'Office

La politique de la peur crée un monde divisé

Lire ce résumé des travaux d'Amnesty sur Relief Web
Des gouvernements puissants et des groupes armés suscitent délibérément la peur afin de porter atteinte aux droits humains et de créer un monde de plus en plus divisé et dangereux, a déclaré aujourd'hui Amnesty International à l'occasion de la sortie de son Rapport 2007 qui, comme les précédents rapports annuels de l'organisation, dresse un état des droits humains dans le monde.
Sur le même sujet, l'article de Libé

Amnesty fustige la Suisse

Lire la dépêche de Bluewin Infos
Amnesty International critique la Suisse pour sa révision du droit d'asile. L'organisation internationale souligne dans son rapport annuel que le racisme et la discrimination ont tendance à se banaliser.

Lien direct vers la partie du rapport consacré à la Suisse
Lire aussi le dossier de Swissinfo

mercredi 23 mai 2007

Adem: Courrier de lecteurs de 24heures

le village de Bas­sins est en deuil
Aujourd’hui, le village de Bas­sins est en deuil. En deuil, car nous sommes sur le point de perdre notre ami et employé communal, Adem Salihi. En deuil, parce que nous parta­geons sa douleur, sa tristesse et son sentiment d’incompréhen­sion et d’injustice face à cette décision d’expulsion qui dépasse tout entendement!
Aujourd’hui, le village de Bassins est en révolte. En ré­volte, car nous rejetons un citoyen du monde, honnête et travailleur, un Bachenard bien intégré depuis de nombreuses années, apprécié pour sa gen­tillesse auprès des personnes âgées et des enfants du village, pour sa serviabilité et son dévouement!
Aujourd’hui, les habitants de Bassins ont honte… Oui, honte à nous d’être Suisse… honte à nous d’être Vaudois… honte à nous d’avoir élu un gouverne­ment qui puisse cautionner une telle décision, humainement inacceptable et indéfendable… honte à nous de nous cacher derrière des lois et règlements juridiques pour justifier l’injus­tifiable!
Aujourd’hui, les habitants de Bassins se rassemblent, réagis­sent et se joignent au mouve­ment de solidarité qui entoure Adem Salihi. Ils gardent espoir que tout n’est pas perdu, que le bon sens dépassera l’indiffé­rence, que l’ouverture et l’hospi­talité l’emporteront sur le rejet et l’exclusion!
Olivier Gianina,
Bassins

La Suisse perdrait-elle son âme?
Je crains que la Suisse perde son âme et ne s’incline que devant des personnes dotées de fortunes, de grosses fortunes même.
Comme les habitants de Bassins et leur syndic, j’ai le coeur serré de voir M. Adem Salihi obligé de quitter la Suisse alors que c’est un homme res­pectable et travailleur, aimé dans cette commune.
La Suisse oublie ce qu’elle doit aux étrangers venus pour faire les travaux les plus durs, mais elle oublie aussi que tant de Suisses ont dû s’expatrier dans des contrées lointaines parce que leur propre pays ne pouvait pas les nourrir.
Je dis donc honte aux nantis et aux politiques qui, d’un coup de stylo Mont-Blanc, en haus­sant les épaules, biffent le nom d’un particulier méritant.
Je souhaite que beaucoup de lecteurs de ce journal aient un coup de coeur en faveur de M. Salihi.
Germaine Chevalley-Cordey,
Puidoux

Belgique: Entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la procédure d'asile

Lire cette info sur alterecho
Dès le mois de juin 2007, une nouvelle procédure d'asile simplifiée entrera en vigueur, les deux phases étant réduites à une seule. Dorénavant, la procédure devrait durer au maximum un an. Auparavant, lors de la deuxième phase de la procédure d'asile, les demandeurs d'asile pouvaient demander une aide financière auprès d’un CPAS. Cela change: les demandeurs d'asile reçoivent uniquement une aide matérielle tout au long de la procédure d'asile.

Neuchâtel et le Jura oseront-ils permettre aux étrangers d'être élus?

Lire l'article de Serge Jubin dans Le Temps
Combattue par des référendums, l'éligibilité des étrangers est au menu de la votation du 17 juin dans les deux cantons. Si elle devait être approuvée, ce serait une première en Suisse, autrement qu'au travers d'une révision constitutionnelle.

Au sein du gouvernement, pas de salut

Lire dans le Courrier cet article de VIRGINIE POYETTON

En janvier 2006, les Verts présidaient le comité référendaire contre les deux «Lex Blocher». Pour quelques mois plus tard encaisser un double échec en votation populaire. A qui la faute? En partie au PS, estime leur président Ueli Leuenberger. Un PS qui mène une politique douteuse en proposant un contrat d'intégration proche de ce qu'aurait pu proposer l'UDC. En partie à l'extrême gauche, qui a également semé la confusion avec son refus de la libre circulation des personnes. C'est aussi à cause du glissement de la droite bourgeoise vers les thèses défendues par l'UDC. «En commission, sur la question des naturalisations par les urnes, seuls un radical et un démocrate-chrétien se sont opposés au projet de l'UDC, relate le président des Verts. De notre côté, on est sur la défensive et on essaie de limiter les dégâts.»
Après le double échec du 24 septembre, les Verts annoncent qu'ils lanceront une initiative parlementaire sur l'intégration. Pour l'instant, rien à signaler. Le projet attendra probablement la fin de l'année. On est trop proche des élections fédérales d'octobre. Pour le reste, le parti entend s'appuyer sur le mouvement associatif et plus particulièrement soutenir l'Observatoire suisse du droit d'asile et des étrangers. Pour Ueli Leuenberger, tant que Christoph Blocher sera au Département de justice et police, il semble difficile d'envisager un réel changement de politique. Mais comment le président des Verts explique-t-il la frilosité de la gauche sur les questions migratoires? «D'une part, les immigrés n'ont pas le droit de vote. Les soutenir n'est pas vraiment payant, électoralement parlant.» D'autre part, les syndicats ont longtemps laissé cette question de côté. «Les deux cercles sont encore bien intériorisés.» Reste aussi que la politique suisse appelle les alliances, le compromis, pour ne pas dire la compromission. «La question est de savoir si certains compromis sont acceptables ou non», conclut M.Leuenberger.
A la gauche du PS, la question est déjà tranchée. Pour le conseiller national popiste Josef Zisyadis, il est évident qu'aucune résistance ne peut s'organiser au sein du gouvernement. Le PS doit sortir du Conseil fédéral. «Les socialistes entrent dans la démarche de l'UDC pour prétendument empêcher le développement du racisme. Mais le contrat d'intégration ne s'inscrit pas dans une politique de résistance.» Le conseiller national en appelle aux droits civiques des étrangers, à la naturalisation après cinq ans et à une régularisation collective des sans-papiers. Avec trois représentants aux Chambres, A gauche toute! ne fait évidemment pas le poids face au deuxième parti du pays. Mais le parlementaire se réjouit d'avoir au moins réussi à porter le débat sur la scène publique.

