Lire dans le Courrier cet article de VIRGINIE POYETTON
L'ambiguïté des positions défendues par le PS doit aussi se comprendre à la lumière des liens étroits que le parti entretenait avec le mouvement syndical. Un grand nombre de responsables syndicaux de l'époque étaient également conseillers nationaux socialistes. Or, dans les années 1960-1970, l'Union syndicale suisse (USS) tient un discours très alarmiste sur la présence des étrangers en Suisse. Elle en appelle à une limitation du recrutement à l'étranger et à la «stabilisation» de l'effectif d'immigrés[1]. Peu à peu, sous la pression des syndicats du bâtiment –composés d'un grand nombre de travailleurs migrants–, le discours de l'USS change. Dans les années 1980, la faîtière demande l'abrogation du statut de saisonnier. Dix ans plus tard, elle rejette la politique dite des trois cercles, soutient la libre circulation des personnes et les droits politiques des étrangers.
Or, ceux qui ont amené les syndicats à une posture d'ouverture ne font pas partie de la base électorale du PS. Ce dernier voit d'ailleurs également sa clientèle évoluer. Celle-ci appartient de plus en plus à la classe moyenne (alors que les milieux ouvriers rallient souvent les rangs de l'UDC). La prudence est toujours au rendez-vous. La peur de «se couper de la base» domine la politique migratoire du parti. Et explique la difficulté qu'a eu le parti à lancer le référendum contre la loi sur les étrangers. Cette loi –à l'inverse de la loi sur l'asile– fait appel à la peur d'une «surpopulation étrangère» à contenir.
Pourtant, toutes les voix socialistes ne chantent pas à l'unisson. L'exemple du contrat d'intégration, auquel la grande majorité des délégués romands se sont opposés, est révélateur. Pour le chercheur en sciences politiques lausannois Alexandro Afonso, sur la question migratoire deux grands courants s'affrontent aujourd'hui au sein du parti: le «PS mainstream» et le PS aile «sociale-libérale» –aile à laquelle la conseillère nationale Simonetta Sommaruga (lire ci-contre) appartiendrait. Quand la première milite pour une politique d'admission ouverte, la seconde se défend d'une pratique restrictive: «Une stratégie utilisée dans d'autres pays européens: pour mieux intégrer les migrants présents, il faut limiter l'arrivée de nouveaux.» VPN
[1]Lire Changer la baraque, Jean Steinauer et Malik Von Allmen, éditions d'En Bas, Lausanne 2000.
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