vendredi 18 mai 2007

Porte close pour de nouveaux réfugiés irakiens

Lire cette info dans Suisse Armee.com
Le gouvernement suisse a décidé de ne pas accueillir de nouveaux réfugiés irakiens. Il préfère accorder son aide aux déplacés sur place.
Lire le commentaire de Didier Estoppey dans le Courrier
L'information était attendue. Elle n'en constitue pas moins une nouvelle douche froide pour toutes celles et tous ceux qui aspirent à vivre dans une Suisse préservant un minimum de dignité: le Conseil fédéral a refusé mercredi d'accueillir un contingent de 500 réfugiés irakiens. Le désaveu infligé par la majorité des sept «sages» à Micheline Calmy-Rey résonne comme une gifle qui a le mérite de montrer que les silences et les compromissions de la socialiste ne sont guère payés en retour. Mais au-delà de la conseillère fédérale, c'est l'ensemble de la diplomatie helvétique qui se trouve humiliée. Berne avait pris les devants pour organiser à Genève, il y a un mois, une conférence internationale destinée à mieux répartir le fardeau humain de la guerre en Irak. La Suisse, siège du Haut commissariat aux réfugiés et du Comité international de la Croix-Rouge, dispose de tous les atouts pour constituer un pôle d'excellence en matière de réflexion humanitaire. Malgré sa frilosité et son repli, elle continuait jusqu'ici à jouir à l'extérieur d'une bonne image. Avec la décision mesquine et bornée de son gouvernement, elle montre désormais à tous son vrai visage. On ne doute pas que la Syrie et la Jordanie, qui accueillent deux millions de réfugiés irakiens, sauront apprécier. Mais il y a pire. Ce refus d'entrebâiller la porte est une insulte faite à toutes les victimes de la guerre en Irak. Chaque mois, 50 000 d'entre elles sont jetées sur les routes de l'exil. Et on n'attend aucun apaisement du brasier allumé par la politique assassine de George Bush: hier encore, un rapport d'un centre de recherches britannique, Chatam House, mettait en évidence la multiplicité des guerres civiles ravageant un pays qui risque l'effondrement et l'éclatement. Mais la Suisse n'en a cure. Il y a un mois, elle levait l'admission provisoire pour les réfugiés originaires du nord de l'Irak, prétendant que les conditions étaient désormais réunies pour un retour dans un Kurdistan encore très instable et truffé de mines. Désormais, c'est à l'ensemble des exilés, même les plus vulnérables, qu'elle montre ses verrous. En prétextant cyniquement qu'une aide leur sera davantage profitable dans la région. Et en faisant passer, comme signe de sa générosité, son aide aux déplacés irakiens de 2 à 4 millions de francs par année. Cette politique va au-delà de l'autisme et de l'égoïsme: elle relève d'une forme de négationnisme. Il y a quelques années, la Suisse avait cru se racheter une vertu en se livrant à une introspection sur son attitude durant la Seconde Guerre mondiale. Elle montre aujourd'hui qu'elle est prête à renouer avec les pages les plus sombres de son histoire.

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