Histoire d'une désertion

Lire dans le Courrier cet article de VIRGINIE POYETTON

L'ambiguïté des positions défendues par le PS doit aussi se comprendre à la lumière des liens étroits que le parti entretenait avec le mouvement syndical. Un grand nombre de responsables syndicaux de l'époque étaient également conseillers nationaux socialistes. Or, dans les années 1960-1970, l'Union syndicale suisse (USS) tient un discours très alarmiste sur la présence des étrangers en Suisse. Elle en appelle à une limitation du recrutement à l'étranger et à la «stabilisation» de l'effectif d'immigrés[1]. Peu à peu, sous la pression des syndicats du bâtiment –composés d'un grand nombre de travailleurs migrants–, le discours de l'USS change. Dans les années 1980, la faîtière demande l'abrogation du statut de saisonnier. Dix ans plus tard, elle rejette la politique dite des trois cercles, soutient la libre circulation des personnes et les droits politiques des étrangers.
Or, ceux qui ont amené les syndicats à une posture d'ouverture ne font pas partie de la base électorale du PS. Ce dernier voit d'ailleurs également sa clientèle évoluer. Celle-ci appartient de plus en plus à la classe moyenne (alors que les milieux ouvriers rallient souvent les rangs de l'UDC). La prudence est toujours au rendez-vous. La peur de «se couper de la base» domine la politique migratoire du parti. Et explique la difficulté qu'a eu le parti à lancer le référendum contre la loi sur les étrangers. Cette loi –à l'inverse de la loi sur l'asile– fait appel à la peur d'une «surpopulation étrangère» à contenir.
Pourtant, toutes les voix socialistes ne chantent pas à l'unisson. L'exemple du contrat d'intégration, auquel la grande majorité des délégués romands se sont opposés, est révélateur. Pour le chercheur en sciences politiques lausannois Alexandro Afonso, sur la question migratoire deux grands courants s'affrontent aujourd'hui au sein du parti: le «PS mainstream» et le PS aile «sociale-libérale» –aile à laquelle la conseillère nationale Simonetta Sommaruga (lire ci-contre) appartiendrait. Quand la première milite pour une politique d'admission ouverte, la seconde se défend d'une pratique restrictive: «Une stratégie utilisée dans d'autres pays européens: pour mieux intégrer les migrants présents, il faut limiter l'arrivée de nouveaux.» VPN
[1]Lire Changer la baraque, Jean Steinauer et Malik Von Allmen, éditions d'En Bas, Lausanne 2000.

Migrations: la mauvaise conscience du parti socialiste

Lire dans le Courrier l'interview d'Ursula Wyss par Virginie Poyeton
La politique migratoire: une épine sur la tige de la rose socialiste. Entre protectionnisme et ouverture, les positions du deuxième parti de Suisse manquent souvent de cohérence et de fermeté. En 1931 déjà, le PS ne proteste pas lorsque l'«Überfremdung» (surpopulation étrangère) fait son apparition dans la législation suisse. Aujourd'hui, face à la montée de l'UDC xénophobe, le principe du contrat d'intégration semble bien dérisoire.
En décembre 2005, le Parti socialiste décidait –avec d'autres– de lancer le référendum contre la révision de la loi sur l'asile. Pas celui contre la loi sur les étrangers. Pour le parti gouvernemental, toutes les forces devaient se concentrer sur la tradition d'accueil humanitaire. Par la suite, le PS reviendra sur sa décision, mais son refus de combattre de prime abord une loi que d'aucuns qualifieront d'«inhumaine et xénophobe» cache mal le malaise qui habite le parti dès que l'on parle de politique migratoire. Le 24 septembre, les deux lois sont finalement acceptées en votation populaire. A hauteur de 67%. Un échec cuisant pour toute la gauche et le monde associatif.
Deux mois plus tard, le Parti socialiste essaie de se repositionner sur le devant de la scène et adopte, en assemblée générale, le principe d'un contrat d'intégration. Un document que le migrant signerait dès son arrivée, s'engageant ainsi à fréquenter des cours de langue et à participer à des séances d'information.
Dès le départ, le principe du contrat agace l'aile progressiste du parti. Discriminatoire envers les non-Européens, trop proche de ce que l'UDC aurait pu proposer, stigmatisant à l'égard de la communauté musulmane. Que faut-il déduire de cette initiative? Le seul parti gouvernemental d'opposition entend-il battre l'extrême droite sur son propre terrain? Le PS est-il réellement attaché à la Suisse multiculturelle dont il se revendique? Rencontre avec Ursula Wyss, conseillère nationale bernoise et présidente du groupe socialiste aux Chambres fédérales.

Quand on regarde en arrière sur ces dix dernières années, on a un peu l'impression que le PS se fait dicter l'agenda de la politique migratoire par l'UDC.
J'ai l'impression qu'avec les deux nouvelles lois votées en septembre –et notamment avec la loi sur les étrangers– on a réussi à remettre l'accent sur l'intégration. En ce moment, nous sommes d'ailleurs en pleine consultation des ordonnances d'application des lois. Et avant l'été, nous aurons une présentation d'un plan d'action d'intégration au niveau national. C'est une nouveauté. Jusqu'à aujourd'hui, le débat se menait au niveau local uniquement. Ce n'est que dans le milieu des années 1990 qu'on a commencé à réaliser qu'on avait affaire à une nouvelle sorte d'immigration. Les étrangers n'arrivaient plus seulement en Suisse par le biais du travail, mais aussi à travers le regroupement familial. Cette forme d'immigration posait de nouveaux défis. Le Parti socialiste a très vite insisté sur l'intégration au niveau cantonal et communal, mais il n'avait pas les moyens pour mener une politique nationale. On a perdu dix ans. Et maintenant on a cet article sur l'intégration qui figure dans la nouvelle loi sur les étrangers.


Vous parlez beaucoup d'intégration, mais quand l'UDC attaque la minorité musulmane, on entend peu le Parti socialiste...
C'est vrai. Nous devons réagir, car en Suisse nous n'avons jamais eu de problèmes avec la population musulmane. Au contraire, je pense qu'il faut aller plus loin dans son intégration et sortir les mosquées de la clandestinité. Certaines se trouvent dans des caves. Les fidèles pratiquent leur religion dans des conditions inacceptables pour un pays dont la Constitution garantit la liberté de culte. Je pense qu'il est absolument nécessaire de mener un débat sur les religions. Ce n'est pas en les interdisant qu'on résout les problèmes, mais par le biais d'un contrôle public. De notre côté, nous proposons que les imams suivent des cours de langue et étudient les fondements de notre démocratie. L'UDC, pour sa part, ne propose rien de positif. Elle fait campagne sans se rendre compte qu'elle nuit à l'image de la Confédération en général. A l'étranger, la Suisse est perçue comme un pays intolérant envers l'islam. Or ce n'est pas le cas. C'est l'UDC qui va nous créer des problèmes. C'est irresponsable de sa part.


Depuis les votations de septembre, les partis ne parlent presque plus de personnes frappées d'une non-entrée en matière (NEM), ou de sans-papiers; la question est-elle réglée?
Non, je n'ai pas l'impression que la question soit réglée. Elle est passée au niveau cantonal. Et le débat a surtout lieu en Romandie. Lors de la campagne sur les deux lois, l'accent a été mis sur les requérants d'asile et les étrangers. Ces lois ont été acceptées par la majorité du peuple, la gauche a perdu. Cela ne nous donne pas la légitimité nécessaire pour corriger les textes. Le problème est maintenant de savoir comment Christoph Blocher les fera appliquer. On sait, par exemple, qu'il a décidé d'engager des étudiants pour faire passer les entretiens d'admission aux requérants d'asile. C'est inadmissible.


Face à la campagne xénophobe de l'UDC, quels seront les grands axes programmatiques de votre politique migratoire?
Tout d'abord, nous soutenons les bilatérales –à condition que les mesures d'accompagnement soient renforcées. Dans le canton de Zurich par exemple, il existe encore très peu d'inspecteurs du travail. Le Parti socialiste soutient également une migration dans des conditions justes: des salaires suisses, mais aussi le droit à une formation qui donne aux immigrés la possibilité de s'intégrer. On s'attend également à ce que les étrangers s'engagent pour leur intégration et que l'égalité entre hommes et femmes soit respectée.

Dans les campagnes de l'UDC, les femmes font aussi l'objet d'une attention particulière. Surtout la femme musulmane...
Oui, mais l'UDC ne fait rien pour lutter contre la violence, contre les mariages forcés. Or, il faut tout faire pour protéger les victimes et punir les abuseurs. A Saint-Gall par exemple, un mari violent a été expulsé et le statut de sa femme et de sa fille renforcé. Il est inacceptable qu'un homme batte sa femme pour des motifs religieux, mais on se trompe si on renvoie la femme.


Et sur la question de l'asile, que proposez-vous?
Nous souhaitons renforcer les organisations qui s'occupent de requérants d'asile et de réfugiés. Qu'elles aient les moyens de contrôler l'administration. En ce qui concerne la loi, il est maintenant difficile de changer quoi que ce soit.


L'idée du contrat d'intégration n'a pas convaincu l'ensemble du parti. Existe-t-il une divergence de vues profonde au sein du PS?
Nous avons majoritairement décidé de soutenir le principe du contrat d'intégration. Il va être proposé par le Conseil fédéral pour des cas spéciaux. Je pense que c'est une bonne mesure. Cela permet de s'occuper de l'intégration d'un étranger dès son arrivée en Suisse. Un des reproches avancés concernait le cas des analphabètes. Il est clair qu'on ne peut pas exiger la même chose de tous. Il faudra agir au cas par cas. L'essentiel pour nous est que ce contrat souligne le fait que la Confédération prenne les étrangers au sérieux et que l'Etat s'engage à leur offrir des cours.


Votre collègue Simonetta Sommaruga a affirmé dans Le Temps: «Il faudra limiter le nombre de nouveaux arrivants.» C'est un peu surprenant. N'était-ce pas déjà l'objectif des «Lex Blocher»? Faut-il aller plus loin?
On a surtout besoin de personnes qualifiées. A l'avenir, ces travailleurs viendront de plus loin que du territoire européen. La Suisse doit s'engager pour que davantage d'étrangers viennent dans notre pays. Quant aux requérants d'asile, s'ils sont menacés, il faut les accueillir. Ce n'est pas une question de chiffres. Pour les extra-Européens, on a déjà des contingents. Je ne vois pas où MmeSomaruga voit le besoin d'agir.


«Des normes pénales plus strictes doivent être adoptées afin de réprimer des mensonges ou des dénigrements des communautés étrangères.» Que signifie cette affirmation tirée de votre plate-forme électorale?

C'est une erreur. Cette phrase ne veut rien dire. Ce qu'on voulait dire c'est qu'il faut renforcer la norme antiraciste, lutter contre les mensonges qui dénigrent les communautés étrangères. I

mardi 22 mai 2007

L'islam ne doit pas être diabolisé à des fins électorales

Lire les réactions des lecteurs de 24heures au sondage du jour:

Une écrasante majorité désapprouve le nouveau cheval de bataille de la droite populiste.
Non, pas du tout. A mon avis, ceux qui veulent utiliser ce thème sont des malveillants qui n’ont pas de projets. Alors, ils font tout pour semer la zizanie au sein d’une commu­nauté qui vit sereinement dans une belle démocratie.
BOUCHRA CHERKAOUI
BOUDRY (NE)

L’islam m’intéresse en tant qu’il est la religion d’une mul­titude de personnes dont je ne peux ni ne veux ignorer la foi, le comportement et les souf­frances. Il m’inquiète soit par les violences que pratiquent certains groupes, soit par certaines affirmations du Coran qui nient le coeur de la foi chrétienne: la mort en croix de Jésus. Enlevez le message de la croix du Nouveau Testa­ment, il ne reste qu’une morale sans vie. Or je désire que la vie circule dans les membres et les artères de mon pays.
PIERRE MORIER-GENOUD
LES MOULINS

L’instrumentalisation de la part de l’UDC est honteuse pour notre pays et nos valeurs. J’espère que nos concitoyens ne tomberont pas dans le piège. Je compte sur les mé­dias pour sans cesse informer le public afin de remettre ce parti raciste en face de ses responsabilités. On ne peut pas (plus) se laisser manipuler sans réagir.
MICHEL FARINE
ÉCUBLENS

L’islam n’a pas sa place dans la politique de ce pays. Depuis quand le christianisme, le judaïsme, l’hindouisme font-ils de la politique ici? Ne laissez pas, sous des prétextes falla­cieux tels que la construction ou non de mosquées supplé­mentaires et de minarets, entrer l’islam en campagne pour les élections. Ne savez­vous pas que les intégristes islamistes considèrent leur religion comme «bien plus qu’une religion»? C’est aussi leur politique!
STÉPHANE COECKELENBERGH
PRILLY

Suisse, terre d’accueil et d’ignorance? La peur de cer­tains de nos dirigeants nous pousse à l’intolérance et à la crainte. Notre vieille devise est «Y en a point comme nous», alors innovons sans peur dans l’acceptation de l’autre.
ANNETTE MANZONI
MORGES

Nous sommes arrivés au point où une décision est nécessaire concernant l’attitude à avoir avec les habitants - nationaux ou non - musulmans. Il faut savoir quels sont les intermé­diaires entre eux et nous, et quelles limitations nous fixons à une ingérence religieuse dans l’Etat. Les Suisses ne peuvent pas eux-mêmes définir qui sont les intermédiaires avec les musulmans et encore moins utiliser le manque d’unicité pour les décrédibiliser. En revanche, au moment où le peuple saura les positions de la majorité des musulmans, il pourra donner son opinion.
DAMIEN HOTTELIER
ÉCUBLENS

Il y a des sujets plus impor­tants à débattre, surtout que l’islam est une carte jouée par les partis d’extrême droite pour récolter les voix de ceux qui ont des tendances xéno­phobes. Je propose à la droite de parler, par exemple, de la famille, la fiscalité, la mobilité.
ZAKARIA RAJI
NEUCHÂTEL

Je ne crois pas à un retour en arrière sous l’influence de l’islam. Ce retour que l’UDC nous présente comme un danger pour notre démocratie est impossible car tout indi­vidu, homme ou (surtout) femme, sait que nos institu­tions protègent la liberté indi­viduelle. Ma plus grande crainte est que l’UDC nous fasse tomber de Charybde en Scylla, que sous prétexte de préserver nos libertés, elle nous impose des contraintes supplémentaires.
DIDIER BAUDOIS
ATTALENS (FR
)
L’islam est une religion, il en existe beaucoup d’autres. Notre pays étant laïc, cette religion n’est en rien concernée par les élections, même s’ilyades extrémistes élus qui serviront à rééquilibrer l’extrême laxisme de tant d’autres.
ROBERT BRAND
GRANDVAUX

Le choc des civilisations passe peut-être par l’islam; mais ce n’est pas nécessaire qu’à chaque campagne électorale certaines formations politiques diabolisent cette religion.
Cette manière d’agir manque particulièrement de civisme et a l’art de compliquer l’intégration en stigmatisant ainsi une partie de la popu­lation.
JEAN-FRANÇOIS CHAPPUIS
MOUDON

L’islam a sa place en tant que sujet d’actualité, ni plus ni moins. On pourrait ajouter: «Le prophète a dit…», mais il ne faut pas mélanger sport, politique et religion!
RICHARD OTTH
BERNE

Dans un monde tolérant et ouvert, on ne poserait même pas la question.
Malheureusement, on en est encore loin.
CORINNE VUITEL
NEUCHÂTEl

Adem , Bassin n'a pas menti à l'Etat

Lire l'article d'Yves Merz dans 24heures
Réagissant aux propos de Jean-Claude Mermoud relatifs au renvoi de l’employé communal kosovar, le syndic Didier Lohri lui renvoie la balle.
D’un côté, une commune qui em­ploie un Kosovar sans papiers depuis six ans. De l’autre, l’admi­nistration du canton de Vaud qui décide d’expulser ce clandestin le 31 mai prochain. Le conseiller d’Etat reproche au syndic de lui «avoir donné de faux espoirs». Le syndic rétorque que «le canton a laissé pourrir la situation…» En 2001, Adem Salihi, qui a vu sa demande d’asile refusée en 1997, travaille pour un agri­culteur. Il est déjà connu dans le coin, a une carte AVS et un permis de conduire en règle, mais pas de permis de séjour.
«Nous l’avons engagé pour remplacer notre employé com­munal qui s’était blessé, expli­que le syndic Didier Lohri. C’est le paysan qui nous facturait ses heures. Lorsque nous l’avons engagé à temps complet, nous avons immédiatement signalé sa situation au Service de la population (SPOP). Nous n’avons jamais transgressé la loi et n’avons jamais menti.» Et de poursuivre: «Nous ba­sant sur la circulaire Metzler, nous avons toujours pensé que le cas d’Adem avait des chances
ALAIN ROUÈCHE
d’être régularisé. En cinq ans de procédures, jamais les services de l’Etat n’ont rencontré Adem Salihi ni la Municipalité. Plus grave, nous n’avons jamais reçu de remise à l’ordre.» Le conseiller d’Etat Jean­Claude Mermoud ne voit pas les choses du même oeil: «Tout employeur qui fait travailler un clandestin est en faute. Si l’em­ployeur est une commune, c’est encore moins acceptable. Le syndic de Bassins le sait bien.»
Les autorités sur place
Cela dit, l’attitude de la com­mune a-t-elle un lien de causalité avec l’expulsion? «Aucun, répond Jean-Claude Mermoud. Le cas est réglé. Comment justifier que cette personne soit intégrée alors que sa famille est au Kosovo?» Quant à la question de savoir pourquoi les services de l’Etat n’ont jamais rencontré Adem Sa­lihi, Jean-Claude Mermoud ré­pond qu’il s’agit de la pratique régulière et qu’il n’y a pas besoin de rencontrer les nombreux cas concernés pour étudier minu­tieusement leur situation.
Le syndic de Bassins a dû se faire une raison. «Le 31 mai, Adem ne travaillera plus à la commune. Début juin, nous nous rendrons au Kosovo pour faciliter sa réintégration. Si on ne fait pas ça, il reviendra en Suisse le lendemain de son ex­pulsion

Elections pestilentielles

Lire l'éditorial de Didier Estoppey dans courrier

La gauche ne fait pas face à ses responsabilités

Ce qui effraie particulièrement cette observatrice, c'est le silence presque total des intellectuels face au «national-populisme» de l'UDC. «Ceux qui s'étaient battus contre les lois sur l'asile et les étrangers semblent aujourd'hui totalement désarmés. Il est pourtant possible de démonter rationnellement les discours xénophobes et islamophobes. La mécanique mise en place par l'UDC est connue, des politologues comme Pierre-André Taguieff[1] l'ont démontée en montrant toutes les recettes: on élit un peuple fantasmé, puis on supprime tout lien entre le peuple et le chef. L'UDC nous mène vers une forme de dérive autoritaire soft en maniant populisme et hyperdémocratie. Dans un système politique comme le nôtre, cela permet de pervertir la démocratie directe par une multiplication d'initiatives par lesquelles on vide l'état de droit de sa substance.»
Mme Sambuc est ainsi frappée par la faiblesse des réactions à des propositions de l'UDC qui devraient pourtant soulever l'indignation. Ainsi avec celle visant à créer un droit d'exception permettant d'expulser collectivement toute la famille d'un mineur délinquant. «On prétend répondre à des délits par une injustice encore plus grande, on crée des amalgames entre nationalité et délinquance, et on accentue ainsi des différences fantasmées. A ce rythme, on finira vite par réduire à néant les libertés fondamentales que nous avons péniblement conquises et même renforcées depuis une génération grâce à la mise en oeuvre de la Convention européenne des droits de l'homme.»
L'exemple de l'expulsion est d'ailleurs loin d'être innocent. «On veut expulser ce qui n'est pas pur. Ce qui nous ramène à Nicolas Sarkozy et à son Kärcher... On induit que la Suisse est entachée d'impuretés, de déchets qu'il faut nettoyer. Tout l'argumentaire de l'UDC sur les naturalisations vient d'ailleurs jouer les purs contre les métissés. Et en rendant toute une famille responsable d'un crime, on suggère que c'est toute une communauté qui est responsable des faits et gestes des siens. Aujourd'hui, ce sont les musulmans qui sont pris en otages par cette logique implacable, comme le furent les juifs.»
Mais Mme Sambuc prévient: les étrangers ne sont que des «cas tests» pour la population indigène. «Ce que vise à terme l'UDC, c'est d'être de plus en plus dure avec les faibles et de plus en plus large avec les forts. On nous prépare à accepter toujours plus de restrictions aux libertés fondamentales. Et l'UDC sait masquer son idéologie par un style faisant diversion, se saisissant du moindre fait divers et jouant sur les peurs pour tenir l'électeur en haleine.»
Un style qui laisse les autres partis «groggy», analyse Mme Sambuc. Le centre-droite continue ainsi à chercher des alliances et un consensus avec l'UDC. «Mais on ne peut manger avec le diable sans être contaminé! Dans tous les partis, on ne parle que tactique électorale. Mais les objectifs visés, les valeurs fondamentales sont absentes du discours politique.»
Un constat qui vaut aussi pour la gauche. Mme Sambuc avoue ainsi son «malaise» à l'égard du type de contrat d'intégration qu'a décidé de soutenir le Parti socialiste suisse. «Les socialistes me semblent jouer avec le feu. L'intégration ne se décrète pas. Ainsi, on doit se demander si imposer la fréquentation des cours de langues n'est pas contre-productif: dès qu'on évoque la contrainte, on écarte la dimension du désir de s'intégrer chez l'individu. De plus, je doute que le PS capte ainsi un électorat qui n'est pas attaché à ça. Les tenants des libertés doivent rester clairs sur ce qu'ils veulent défendre. Là, le message est pour le moins brouillé.»
Mais il y a plus grave aux yeux de notre interlocutrice: «La gauche peine à jouer son rôle d'opposition face à l'UDC et aux abus intolérables de son discours. Est-elle trop timide, n'a-t-elle pas pleinement pris conscience de la gravité de la situation? Je m'interroge. Mais je constate qu'elle est tentée, surtout en période électorale, d'esquiver ses responsabilités, en ne posant pas les questions de société fondamentales auxquelles nous confrontent les dérives provoquées par l'UDC.»

Le minaret qui cache la forêt

Lisez absolument cette analyse de Didier Estoppey qui dans le Courrier décortique la stratégie de l'UDC depuis 2 ans...

Car tout comme elle avait su provoquer en 2003 l'élection de son conseiller fédéral fétiche en imposant sa candidature dès le soir des élections fédérales, l'UDC a su faire des questions migratoires le thème incontournable des fédérales de 2007. En faisant preuve, une nouvelle fois, d'une belle capacité d'anticipation et d'exploitation de la moindre fenêtre médiatique. Et sans hésiter à faire feu de tout bois.


Tout démarre à Rhäzüns

C'est ainsi que, début septembre, Christoph Blocher a su donner une audience internationale à un fait divers qui venait de secouer la Suisse: le viol d'une fillette de cinq ans par deux préadolescents à Rhäzüns, dans les Grisons. En dévoilant l'origine balkanique des deux garçons, le conseiller fédéral relançait un débat qui n'a eu de cesse, depuis lors, d'agiter la classe politico-médiatique: faut-il ou non publier la nationalité des criminels?
Un mois plus tard, le conseiller fédéral, alors en visite officielle en Turquie, dégoupillait une autre grenade en s'attaquant publiquement à la norme pénale antiraciste. Un autre débat public était lancé, ouvrant l'opportunité, pour l'UDC, de se poser en défenseur de la liberté d'expression. Et de remettre en cause une «loi-muselière» utilisée contre les «petites gens». «C'est à tel point que, par exemple, des personnes participant à des soirées de parents à l'école n'osent même pas évoquer les problèmes posés par les fortes proportions d'étrangers dans les classes de crainte de s'entendre accusées de racisme», préviennent les défenseurs d'un peuple qui avait pourtant souverainement accepté ladite loi[1].
Le parler vrai d'un côté, les velléités de censure des ennemis du peuple de l'autre: Christoph Blocher a su poser les jalons. Reste à labourer les terres. L'UDC s'y emploie avec une belle régularité, dont on peut retrouver la trace sur son site internet. Depuis l'automne dernier, il ne se passe pas une semaine ou presque sans qu'un communiqué du parti au titre évocateur ne vienne remettre la pression: «Halte à la brutalité et la violence des jeunes», «Les conséquences d'une politique des étrangers erronée», «L'UDC exige un durcissement drastique des peines», «Meilleure protection contre la violence et les délinquants sexuels», «La violence n'est pas le fait du hasard», «Violence chez les jeunes: tolérance zéro», «Stopper la violence», «Encore trois fillettes violées»...


L'asile n'est plus un problème

Curieusement, par contre, les affaires impliquant des dealers africains ont pratiquement disparu du discours de l'UDC. Depuis un certain 24 septembre et la mise à disposition de Christoph Blocher des outils qu'il exigeait, c'est comme si les requérants avaient disparu de la circulation. Il y a un an, l'UDC menait campagne contre les abus alors que le nombre de nouvelles demandes d'asile n'avait jamais été aussi bas. Aujourd'hui, elle omet de s'alarmer du fait que les demandes d'asile ont fait, entre le premier trimestre 2006 et le premier trimestre 2007, un bond de 23%, et que la nouvelle loi n'a visiblement pas les effets dissuasifs escomptés...
Mais ça marche, la presse sachant visiblement s'intéresser aux problèmes auxquels prétend s'attaquer l'UDC. Depuis quelques mois, la thématique de l'asile et de ses abus se fait nettement plus discrète dans les médias. Le moindre fait divers impliquant de jeunes étrangers semble par contre digne d'un débat télévisé.


Onze interventions sous le sapin

Veillant à alimenter la chronique, l'UDC n'oublie pas pour autant la politique. Fin 2006, en guise de cadeau de Noël, elle déposait ainsi à Berne onze interventions parlementaires visant à «améliorer la sécurité en Suisse[2]». Parmi les mesures destinées à alimenter le débat: réintroduction des mesures d'expulsion dans le Code pénal, imposition du régime légal suisse «aux étrangers provenant d'autres cercles culturels», retrait de l'autorisation de séjour aux «personnes qui refusent de s'intégrer», expulsion des parents d'enfants étrangers ayant commis un acte pénal, réduction des prestations sociales en faveur des délinquants étrangers, durcissement du droit pénal concernant les viols, refus de naturalisation pour toute personne en procédure pénale et enfin, last but not least, retrait de la nationalité suisse à tout naturalisé fauteur de troubles...
Un véritable tir en rafales, propre à nourrir le débat politique des amalgames dont est si friande l'UDC, comme en attestent ses communiqués de presse. «Criminalité des jeunes égale surtout criminalité des étrangers[3]», proclame-t-elle ainsi. Et tant pis si les preuves statistiques manquent de consistance: si on trouve aussi des Suisses parmi les criminels, c'est qu'on naturalise à tour de bras, assène l'UDC. «Nous naturalisons aussi la violence[4]», dénonce son éditorialiste en commentant l'affaire d'un homme ayant tiré dans la foule à Baden. Un homme en apparence bien sous tous rapports, Suisse et employé de banque. Mais d'origine irakienne. Et l'UDC de poser la question: «Le seuil de passage à la violence est-il plus bas pour des étrangers apparemment bien intégrés –surtout s'ils proviennent du milieu culturel musulman– même après de nombreuses années passées en Suisse?»
Bon sang mais c'est bien sûr: la criminalité relève de la génétique. Cela fait d'ailleurs des mois que l'UDC le martèle: «Les violeurs de Steffisburg, Rhäzüns et Zurich (...) sont tous, sans exception aucune, des jeunes étrangers ou des jeunes Suisses récemment naturalisés.»[5] «C'est terrifiant, relève Olivier Guéniat, chef de la Sûreté neuchâteloise et auteur d'un récent ouvrage sur la délinquance des jeunes (lire notre édition du 3 mai). En stigmatisant les deux jeunes violeurs de Rhäzüns, Christoph Blocher a donné corps à l'impression que tous les violeurs sont des requérants en provenance des Balkans. Or en 2005, on a compté en Suisse 132 actes de contrainte sexuelle imputés à des Confédérés, contre 42 à des étrangers et trois à des requérants.»


La gauche, cet ennemi du peuple

Mais l'UDC n'en a cure: «Des fillettes suisses sont violées par des étrangers et des naturalisés.» Et ces fillettes «sont les symboles vivants de l'échec de la politique d'intégration voulue par le camp rouge-vert.»[6]. La gauche a beau rester hyper minoritaire au plan fédéral: l'UDC a décidé, en cette année électorale, de la rendre coupable de tous les maux, que ce soit la hausse constante des impôts ou la progression de la criminalité[7].
Une gauche qui n'hésite pas à fomenter un «complot contre le peuple[8]», en soutenant les délinquants violents par les bâtons qu'elle met dans les roues de l'internement à vie des délinquants sexuels dangereux, conformément à l'initiative acceptée en votation populaire en février 2004.
Une initiative qui, une fois n'est pas coutume, n'émanait pas de l'UDC. Mais le parti ne manque pas de munitions. Son initiative en faveur du maintien des naturalisations par les urnes sans possibilité de recours est en phase d'examen au parlement. Une autre, encore en projet et demandant l'expulsion des étrangers délinquants et l'expulsion des «naturalisés criminels», sera soumise aux délégués de l'UDC le 30 juin, en même temps que celle sur les minarets. Enfin, le débat sur les contrats d'intégration prévus par la nouvelle loi sur les étrangers domine la campagne. Un terrain idéal pour utiliser chaque fait divers comme carburant, et pour contraindre les autres partis à livrer bataille sur le même thème. Ce qui permet au final de faire monter les enchères, comme on l'a vu avec les nouvelles lois sur l'asile et les étrangers...


Les statistiques, ça se tord

Les médias ne manquent pas, eux non plus, d'entrer dans la danse. Lorsque le même fait divers fait l'objet de plusieurs dizaines d'articles dans la presse, on a l'impression qu'il s'est produit des dizaines de fois, observe Olivier Guéniat. «Or si les actes les plus violents sont en effet en légère hausse chez les jeunes, on assiste globalement à une décontraction de la criminalité. Tous les indicateurs sont au vert. Il n'y a aucune raison de paniquer.»
Un discours qui peine pourtant à pénétrer les esprits... La classe politique semble impuissante à démonter les manipulations de l'UDC. «Le problème est que la Suisse ne dispose pas de chiffres unifiés, observe Olivier Guéniat, les statistiques cantonales sont disparates et se prêtent à toutes les interprétations et manipulations politiques.» Le fait, notamment, que les nombreux petits malandrins ne résidant pas en Suisse viennent gonfler la statistique des criminels étrangers pose problème. Le criminologue espère que les statistiques unifiées prévues à l'horizon 2010 avec le nouveau Code pénal faciliteront une vue plus objective. «Mais en attendant, c'est vrai que les discours alarmistes disposent d'un relais politico-médiatique très puissant. Seuls ceux qui crient le plus fort se font entendre...»

Note : [1]Communiqué de presse de l'UDC du 6 octobre 2006.
[2]Service de presse de l'UDC du 14 décembre 2006.
[3]Communiqué de l'UDC du 23 mai 2006.
[4]Editorial de Roman S. Jäggi, 16 avril 2007.
[5]Communiqué de l'UDC du 20 novembre 2006.
[6]Editorial de Roman S. Jäggi, 18 décembre 2006.
[7]Communiqué de l'UDC du 20 novembre 2006.
[8]Communiqué de l'UDC du 7 mars 2007.

Xénophobie: Comment l'UDC dicte le rythme.

Lire l'article de Diidier Estoppey dans courrier
Christoph Blocher a beau avoir remporté, le 24 septembre dernier, une victoire censée régler le problème, la question des étrangers continue à dominer la campagne électorale. Face à une UDC passée maîtresse dans l'art d'imposer son agenda, la gauche peine toujours à trouver ses réponses.
L'image ne manquera pas de frapper les esprits: un drapeau suisse transpercé par un minaret. Dévoilée début mai, l'affiche vient en rappeler une autre tout aussi nauséabonde, placardée sur nos murs il y a cinq ans: celle représentant un homme basané déchirant le même drapeau en entrant par effraction dans l'emblème de la patrie. L'UDC militait alors pour son initiative combattant les abus en matière d'asile, rejetée de justesse le 24 novembre 2002.
Une défaite qui sonne aujourd'hui comme une victoire retentissante: l'UDC a obtenu, le 24 septembre dernier, pleine satisfaction avec deux lois sur l'asile et les étrangers qui vont bien plus loin que son initiative de 2002. Le parti blochérien s'en félicitait d'ailleurs, avant même le résultat de la votation référendaire, en saluant ces deux lois comme un «succès qui était encore impensable avant les dernières élections». Et saluait le succès d'un long travail politique entrepris en 1978, lorsque l'UDC déposait sa première intervention en matière de politique d'asile.
Mais l'UDC continue à avoir de la suite dans les idées. Au lendemain de ce fameux 24 septembre son porte-parole national, Roman S. Jäggi, annonçait que son parti n'allait pas se contenter de cette «victoire d'étape sur la voie de l'assainissement de la politique des étrangers». Et annonçait le menu des combats à venir: s'attaquer aux «nombre excessif de naturalisations», imposer nos «règles de vie en société» à des musulmans témoignant «quasi quotidiennement» de «divergences insurmontables» avec «notre mode de vie démocratique et chrétien». Et s'intéresser, évidemment, à ces «demandes de construire des minarets (qui) se multiplient comme les champignons après la pluie ces jours-ci»[1].


Des mycologues attentionnés


Les minarets, justement. Ceux qui font depuis peu l'objet de cette initiative dont feint aujourd'hui de s'émouvoir une partie du monde politique. Mais qui font, depuis l'automne dernier, l'objet d'une attention particulière des mycologues de l'UDC. Pas de quoi faire déborder leur panier: les projets de minarets qui semblent subitement, par leur volonté de domination, menacer la paix religieuse en Suisse sont au nombre de trois, à Wil (Saint-Gall), Wangen (Soleure) et Langenthal (Berne). Ils sont l'objet depuis de longs mois déjà de polémiques souvent alimentées par des élus locaux de l'UDC. Le 6 septembre, anticipant l'après-24, le parti tenait une réunion afin de «coordonner les efforts» de ces élus. Parmi les participants, un certain Roman S Jäggi, député soleurois, ainsi que le conseiller national zurichois Ulrich Schlüer, devenu depuis lors chef de file du comité d'initiative anti-minaret.
Deux précautions valant mieux qu'une, des élus udécistes déposaient parallèlement des interventions parlementaires visant à interdire les minarets à Zurich et au Tessin, quand bien même aucun nouveau projet concret n'existe dans ces cantons. Mais l'UDC reste bien sûr un parti démocratique: ce n'est qu'en juin, à l'issue de son assemblée des délégués, qu'on saura vraiment si elle soutient une initiative qui provoque quelques hésitations dans ses rangs. Le cas échéant, on viendra nous rappeler que l'UDC n'a rien contre les musulmans ni contre les mosquées, ne s'attaquant qu'à leurs excès.


Emeutes, censure et terrorisme

Ce n'est bien sûr que pur hasard si, en septembre dernier aussi, lors de la session de Flims, le groupe UDC, mêlant habilement affaire des caricatures danoises, conflit au Proche-Orient, émeutes dans les banlieues françaises et attentats terroristes musulmans, intervenait auprès du Conseil fédéral pour lui demander ce qu'il compte entreprendre «quant à la sauvegarde des valeurs fondamentales démocratiques et chrétiennes en Suisse». Et il serait évidemment malvenu de prêter aux caciques de l'UDC quelque influence que ce soit dans la surenchère à laquelle se livrent d'ores et déjà certains milieux d'extrême droite. A l'image des jeunesses identitaires de Genève, qui arborent fièrement ce nouveau slogan sur leur site: «Pas de minarets? PAS DE MOSQUEES!» I
Note : [1]Lire l'éditorial du 25 septembre 2006.
[2]Lire le communiqué de presse de l'UDC du 19 septembre 2006.

A chacun sa façon de soutenir Adem Salihi

Lire l'article du journal La Côte

Jean-Claude Mermoud est prêt à rencontrer demain Adem Salihi pour lui dire de quitter la Suisse au plus vite. Serge Melly qui a défendu une motion «antirenvois» va envoyer une lettre ouverte au Conseiller d'Etat

lundi 21 mai 2007

Rapport de suivi NEM du 4e trimestre 2006

Lire le communiqué officielwww.news.admin.ch Rapport de suivi NEM du 4e trimestre 2006
Entre le 1er octobre et le 31 décembre 2006, 319 requérants d'asile ont été frappés, en Suisse, d'une décision de non-entrée en matière (NEM) exécutoire et exclus du système de l'aide sociale mis en place dans le domaine de l'asile. Durant cette même période, 822 personnes ont sollicité l'aide d'urgence et l'ont obtenue. Sur les 4990 personnes dont la NEM est entrée en force avant le 1er avril 2004 (cas soumis au régime transitoire, RT), 567 bénéficiaient encore de l'aide d'urgence au 4ème trimestre 2006.

Naturalisations: l'UDC dénonce le 'bradage' du passeport suisse

Lire la dépêche de Bluewin Infos
Enfourchant l'un de ses principaux chevaux de bataille, l'UDC a de nouveau dénoncé le "bradage" du passeport helvétique. "Les Suisses ne doivent pas devenir des étrangers dans leur propre pays", a lancé le président du parti, Ueli Maurer.

L'initiative contre les minarets ne pourra jamais être appliquée

Lire cet article de Valérie de Graffenried dans Le Temps - Suisse
Pour le socialiste Andreas Gross, le parlement n'aura pas d'autre choix que de faire voter l'initiative si elle aboutit. Mais, si le peuple l'approuve, les juges de Strasbourg condamneront la Suisse.

Etats-Unis: une loi ambitieuse pour régler l'immigration

lire cet article de Luis Lema du Le Temps - international
Avec une série de conditions, la porte de la légalité pourrait s'ouvrir aux millions de clandestins du pays.

Le «choc des civilisations» s’invite aux élections fédérales

Lire cet article de Vincent Bourquin dans 24 Heures
L’islam a en partie supplanté les requérants d’asile comme cible principale de ceux que les étrangers inquiètent. Et l’initiative «anti-minarets» n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le «choc des civilisations», cher à George Bush, se dessine en toile de fond.

Interdire la construction de min arets en Suisse, c’est le nouveau combat de la droite nationale en Suisse. L’initiative fait grand bruit. Tant à l’intérieur de notre pays qu’à l’étranger. Elle représente l’ultime avatar d’une focalisation de l’opinion publique sur les musulmans. Les étrangers seront à nouveau au cœur de la campagne électorale en vue des élections de cet automne. Mais désormais, l’islam a en partie supplanté les requérants d’asile comme cible principale de ceux que les étrangers inquiètent.
Le politologue de l’Université de Lausanne Oscar Mazzoleni rappelle que l’UDC, notamment, semble «surfer» sur la vague du «choc des civilisations», si cher à George Bush. Et de citer l’exemple d’une affiche vue lors des dernières élections zurichoises: «les valeurs suisses à la place de la charia». Les élections cantonales de ce printemps ont ainsi été riches en enseignement. «L’UDC a utilisé l’islam comme antithèse aux valeurs helvétiques», constate Oscar Mazzoleni. Des chiffres chocs ont été publiés: entre 1970 et 2000, la population musulmane à Zurich aurait ainsi augmenté de 1560%.

L’islamophobie ne date pas d’aujourd’hui

L’islamophobie en Suisse ne date pourtant pas du 11 septembre 2001. Historien à l’Université de Fribourg et auteur de plusieurs recherches sur la droite radicale et sa relation à l’islam, Damir Skenderovic insiste sur la continuité: «Ce discours s’inscrit dans la tradition d’une droite populiste en Suisse», affirme-t-il.

Ainsi au début des années 80, l’Action nationale (aujourd’hui rebaptisée Démocrates suisses) évoquait déjà le «danger de l’islamisation de la Suisse». Tout comme l’Union démocratique fédérale, parti fondamentaliste chrétien. Un discours repris en 1983 par Vigilance, à Genève.

A la fin des années 80, un auteur alémanique, Beat Bächlin écrivait un livre intitulé: L’islam va nous bouffer. Des extraits de cet ouvrage ont notamment été reproduits dans le journal de l’Action nationale.

Dès les années 90, ce thème va être repris par la section zurichoise de l’UDC. Notamment par l’un des principaux idéologues de cette nouvelle droite populiste, le conseiller national Ulrich Schlüer. Cet homme est d’ailleurs à l’origine de l’initiative contre les minarets. Tout comme il est le premier à avoir fait de l’islam un thème de politique fédérale. En 2004, il avait ainsi déclaré que si la naturalisation facilité était adoptée, les musulmans seraient bientôt majoritaires en Suisse.

Cette diabolisation des musulmans est-elle purement électoraliste? Damir Skenderovic ne le pense pas: «Il y a une véritable idéologie de l’exclusion», analyse-t-il. Oscar Mazzoleni parle, lui, de «stratégie réfléchie»: «L’UDC a toujours besoin de définir les étrangers. Avant c’étaient les Tamouls, les Kosovars ou les Africains, c’est désormais les musulmans. Et dans ses affiches, le parti zurichois mélange l’islam avec la criminalité, les coûts de l’asile et l’aide sociale.»

Blocher-Bush, même combat?

Une idéologie marquée par le christianisme comme chez les néoconservateurs américains? Pour Damir Skenderovic, la droite dure helvétique et les démocrates du centre sont davantage marqués par l’aspect culturel de l’occident que par les notions religieuses du christianisme. Quant à Oscar Mazzoleni, il rappelle que Christoph Blocher, est très marqué par le protestantisme. D’où le lien fait par de nombreux chercheurs avec la «révolution conservatrice américaine», et ses composantes constitutives: libéralisme économique, conservatisme moral et valeurs religieuses.

Président du groupe de recherche sur l’islam en Suisse, Stéphane Lathion voit lui aussi le «choc des civilisations» derrières les propositions de l’UDC. Il en appelle au civisme: «On complique l’intégration en stigmatisant ainsi une partie de la population. Il ne faut pas mélanger la méfiance légitime envers d’éventuels groupuscules extrémistes avec des amalgames qui manipulent émotions et fanta smes.»

dimanche 20 mai 2007

L'évêque qui veut un contrôle plus étroit des mosquées

Lire le dossier de swissinfo -

L'un des meilleurs experts catholiques de l'Islam estime que les autorités suisses devraient surveiller de près les mosquées du pays.

Initiative anti-minarets: le président de la FOIS la critique

Lire cette dépêche de Bluewin Infos
Le président de la plus grande organisation islamique de Suisse, Hisham Maizar, critique l'initiative en faveur de l'interdiction des minarets. La polémique provoquée par les caricatures n'a pas servi de leçon, estime-t-il.

Quand la Suisse la plus belle s'appelle immigration

LIre dans Le Matin Online

L'élection de Miss Suisse romande a fait fort la semaine dernière: la lauréate est d'origine serbe et ses deux dauphines sont issues de familles italienne et portugaise. Le phénomène se retrouve à l'échelle nationale et chez les garçons. Les beautés naturalisées ont décidément la cote. Enquête sur un succès politiquement incorrect...

L'Identité nationale déjà en crise

Lire l'article de Libé
Apeine nommé ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement, Brice Hortefeux doit faire face à une crise. Vendredi, huit des douze historiens composant le comité d'histoire de la future Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI) ont démissionné pour protester contre la création d'un ministère associant immigration et identité nationale

Adem, bien-aimé Kosovar expulsé

Lire l'article dans Le Matin Online - Actu > Le Matin

Adem Salihi, employé communal de Bassins (VD) devra quitter la Suisse le 31 mai. Bouleversés, les habitants de la commune s'insurgent. Le conseiller d'Etat Jean-Claude Mermoud répond.

Voir aussi la séquence de la TSR

Immigration et identité nationale, un ministère controversé

Lire ce que [ El Watan le quotidien Algérien pense de cette innovation
Brice Hortefeux, fidèle parmi les fidèles de Nicolas Sarkozy, doit concevoir et mettre en œuvre le nouveau ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Co-développement. Voulu par Nicolas Sarkozy, c’est le ministère le plus politique du gouvernement et le plus controversé.

vendredi 18 mai 2007

Adem paye son honnêteté!�

Lire l'article du Le Matin Online - Actu > Matin

Le 31 mai: Adem Salihi, 42 ans, voit cette date s'approcher avec désespoir. Dans quelques jours, ce requérant d'asile kosovar établi depuis douze ans en Suisse sera expulsé. «Pour vivre de quoi? Et dans quel pays? J'ai encore des papiers de l'ex-Yougoslavie...»

Le cas d'Adem est doublement exceptionnel. D'abord, tout un village - Bassins (VD), près de Saint-Cergue - est prêt à se battre bec et ongles pour qu'il reste. Ensuite il est... fonctionnaire! Adem est même l'employé communal de Bassins depuis déjà cinq ans.

Reste qu'en près de dix ans d'attente et de guerre administrative, tous les recours ont été tentés. Sans succès. Alors pourquoi continuer la lutte? «L'espoir, c'est que les autorités reviennent à de meilleures intentions», répond Gilbert Auberson, membre du comité de soutien. «Jean-Claude Mermoud a des permis humanitaires enfermés dans son tiroir. Qu'il retrouve la clé!»

Tous sont écoeurés
Très remonté contre le conseiller d'Etat, le comité ne tarit pas d'éloges sur son protégé. «Il est honnête, disponible, travailleur, intégré. Il paye ses impôts, son assurance maladie, son loyer. Il nous dépanne même au milieu de la nuit ou le week-end», tonne Antoine Briachetti, un autre des défenseurs d'Adem. «Il aide les personnes âgées à tondre leur gazon ou déblayer la neige.»

Tous sont écoeurés. Parce que, selon ce comité, une danseuse de cabaret obtient un permis en quelques jours. Parce que s'il travaillait au noir, on lui ficherait la paix. «Il paye son honnêteté, s'enflamme Antoine Briachetti, c'est un comble!» Ou parce que le canton ne l'a jamais entendu personnellement.

Adem a une femme - avec laquelle il ne s'entend plus - et quatre enfants au Kosovo. Mais sa vie est à Bassins. Aujourd'hui, il semble perdu.

Pas de faux espoir
«Je ne sais pas si je dois encore espérer, mais je ne comprends pas. Je n'ai pas manqué un seul jour de travail pour maladie. Je n'ai jamais fait une seule bêtise. Ça me fait mal.» En attendant la date fatidique, il se bourre de médicaments pour tenir.

Au Département des institutions et des relations extérieures, on indique que «pour ne pas donner de faux espoir, le canton ne transmet pas à Berne les dossiers dénués de chance de succès. Et sa situation ne remplit pas les conditions pour l'obtention d'un permis humanitaire. Enfin, sauf fait nouveau, toutes les voies de recours ont été épuisées.»

Mais à Bassins, les habitants promettent qu'ils ne lâcheront pas Adem.

«M. Mermoud a des permis humanitaires enfermés dans son tiroir. Qu'il retrouve la clé!»

Pourquoi Berne a dit non aux réfugiés irakiens

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans Le Temps

Lire aussi le dossier de Swissinfo
Micheline Calmy-Rey voulait que la Suisse accueille 500 réfugiés d'Irak. Au sein du Conseil fédéral, elle n'a été soutenue que par son collègue de parti, Moritz Leuenberger. Le HCR «regrette».

...Selon nos informations, elle n'a été soutenue que par son collègue de parti, Moritz Leuenberger. Christoph Blocher, dont le département chapeaute l'Office fédéral des migrations (ODM), n'a jamais caché son scepticisme quant au principe même de contingents. Il avait pourtant, durant la campagne de votation sur les lois sur l'asile et les étrangers, laissé entendre que ces lois permettront de combattre de nombreux abus et donc d'accueillir davantage de «vrais réfugiés». Mais avec plus de 5000 réfugiés et personnes admises à titre provisoire en provenance d'Irak, la Suisse se montre déjà généreuse, estime-t-il...

Porte close pour de nouveaux réfugiés irakiens

Lire cette info dans Suisse Armee.com
Le gouvernement suisse a décidé de ne pas accueillir de nouveaux réfugiés irakiens. Il préfère accorder son aide aux déplacés sur place.
Lire le commentaire de Didier Estoppey dans le Courrier
L'information était attendue. Elle n'en constitue pas moins une nouvelle douche froide pour toutes celles et tous ceux qui aspirent à vivre dans une Suisse préservant un minimum de dignité: le Conseil fédéral a refusé mercredi d'accueillir un contingent de 500 réfugiés irakiens. Le désaveu infligé par la majorité des sept «sages» à Micheline Calmy-Rey résonne comme une gifle qui a le mérite de montrer que les silences et les compromissions de la socialiste ne sont guère payés en retour. Mais au-delà de la conseillère fédérale, c'est l'ensemble de la diplomatie helvétique qui se trouve humiliée. Berne avait pris les devants pour organiser à Genève, il y a un mois, une conférence internationale destinée à mieux répartir le fardeau humain de la guerre en Irak. La Suisse, siège du Haut commissariat aux réfugiés et du Comité international de la Croix-Rouge, dispose de tous les atouts pour constituer un pôle d'excellence en matière de réflexion humanitaire. Malgré sa frilosité et son repli, elle continuait jusqu'ici à jouir à l'extérieur d'une bonne image. Avec la décision mesquine et bornée de son gouvernement, elle montre désormais à tous son vrai visage. On ne doute pas que la Syrie et la Jordanie, qui accueillent deux millions de réfugiés irakiens, sauront apprécier. Mais il y a pire. Ce refus d'entrebâiller la porte est une insulte faite à toutes les victimes de la guerre en Irak. Chaque mois, 50 000 d'entre elles sont jetées sur les routes de l'exil. Et on n'attend aucun apaisement du brasier allumé par la politique assassine de George Bush: hier encore, un rapport d'un centre de recherches britannique, Chatam House, mettait en évidence la multiplicité des guerres civiles ravageant un pays qui risque l'effondrement et l'éclatement. Mais la Suisse n'en a cure. Il y a un mois, elle levait l'admission provisoire pour les réfugiés originaires du nord de l'Irak, prétendant que les conditions étaient désormais réunies pour un retour dans un Kurdistan encore très instable et truffé de mines. Désormais, c'est à l'ensemble des exilés, même les plus vulnérables, qu'elle montre ses verrous. En prétextant cyniquement qu'une aide leur sera davantage profitable dans la région. Et en faisant passer, comme signe de sa générosité, son aide aux déplacés irakiens de 2 à 4 millions de francs par année. Cette politique va au-delà de l'autisme et de l'égoïsme: elle relève d'une forme de négationnisme. Il y a quelques années, la Suisse avait cru se racheter une vertu en se livrant à une introspection sur son attitude durant la Seconde Guerre mondiale. Elle montre aujourd'hui qu'elle est prête à renouer avec les pages les plus sombres de son histoire.

Aide au retour supprimée pour les requérants provenant de l'UE

Lire la dépêche de Bluewin Infos
L'Office fédéral des migrations (ODM) a décidé de supprimer les 700 francs d'aide au retour pour les requérants d'asile déboutés provenant de l'Union européenne (UE). Motif: les abus commis par des tsiganes provenant de Roumanie.

Visite en Afrique du chef de l'ODM

Lire la dépêche de Bluewin Infos
Le directeur ODM Eduard Gnesa s'est rendu au Caméroun et en République Démocratique du Congo (RDC). Dans ce dernier pays, il a plaidé pour le retour "volontaire" des quelque 800 Congolais en phase de renvoi en Suisse.

mercredi 16 mai 2007

Fête des enfants à Moudon


Lors de cette grande fête organisée par le groupe Suisse-Etrangers. Les habitants du centre FAREAS y ont pris une part importante .

Le dossier presse ci-joint témoigne de cette journée

Querelles de palais pour 500 réfugiés irakiens

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans Le Temps
Micheline Calmy-Rey proposera aujourd'hui au Conseil fédéral d'accueillir un contingent de réfugiés irakiens. Un plan qui ravit le HCR, mais pas tous ses collègues.

La mobilisation se poursuit pour Adem Salihi

Lire dans le quotidien La Côte

Le Conseil d'Etat a refusé de transmettre son dossier de régularisation à Berne. D'ici au 31 mai, date de son expulsion, ses amis restent combatifs.

mardi 15 mai 2007

Je ne renie pas mes racines�

Lire l'interview de la nouvelle miss Romandie dans Le Matin Online

La nouvelle Miss Suisse romande, Ivana Dugalic, est très fière de ses deux origines, suisse et serbe. Mais sa vie est ici, en Suisse

Le Courrier fait témoigner des jeunes musulmans

Caritas critique le durcissement de la politique de migration de la Suisse

Lire le dossier de swissinfo -

Caritas exige une politique de migration durable de la part de la Suisse. Dans ce but, l'œuvre d'entraide réclame une réglementation plus généreuse quant au statut des 'sans-papiers'.

L'Oréal jugé en appel pour discrimination à l'embauche

Lire l'article du Le Monde.fr

L'employé communal de Bassin sera expulsé

Lire l'article dans La Côte

Le Conseil d'Etat a tranché: Adem Salihi doit partir. Il s'agit d'un cas unique dans le canton puisque le Serbo-Monténégrin est fonctionnaire à Bassin.

La presse de boulevard fait le lit de l'extrême droite

Lire ce sujet de Bluewin Infos
Sur le même sujet l'article de Denis Masmejan dans le Temps
La presse de boulevard fait le jeu de l'extrême droite en présentant des sujets d'actualité de façon subjective et émotionnelle. Telle est la conclusion d'une étude menée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS).

[ats] - A l'inverse, cette même presse profite d'une présentation criarde des faits: briser les tabous fait grimper l'audimat et le lectorat. Des mises en scène telles que les rassemblements au Grütli s'inscrivent fort bien dans les nouvelles logiques médiatiques et apportent une attention accrue aux acteurs d'extrême droite, note le FNS.

Si les médias, de manière générale, traitent toujours plus le thème de l'extrémisme de droite, ils le font de façon ponctuelle et souvent superficielle. Sur le long terme, ce traitement médiatique met en danger la culture politique et mine la confiance accordée à la politique pour résoudre les problèmes.

Les auteurs de l'étude conseillent aux professionnels des médias de suivre le thème de l'extrémisme de droite "avec sérieux et dans un esprit critique". Aux hommes et femmes politiques, ils recommandent d'éviter l'usage inflationniste du reproche d'extrémisme

L'nitiative anti-minarets est un danger pour la Suisse selon Calmy-Rey

Lire la dépêche de Bluewin Infos

L'initiative contre la construction des minarets "met la sécurité des Suisses en danger", a estimé la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey. Elle s'exprimait lors d'une rencontre avec la presse étrangère à Genève.

lundi 14 mai 2007

Deux convois de Roms débarquent à Vallorbes

Lire dans 24 heures
Une huitantaine de personnes en provenance de Roumanie sont arrivées ces jours derniers dans la Cité du fer.
«Tu viens de rater une photo mémorable. Une quarantaine de Roms sortant du Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) vient de passer dans la rue», confie une source digne de foi samedi matin. Dans la matinée de dimanche, un convoi similaire était déjà arrivé à Vallorbe.
Passeports européens tout neufs
Le porte-parole de l’Office fédéral des migrations, Dominique Boillat, confirme l’information. Mais il remarque: «Le phénomène n’est en rien comparable avec les deux grandes vagues de plusieurs centaines de personnes arrivées à Vallorbe en fuyant la banlieue parisienne en 2002. Entre-temps, la Roumanie est devenue un pays européen. Une nation considérée comme sûre en regard de la Loi sur l’asile .» A Vallorbe, Philippe Hengy, directeur du CEP, précise: «Depuis le début de l’année, nous recevons ces gens par minivagues. La dernière est arrivée jeudi dernier. Ces personnes ne cherchent pas forcément à profiter de notre système. Une fois que nous leur avons expliqué nos procédures et les conséquences qui en découlent, la plupart retirent leur demande d’asile et rentrent de leur plein gré en Roumanie.